23 septembre 2023

Planification Ecologique

Cette fois c’est dit : le gouvernement a un plan pour accélérer la fameuse transition écologique ! Et c'est à marche forcée, encadrée par une nouvelle flopée d'ukases et de réglementations qu’il entend nous faire progresser sur le sentier lumineux de la régulation du climat.

Non échaudée par son piteux revirement en matière d’énergie nucléaire, madame Borne a présenté son train de mesures supposées infléchir la courbe française des émissions de gaz à effet de serre.

Ce nouvel avatar du planisme étatique est assorti d'une palanquée d’objectifs chiffrés, comme aux plus mauvais jours de l’union soviétique, et d’un coût astronomique, aux frais du contribuable : 7 milliards d’euros qui s’ajoutent aux dépenses publiques rien que pour 2024 (qui correspondent en réalité à des engagements pluriannuels de 10 milliards €) !

A tout seigneur tout honneur, la voiture électrique devenue l'étendard des tripatouillages bureaucratiques commis au nom de l'écologie, devra s'imposer coûte que coûte. Plus un seul véhicule dit "thermique" ne devra sortir des chaînes de production à compter de 2035 et la part de marché de l'électrique devra atteindre 66% dès 2030. Autrement dit, plus aucun investissement n'est dès à présent envisageable par les constructeurs français qui seront sous peu contraints de procéder à des licenciements massifs car il est clair qu'il faudra moins de ressources humaines pour élaborer, construire et entretenir des bagnoles électriques, ce d'autant qu'elles seront fabriquées à moindre coût en Chine..

Le gouvernement entend endiguer le tsunami imminent des importations par d'illusoires lignes Maginot. Mais, comme à chaque fois qu'on recourt à des expédients protectionnistes, des augmentations substantielles de prix sont prévisibles pour les consommateurs, que l'Etat va tenter de contenir à coup de ruineuses et complexes primes, bonus et autres subventions. Paradoxe amusant, après avoir instauré un bouclier tarifaire destiné à maintenir la consommation des bons vieux produits pétroliers, la Première Ministre encourage désormais les distributeurs à les vendre à perte ! A l'incohérence politique, on ajoute le non sens économique. On croit rêver…

Dans le souci de favoriser les "mobilités alternatives", le réseau des pistes cyclables offrira 150.000 Km aux cyclistes contre 60.000 aujourd’hui : si la décroissance est en marche, celle du marché des vélos, souvent asiatiques, va atteindre des sommets !
La SNCF, RATP et consorts sont également mis à contribution. Alors qu’ils sont déjà totalement débordés et de moins en moins efficients, ils devront progresser dans des proportions vertigineuses : plus 20 milliards de km-voyageurs rien que pour les transports ferroviaires !
En matière d’agriculture, il s'agira de favoriser la filière bio. Bien qu’elle soit l'objet d'une désaffection croissante de la clientèle, vu la qualité discutable et le coût élevé des produits, elle est supposée croître, par la magie des injonctions étatiques, à hauteur de 20% de part de marché ! Peut-être y arrivera-t-on en réduisant la production globale vu l'interdiction drastique de l'usage des pesticides, et des engrais. A la place, les champs vont se couvrir d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques
Passons sur la volonté de baisser de 75% le nombre des chaudières à fioul et de 20% celles à gaz. Pour ce faire, la prodigalité sans limite des Pouvoirs Publics devrait faire exploser le nombre des bénéficiaires du dispositif Maprimerenov, dont resteront bien sûr exclus les propriétaires nantis de résidences secondaires…

En revanche, rien ne semble prévu pour limiter les transports aériens, ni pour améliorer la gestion de la terre, de l’urbanisme, du traitement des eaux de pluie, de l'entretien des forêts, et rien sur le ferroutage, promis par les écologistes et sans cesse reporté aux calendes..
Rien n'est dit non plus au sujet des essais prometteurs de biocarburants (e-fuels) qui permettraient pourtant de recycler le CO2 de l'atmosphère...

Au total, l'adaptation pragmatique au prétendu dérèglement du climat est largement négligée et la priorité, chimérique, reste celle de changer le climat “quoiqu'il en coûte”.
M. Macron, incapable de régler les problèmes du quotidien, se fait fort de faire rentrer dans les clous de sa bureaucratie les aléas de la météo !

Sous l’effet de ces mesures, peut-être verra-t-on, conformément au Gosplan, décroître les émissions de CO2 de 403 à 270 millions de tonnes annuelles. Mais une chose est sûre dans ce monde incertain, la proportion du dioxyde de carbone dans l’air ambiant (aujourd’hui de moins de 0,04%) ne variera pas d’un iota. Pire, elle progressera grâce aux émanations en provenance d’autres pays !
N’en doutons pas cependant. Tout ce fatras de normes n’empêchera pas le gouvernement d’être régulièrement accusé “d’inaction climatique”. S’agissant des différents partis politiques qui ont eu la primeur de cet arsenal législatif, les critiques ne s'adressent qu'à l'insuffisance du dispositif. Comme l’a fait remarquer très subtilement M. Faure, représentant du vestigial PS, “une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin…”

Alors que l'État s’abandonne à l’absurdité contagieuse, un scientifique révèle qu'il a dû biaiser la présentation d'un travail pour qu'il soit conforme à la doxa climatique et puisse ainsi être publié dans la prestigieuse revue Nature. Une autre revue, European Physical Journal Plus, décide carrément de dépublier un article sous la pression de lobbies réchauffistes, au motif que ses auteurs seraient des climato-sceptiques notoires.
Avec le Plan, voici le règne des comités de censure. Le doute scientifique n'est donc plus permis dans ce monde en proie à la folie des certitudes vaines. Le bon sens et la sagesse reculent un peu plus chaque jour. Après les errements de la revue médicale Lancet au temps du COVID, on en vient à perdre confiance en ce qui semblait incarner la raison et l'objectivité.
Si les mesures présentées dans ce plan relevaient d'un progrès évident, y aurait-il besoin de mettre en place une telle armada législative pour convaincre de leur bien-fondé ? Si le réchauffement climatique s'imposait comme une vérité intangible, et si les gens avaient encore un peu d’esprit critique, y aurait-il besoin de museler les contradicteurs ?

18 septembre 2023

Statistiques et Transhumanisme 2

Lors de cette session des “Visiteurs du Soir” (10/09/23), animée par Frédéric Taddéï, le second débat avait pour objet le thème du transhumanisme.
Dire précisément de quoi il s’agit serait difficile tant le concept est sujet à interprétations. On se situe en effet dans une sorte de nébuleuse portant l’idée que le progrès technique aboutira tôt ou tard à une transformation radicale de l’être humain. Selon les plus enthousiastes zélateurs de cette théorie, l’Homme deviendra plus intelligent, plus puissant, résistant à quasi toutes les maladies, et à terme, il pourra peut-être accéder à l’immortalité.

Pour en débattre, le premier protagoniste était Michel Onfrayphilosophe bien connu, très médiatique et surtout très prolixe en ouvrages célébrant une vision athée, quelque peu nietzschéenne du monde, fermement ancrée dans un socialisme utopique, de type proudhonien. Le second, Laurent Alexandre, fut chirurgien, cofondateur du site web Doctissimo, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’avenir des sciences et des biotechnologies, également habitué des plateaux télévisés et tout aussi engagé politiquement, mais quant à lui, dans une sorte de libéralisme de centre gauche, néo-macroniste, selon ses propres déclarations.

Le point de départ de la discussion se fondait sur un objectif en apparence partagé : celui d'améliorer les perspectives d’avenir pour l'Humanité. La visée est on ne peut plus louable, mais il ne fallut pas attendre bien longtemps pour comprendre que les voies préconisées pour y parvenir étaient largement divergentes.

Laurent Alexandre propose une voie résolument optimiste, et se fait le démiurge d’une nouvelle humanité. Selon ses dires, “l’Homme 1.0 est mort, vive l’Homme 2.0”! Emporté par la passion, il lui arrive même d'appeler ce dernier Homo Deus.
Les progrès rapides en biologie, en génétique, en intelligence artificielle (IA), en nanotechnologies, l’incitent en effet à penser que l'être humain est en passe d’être transfiguré. Tout ce qui semblait relever de la Nature sera selon lui revisité par la technique. Ainsi “le bébé à la carte” deviendra la règle eugéniique, et la grossesse et l’accouchement ne seront bientôt plus qu’un souvenir, grâce à l’avènement de l’utérus artificiel. Ce dispositif permettra d’optimiser la gestation, et de doter le foetus d’extraordinaires capacités physiques et intellectuelles. La famille réunie autour de la machine, trônant dans le salon durant 9 mois, pourra même suivre le bon développement du futur enfant... 
Dans ce monde idéal, il n'y aura peut-être même plus besoin de travailler. Un revenu universel sera versé aux oisifs et tous les désirs pourront être satisfaits sans délai par l'Intelligence Artificielle, omniprésente. 

