Laissons-nous submerger par le torrent de bleu
Que déverse le ciel prodigue en féeries
Et laissons se dissoudre en milles rêveries
Le réel qui se met à compter pour si peu
Laissons se perdre au loin dans un désert poudreux
Les sources de douleurs pour un moment taries
Et jusqu’aux souvenirs de souffrances guéries,
Décombres engloutis d’un monde malheureux.
Il faut penser à vous chères cendres qui fûtes
Il faut penser à vous doux enfants à venir
Un même sort vous lie : naître et toujours mourir !
Mais pour l’heure, buvons le temps et ses volutes
Qui chargés d’un parfum de chagrin et d’ennui
S’ouvrent suavement sur l’azur infini...
13 juillet 2016
27 juin 2016
Big Crunch
Le divorce séparant le Royaume Uni de l’Union Européenne n’a pas fini de faire des vagues. Il n’a pas fini de remuer le landerneau politique et de secouer les opinions publiques.
Parmi les premières réactions en France, celle du premier ministre Manuel Valls fera date. Hélas, peut-être comme une nouvelle preuve que les Politiciens ne comprennent décidément rien aux enjeux auxquels sont soumis les nations qu’ils gouvernent. Est-ce par pusillanimité, méconnaissance des réalités ou bien étroitesse d’esprit ?
Non contents d’avoir mené la communauté Européenne dans une impasse, ils semblent vouloir continuer de plus belle sur la même voie désastreuse. Alors qu’on pouvait espérer voir la construction d’une nouvelle puissance capable de peser significativement dans le monde, on se retrouve face à un château de cartes de plus en plus branlant.
Aujourd’hui, Manuels Valls croyant plaider pour un renforcement de l’Union claironne que le vote des Britanniques « doit être l'occasion de refonder le projet européen ». Belles paroles mais lorsqu’il attaque le cœur du problème on déchante vite...
Selon le magazine Le Point, entre autres mesures envisagées, il s'est voulu catégorique concernant le projet de traité de libre-échange entre les Etats Unis et l'Union européenne (Tafta ou TTIP): « Je vous le dis franchement, il ne peut pas y avoir d'accord de traité transatlantique. Cet accord ne va pas dans le bon sens. »
Vieux serpent de mer ressorti régulièrement pour mieux le noyer sous un flot d'imprécations par les populistes de toutes obédiences, unis pour la cause à la faune hétéroclite des altermondialistes, ce projet de traité, en gestation depuis le milieu des années 90, vise à mettre sur pied un grand marché transatlantique, une vaste zone de libre échange qui pourrait à terme couvrir pas moins de 45,5% du PIB mondial !
Hélas, négocié souvent en secret comme s’il s’agissait de quelque chose de honteux, mal expliqué aux populations, il est devenu emblématique des effets pervers de la mondialisation et cristallise autour de lui nombre de théories complotistes, de croyances erronées sur les bienfaits supposés du protectionnisme, et donne libre cours à l’anti-américanisme toujours vivace en France.
Il représente pourtant une perspective fabuleuse de coopération entre deux continents que tout devrait inciter à être amis, notamment le passé historique et plus encore le contexte des menaces qui pèsent à ce jour sur le monde.
Il est kantien dans l’esprit, ébauchant cette fameuse fédération des fédérations que le philosophe allemand appelait de ses vœux dans son petit essai sur la Paix Perpétuelle. Il pourrait être le meilleur rempart aux excès de la mondialisation et servir de modèle aux autres nations.
Las ! M. Valls à la manière d’une boussole indiquant le sud, voit l’inverse de ce qu’un simple bon sens indiquerait, n’hésitant pas à pervertir l’essence même du projet en exposant une conception frisant l’indécence : « Dorénavant, aucun accord de libre-échange ne doit être conclu s'il ne respecte pas les intérêts de l'Union » a prévenu le chef du gouvernement. Ainsi, on peut déduire que pour lui, le libre-échange ne vaut que s’il est unilatéral !
Cette conception frileuse et égocentrée des choses, le premier ministre l’applique d’ailleurs avec le même zèle à l’Europe qu’il prétend renforcer tout en affirmant que : “Quand l'Europe n'est pas le bon niveau de décision, alors elle doit s'effacer, et laisser les États décider.”
Avec de tels défenseurs, le projet européen est vraiment mal parti. Au lieu d’incarner un concept de société forte, libre et ouverte, il s’apparente de plus en plus à un big crunch…
25 juin 2016
Illusions perdues
On se couche avec l’idée que le Royaume Uni restera malgré tout membre de l’Union Européenne et on se réveille dans le tintamarre du Brexit !
On pensait qu’on s’était juste amusés à se faire peur avec le spectre de la désunion, et qu'en définitive le bon sens allait s’imposer, mais on rentre de plein pied dans une période de troubles et d’incertitudes.
