06 juillet 2008

Un mystère colombien

L'intense battage qui accompagne la libération d'Ingrid Bétancourt fait naître une certaine perplexité. Après la révolte, la compassion, l'émotion, puis enfin le soulagement, un étrange sentiment se fait jour. Ou plutôt une interrogation. Pourquoi un tel débordement médiatique ? Qui l'orchestre vraiment ? La Presse ? Les Politiques ? A quelle fin ?
Comme lors des tragiques attentats du 11 septembre 2001, les images diffusées en boucle finissent par être assommantes, donnant l'impression d'une distorsion soudaine et artificielle de l'actualité. Une nouvelle fois, les journalistes en font trop, braquant de manière inconsidérée leurs micros et projecteurs sur tout ce qui brille, sans une once de réflexion et pas le moindre recul. Résultat ils disent n'importe quoi. Un flot de rumeurs non fondées, de suppositions hasardeuses, et de gloriole clinquante submerge l'évènement.
Est-il normal qu'une personne, aussi sympathique soit-elle, devienne en quelques jours
par le truchement des médias, le centre du monde ? D'où tient elle la grâce qui fait qu'elle soit soudain parée de toutes les vertus ?
Certains la voient déjà Présidente de la République Colombienne par le seul mérite d'avoir été otage durant six longues années. Nicolas Sarkozy l'inscrit d'autorité sur la liste des prochains promus à la Légion d'Honneur. Etrange consécration. On finit par avoir des doutes.
Est-elle héroïne malgré elle ou bien s'agit-il d'une mise en scène habile ?
On est interloqué par sa bonne forme apparente, lorsqu'on la compare à l'image de pauvresse résignée, ressassée il y a quelques mois. On la disait mourante de maladies et de mauvais traitements, la voici pimpante et volubile comme si elle sortait d'une cure de thalassothérapie.
On la présente comme la figure emblématique de la politique colombienne, mais son premier geste est de s'envoler pour la France. A-t-elle seulement rencontré le président Uribe, artisan de sa libération, a-t-elle rencontré le Peuple Colombien qu'elle affirme vouloir servir ? On n'en a rien vu. Etrange, si l'on se rappelle que les sondages ne la créditaient pas de plus de 2% d'intentions de vote lorsqu'elle envisageait de se présenter il y a quelques années à la Présidence de la République,...
Vraiment cela fait beaucoup de mystères autour de cette histoire. Ajoutés au discrédit dans lequel on tient, on ne sait trop pourquoi, en France le président Uribe (parce qu'il n'est pas de gauche ?), aux conditions bizarres de la capture d'Ingrid Bétancourt par les FARC, et à la complaisance avec laquelle on les a trop longtemps considérés, nimbés qu'ils sont par l'aura guevaresque de justiciers du peuple, au rôle guignolesque joué par Chavez, ça fait tout de même un peu beaucoup de ficelles qui s'agitent sans qu'on voie clairement qui les tient...
Ne pas oublier que derrière ces torrents de liesses, il reste encore au bas mot 800 otages en captivité...

1 commentaire:

MC a dit…

Tout à fait d'accord et choquée par la remise de la légion d'honneur..