Inutile de dire que cette description horrifia Onfray, qui y voit la concrétisation maléfique du fameux "Meilleur Des Mondes". Lui à l'opposé, reste envers et contre tout attaché à un monde fondé sur le respect des traditions. Il veut l'avènement d'un modèle de société libre et joyeuse, ouverte aux délices de l'épicurisme, tout en garantissant la protection des citoyens contre toute emprise excessive du Pouvoir, des Médias, des Commerçants, des Religions, de la Mondialisation, et in fine de la Technique et de l'Informatique.

Taddei qui se trouvait pris entre le marteau et l'enclume tenta quelques incursions visant à rapprocher les deux paradigmes mais rien n'y fit. Bioconservatisme contre transhumanisme, c'est de toute manière irréconciliable, et dans les deux cas, extravagant. On pouvait supposer d'ailleurs, que l'animateur ne penchait n'y d'un côté ni de l'autre tant les paradoxes et les contradictions étaient légions, quelque soit l'option considérée.

Le scientifique exalté se veut le chantre d’une nouvelle humanité assujettie à la technique, sans aspiration spirituelle autre que “de tuer la mort”, et dont la foi et la morale se réduisent à un fumeux “théo-logiciel”. Une perspective d’évolution entièrement consacrée à la réalisation narcissique d'un idéal de perfection, plein de vanité, donc de vide. Par un étrange oxymore, le culte de l'individu le plus exacerbé s'inscrit dans une vision holistique de la société au sein de laquelle les citoyens valent à peine mieux que des fourmis au comportement programmé.
Il imagine avec un sérieux confondant qu’on pourra rendre les gens plus intelligents par la magie de la biotechnologie, en leur greffant des puces dans la cervelle ! Comme si l'intelligence pouvait être aussi simple, comme si la machine, aussi perfectionnée soit-elle, pouvait être qualifiée d'intelligente, et comme si elle excluait totalement par nature la bêtise ! Dans un beau geste altruiste, il voudrait que ces progrès profitent à tout le monde, prioritairement aux gens défavorisés par la nature, et qu'ils soient remboursée par la Sécurité Sociale ! Une telle naïveté ruine la crédibilité qu'on serait tenté d'accorder à ce modèle caricatural.
Mais on n’est pas plus convaincu par son interlocuteur Michel Onfray, proposant une version amendée du rêve ancestral de société juste et égalitaire.
Le philosophe, aussi brillant qu’idéaliste, qui se veut novateur, ne fait rien d’autre que recycler de vieilles lunes révolutionnaires d'inspiration collectiviste, toujours désastreuses lorsqu’elles furent mises en œuvre par le passé. Oubliant ces expériences malheureuses, et alors qu’il se prétend libertaire, il en vient à considérer le libéralisme, incarné selon lui par son interlocuteur, comme aussi néfaste que le communisme ! Il s'oppose de toutes ses forces à “la réification du monde” mais reste envers et contre tout fidèle au socialisme, fondé quelque soit la version mise en œuvre, sur une vision matérialiste et athée qui symbolise le mieux cette réification.

Au bout du compte, à l'issue de la confrontation, l'envie qui se faisait jour était de renvoyer dos à dos les deux conceptions, car décidément, l'une mélange science et scientisme, l'autre continue de confondre philosophie et utopie …

14 septembre 2023

Statistiques et Transhumanisme 1

Les téléspectateurs ayant suffisamment d’ouverture d’esprit pour s’aventurer de temps à autre sur la chaîne CNews purent assister à deux débats édifiants ce dimanche 10 septembre. Sous la houlette de l’excellent Frédéric Taddéi, un des meilleurs animateurs de talk show, on vit s’affronter beaucoup des contradictions que notre monde véhicule, entre utopie et science.
La première confrontation portait sur le mésusage des statistiques et sur leur dévoiement pour servir une cause idéologique. La discussion tourna autour du récent ouvrage de Sami Biasoni intitulé "
Le Statistiquement Correct". 

Beaucoup d’exemples furent donnés des stupidités chiffrées qu’on entend colportées par les médias à longueur d’année. Un seul suffirait à donner la mesure de la bêtise, si ce n’est de la mauvaise foi, de certaines sentences proférées par les politiciens et autres “penseurs autorisés”, pour reprendre l’expression de Coluche.
Pour légitimer et défendre la limitation de vitesse à 30 km/h que presque toutes les villes, dans un bel élan panurgien, sont en train d’imposer aux automobilistes, l’ébouriffé représentant du parti Europe Écologie Les Verts, Julien Bayou, présenta la mesure comme généreuse au motif qu’on roule déjà en moyenne à Paris à 11,6 km/h entre 7h et 20h !
On pourrait tout de go lui demander de s’expliquer sur la nécessité d’une telle limitation puisqu’on circule en pratique déjà nettement en dessous. Mais le plus grave et le plus contestable est de fournir un chiffre qui ne veut rien dire. S’il est vrai au sens statistique, il ne représente pas la réalité puisqu’on ne roulait avant cette réglementation quasi jamais à cette vitesse, mais toujours soit en dessous lors des embouteillages, soit en dessus lorsque la voie était libre. C’est donc avec ce genre de raisonnement pernicieux qu’on promulgue des normes inapplicables.
Pour illustrer autrement le caractère parfois fallacieux d’une moyenne ou d’une valeur médiane, il suffit d’imaginer un établissement de santé qui ne comporterait qu’une maternité et qu’un service de soins pour personnes âgées. L’âge moyen se situerait autour de 50 ans ce qui n’a évidemment, dans un tel contexte, aucun sens.

Le nombre de slogans appuyés par une présentation biaisée des chiffres ne fait que croître et pour celles et ceux qui n’ont pas le temps ni la volonté d’approfondir les choses, ces contre-vérités finissent par s’imposer. “Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose”, selon le dicton bien connu.
Ainsi, on put entendre tout récemment Jean Jouzel, ancien haut dignitaire du GIEC, assénant tranquillement que le capitalisme est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.
Le refrain est connu mais venant de quelqu’un qui se targue d'être un savant impartial, une telle ineptie qui prétend faire d’une opinion politique une vérité incontestable, démontre un parti pris de plus en plus radical et intransigeant qui invite à lui seul à devenir climato-sceptique ! On sait que M. Jouzel n’a jamais caché son engagement “toujours à gauche”, et on sait dorénavant qu’il confond cet engagement partisan avec l’objectivité scientifique. Il rejoint ainsi la cohorte d’esprits torves, clairement assujettis à une doctrine, mais qui essaient en toute connaissance de cause de faire passer cette dernière pour un corpus assis sur des faits établis. On se souvient de l’illustre idiot qui osa clamer qu’il préférait "avoir tort avec Jean-Paul Sartre que raison avec Raymond Aron" ! D’autres diraient qu’au Loto, "100% des gagnants ont tenté leur chance…"

07 septembre 2023

Jazz Me Blues

Fin d’été chaleureuse.
Pour paraphraser les slogans du satrape en chef du machin ONU, qu’il est doux de rentrer en douce ébullition sous la caresse ardente du soleil, de s’effondrer avec suavité dans les enveloppements tièdes du maudit réchauffement climatique !
Surtout si l’on a la chance d’écouter dans le même temps les envolées musicales torrides d’une des plus belles sessions de jazz qui fut : Art Pepper Meets The Rhythm Section.

Ça se passe en janvier 1957 dans les studios de la maison Contemporary Records à Hollywood, mais la tonalité est si légère, si éblouissante et suspendue en quasi lévitation, qu’on se croirait en pleine extase estivale .
Le saxophoniste, âme damnée de la Beat Generation et du West Coast Jazz, est entouré d’une section rythmique de rêve: celle qui accompagne habituellement Miles Davis, à savoir Red Garland au piano, Paul Chambers à la basse et Philly Joe Jones à la batterie.
Les ingénieurs du son, peut-être conscients de vivre un instant unique, font preuve d’un petit miracle pour sublimer les émanations de ce quatuor improvisé. Avec la technique dont ils disposent, ils se mettent en quatre pour donner à chaque instrument une véritable existence, faite de pulpe, de fruité, et de densité. Le résultat reste aujourd’hui absolument époustouflant d’équilibre, de puissance, de musicalité.