Pour ceux qui aspiraient à la naissance d’une Nation Européenne, et a fortiori pour ceux qui comme l’auteur de ces lignes sont convertis au modèle fédéral, cette fin de parcours anglaise est une vraie catastrophe. Nul doute qu’elle va ébranler encore un peu plus une communauté déjà chancelante. L’Angleterre a fait un choix net, marqué par le pragmatisme. Pour elle, les affaires continuent et tout porte à croire que sa sortie de l’Europe n’affectera pas son dynamisme, bien au contraire. On sait bien que la Suisse, totalement immergée dans l’Europe par sa position géographique, n’a jamais souffert d’en être absente au plan politique.
Pour les autres ce n’est pas la même histoire hélas. Hormis l’Allemagne, quelles sont les nations encore un peu fortes et vaillantes dans ce conglomérat sans ambition ni aspiration ? Les pays du Sud sont dans le marasme, ceux de l’Est sont de plus en plus dubitatifs, notamment ceux qui étaient sur le point de rejoindre la zone euro.
Quant à la France, elle est en bien piteuse posture. En faillite chronique, bourrée de dettes, figée dans les archaïsmes et déchirée au plan social, elle est bien loin d’incarner un modèle enviable et porteur d’espérances.
A la vérité, le ciment fragile qui réunissait ces pays est en train de se déliter et on ne voit pas bien ce qui pourrait arrêter l’effritement. A fortiori, une Europe unie, soudée par un vrai destin commun peut survivre aux crises d’un ou même de quelques-uns de ses membres, mais probablement pas au départ d’un poids lourd aussi actif que le Royaume Uni, qui est passé rappelons-le, devant la France dans le palmarès des PIB.
On pouvait entendre ce soir M. Barnier, faire de ce brexit un deuil réjoui au motif que l’Angleterre avait propagé en Europe un courant ultra-libéral néfaste ! Sérieux comme un pontife, il affirmait sur sa lancée que nous serons désormais mieux armés pour affronter la mondialisation. ..
En somme, il plaide pour un renforcement de la bureaucratie et des réglementations. Tout ce dont un nombre grandissant de gens ne veulent plus, et tout le contraire du modèle fédéral, le seul qui soit viable. Fatale erreur qui montre comment se fourvoient certains prétendus ardents défenseurs de l’Idée européenne, mais qui n’en sont que les fossoyeurs ! Et comment imaginer qu’une Europe ainsi amputée soit plus forte pour affronter le monde ?
Au plan démocratique, l’Angleterre pourrait donner des leçons à plus d’un. Elle incarne et continuera à incarner une certaine idée de la liberté, de l’efficacité, du courage et de la détermination. Sans doute sera-t-elle en proie à certaines convulsions internes, notamment à cause de la frustration de l’Irlande du Nord et de l’Écosse, mais si elle les surmonte, elle s’en sortira sans doute mieux que le Continent qui n’a pas fini de mesurer les conséquences du séisme.
Hélas comme souvent lors des referendums, celui qui a pris l’initiative de le proposer voit son sort totalement conditionné au résultat. David Cameron, l’artisan audacieux de la sortie de crise de son pays abandonne ses fonctions. Preuve de démocratie s’il en fallait, mais décision offrant l’avenir à tous les dangers…
Alea jacta est...
On pensait qu’on s’était juste amusés à se faire peur avec le spectre de la désunion, et qu'en définitive le bon sens allait s’imposer, mais on rentre de plein pied dans une période de troubles et d’incertitudes.
Pour ceux qui aspiraient à la naissance d’une Nation Européenne, et a fortiori pour ceux qui comme l’auteur de ces lignes sont convertis au modèle fédéral, cette fin de parcours anglaise est une vraie catastrophe. Nul doute qu’elle va ébranler encore un peu plus une communauté déjà chancelante. L’Angleterre a fait un choix net, marqué par le pragmatisme. Pour elle, les affaires continuent et tout porte à croire que sa sortie de l’Europe n’affectera pas son dynamisme, bien au contraire. On sait bien que la Suisse, totalement immergée dans l’Europe par sa position géographique, n’a jamais souffert d’en être absente au plan politique.
Pour les autres ce n’est pas la même histoire hélas. Hormis l’Allemagne, quelles sont les nations encore un peu fortes et vaillantes dans ce conglomérat sans ambition ni aspiration ? Les pays du Sud sont dans le marasme, ceux de l’Est sont de plus en plus dubitatifs, notamment ceux qui étaient sur le point de rejoindre la zone euro.
Quant à la France, elle est en bien piteuse posture. En faillite chronique, bourrée de dettes, figée dans les archaïsmes et déchirée au plan social, elle est bien loin d’incarner un modèle enviable et porteur d’espérances.
A la vérité, le ciment fragile qui réunissait ces pays est en train de se déliter et on ne voit pas bien ce qui pourrait arrêter l’effritement. A fortiori, une Europe unie, soudée par un vrai destin commun peut survivre aux crises d’un ou même de quelques-uns de ses membres, mais probablement pas au départ d’un poids lourd aussi actif que le Royaume Uni, qui est passé rappelons-le, devant la France dans le palmarès des PIB.
On pouvait entendre ce soir M. Barnier, faire de ce brexit un deuil réjoui au motif que l’Angleterre avait propagé en Europe un courant ultra-libéral néfaste ! Sérieux comme un pontife, il affirmait sur sa lancée que nous serons désormais mieux armés pour affronter la mondialisation. ..
