Certains
débats contemporains ont la vanité de querelles byzantines.
La
récente polémique sur l'enseignement de la "théorie du genre"
aux lycéens en est l'illustration édifiante. Alors que l'ensemble
du système éducatif de notre pays est en plein naufrage, cette
insane controverse est proprement hallucinante.
Pour
mémoire, il s'agit de concevoir l'identité sexuelle, non pas comme
une réalité anatomique et physiologique, mais comme la résultante
d'une conjonction complexe de facteurs sociaux-culturels et
environnementaux, formant une "histoire de vie"... Pour
paraphraser la fameuse lapalissade de Simone de Beauvoir : "On
ne naît pas femme, on le devient..."
Il
est bien difficile de déterminer l'utilité de cette élucubration
fumeuse, même s'il est prétendu qu'elle serait de nature à
décomplexer tous ceux qui sont mal dans leur peau, en déconstruisant
tout concept trop normatif, et toute évidence trop clairement
imposée par la nature.
A
l'âge où les enfants ne savent rien ou quasi de la réalité des
chromosomes et qu'ils n'ont de leur propre schéma corporel qu'un
sentiment confus, on entreprend donc de jeter le trouble sur une
notion qui semblait établie depuis le début du monde.
Le
pire est qu'on ait choisi le manuel de science naturelle (pardon,
SVT...) pour exposer cette cogitation intellectuelle, qui relève au
mieux de la spéculation philosophique.
Car
au plan physiologique, quoi de plus évident, quoi de plus aisé à
percevoir que la spécificité sexuelle qui distingue les individus ?
C'est d'ailleurs heureux car il serait fâcheux d'avoir des doutes à
chaque fois qu'on rencontre quelqu'un. Comment par exemple
pourrait-on mettre en œuvre la fameuse parité s'il fallait
s'enquérir auprès de chaque individu de son orientation intime en
la matière ?
Même
l'homosexualité ne pose en règle aucun problème. Car en dépit de
leur attitude équivoque, les gays restent des hommes ou des femmes.
Il
reste évidemment l’ambiguïté anatomique, sous-tendue par des
désordres génétiques, qui est une vraie énigme, et surtout un
drame pour les malheureux qui en sont victimes. Et le malaise
psychologique de quelques personnes qui n'assument pas le sexe que la
nature leur a donné, et qui seront bien avancées de savoir qu'il
n'y a là rien anormal... Préféreront-elles comme remède, ce beau
cataplasme métaphysique, ou bien l'aide d'un traitement hormonal ou
chirurgical ?
Bien
que la "théorie du genre" vienne parait-il des Etats-Unis,
il n'est pas étonnant qu'elle trouve des développements en France,
où l'on adore couper les concepts en quatre et mettre du sexe en
toute chose, quitte à engendrer de cocasses incohérences. D'où par
exemple, une table tient donc sa féminité puisqu'il ne s'agit au
fond que d'un meuble ? Et de quel genre est donc le sexe
masculin puisqu'on l'appelle tantôt le pénis, tantôt la verge ?
Quant au vagin, ce n'est qu'une cavité, tandis qu'un testicule ou un
ovaire représentent chacun une gonade...
Autant
dire que la théorie du genre empoisonne la vie des écoliers depuis
des lustres ! Elle avait même accru sa maléfique pression il y a
quelques années lorsque les satrapes du Gouvernement, épaulés par
les experts d'une obscure "Commission Générale de
Terminologie", crurent bon de
féminiser quelques appellations restées neutres. On a donc vu, entre autres fantaisies, surgir tout à coup des "professeures",
des "proviseures", des "auteures" …
O
tempore o mores...
2 commentaires:
n'est ce pas très significatif de la confusion des temps de substituer ainsi le genre ( masculin ou féminin)à la fonction neutre ),,
C'est effectivement une source de problèmes, de même que la tendance à jargonner ou à édulcorer certaines notions, jusqu'à leur faire perdre leur sens. Et c'est une des forces de la langue anglaise, de ne pas s'embarrasser du genre (ni des accents) des mots lorsque cela n'apporte rien.
Enregistrer un commentaire