Du temps des 33 tours, je débutais toujours par la face B, s'ouvrant sur le saisissant Jazz Me Blues, bondissant, virevoltant joyeusement autour d’un beat ravageur. Brillant prélude au festival qui s’ensuit avec les pétillants You’d Be So Nice To Come Home To, Waltz Me Blues, et Tin Tin Deo & Co...
Au titre des morceaux de bravoure, s’impose naturellement le trépidant Straight Life qu'incarne si bien l’artiste, avec ses frasques, son inspiration et sa spontanéité. Et pour finir en douceur un petit régal fait de l’onctueuse rêverie de Star Eyes et du splendide Imagination, qui évoquent si bien l’alchimie envoûtante, mêlant farniente et rage de vivre. Entre cool, beat et bop…

Une édition récemment remastérisée, et numérisée en très haute définition (192 Khz et 24 Bits), donne un incontestable surcroît de saveur à ce moment magique. On vibre aux frôlements lascifs de l’archet sur les cordes, on goûte avec des frissons de bonheur la rondeur acidulée du piano, on savoure avec exaltation les claquements feutrés des toms et de la caisse claire et last but not least, on s’enivre de la pulsation hypnotique du sax débordant d’énergie et de sensualité. Tout cela est parfaitement maîtrisé, d'une clarté cristalline. Joie, joie, joie, pleurs de joie comme disait ce cher Blaise…

30 août 2023

Pas d'impôt, juste des taxes

L'été est propice à la floraison des taxes, peu importe la météo, et envers et contre toutes les dénégations gouvernementales. Ne pas croire donc le président de la république qui annonce sans cesse des baisses d'impôts à venir. Ne pas se laisser abuser par les discours amidonnés, remplis de vœux pieux et d'auto-congratulation, du ministre des finances Bruno le Maire. Ne pas prêter l'oreille aux paroles d’Élisabeth Borne, premier.e ministre, qui assure que le prochain budget sera exempt de hausse d'impôt.
Lorsqu'on entend ce genre de propos, ça sent le roussi. L’État étant incapable de réduire ses dépenses, il lui faut évidemment toujours plus d'oseille. Et si ce n'est pas l'impôt, ce sont les taxes et cotisations obligatoires.
On vient d'apprendre par l'INSEE qu'en matière de fiscalité, 2022 avait inscrit un nouveau record. Cette année là, comme dit la chanson, la moisson n'avait jamais été aussi productive et près de la moitié de la richesse nationale était consacrée de facto au service de l’État (45,4% du PIB selon l'INSEE). Toujours plus de fonctionnaires, toujours plus de dépenses sociales, toujours plus de normes et de réglementations à mettre en œuvre et à contrôler, il faut bien payer tout cela... Comme le faisait déjà malicieusement remarquer Clemenceau : "Semez des fonctionnaires, vous récolterez des taxes…"

Il ne faut pas être dupe, en premier lieu, des baisses de la fiscalité en trompe-l'œil.
Il en est ainsi de la suppression de la taxe d'habitation. Puisque le gouvernement garantit les mêmes ressources "à l'euro près" aux communes, il ne s'agit à l'évidence que d'un simple transfert de charges. D'ailleurs, la hausse vertigineuse de la taxe foncière est là pour attester du subterfuge. Avantage substantiel, l'assiette de prélèvement est plus large que celle de la taxe d'habitation, de laquelle étaient exonérés beaucoup de gens. Quant aux propriétaires de résidences secondaires, ils sont gâtés. Non seulement ils restent les seuls à payer, pour des logements qu'ils n'habitent que partiellement, mais ils ont droit en prime à une surtaxe punitive qui peut s'élever à 60% ! Contrairement à l'objectif affiché, ce sera tout bon pour les communes ciblées, de n'avoir que des résidents secondaires : ils consomment peu de services publics et les paient plein pot !
Le raisonnement est identique avec la disparition de la redevance TV. A ressources égales garanties pour les chaînes d’État, il faudra bien trouver de nouvelles contributions …

Passons sur les baisses d'impôts annoncées et jamais appliquées ou bien toujours repoussées.
Il en est ainsi de l'impôt sur le revenu (IRPP) dont le montant, selon Bruno Le Maire, sera atténué, "quand les conditions seront réunies". A la Saint Glinglin peut-être ?
S'agissant de la Contribution sur la Valeur Ajoutée (CVAE) dont la suppression avait été promise aux entreprises pour 2024, elle est repoussée à 2027, en toute fin de quinquennat, ou pour le suivant, si tout va bien…

En matière fiscale, l'imagination et le zèle des fonctionnaires rémunérés grâce à l'impôt, sont sans limite. Et l'écologie offre des perspectives épatantes.
Elle permet par exemple de justifier l'augmentation délirante du malus automobile qui sera bientôt plus onéreux que la voiture elle-même ! Elle permet de légitimer les limitations de vitesses, devenues complétement folles, dont l'apport au Trésor Public, via les contraventions, est certainement bien supérieur à celui supposé bénéficier à la protection de l'environnement. Elle permet enfin d'étendre le stationnement payant en ville, censé favoriser les "mobilités douces" mais qui renfloue les budgets au risque d’accélérer la mort des commerces et la désertification des cœurs de cités.
Il en est de même ou quasi, de l'augmentation des taxes sur les billets d'avion et sur les sociétés gérant les autoroutes. En l'occurrence, surtout ne pas croire le ministre des transports Clément Beaune, lorsqu'il affirme qu’elles n’impacteront pas le prix des péages…

On pourrait au même chapitre, rire jaune aux annonces de hausses "modulées" des taxes sur l'eau, sur les sodas et autres aliments jugés trop gras ou trop sucrés, sur le traitement des déchets …

Au plan plus général, on pourrait s'appesantir sur le doublement prochain des franchises médicales. Ce "reste à charge", presque indolore car caché derrière les remboursements de la sécu, augmente progressivement et inexorablement à la manière de la CSG, sans la moindre diminution des cotisations à l'Assurance Maladie obligatoire.
On pourrait citer la proposition faite par l'Inspection Générale des Finances, de mettre fin à la TVA réduite pour les dépenses relatives à l'amélioration du logement, ce qui conduirait à la faire passer de 10 à 20%.
On pourrait évoquer la fin du bouclier tarifaire sur l'électricité et les carburants. Il donnait l'illusion d'un blocage des prix, mais n'était qu'un artifice comptable, augmentant le solde débiteur de la Nation.
En attendant, la hausse du prix du baril de pétrole fait bien l'affaire du gouvernement, qui voit se majorer mécaniquement, en proportion, ses rentrées fiscales, tout comme l'inflation qui fait croître pareillement le montant perçu au titre de la TVA.

Décidément, avec le pseudo ultra-libéral Emmanuel Macron, la France est manifestement bien décidée à conserver son titre de championne du Monde de la fiscalité.

24 août 2023

Grandeur et Décadence du Journalisme

La mort brutale de Gérard Leclerc marque peut-être la fin d'une certaine idée du journalisme. Il n'incarnait certes pas vraiment l’audace ni le mordant d’une profession supposée aller au bout des sujets sans tabou ni faiblesse comme le préconisait Albert Londres. Mais il était respectueux des bonnes pratiques, et ouvert au pluralisme politique. Sa participation régulière mais néanmoins critique à l’émission animée par Pascal Praud sur C News attestait d’un certain courage et de sa largesse d’esprit.


Aujourd'hui on assiste à une dilution de ce qui faisait l'âme du journalisme dans un magma consensuel insipide. L'esprit critique est en berne et les idées reçues, pourtant férocement flétries en son temps par Gustave Flaubert, sont omniprésentes, répercutées à l'infini par une Presse sans inspiration ni originalité.

L'affaire du Journal du Dimanche (JDD) est emblématique de cette époque couarde, vouée à l'instinct moutonnier.
Jugeant de manière expéditive et péremptoire que Geoffroy Lejeune, le directeur nouvellement nommé, était marqué du sceau de l'infamie d'extrême-droite, la rédaction se mit illico en grève, réclamant durant quarante jours, à cor et à cri, son éviction par principe. Ces gens qui n'auraient sûrement pas désavoué le stalinien Edwy Plenel, s'offusquaient donc de voir arriver chez eux un transfuge du magazine Valeurs Actuelles. Lequel est rituellement qualifié d'extrême, voire de facho par des gens qui n'en ont à l'évidence jamais lu un article ni même ouvert un numéro.

Le propriétaire du JDD tint bon face à cette infantile mais impressionnante révolte de salon. Il confirma sa nomination et offrit de substantielles indemnités financières à ceux qui souhaitaient démissionner.