En somme, il plaide pour un renforcement de la bureaucratie et des réglementations. Tout ce dont un nombre grandissant de gens ne veulent plus, et tout le contraire du modèle fédéral, le seul qui soit viable. Fatale erreur qui montre comment se fourvoient certains prétendus ardents défenseurs de l’Idée européenne, mais qui n’en sont que les fossoyeurs ! Et comment imaginer qu’une Europe ainsi amputée soit plus forte pour affronter le monde ?
Au plan démocratique, l’Angleterre pourrait donner des leçons à plus d’un. Elle incarne et continuera à incarner une certaine idée de la liberté, de l’efficacité, du courage et de la détermination. Sans doute sera-t-elle en proie à certaines convulsions internes, notamment à cause de la frustration de l’Irlande du Nord et de l’Écosse, mais si elle les surmonte, elle s’en sortira sans doute mieux que le Continent qui n’a pas fini de mesurer les conséquences du séisme.
Hélas comme souvent lors des referendums, celui qui a pris l’initiative de le proposer voit son sort totalement conditionné au résultat. David Cameron, l’artisan audacieux de la sortie de crise de son pays abandonne ses fonctions. Preuve de démocratie s’il en fallait, mais décision offrant l’avenir à tous les dangers…
Alea jacta est...
23 juin 2016
La sagesse de l'argent
Parler de sagesse à propos de l’argent, cela relève dans notre pays d’une vraie provocation !
C’était sans doute un peu l’intention de Pascal Bruckner lorsqu’il donna ce joli titre à son dernier essai.
On connaît en effet son franc parler et un certaine répugnance à se ranger derrière le conformisme contemporain. On connaissait également ses formules mordantes sur “la tyrannie de la pénitence”, sur “le sanglot de l’homme blanc”, ou encore sur “l’euphorie perpétuelle” par lesquelles il tourna en dérision dans des ouvrages précédents les clichés d’une pensée pasteurisée, en passe de perdre tout esprit critique.
Son dernier essai se situe dans la même veine assurément, visant cette fois à tordre le cou à nombre de préjugés relatifs au pognon, à la finance, au capitalisme, à mettre à plat certaines contradictions, et à désosser certaines théories fondées sur le mensonge..
Bruckner se plaît ainsi à montrer que ceux qui dénigrent le plus l’argent ne sont pas forcément ceux qui le dédaignent le plus, tandis que ceux qui en ont beaucoup se font généralement des plus discrets à son sujet.
Il ne lui est pas difficile de fournir maints exemples démontrant comment les politiciens dits de gauche, si vertueux pour les autres, se révèlent si âpres au gain concernant leurs affaires personnelles. La génération soixante-huitarde ou bien celle qui accompagna Mitterrand, fourmille de ces pharisiens dorés, farcis d’hypocrisie. Le gouvernement actuel en est lui-même infesté en dépit des pompeux engagements de François Hollande. Ce dernier lui-même, qui prétend ne pas aimer les riches, fait partie de ces grands bourgeois cachant leur mauvaise conscience sous des slogans miteux. En déclarant sa fortune juste au dessous du seuil relevant de l’ISF, il objective même une mauvaise foi quasi crapuleuse.
Mais la force de ces gens est d’avoir réussi à berner les gogos qui imaginent “qu’être de gauche devient un brevet de vertu et de probité… Pour Bruckner, la question est de savoir combien de temps encore, grâce à cette supercherie, “la caste des hauts fonctionnaires, jouissant de privilèges quasi monarchiques se croira au-dessus des lois...”
Les Politiciens ne sont pas les seuls à se goberger sur le dos d’un peuple naïf.
Artistes, sportifs, et nombre de représentants du gratin médiatique sont à mettre dans le même panier. Par exemple, le footballeur Cantonna qui dézinguait à tout va les banques pendant que sa femme faisait de la publicité pour le Crédit Lyonnais. Pour Bruckner, “la haine verbale du système est d’autant plus forte qu’on s’y vautre avec délectation...”
Pareillement, il s’inspire du prétendu chef d’oeuvre de Damien Hirst, intitulé “Golden Calf”, pour montrer comment “en condamnant l’argent on se fait de l’argent…”
Les religions elles-mêmes entretiennent des rapports douteux avec l’argent. Bruckner cite le pape qui se pose en ennemi de l’argent tout en avouant qu’il en a besoin pour aider les pauvres et pour la propagation de la foi. Il évoque également le système de “la pénitence tarifée”, par lequel on achète des messes comme autant de viatiques pour l’au-delà, ou encore les fortunes colossales amassées par des sectes prêchant l’austérité (Mormons, Parsis en Inde, …)
Parmi les passages les plus percutants de l’essai, figurent ceux où Bruckner démonte les mensonges qui courent sur les méfaits supposés de l’argent et sur la nature perverse du capitalisme, bouc émissaire commode pour les idéologues de tout poil, propageant le mythe d’un monde meilleur dans lequel serait aboli ce fléau .
Il montre facilement qu’à l’instant présent “c’est dans les pays non capitalistes et non démocratiques que sévissent les formes les plus dégradantes de domination, y compris chez les enfants.”
