Eu
égard à la frénésie taxatrice caractérisant quasi exclusivement
sa politique, végétative par ailleurs, il est assez plaisant de
voir le gouvernement trébucher sur un impôt élaboré par... ses
prédécesseurs !
En
dépit de l'apparition depuis quelques mois un peu partout sur les
routes, de portiques étranges hérissés de caméras, détecteurs,
émetteurs en tous genres, il faut bien dire que peu de gens
semble-t-il avaient anticipé le coup. Pourtant, avec un point de vue
rétrospectif, la fameuse « écotaxe pour les poids lourds »
avait tout pour mettre le feu aux poudres. Réunissant dans une même
nasse l'ensemble de la classe politique qui l'avait avalisée, elle
combine en effet une incroyable complexité avec un intérêt
pratique à peu près inintelligible. Surtout, elle arrive comme la
cerise sur un gâteau fiscal passablement écœurant !
Il
serait vain de tenter de décrire cette nouvelle usine à gaz du
Trésor Public, vue la sophistication diabolique à laquelle elle
répond. Disons simplement qu'elle devait permettre de (sur)taxer les
poids lourds de plus 3,5 tonnes, circulant sur le réseau routier
hors autoroutes, en fonction de leur distance parcourue, de leur
charge à vide et de leur degré de vétusté ! Il était prévu
que les véhicules « ciblés » embarquent donc un
mouchard GPS permettant leur suivi par les balises
électroniques installées tous les 4 kilomètres environ, au bord des routes
nationales et départementales. Les contrevenants quant à eux ne
pouvaient échapper aux mailles du filet et aux fameux portiques, permettant de les traquer,
en tout lieu et à tout moment
Dans
l'esprit de ses ingénieux inventeurs, enchantés par leur
trouvaille, il s'agissait d'un « impôt éthique », censé
décourager les entreprises d'utiliser les camions pour acheminer
leur marchandise, et les incitant à faire appel au train, réduisant
par voie de conséquence l'émission de C02.
Au
premier rang de ses promoteurs figuraient le cher Jean-Louis Borloo,
flanqué de Nathalie Kosciusko-Morizet et d'écologistes de tout
poil, impliqués dans l'inénarrable « Grenelle de
l'environnement ». Force est de reconnaître que l'ensemble de
la classe politique avait suivi, et applaudi à cette insanité,
s'ajoutant à tant d'âneries bien intentionnées. C'est pourquoi le
PS est bien mal venu aujourd'hui de clamer qu'il est contraint
d'appliquer une loi votée par ses prédécesseurs. Que ne l'a-t-il
pas abrogée, comme tant de dispositions prétendues néfastes,
datant de l'ère Sarkozy ?
A
quelque chose malheur est bon. A travers cette histoire lamentable,
le Peuple commence peut-être enfin à prendre conscience de l'effet
pervers de l'impôt lorsqu'il est l'alpha et l’oméga de toute
politique. A l'évidence, il n'est plus désormais la seule punition
des Riches, il déborde partout, envahit le quotidien, plombe la
moindre initiative. C'est un boulet que chacun se voit contraint de
traîner aux pieds, et ce boulet ne cesse de grossir. L'alibi de la
redistribution ne prend plus. Celui de l'écologie non plus.
Ces
manifestants dont le bonnet rouge rappelle la révolte de leurs
ancêtres contre la fiscalité abusive du papier timbré, ont
peut-être quelque chose à voir avec leurs cousins américains qui
invoquent de leur côté la rébellion du Tea Party. Ces gens sont
las tout simplement de cet Etat omniprésent, qui étouffe les
libertés individuelles, se nourrit de leur sang, et entend dicter à chacun et à chaque
instant sa conduite.
C'est
pourquoi sans doute les défilés comptaient si peu de drapeaux
rouges et tant de drapeaux bretons. C'est pourquoi sans doute les
nostalgiques de la lutte des classes et autres gueuleurs de slogans
revanchards, qui cherchèrent à récupérer le mouvement, firent
chou blanc. Il fallait voir Mélenchon avec son hideux rictus,
s'époumoner, écumant de haine, et lancer mais en pure perte, ses
imprécations grotesques aux « esclaves manifestant pour les
droits de leurs maîtres » !
Des
citoyens se lèvent mais ils n'entendent pas cette fois semble-t-il
se laisser berner par ces vendeurs d'illusions.
Un
espoir se fait jour, peut-être !