Les rebelles, très à cheval sur les principes et soucieux de préserver leur éthique à deux balles, montrèrent en la circonstance qu'ils avaient beaucoup moins de problème avec les espèces sonnantes et trébuchantes facilement gagnées. Ils quittent donc le navire drapés dans un succédané de vertu républicaine mais sécurisés par un confortable parachute doré, concédé au nom de la paix sociale. Nul doute qu'ils pourront atterrir en toute quiétude à gauche, auréolés de leur action de résistance.
Il n'y a pas de morale à cette histoire...

22 août 2023

La Ligue des Empêcheurs

Ils se sont auto-proclamés Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Titre prestigieux s'il en est dans notre société raffolant d'appellations d'autant plus ronflantes qu'elles ont moins de sens. Au surplus, l'expression en forme de totem agit comme un bouclier d'immunité idéal. Comment s'opposer aux droits de l'homme ? Ce serait un peu comme se proclamer ennemi de la Paix et du Progrès ou bien militer contre l'Amour… 

Ces gens peuvent donc tout oser. Selon l'adage bien connu c'est même à ça qu'on les reconnaît .

Aujourd'hui, leur lutte consiste à s'opposer judiciairement à toutes les initiatives des Pouvoirs Publics, visant à améliorer la propreté et la sécurité urbaine. En combattant ce qu'ils appellent les arrêtés anti-SDF, ils prétendent qu'il s'agit d'un droit fondamental que de se vautrer sur les trottoirs, en faisant plus ou moins la manche en compagnie de packs de bière et de chiens patibulaires.

Toutes les mesures prises par les mairies sont ainsi battues en brèche par ces pseudo bienfaiteurs de l'Humanité au risque de voir le chaos et la décrépitude dévaster peu à peu les cités.


La LDH reçoit chaque année près d'un million d'euros de subventions publiques. Outre le scandale de cette générosité forcée au dépens des contribuables, et du gaspillage des deniers publics qui pourraient être tellement mieux utilisés ailleurs, c'est l'aveu que cette association n'a que faire de sa propre indépendance vis à vis du Pouvoir et qu'elle est incapable, avec son idéologie miteuse, de convaincre suffisamment d'adhérents payants, libres et responsables.

Il faut dire qu'au fil du temps, l'ambition universaliste originelle s'est réduite comme peau de chagrin. Elle est désormais ratatinée sur de médiocres objectifs communautaires, enfermés dans un parti-pris anti-système aux relents politiques moisis.

On peut se demander in fine quel est l'intérêt d'une telle institution dans un pays démocratique, puisque le peuple est libre de changer de politique et de gouvernants à chaque échéance électorale ? Ne serait-elle pas plus utile en régime totalitaire pour dénoncer les méfaits du pouvoir et tenter d'amender ses excès ? Ironie du sort, c'est précisément là où on aurait besoin de ces gens qu'ils brillent par leur absence. Le problème est sans doute que leur courage en paroles s'avère inversement proportionnel à leur témérité en action...

12 août 2023

Le mois le plus chaud

Il faudrait parvenir à se détacher de ce genre d'actualité mais l'antienne lancinante revient sans cesse, où qu'on se tourne. Le réchauffement climatique est partout et l'on meurt paraît-il, par anticipation, de ses ravages supposés ! Selon les derniers échos de ce refrain entêtant, répercutés par l'ensemble de la Presse, Juillet 2023 fut le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre. L'été sera chaud dans les tee shirts dans les maillots n'est donc plus une chanson en forme de plaisanterie, c'est tout simplement le signe avant-coureur de la fin du monde !

Autre titre, même sujet, les incendies gigantesques qui ont embrasé le Canada ne sont pas encore totalement éteints, qu'ils auraient déjà produit 3,5 fois les émissions annuelles de CO2 de la France.
Voilà certes l'expression la plus directe et la plus évidente de la responsabilité humaine dans la dégradation de l'environnement. Par quels bougres de couillons ces feux dantesques ont-ils été allumés ? Quoique essentielle, la question ne semble préoccuper personne. Pourtant, à qui profite le crime, sinon aux écologistes les plus fanatiques qui trouvent avec ces calamités une magnifique occasion d'enfoncer un peu plus le clou de leurs théories ? Une telle supposition n'est pas plus absurde après tout que celle du pompier pyromane. D'aucuns diront que je suis mauvaise langue, voire dangereusement déviant. Tant pis. On ne me prendra pas ma liberté de penser comme dirait l'autre.

Heureux en tout cas de ne pas être journaliste à une telle époque. Répétées ad nauseam sans une once de recul, et sans nuance aucune, avec un grégarisme consternant, ces slogans abrutissants ne font pas honneur à la profession. Tout débat, toute réflexion en sont exclus. Inutile d'argumenter sur l'histoire du climat durant les quelque 5 milliards d'années écoulées avant l'apparition de l'Homme, ni même sur les millénaires qui ont précédé l'invention du thermomètre. La cause est entendue, la Terre est en ébullition (même l'ONU l’affirme) et c'est la faute à la civilisation industrielle. Conséquence logique quoique délirante, pour re-régler le climat, il faut arrêter de croître et de prospérer et puis c'est tout.

Parmi les inepties planant au-dessus de nos pauvres têtes, certaines sont moins extrêmes et seraient même presque amusantes. On nous rappelle par exemple qu'à compter du 1er août, l'impression des tickets de caisse en magasin sera proscrite. Ainsi en ont décidé les satrapes du bureau central de la protection de la planète. A la manière de l'Etat prodigue, envoyons au diable la trace de nos dépenses. Action parfaitement inutile, mais Ô combien symbolique…

Hier sur France 2 devenue la nouvelle Pravda en matière de climatologie, on eut droit à un mini reportage sur les répercussions climatiques des traînées de condensation laissées dans le ciel par les avions. Un savant du CNRS ou bien de je ne sais quel Haut Comité pour le Climat a expliqué doctement que ces nuages artificiels étaient néfastes car ils piégeaient les infra rouges émis par la Terre. Mais dans le même temps, il ajoutait qu'ils augmentaient la réflexion des rayons solaires donc l'albedo, bénéfique comme chacun sait. Ouf ! Un coup pour rien, mais qui n'exonère en rien le kérosène de ses effets désastreux… Merdre alors , comme dirait Père Ubu !

30 juillet 2023

Visions de Joshua

C’est en flânant sur le quai du musée maritime de La Rochelle que j’ai éprouvé le choc. Derrière nombre de ketchs, de cotres, superbes régatiers d’aujourd’hui et d’autrefois, jouxtant le flanc énorme, d’un blanc éblouissant, de l’ancien navire météorologique NMS France 1, j’aperçois un petit bout de coque rouge, trois hublots rectangulaires, caractéristiques d’une cabine en forme de casemate, et surtout la banderole latérale indiquant en grand : JOSHUA !
J’en crois à peine mes yeux. C’est évidemment le bateau de Bernard Moitessier (1925-1994), celui qui fit avec lui la fameuse Longue Route, ce périple de légende, presque deux fois le tour du monde en solitaire et sans escale en 1968 !
Cette aventure m’a toujours fait rêver. Bien que je sois descendant d’une longue lignée de marins bretons, je n’ai jamais vraiment navigué qu’en songe.
Tel le poète Jean de la Ville de Mirmont, j’ai une fascination pour les navigateurs et je pourrais faire miens ses vers écrits à leur intention :
"Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi...”


Parfois j’ai l’impression, dans une bien modeste mesure, de voyager moi aussi, seul, sur l’immense océan virtuel du Web. Je mène en toute liberté ma petite barque en forme de blog, sans autre but que le plaisir d’écrire et d'écrire ce qui me plait. Parfois un commentaire me signale une présence proche. Pas nécessairement en phase avec mes digressions solitaires mais qu'importe. Cette rencontre me délivre de l'esseulement. J'aime dialoguer avec les internautes qui croisent mon chemin, même si nous suivons des routes différentes, j'y vois le signe que tout n'est pas qu'indifférence...

A la fin des années soixante, bien au-dessus de nos têtes, les astronautes exploraient l’univers proche et partaient à la conquête de la Lune, emportés par des fusées bourrées de carburant, de progrès techniques et de savants calculs. Ici bas, des héros solitaires flirtaient avec l’immensité des océans sur de dérisoires embarcations, avec pour seul moteur, le vent.
Ils étaient souvent animés par l’esprit de compétition et d’innovation, comme Eric Tabarly et bien d’autres à sa suite. Moitessier était d’une autre espèce. Point de course ni de record pour lui, mais l’attrait irrésistible du grand large et de la liberté qu’on y savoure au bord des horizons bleus, et qu'on respire à pleins poumons. Sans doute tenait-il un peu de son illustre prédécesseur Alain Gerbault (1893-1941), être asocial s’il en fut mais sublime coureur d’océans.
Écrivains tous deux, ils relatèrent leurs périples dans des livres magiques, intemporels, indémodables, emplis d’une poésie sauvage.