Évoquant les expériences communistes et socialistes les plus extrêmes, il observe qu’invariablement, “on commence par détruire l’argent et on finit pas détruire les hôpitaux, les écoles, les temples et on rétablit l’esclavage et on traite les hommes en moyens de paiements.”
Il rappelle enfin que ce qui mène aux guerres, ce sont “souvent des ambitions impériales ou des motifs religieux ou idéologiques mais rarement monétaire isolé comme tel.”
De même, il souligne à juste titre que “le XXè siécle a été ravagé non par les puissances financières mais par les idéologies totalitaires, nazisme, fascisme et communisme.” Pendant ce temps, la pauvreté a reculé partout dans le monde grâce à l’extension du marché…
Malheureusement contrairement au dicton qui stipule “qu’abondance de biens ne nuit pas”, Pascal Bruckner noie un peu son propos sous le flot de ses arguments. A vrai dire, ça part un peu dans tous les sens et le message général de l’ouvrage reste nébuleux voire contradictoire.
Entre autres exemples, il est rappelé qu’en France, “les ¾ de l’impôt sont payés par les 20% des contribuables les mieux rémunérés”, mais a contrario, on peut lire également que "civiliser l’argent, c’est le démocratiser, le redistribuer partout comme un trésor qui appartient potentiellement à tous.”
Pratiquant l’art de l’oxymore, Bruckner énonce que “l’argent est à la fois la voie d’accès aux plaisirs et le mur qui les annule…”. A un autre moment, il se fait un tantinet artificieux en évoquant l’amour et la prostitution : “Ce n’est pas l’argent qui tue l’amour mais le manque qui le précipite dans les transactions.” Cette juxtaposition des contraires aboutit parfois même à des lieux communs : “ la corne d’abondance peut devenir menace de gavage, péril de suffocation. Il y a donc dans l’argent quelque chose qui détruit l’argent”, ou bien : “l’argent n’est jamais aussi présent que lorsqu’il est absent...”
Il est enfin difficile de suivre totalement l’auteur dans certaines de ses affirmations .
Notamment lorsqu’il énonce “qu’avec leur lucidité ravageuse, Pascal, La Rochefoucauld et les jansénistes ont anticipé sans le savoir, l’avènement de l’individu comptable, aux horizons bornés, propice à l’éclosion du capitalisme.” Le raccourci est par trop abrupt et réducteur, autant pour le capitalisme lui-même, que pour les penseurs cités !
Autre vision discutable, celle qu’il attribue à Keynes et qu’il partage, d’un avenir radieux “où les problèmes économiques passeront à l’arrière plan, c’est-à-dire à leur véritable place, et où la sphère de l’esprit et du cœur sera occupée ou réoccupée par nos problèmes réels ; ceux de la vie, et des relations humaines, de la création, du comportement et de la religion..”
Certes, on ne peut qu’être frappé par le paradoxe dans lequel “le bonheur n’a jamais été aussi dur à atteindre en dépit d’une abondance matérielle en expansion.” Mais, pour paraphraser une des propres remarques de l’auteur, le problème ne porte pas tant sur l’économie à laquelle porterait un intérêt excessif, que sur les aspirations spirituelles dont nous sommes de plus en plus pauvres…
Autre illustration d’une schématisation abusive du raisonnement, lorsque Bruckner observe navré, que “tout devient référence à la monnaie” et qu’à l’appui de cette thèse, il cite quelques expressions populaires : “se faire valoir.../... parce que je le vaux bien .../... se mettre en frais .../... être payé de retour.../... quelqu’un qui n’en vaut pas la peine…”
N’y a-t-il pas là matière à confusions ? La valeur des choses, des idées, des sentiments s’exprime parfois par des mots qui font référence à l’argent. Mais on ne saurait oublier que cette dernière, n’est elle-même qu’une représentation symbolique de la valeur des choses.
On savait avant ce livre que si l’argent ne fait pas le bonheur, il peut tout de même y contribuer, et qu’à l’instar de tous les excès, “trop d’argent tue l’argent...”
En définitive
A côté de constats intéressants s’attaquant à un vrai tabou, le livre distille quantité de réflexions parfois un peu faciles ou convenues, tendant à pondérer la provocation annoncée par le titre. En fait de décapage on doit souvent se contenter d’une sorte de moonwalk en forme de rétro-pédalage qui donne l’illusion d’avancer tout en reculant.
Au surplus, Pascal Bruckner exprime une conception très littéraire de l’argent, dans laquelle toute référence aux théories monétaires est absente. La confusion qu’il fait à plusieurs reprises entre la valeur des biens et l’argent, témoigne d’une méconnaissance du système monétaire. C’est un peu dommage car l’entreprise était prometteuse et le challenge très excitant...
C’était sans doute un peu l’intention de Pascal Bruckner lorsqu’il donna ce joli titre à son dernier essai.
On connaît en effet son franc parler et un certaine répugnance à se ranger derrière le conformisme contemporain. On connaissait également ses formules mordantes sur “la tyrannie de la pénitence”, sur “le sanglot de l’homme blanc”, ou encore sur “l’euphorie perpétuelle” par lesquelles il tourna en dérision dans des ouvrages précédents les clichés d’une pensée pasteurisée, en passe de perdre tout esprit critique.