C’est peu dire que je me suis régalé de ces récits dont je ne trouvais d'autres équivalents sur terre qu’à travers le cheminement éperdu de Jack Kerouac et des beatniks errant dans l’immensité sauvage du continent américain.

Dès les premières lignes de La Grande Route, j’étais emporté par le lyrisme limpide mais puissant qui en émanait : “Le sillage s'étire, blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles. L'eau court sur la carène et gronde ou chante ou bruisse, selon le vent, selon le ciel, selon que le couchant était rouge ou gris. Il est rouge depuis plusieurs jours et le vent chantonne dans le gréement, fait battre une drisse parfois contre le mât, passe comme une caresse sur les voiles et poursuit sa course vers l'ouest, vers Madère, tandis que Joshua descend vers le sud à 7 nœuds dans l'Alizé…”

Bien qu’étant peu enclin aux régates et aux concours, Bernard Moitessier accepta la proposition du Sunday Times de s’engager dans un tour du monde en solitaire sans escale, première odyssée du genre à l’époque. Il déclina toutefois l’offre des organisateurs de doter son bateau d’un émetteur radio qui lui aurait permis de donner régulièrement des nouvelles. Il préférait le système simple et archaïque du lance-pierres avec lequel il balançait ses messages sur les bateaux de rencontre !

Bien que plusieurs concurrents fussent inscrits à l’épreuve, dotée de prix pour le plus rapide, Moitessier n’en avait cure. Il n’avait qu’un besoin, celui de “retrouver le souffle de la haute mer”.
Comme il l’écrivit sans détour, “il n’y avait que Joshua et moi au monde, le reste n’existait pas, n’avait jamais existé. On ne demande pas à une mouette apprivoisée pourquoi elle éprouve le besoin de disparaître de temps en temps vers la pleine mer. Elle y va, c’est tout, et c’est aussi simple qu’un rayon de soleil, aussi normal que le bleu du ciel.”

Au terme du périple, après avoir dépassé le Cap Horn, alors qu’il était en passe de remporter haut la main le challenge, il fut pris d’une crise de conscience. Revenir sur la terre ferme lui semblait décidément impossible. Il envoya un message au dernier navire qu’il croisa : “Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme .”

Tout était dit. Moitessier le coureur d’horizons avait rompu avec le style de vie du commun des mortels. Il n’y avait plus que “Vent, Mer, Bateau et Voiles, un tout compact et diffus, sans commencement ni fin, partie de tout de l'univers, mon univers à moi, bien à moi…”
Désormais son existence sera lointaine, des plus simples, des plus maritimes, suivant en cela à la lettre le précepte de Baudelaire: “Homme libre, toujours tu chériras la mer !”
Le temps qui s’écoule n’aura plus vraiment d’importance. Il pourra chanter in petto, sans se lasser : “J'écoute la mer, j'écoute le vent, j'écoute les voiles qui parlent avec la pluie et les étoiles dans les bruits de la mer et je n'ai pas sommeil.”, car, en somme, “Le bateau c'est la liberté, pas seulement le moyen d'atteindre un but…”

 

28 juillet 2023

Climat, la part d'incertitude

On assène régulièrement qu’un consensus écrasant de savants et d’experts aurait définitivement tranché au sujet du réchauffement climatique (ou du dérèglement si l’on préfère). D’après ces gens, le réchauffement de l’atmosphère est réel, dû à la concentration croissante de CO2 dans l’air, et pour eux c'est une certitude, il est causé par l’activité humaine. Il annonce sans nul doute des catastrophes si rien n’est fait pour en réduire drastiquement les émissions. Le message est clair. Les béotiens que nous sommes sont priés de s’aligner sur ce constat dont on affirme, contrairement à l’ouverture d’esprit qui devrait caractériser toute démarche scientifique, qu’il n'admet ni controverse ni contestation. Dans ce monde où la grégarité fait loi, tout contrevenant est qualifié de dangereux climatosceptique, de réactionnaire, de complotiste, pour ne pas dire de fasciste.

Pourtant, des voix s’élèvent régulièrement pour nuancer si ce n’est contredire les postulats d’une science décrétée à la majorité, devenue parole d’évangile.
Les récalcitrants n’ont guère voix au chapitre et sont en général éloignés des grands courants du mainstream médiatique. Leur discours fait néanmoins son chemin, hors des sentiers battus, pour les esprits un peu curieux, qui voudraient, selon les conseils du bon Kant, se faire une idée par eux-mêmes, tels des adultes responsables.

Il y a sans doute des hurluberlus de tous bords, mais Stephen E. Koonin qui fait partie des voix discordantes, n’est pas ce qu’on pourrait appeler un fantaisiste. Membre de l’Académie des Sciences des États-Unis, il fut conseiller auprès de la Maison Blanche du temps de Barack Obama.
Le titre de son dernier ouvrage dit la teneur de sa thèse : Climat, la part d’incertitude.

L’objectif est  selon lui de commencer par relativiser les slogans à sensation et à sens unique que les médias niais et les ONG prétendues écologistes balancent à tour de bras et à longueur d’années. On ne fait pas selon lui avancer une cause de cette manière, sauf lorsqu’on y est déjà acquis et qu’on cherche à s’affranchir de la réalité lorsqu’elle dérange.
En second lieu, il affirme tranquillement qu’il n’y a pas de dérèglement climatique pour la bonne raison qu’il n’y a jamais eu de règlement. Les références de 1850, rituellement citées, n’ont pas valeur d’absolu. L’histoire du climat au cours des millénaires nous apprend qu’il s’agit d’une notion complexe chargée de beaucoup d’imprévisibilité.

Le bouquin de M. Koonin n’est pas avare de chiffres, de courbes, et de statistiques, puisées aux sources les plus officielles. Sa lecture en devient même parfois un peu ardue et fatigante, mais n’en reste pas moins digne d'intérêt. Les rapports sacro-saints du GIEC sont méthodiquement épluchés et l’institution est prise plusieurs fois en flagrante contradiction. L’auteur montre que ses conclusions vont parfois à l’inverse de ses constats. Est-ce si étonnant ? Non car ses membres n’ont pas pour mission d’enquêter sur le climat mais de faire des supputations et des prédictions à partir d’un fait considéré comme acquis.
D’où le sens unique des déclarations en forme de slogans qui en sortent et, paradoxe troublant, dont les médias se font un écho irréfléchi, à la manière de moutons de Panurge. Les journalistes n’ont-ils pas abandonné tout esprit critique et même toute éthique en se ralliant massivement à une “charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique” qui les contraint de facto à présenter les faits de manière biaisée ?

Ainsi, cette thématique figure de manière univoque à la une de la plupart des grands titres de l’actualité.
On évoque par exemple les dizaines de milliers de morts causées par la chaleur, tout en occultant le nombre des vies sauvées par la diminution des grands froids.
On rapporte rituellement les grands feux de forêts au réchauffement climatique, sans préciser qu’en matière de responsabilité humaine, elle est surtout le fait des idiots ou des criminels qui les allument. On occulte au passage l’objectivation par la surveillance satellitaire de la diminution d’environ 25% des surfaces ayant brûlé chaque année entre 1998 et 2015. On oublie également de préciser qu’en dépit des incendies spectaculaires de 2020, cette année-là figure parmi les moins actives depuis l’an 2000.
On alerte le bon peuple sur une montée des eaux de plus de 15 mètres en quelques décennies alors que le rythme actuel (commencé bien avant la révolution industrielle) est de 3 mm/an, ce qui porte l’échéance, si l’avancée se poursuit au même rythme, a plus de 1500 ans ! Les historiens du climat ont montré d’autre part que le niveau des océans à fluctué de plus de 120 mètres au cours des millénaires passés. La Méditerranée elle-même fut quasi totalement asséchée durant 650.000 ans il y a quelques millions d’années…
On prédit des catastrophes à venir sur le monde agricole, causées par le réchauffement climatique, en oubliant de dire que c’est tout le contraire qu’on observe à ce jour. Encore faudrait-il préciser que l'accroissement de la teneur en CO2 de l’atmosphère favorise la croissance végétale et que si certaines terres pourraient devenir arides, d’autres au contraire aujourd’hui stériles, pourraient devenir propices à l’agriculture.

Bref, l’ouvrage fourmille de notations argumentées, tendant à démontrer que rien n’est joué, et que le pire est somme toute peu probable. Pour l’heure les désastres sont surtout l'œuvre des lobbies écologistes qui ont fait pression pour diminuer le recours à l’énergie nucléaire, obligeant les gouvernements peu inspirés à recourir de plus belle au gaz et même au charbon !
Les carences de production agricole qui se font jour sont favorisées par des politiques absurdes conduisant à interdire de manière irrationnelle l’emploi d’engrais, de pesticides, d’OGM (moutarde, colza, betteraves, cerises, la liste s’allonge des pénuries organisées au nom du climat et de l’environnement). Sans compter le vandalisme d’enragés radicalisés qui détruisent au mépris des lois les cultures jugées déviantes par eux, qui sabotent les efforts pour mieux gérer l'eau et les forêts.
L’exemple du glyphosate, victime d’une interdiction d’usage totalement arbitraire, est de ce point de vue édifiant. Après nombre d’études et d’enquêtes, il est enfin reconnu peu toxique et hautement bénéfique par les experts et les agences sanitaires réputés indépendantes. C’est du bout des lèvres qu’on annonce ces avis favorables. Il en a fallu du temps pour rétablir une vérité connue depuis longtemps ! Mais à coup sûr, il en faudra encore beaucoup hélas pour convaincre les esprits endoctrinés qui ont abandonné la raison au profit des croyances.

En conclusion, si Steven E. Koonin ne nie pas le changement climatique actuel, ni même la responsabilité de l’activité humaine, il relativise les choses et alerte sur le fait que bien d’autres phénomènes jouent sur le climat et qu’à ce jour aucun modèle théorique ne permet d’en prédire l’évolution et les répercussions. A trop focaliser sur un point relevant largement de l’idéologie, on néglige les autres. Le livre souligne enfin que la stratégie du bouc émissaire est une manière facile et simpliste de tout expliquer par une seule cause. C'est rarement payant et en tapant fort mais à côté de la plaque, on peut faire de grosses erreurs et provoquer des calamités économiques et sociales bien plus désastreuses que les fléaux qu'on prétend combattre. On l'a vu maintes fois par le passé. Pourrait-on enfin en tirer quelque enseignement ?

23 juillet 2023

Ministères Amers


Au gouvernement, il est des postes à usure rapide.
Il en est ainsi de ceux dédiés à la santé et à l'éducation. Messieurs François Braun et Pap NDiaye n'ont fait qu'y passer. Inconnus ils étaient, inconnus ils seront, au terme de leur parcours météorique.

Un an à peine pour convaincre, dans un système verrouillé, ce n'est pas une sinécure ! Autant dire, mission impossible.

C'est avec un brin de compassion qu'on put entendre lors de sa passation de pouvoir, le ministre de la santé en partance faire le bilan de son bref passage avenue de Ségur en forme de déconfiture : "Je me demande encore ce qui a poussé un urgentiste de province à s'embarquer dans cette aventure."
Il avança bien quelques explications mais on ne le sentait pas trop convaincu lui-même.

De toute manière le Président de la République, grand maître des horloges (à défaut de mieux), mais toujours très satisfait de lui après ses fameux "100 jours" au goût de Berezina, n'a rien de tangible à proposer aux nouveaux impétrants, hormis d'être "exemplaires", d'agir "avec la "plus grande dignité" et d'éviter "les comportements inappropriés".
Voilà donc l'État dans lequel erre la République ! On ne saurait mieux résumer le pavé sartrien oscillant entre l'Être et le Néant...

Si l'on peut craindre que le sémillant Gabriel Attal se brûle les ailes en pénétrant dans le chaudron infernal de l'éducation, il n'est pas interdit de garder un infime espoir qu'il fasse moins pire que ses prédécesseurs.
On ne se fait aucune illusion en revanche sur les capacités d'Aurélien Rousseau à la santé. Haut fonctionnaire formé dans le moule de l'ENA, son passé est celui d'un apparatchik socialiste pur jus. Engagé au PCF, il dériva par opportunisme vers le PS, avant de rejoindre le grand courant macroniste.
Son expérience en matière de santé se résume grosso modo à la direction de l'ARS d'Ile de France durant 3 petites années. Aucun espoir donc qu'il puisse se défaire des œillères idéologiques bornant par avance son chemin entre les limites étroites du centralisme bureaucratique dans lequel s'enlise irrémédiablement notre pays...

20 juillet 2023

Inégalités vs Pauveté

On entend souvent certaines âmes prétendument bien intentionnées et certains économistes à la petite semaine, se désespérer de l’accroissement incessant des inégalités dans le monde. Derrière ces lamentations surgit en général assez rapidement la critique acerbe du capitalisme et du libéralisme accusés de faire régner la loi de la jungle.
Cette optique grossièrement déformante, permet facilement de faire passer et repasser le message lancinant affirmant que “les riches deviennent chaque jour un peu plus riches tandis que les pauvres sont de plus en plus pauvres”.
Comme tous les slogans, il est fallacieux mais par un étrange paradoxe il fait mouche auprès des gogos qui le prennent au pied de la lettre sans chercher la moindre confirmation un tant soit peu étayée.
Les inégalités si tant qu’elles existent et qu’elles s’accroissent, n’ont qu’un rapport trompeur avec la pauvreté, qui elle-même n’est pas à confondre avec la misère.
Que m’importe après tout qu’il y ait des gens immensément plus riches que moi, si ce que je possède suffit à mon bonheur ? Et pour aller plus loin, serais-je plus heureux si les ultra-riches étaient tout à coup appauvris par je ne sais quelle baguette pas du tout magique ?

Une récente étude parue dans le Wall Street Journal (WSJ) montre que les Européens deviennent de plus en plus pauvres, alors que les inégalités de revenus se réduisent régulièrement (notamment en France). Parallèlement, les Américains deviennent eux de plus en plus riches, nonobstant les inégalités faramineuses existant dans cet antre du capitalisme honni.
Cette enquête révèle également que les salaires sont en baisse régulière en Europe, tandis qu’ils ne cessent d’augmenter aux USA. Depuis 2019 ils ont ainsi baissé de 3,5% en Italie et jusqu’à 6% en Grèce tandis qu’ils grimpaient de 6% outre-atlantique (après lissage de l’inflation).
En 2019 précisément, une autre étude, émanant de la Foudation for Economic Education (FEE) avait montré que les 20% les plus pauvres aux Etats-Unis avaient un pouvoir d’achat supérieur à celui de la moyenne des autres pays de l’OCDE ! Autrement dit, si ces Américains les plus pauvres formaient une nation, elle serait encore l’une des plus riches du monde !
Face à ces constats, le WSJ enfonce le clou là où ça fait mal, en expliquant que les Européens ont privilégié le temps libre et la sécurité de l’emploi. Le malaise socio-économique ressenti sur le vieux continent relève donc de l’adage qui stipule qu’on ne peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre.
Parmi les causes de l’appauvrissement européen, il faut prendre également en considération, selon ces études, les dépenses astronomiques occasionnées par la transition écologique, le très haut niveau des taxes et le coût faramineux de la protection sociale, des aides, des allocations, des primes qui découragent le travail et plombent les salaires. Résultat, en Europe où l’on devrait vivre heureux grâce aux bienfaits de l’État-Providence, on est pauvre et morose. En Amérique où les citoyens doivent avant tout compter sur eux-mêmes, ils sont désespérément prospères et optimistes.

La mesure abrupte des inégalités ne vaut donc pas grand-chose et à tout prendre, contrairement aux allégations ineptes de l’écolo-cheffe Marine Tondelier, il vaut mieux quelques ultra-riches au sein d’une population aux revenus confortables que des millions de pauvres, sans inégalité mais également sans espoir. Sans doute est-ce la même logique qui veut qu’il n’y ait qu’un très gros gagnant au loto, empochant des dizaines de millions, plutôt que des millions à récolter des clopinettes… Ce qui n'empêche que 100% des gagnants ont tenté leur chance !
Le taux de pauvreté au sein d’une population ne donne qu’une idée limitée voire biaisée de la prospérité et du bien être général puisque ce n’est jamais que la proportion de gens gagnant moins de la moitié du revenu médian de ladite population. Surtout elle perd tout son sens lorsqu’on compare des pays dont les niveaux de vie sont très différents, puisqu’on ne parle plus alors de la même pauvreté. On est toujours le pauvre de quelqu’un en somme. Mais là encore, les slogans sont pris en défaut. Contrairement à une idée reçue très tenace, l'extrême pauvreté recule dans le monde. Il y a certes encore des progrès à faire, mais une chose est sûre, contrairement à la vieille rengaine socialiste, ce n’est pas en appauvrissant les riches qu’on enrichira les pauvres…

30 juin 2023

Fallait-il en arriver là ?