Son dernier essai se situe dans la même veine assurément, visant cette fois à tordre le cou à nombre de préjugés relatifs au pognon, à la finance, au capitalisme, à mettre à plat certaines contradictions, et à désosser certaines théories fondées sur le mensonge..
Bruckner se plaît ainsi à montrer que ceux qui dénigrent le plus l’argent ne sont pas forcément ceux qui le dédaignent le plus, tandis que ceux qui en ont beaucoup se font généralement des plus discrets à son sujet.
Il ne lui est pas difficile de fournir maints exemples démontrant comment les politiciens dits de gauche, si vertueux pour les autres, se révèlent si âpres au gain concernant leurs affaires personnelles. La génération soixante-huitarde ou bien celle qui accompagna Mitterrand, fourmille de ces pharisiens dorés, farcis d’hypocrisie. Le gouvernement actuel en est lui-même infesté en dépit des pompeux engagements de François Hollande. Ce dernier lui-même, qui prétend ne pas aimer les riches, fait partie de ces grands bourgeois cachant leur mauvaise conscience sous des slogans miteux. En déclarant sa fortune juste au dessous du seuil relevant de l’ISF, il objective même une mauvaise foi quasi crapuleuse.
Mais la force de ces gens est d’avoir réussi à berner les gogos qui imaginent “qu’être de gauche devient un brevet de vertu et de probité… Pour Bruckner, la question est de savoir combien de temps encore, grâce à cette supercherie, “la caste des hauts fonctionnaires, jouissant de privilèges quasi monarchiques se croira au-dessus des lois...”
Les Politiciens ne sont pas les seuls à se goberger sur le dos d’un peuple naïf.
Artistes, sportifs, et nombre de représentants du gratin médiatique sont à mettre dans le même panier. Par exemple, le footballeur Cantonna qui dézinguait à tout va les banques pendant que sa femme faisait de la publicité pour le Crédit Lyonnais. Pour Bruckner, “la haine verbale du système est d’autant plus forte qu’on s’y vautre avec délectation...”
Pareillement, il s’inspire du prétendu chef d’oeuvre de Damien Hirst, intitulé “Golden Calf”, pour montrer comment “en condamnant l’argent on se fait de l’argent…”
Les religions elles-mêmes entretiennent des rapports douteux avec l’argent. Bruckner cite le pape qui se pose en ennemi de l’argent tout en avouant qu’il en a besoin pour aider les pauvres et pour la propagation de la foi. Il évoque également le système de “la pénitence tarifée”, par lequel on achète des messes comme autant de viatiques pour l’au-delà, ou encore les fortunes colossales amassées par des sectes prêchant l’austérité (Mormons, Parsis en Inde, …)
Parmi les passages les plus percutants de l’essai, figurent ceux où Bruckner démonte les mensonges qui courent sur les méfaits supposés de l’argent et sur la nature perverse du capitalisme, bouc émissaire commode pour les idéologues de tout poil, propageant le mythe d’un monde meilleur dans lequel serait aboli ce fléau .
Il montre facilement qu’à l’instant présent “c’est dans les pays non capitalistes et non démocratiques que sévissent les formes les plus dégradantes de domination, y compris chez les enfants.”
Évoquant les expériences communistes et socialistes les plus extrêmes, il observe qu’invariablement, “on commence par détruire l’argent et on finit pas détruire les hôpitaux, les écoles, les temples et on rétablit l’esclavage et on traite les hommes en moyens de paiements.”
Il rappelle enfin que ce qui mène aux guerres, ce sont “souvent des ambitions impériales ou des motifs religieux ou idéologiques mais rarement monétaire isolé comme tel.”
De même, il souligne à juste titre que “le XXè siécle a été ravagé non par les puissances financières mais par les idéologies totalitaires, nazisme, fascisme et communisme.” Pendant ce temps, la pauvreté a reculé partout dans le monde grâce à l’extension du marché…
Malheureusement contrairement au dicton qui stipule “qu’abondance de biens ne nuit pas”, Pascal Bruckner noie un peu son propos sous le flot de ses arguments. A vrai dire, ça part un peu dans tous les sens et le message général de l’ouvrage reste nébuleux voire contradictoire.
Entre autres exemples, il est rappelé qu’en France, “les ¾ de l’impôt sont payés par les 20% des contribuables les mieux rémunérés”, mais a contrario, on peut lire également que "civiliser l’argent, c’est le démocratiser, le redistribuer partout comme un trésor qui appartient potentiellement à tous.”
Pratiquant l’art de l’oxymore, Bruckner énonce que “l’argent est à la fois la voie d’accès aux plaisirs et le mur qui les annule…”. A un autre moment, il se fait un tantinet artificieux en évoquant l’amour et la prostitution : “Ce n’est pas l’argent qui tue l’amour mais le manque qui le précipite dans les transactions.” Cette juxtaposition des contraires aboutit parfois même à des lieux communs : “ la corne d’abondance peut devenir menace de gavage, péril de suffocation. Il y a donc dans l’argent quelque chose qui détruit l’argent”, ou bien : “l’argent n’est jamais aussi présent que lorsqu’il est absent...”