Une fois encore la violence urbaine défraie la chronique et offre une triste image de notre pays.
L’inversion des valeurs qui devient hélas la règle d’une société sans repère vient d’atteindre un paroxysme : à la suite d’un banal contrôle routier, un policier se trouve en prison pour avoir tenté de faire respecter l’ordre public tandis que les hommages pleuvent, y compris du plus haut de l’État, pour honorer la mémoire d’un voyou, mort pour avoir refusé d’obtempérer.
Le premier avait semble-t-il un parcours exemplaire, distingué à maintes reprises pour son efficacité et son courage. Le second, âgé d’à peine 17 ans, était déjà “connu défavorablement”, comme on dit, des services de polices pour de multiples voies de fait. refus d’obtempérer, trafic de stupéfiant, provocation, conduite de voiture de sport sans permis…

Le déferlement insensé de violence dans toute le pays, qui fait suite à cet évènement était malheureusement prévisible. On peut dire qu’il s’inscrit dans une spirale tragique relevant de la fatalité. A force de repousser une réalité dérangeante, à force de ne pas vouloir faire de vague, on affronte la tempête qu’on n’a pas voulu voir venir.
La responsabilité des politiques apparaît aujourd’hui écrasante et ce ne sont pas leurs lamentations au sujet des victimes, leurs appels au calme, ni même leurs condamnations fermes d’actes injustifiables qui peut les exonérer du poids qui pèse sur leurs épaules malingres. On est en droit de juger sévèrement l’inertie, la couardise de nombre de dirigeants, mais que dire de ceux qui dans la position confortable d’opposants aboient leur haine et incitent délibérément à la révolte et aux dégradations, en appelant clairement au renversement par la révolution, de l'ordre établi démocratiquement.
La responsabilité des parents est tout aussi évidente. Aujourd’hui on voit la mère du “malheureux Nahel”, exiger que la justice abatte ses foudres sur le policier et prendre la tête d’une marche blanche en mémoire de son fils. On ne peut rester insensible au chagrin d’une mère, mais n’y avait-il pas pour les parents aimants, des questions à se poser sur le comportement de son enfant, et des mesures éducatives à prendre avant d’en arriver à cette funeste extrémité ?
Que dire enfin du désarroi de la population confrontée à des actes de vandalisme répétitifs et toujours plus destructeurs, mais toujours impunis. Et comment occulter le probable désarroi des policiers, toujours sur la sellette, soit en raison de leur inaction, soit au contraire pour avoir trop agi, et lâchés dans ces circonstances par leur hiérarchie et par des gouvernants apeurés par la vindicte de la populace ?

Aujourd’hui un drame est arrivé, préludant selon toute probabilité à d’autres car les Pouvoirs Publics paraissent s’obstiner à nier ou à sous-estimer le problème. Jusqu’où ira cette montée des périls que rien ne semble pouvoir stopper, telle est la question angoissante qui se pose désormais aux citoyens, déjà courbés sous le fardeau de crises incessantes. La moins préoccupante est sans doute celle hypothétique, touchant au climat. C’est curieusement aussi celle pour laquelle le gouvernement déploie le plus d’énergie, de taxes et de réglementations. C’est doublement navrant car il sera toujours accusé de n’en faire pas assez et une chose au moins est certaine : tout cela n’aura aucun effet sur le réchauffement...

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Bonaparte, lorsqu’il assiste à la première prise des Tuileries le 20 juin 1792, voit une troupe forte de cinq à six mille hommes. « Ils étaient, raconte son ami Bourrienne, déguenillés et burlesquement armés, vociférant, hurlant les plus grossières provocations…C’était, certes, ce que la population des faubourgs avait de plus vil et de plus abject. »
Au spectacle de Louis XVI, incapable d’autorité, et contraint d’arborer le bonnet phrygien rouge orné de la cocarde tricolore le futur Napoléon s’exclame: « Che coglione Quel couillon ! Comment a-t-on pu laisser entrer cette canaille ! Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore !
Trois ans plus tard, lors de l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire, chargé d’obtenir la dispersion de la foule, il accepte à condition qu’on le laisse agir avec fermeté. Avant d’utiliser les grands moyens il avertit toutefois la foule :” que les honnêtes gens se retirent, je ne tire que sur la canaille”. Cela ne l’empêchera pas de faire feu sur les récalcitrants, faisant au moins 300 victimes. Le succès de l’opération lui vaudra toutefois d’être cité et applaudi pour la première fois à l'assemblée de la Convention, et de rester dans la mémoire populaire comme le “général Vendémiaire”.

Autre temps, autres mœurs, et on objectera que Bonaparte était loin d’être acquis à la démocratie…
N’empêche, à force de ne pas agir tant qu’il est temps, on risque bien de devoir un jour prendre des décisions terribles. Comme le disait Pascal, L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête…

29 juin 2023

Ecologie à la brésilienne

M. Lula, président de la république brésilienne, est la coqueluche de tout le gratin peuplant le cénacle béni de la bien-pensance. Et tandis qu’on accuse son prédécesseur M. Bolsonaro de tous les méfaits de la terre, on pardonne bien volontiers les turpitudes, délits de corruption et autres petites incartades dont s’est rendu coupable l’actuel tenant du titre.

Accroché au pouvoir comme une sangsue, après avoir été sorti avec perte et fracas par la porte, il est parvenu à revenir par la fenêtre, ouverte par des juges complaisants.
Ce qui lui permet de pérorer urbi et orbi et de distribuer les leçons de vertu.

Il y a quelques jours, il s'est fait applaudir au pied de la Tour Eiffel, lors du concert "Power Our Planet", organisé le 22 juin dernier à l’initiative de l'ONG Global Citizen. Devant un parterre de gogos, bobos, et autres écolos nourris au lait du capitalisme occidental, il s’est livré à une violente diatribe contre les pays incarnant ce modèle, dont la France, en les accusant d’avoir “pollué la planète ces 200 dernières années” à cause de leur révolution industrielle. Sans la moindre once de gêne, il les met aujourd’hui en demeure de “payer la dette historique qu’ils doivent à la planète Terre”. Et les idiots incriminés, futurs payeurs quelque peu écervelés, de "faire du bruit" enthousiaste pour la star du moment !

Le lendemain, après avoir salué gracieusement son ami Mélenchon, chantre de l’idéologie socialiste la plus matérialiste et salissante, il assiste au pompeux “sommet pour un nouveau pacte financier”, et face à M. Macron, éberlué, il fait preuve de la même violence pour rejeter l’accord MERCOSUR de libre échange international, au motif qu’il est impossible pour son pays de se conformer aux nouvelles clauses obligeant à respecter les normes drastiques en matière de protection de l’environnement imposées par l’Europe.

Si l’on peut comprendre son exaspération face aux réglementations ubuesques du vieux monde, le bougre ne manque pas de culot.
Lui que certains encensent comme un apôtre de l’écologie prouve en la circonstance qu'il se moque de cette dernière comme de l’an quarante ! Pas question donc pour lui de renoncer aux engrais, pesticides et autres produits phytosanitaires destinés à doper la production.
Et d'ailleurs, n’a-t-il pas hésité il y a quelques mois à faire couler le vieux porte-avions Foch, bourré de déchets toxiques, en plein milieu de l’Atlantique ?
Et qu’a donc fait M. Lula, président de 2002 à 2010 pour défendre la planète ? Rien, comme l’attestent entre autres la joyeuse valse des taux de déforestation en Amazonie durant ses deux mandats successifs, culminant même à plus de 27000 kilomètres carrés par an entre 2002 et 2004…
Peu importe au fond puisque pour un homme réputé “de gauche”, tous les péchés sont, par principe et pour la bonne cause, absous…

22 juin 2023

Capitalisme Flamboyant

Elon Musk
est l’incarnation même du capitalisme flamboyant. Il associe esprit d’entreprise, innovation, et, last but not least, fortune.
Son parcours n’est pas exempt d’échecs, de revers et d’erreurs. Comme le capitalisme, il évolue par crises, mais il les surmonte avec vigueur et sort en règle vainqueur. Son imagination, son dynamisme et son enthousiasme semblent sans limite.

Aussi, il est assez jouissif, pour un vieux libéral, de le suivre, au sommet de sa réussite, parcourant le monde, et de voir à chacune de ses étapes les chefs d’États et leurs plus hauts représentants le recevoir en grande pompe sur le tapis rouge.
Aujourd’hui c’est en Inde qu’il rencontre le Premier Ministre Narendra Modi après son passage à Paris, où il fut reçu par notre cher président Emmanuel Macron.
Quel régal ce fut de voir ce dernier se contorsionner en flagorneries devant le grand patron yankee pour tenter de le convaincre d’investir “massivement” en France.