Il est enfin difficile de suivre totalement l’auteur dans certaines de ses affirmations .
Notamment lorsqu’il énonce “qu’avec leur lucidité ravageuse, Pascal, La Rochefoucauld et les jansénistes ont anticipé sans le savoir, l’avènement de l’individu comptable, aux horizons bornés, propice à l’éclosion du capitalisme.” Le raccourci est par trop abrupt et réducteur, autant pour le capitalisme lui-même, que pour les penseurs cités !
Autre vision discutable, celle qu’il attribue à Keynes et qu’il partage, d’un avenir radieux “où les problèmes économiques passeront à l’arrière plan, c’est-à-dire à leur véritable place, et où la sphère de l’esprit et du cœur sera occupée ou réoccupée par nos problèmes réels ; ceux de la vie, et des relations humaines, de la création, du comportement et de la religion..”
Certes, on ne peut qu’être frappé par le paradoxe dans lequel “le bonheur n’a jamais été aussi dur à atteindre en dépit d’une abondance matérielle en expansion.” Mais, pour paraphraser une des propres remarques de l’auteur, le problème ne porte pas tant sur l’économie à laquelle porterait un intérêt excessif, que sur les aspirations spirituelles dont nous sommes de plus en plus pauvres…
Autre illustration d’une schématisation abusive du raisonnement, lorsque Bruckner observe navré, que “tout devient référence à la monnaie” et qu’à l’appui de cette thèse, il cite quelques expressions populaires : “se faire valoir.../... parce que je le vaux bien .../... se mettre en frais .../... être payé de retour.../... quelqu’un qui n’en vaut pas la peine…”
N’y a-t-il pas là matière à confusions ? La valeur des choses, des idées, des sentiments s’exprime parfois par des mots qui font référence à l’argent. Mais on ne saurait oublier que cette dernière, n’est elle-même qu’une représentation symbolique de la valeur des choses.
On savait avant ce livre que si l’argent ne fait pas le bonheur, il peut tout de même y contribuer, et qu’à l’instar de tous les excès, “trop d’argent tue l’argent...”
En définitive
A côté de constats intéressants s’attaquant à un vrai tabou, le livre distille quantité de réflexions parfois un peu faciles ou convenues, tendant à pondérer la provocation annoncée par le titre. En fait de décapage on doit souvent se contenter d’une sorte de moonwalk en forme de rétro-pédalage qui donne l’illusion d’avancer tout en reculant.
Au surplus, Pascal Bruckner exprime une conception très littéraire de l’argent, dans laquelle toute référence aux théories monétaires est absente. La confusion qu’il fait à plusieurs reprises entre la valeur des biens et l’argent, témoigne d’une méconnaissance du système monétaire. C’est un peu dommage car l’entreprise était prometteuse et le challenge très excitant...
17 juin 2016
Les méfaits du planisme
Il y a une quinzaine de jours s'achevait le congrès de l'Association des maires de France (AMF).
Parmi les thèmes abordés figurait celui récurrent, de la désertification croissante des régions, lorsque l’on considère le nombre de médecins installés. Le constat apparaît tout simplement dramatique : « Il n’y a aujourd’hui pas un département de France, pas un canton, pas un chef-lieu de canton qui n’ait des problèmes pour trouver un remplacement de médecin de campagne », a fait valoir François Baroin, le maire de Troyes et président de l’AMF.
L'Ordre des Médecins quant à lui, avait évalué il y a peu de temps, le nombre de Français vivant dans un désert médical à 2,5 millions de personnes !
Avant de s'interroger sur les moyens de remédier à la pénurie de médecins que connaissent aujourd’hui des centaines de communes en France, on pourrait se pencher sur les raisons de ce déficit apparent. N'est-il pas paradoxal d'observer de telles lacunes dans un pays où le nombre de médecins formés par les facultés, leur répartition par spécialité, et leur installation obéissent à une planification étatique réputée “adaptée aux besoins” depuis des décennies ? N'est-il pas surprenant de constater, au vu des chiffres de l'OCDE, que la France n'a pas moins de praticiens que la moyenne des pays avec lesquels elle peut se comparer (3,29/1000 habitants pour une moyenne observée de 3,27)?
En réalité, comment ne pas douter de l'efficacité des plans prétendant déterminer les besoins en se basant sur des critères théoriques si ce n'est technocratiques ?
La France forme beaucoup de médecins mais ils ne sont pas dans les bonnes spécialités et mal répartis géographiquement parlant. Sur le terrain, la pénurie touche aussi bien les campagnes que les structures hospitalières dont beaucoup sont touchées par la désertion croissante des médecins. Pour pallier les effets désastreux d'une sélection drastique et inadaptée à l'entrée des études médicales, on recrute massivement des médecins étrangers mais rien n'y fait. Le manque est toujours ressenti…
On pourrait également s'étonner en analysant les statistiques de l'OCDE de constater que la France dispose de moins de professionnels non médicaux que d’autres nations. Le nombre d'infirmières rapporté à celui des médecins notamment est sensiblement plus faible en France que dans plusieurs autres pays (Japon, Canada, Etats-Unis, Pays Bas, Suisse, Belgique…). Au surplus, ces paramédicaux ont en règle moins de responsabilité que leurs homologues d'autres pays. Autant dire que la délégation de tâches est très faible dans notre pays où la médicalisation est privilégiée. Il faut y voir sans doute une cause supplémentaire à la carence ressentie de ressources médicales.