Il fallait oser, car il faut dire que le dirigeant de Tesla sait à quoi s’en tenir avec notre pays qui n’a de cesse de vouloir tout taxer, de s’opposer par des réglementations hypocrites à l'impérialisme américain, et de s’ériger en censeur universel de la bien-pensance.
Elon Musk n’a sans doute pas oublié les remontrances ineptes, en forme de menaces, du commissaire européen Thierry Breton à propos de Twitter, que les bureaucrates de Bruxelles n’ont de cesse de vouloir censurer : " Il fera ce qu'on lui demandera de faire s'il veut continuer à opérer sur le territoire européen" avait-il sermonné ex-cathedra. Vantant sans vergogne la censure étatique, il avait ajouté sentencieux qu’il attendait "davantage de progrès vers le plein respect du DSA (Digital Services Act)".
On sait ce que valent ces réglementations ubuesques dont on a déjà connu la lourdeur paralysante avec le calamiteux RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), qui pénalise l’usage d’internet en l’asphyxiant sous les contraintes, sans avoir la moindre efficacité en matière de sécurité.
Imperturbable, et usant d’une politesse obséquieuse, le turbulent entrepreneur américain répondit à son hôte élyséen par de vagues promesses, comme s’il s’amusait à singer les simagrées des politiciens lorgnant les voix des électeurs. Il annonça benoîtement “qu’il est probable que Tesla fasse quelque chose de très important en France dans les années à venir…”
Autrement dit, cause toujours, tu m’intéresses !

Lors de son escale parisienne, Elon Musk se prêta de bonne grâce au jeu de l’interview spéciale du journal de 20 heures. Face à l’interrogatoire à charge d’Anne-Sophie Lapix, journaliste de service public manifestant autant d’esprit critique qu’une bonne-sœur évoquant le Saint-Père, il resta d’une sérénité impériale. Il la débouta de toutes les torves accusations qu’elle lui débita avec un sourire angélique, un rien crispé. Comme s’il reprenait une élève inattentive, il affirma et réaffirma non sans une pointe d’irritation : “Oui, je l'ai déjà dit ! Twitter respectera la réglementation… C'est la quatrième fois que je le dis…”
Pesant ses mots, il s'empressa d'ajouter qu’il se gardera bien d’aller au-delà, considérant qu’il n’est pas sain d’être plus royaliste que le roi !

Il est certain que tout être doué d’un peu de bon sens devrait préférer le parler vrai et pragmatique de ce génial entrepreneur à celui, pompeux mais creux et sans lendemain, de celles et ceux qui sont supposés gouverner le peuple. Le premier peut certes se tromper mais il le paie cher et doit en permanence tirer les conséquences de ses actes, contrairement aux satrapes irresponsables qui pullulent et palabrent en vain sous les ors des Palais de la République.

Pour notre malheur, notre continent vieillissant, à cours d’inspiration et totalement assujetti aux billevesées de l’État-Providence, ne songe plus qu’à taxer et à réguler tandis qu’aux USA, on invente, on innove, on rayonne…
C‘est, encore pour un temps, la force du Nouveau Monde de pouvoir se renouveler, et ce, même avec des dirigeants aussi désespérants que ce pauvre Joe Biden. Entre mille exemples, ce dernier crut bon de traiter Xi Jinping de dictateur, alors que son Secrétaire d’État Anthony Blinken revenait juste d'une délicate mission visant à rabibocher Chine et États-Unis, …

17 juin 2023

La Honte

La Presse, les médias ont abondamment relaté un nouvel épisode dramatique de l’immigration incontrôlée, en Méditerranée, survenu au large des côtes grecques.

Une fois encore l’émotion, les regrets, les minutes de silence, et les hommages aux victimes ont fait office de pis aller dérisoire à l’absence de solution.
A défaut de résoudre ce problème terrible, les responsabilités mêmes sont éludées.

On accuse évidemment en premier lieu les passeurs cupides qui organisent ces exodes épouvantables en s’enrichissant sur le dos des malheureux à qui ils promettent, moyennant finance, un avenir radieux.
On évoque parfois, mais à mots feutrés, les Organisations Non Gouvernementales qui sont les alliés de facto des brigands et contribuent à entretenir l’image illusoire de l’El Dorado occidental.
On est beaucoup plus évasif pour évoquer la responsabilité des pouvoirs publics et des gouvernements qui se renvoient la balle par-dessus le filet percé des belles paroles et des vœux pieux européens.

En réalité, les passeurs font leur métier de brigands sans foi ni loi. Ils ne sont que les intermédiaires opportunistes, profitant de la crise.
Les ONG font leur métier d'idiots utiles, pétris de belles intentions et d’une bonne dose de pharisaïsme. Ils n’ont pas non plus créé le problème mais tirent de lui leur raison d’exister. Tout au plus sont-ils complices de facto des passeurs.
Les vrais responsables sont les Gouvernements. Eux ne font pas leur métier et n’assument pas leurs responsabilités. Ils ont le pouvoir et les moyens de s’opposer à ce désastre humain, mais par couardise, indétermination et souvent angélisme, n’en font rien ou quasi. On voit notamment qu’à Mayotte, ils ne parviennent même pas à surveiller un bras de mer par lequel transitent les dizaines de milliers de migrants en provenance des Comores ! Obsédés par le désir de tout réguler et de s’immiscer dans nos vies, ils s’avèrent incapables d’enrayer le chaos migratoire, invoquant toutes sortes de raisons foireuses pour tenter d’excuser leur inaction. Pire que tout peut-être, ils financent sur le dos de leurs contribuables les ONG racolant les candidats à l’émigration qui financent les passeurs. La boucle est bouclée de ce cercle vicieux de la honte…

08 juin 2023

Climato-Réalisme

Chaque incendie de forêt donne lieu à une nouvelle louchée d’informations à sens unique, accusant encore et toujours ce fameux dérèglement climatique, mis à toutes les sauces pour expliquer tout et n’importe quoi, sans une once d’esprit critique ni même le moindre recul que la prudence élémentaire exigerait pourtant. On glose ad nauseam sur les feux gigantesques observés un peu partout mais on ne s’interroge guère sur les causes immédiates de ces sinistres effrayants. Sauf erreur le climat n’a jamais allumé tout seul la moindre flamme, mais qu’importe, il a bon dos pour servir de bouc émissaire.

Dans le même temps, on assène à longueur de journée, qu’il existe un consensus scientifique incontournable et définitif au sujet du réchauffement climatique et de ses causes, impliquant paraît-il la responsabilité humaine, et sous-entendant généralement celle du capitalisme et du libéralisme.
Pourtant des voix, et pas des moindres, s’élèvent pour proposer un point de vue différent de la doxa et pour proposer des solutions moins destructrices que la tabula rasa des prêcheurs d’apocalypse. John Clauser prix Nobel de physique en 2022 s’est exprimé sans détour sur le sujet, apportant un peu d’eau fraîche au moulin du climato-réalisme. Ses propos, rejoignant ceux de son co-lauréat Alain Aspect, n’en sont pas moins alarmants : “Le discours populaire sur le changement climatique reflète une dangereuse corruption de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes. Une science climatique erronée s’est métastasée en une pseudoscience journalistique de choc.”

Hélas on entend peu ce discours de raison, étouffé qu’il est par le bruit assourdissant des moutons de la pensée unique.
Plusieurs livres sortis récemment vont dans le même sens. Notamment celui de Steven E Koonin, qui fut conseiller scientifique à la Maison Blanche du temps du président Obama. Le titre à lui seul est explicite: “Climat, La part d'incertitude”. Il méritera sans doute une analyse à venir dans ce blog. Tout comme l’ouvrage Sapiens et le climat, d’Olivier Postel-Vinay, ancien rédacteur en chef de la revue La Recherche, qui fait œuvre de paléo-climatologue en analysant sans idéologie préconçue, l’évolution chaotique du climat depuis des millénaires.

Pendant ce temps, le gouvernement persévère dans les contradictions et le non-sens. Elisabeth Borne était toute fière d'annoncer il y a deux ans à peine la fermeture de la centrale de Fessenheim, au nom de la transition énergétique. Aujourd’hui, elle fait sien le programme de renucléarisation massif du Président de la République.
Cela ne l’empêche pas d’annoncer des propositions à venir pour accélérer la réduction des émissions de CO2 dans une perspective catastrophiste de "+4⁰C à l'horizon 2100". Le coût de ces mesures dont l'efficacité serait évidemment négligeable, dépasserait allègrement les 300 milliards d’euros et de toute évidence aurait des conséquences désastreuses sur l’industrie qu’elle affirme vouloir doper…
Décidément, le gouvernement, plus irrationnel et inconséquent que jamais, est en passe de devenir un asile psychiatrique…