Au total, une fois encore, force est de conclure que les mesures de planification supposées anticiper les besoins de la population sont mises en défaut. La France paie très cher un système de santé qui se révèle assez largement mal adapté aux nécessités. La logistique de ce système est elle-même très lourde et onéreuse, comprenant une infinité d’Agences, d’Instituts, d’observatoires et d’officines en tous genres, sous tutelle gouvernementale. Bien que la Cour des Comptes pointe régulièrement l’inefficacité de ce dispositif, il ne cesse de s’alourdir et les normes et contraintes prolifèrent sans cesse. Après avoir vainement tenté de les attirer par des primes financières, on parle de mettre en place des mesures coercitives imposant aux jeunes médecins de s’installer dans les territoires déficitaires.
On pourrait sourire de ce type de mesure au moment où l’Etat centralise à tour de bras ses administrations, contribuant largement à la désertification. Après avoir prôné la déconcentration des structures pendant des décennies, il apparaît insensé de préconiser désormais ce mouvement centripète vers les grandes métropoles de plus en plus engorgées et déshumanisées !
A l’époque où la communication de l’information se fait à la vitesse de la lumière, on ne peut que se désoler de voir se mettre en place un système de soins obéissant de plus en plus à une logique de centralisation bureaucratique.
L’inertie du balancier de l’Etat est telle qu’il a toujours un temps de retard par rapport à l’évolution des techniques. Les maires peuvent donc se lamenter, ils ont une bonne part de responsabilité dans le désastre chronique qu’ils constatent autour d’eux...
Parmi les thèmes abordés figurait celui récurrent, de la désertification croissante des régions, lorsque l’on considère le nombre de médecins installés. Le constat apparaît tout simplement dramatique : « Il n’y a aujourd’hui pas un département de France, pas un canton, pas un chef-lieu de canton qui n’ait des problèmes pour trouver un remplacement de médecin de campagne », a fait valoir François Baroin, le maire de Troyes et président de l’AMF.
L'Ordre des Médecins quant à lui, avait évalué il y a peu de temps, le nombre de Français vivant dans un désert médical à 2,5 millions de personnes !
Avant de s'interroger sur les moyens de remédier à la pénurie de médecins que connaissent aujourd’hui des centaines de communes en France, on pourrait se pencher sur les raisons de ce déficit apparent. N'est-il pas paradoxal d'observer de telles lacunes dans un pays où le nombre de médecins formés par les facultés, leur répartition par spécialité, et leur installation obéissent à une planification étatique réputée “adaptée aux besoins” depuis des décennies ? N'est-il pas surprenant de constater, au vu des chiffres de l'OCDE, que la France n'a pas moins de praticiens que la moyenne des pays avec lesquels elle peut se comparer (3,29/1000 habitants pour une moyenne observée de 3,27)?
En réalité, comment ne pas douter de l'efficacité des plans prétendant déterminer les besoins en se basant sur des critères théoriques si ce n'est technocratiques ?
La France forme beaucoup de médecins mais ils ne sont pas dans les bonnes spécialités et mal répartis géographiquement parlant. Sur le terrain, la pénurie touche aussi bien les campagnes que les structures hospitalières dont beaucoup sont touchées par la désertion croissante des médecins. Pour pallier les effets désastreux d'une sélection drastique et inadaptée à l'entrée des études médicales, on recrute massivement des médecins étrangers mais rien n'y fait. Le manque est toujours ressenti…
On pourrait également s'étonner en analysant les statistiques de l'OCDE de constater que la France dispose de moins de professionnels non médicaux que d’autres nations. Le nombre d'infirmières rapporté à celui des médecins notamment est sensiblement plus faible en France que dans plusieurs autres pays (Japon, Canada, Etats-Unis, Pays Bas, Suisse, Belgique…). Au surplus, ces paramédicaux ont en règle moins de responsabilité que leurs homologues d'autres pays. Autant dire que la délégation de tâches est très faible dans notre pays où la médicalisation est privilégiée. Il faut y voir sans doute une cause supplémentaire à la carence ressentie de ressources médicales.
Au total, une fois encore, force est de conclure que les mesures de planification supposées anticiper les besoins de la population sont mises en défaut. La France paie très cher un système de santé qui se révèle assez largement mal adapté aux nécessités. La logistique de ce système est elle-même très lourde et onéreuse, comprenant une infinité d’Agences, d’Instituts, d’observatoires et d’officines en tous genres, sous tutelle gouvernementale. Bien que la Cour des Comptes pointe régulièrement l’inefficacité de ce dispositif, il ne cesse de s’alourdir et les normes et contraintes prolifèrent sans cesse. Après avoir vainement tenté de les attirer par des primes financières, on parle de mettre en place des mesures coercitives imposant aux jeunes médecins de s’installer dans les territoires déficitaires.
On pourrait sourire de ce type de mesure au moment où l’Etat centralise à tour de bras ses administrations, contribuant largement à la désertification. Après avoir prôné la déconcentration des structures pendant des décennies, il apparaît insensé de préconiser désormais ce mouvement centripète vers les grandes métropoles de plus en plus engorgées et déshumanisées !
A l’époque où la communication de l’information se fait à la vitesse de la lumière, on ne peut que se désoler de voir se mettre en place un système de soins obéissant de plus en plus à une logique de centralisation bureaucratique.
L’inertie du balancier de l’Etat est telle qu’il a toujours un temps de retard par rapport à l’évolution des techniques. Les maires peuvent donc se lamenter, ils ont une bonne part de responsabilité dans le désastre chronique qu’ils constatent autour d’eux...
10 juin 2016
Ten Years After
Ce blog a dix ans.
Dix ans au service de la liberté sous toutes ses formes. Objectif sans doute aussi présomptueux que chimérique, il faut bien le reconnaître !
La liberté n’est hélas pas très "tendance" par les temps qui courent et de toute manière, on ne prend plus guère le temps de s’arrêter pour en mesurer l’importance ni pour en évaluer le rayonnement…
Comme l’air qu’on respire, ou l’eau qu’on boit, elle semble couler de source. Elle paraît avoir toujours existé.
On oublie qu’elle fut conquise au prix du sang et des larmes. On a bien souvent perdu la mémoire des terribles et désespérantes épreuves qui ont jalonné le parcours au bout duquel elle fut si chèrement acquise. On semble ignorer qu’elle est aussi précieuse que fragile, tant on est habitué à profiter de ses bienfaits. On occulte enfin le fait qu’il n’y a aucun mérite à vivre dans un pays libre, tandis qu’il faut beaucoup de courage et de détermination pour vivre libre en toutes circonstances, au moins dans sa tête.
En tout état de cause, dans un pays libre, c’est par son comportement et son sens des responsabilités qu’on montre qu’on est digne d’elle.
Une chose est certaine, il ne dépend que de nous que la liberté continue de régner sur nos destinées. Sa perte est une des pires calamités qui menacent l’humanité, et seule cette dernière peut être portée responsable de ce fléau lorsqu’il survient.
C’est pourquoi, en dépit de la vanité de l’entreprise à l’échelle individuelle, il me semble que « le jeu vaille la chandelle » comme on dit. Je continuerai donc à tenir ce blog autant que possible, parce que ce combat me tient à coeur et parce que je suis reconnaissant aux personnes qui rendent visite à ce petit espace de réflexions, même sans en partager toutes les idées. Au moins est-il possible d’espérer qu’elles ont en commun cet amour intransigeant de la Liberté.
Salut et Fraternité !
Dix ans au service de la liberté sous toutes ses formes. Objectif sans doute aussi présomptueux que chimérique, il faut bien le reconnaître !
La liberté n’est hélas pas très "tendance" par les temps qui courent et de toute manière, on ne prend plus guère le temps de s’arrêter pour en mesurer l’importance ni pour en évaluer le rayonnement…
Comme l’air qu’on respire, ou l’eau qu’on boit, elle semble couler de source. Elle paraît avoir toujours existé.
On oublie qu’elle fut conquise au prix du sang et des larmes. On a bien souvent perdu la mémoire des terribles et désespérantes épreuves qui ont jalonné le parcours au bout duquel elle fut si chèrement acquise. On semble ignorer qu’elle est aussi précieuse que fragile, tant on est habitué à profiter de ses bienfaits. On occulte enfin le fait qu’il n’y a aucun mérite à vivre dans un pays libre, tandis qu’il faut beaucoup de courage et de détermination pour vivre libre en toutes circonstances, au moins dans sa tête.
En tout état de cause, dans un pays libre, c’est par son comportement et son sens des responsabilités qu’on montre qu’on est digne d’elle.
Une chose est certaine, il ne dépend que de nous que la liberté continue de régner sur nos destinées. Sa perte est une des pires calamités qui menacent l’humanité, et seule cette dernière peut être portée responsable de ce fléau lorsqu’il survient.
C’est pourquoi, en dépit de la vanité de l’entreprise à l’échelle individuelle, il me semble que « le jeu vaille la chandelle » comme on dit. Je continuerai donc à tenir ce blog autant que possible, parce que ce combat me tient à coeur et parce que je suis reconnaissant aux personnes qui rendent visite à ce petit espace de réflexions, même sans en partager toutes les idées. Au moins est-il possible d’espérer qu’elles ont en commun cet amour intransigeant de la Liberté.
Salut et Fraternité !
29 mai 2016
Petit traité libéral
Rafraîchissante lecture, pour les gens épris de liberté, que celle du fameux discours tenu il y quelques 200 ans par Benjamin Constant (1767-1830) à l’Athénée royal de Paris, et que la Maison Berg International a réédité sous forme d’un petit livre à la portée de toutes les bourses !
Comparant à cette occasion, “la liberté des Anciens à celle des Modernes”, il livra un véritable petit traité de libéralisme, démontrant une fois encore le rôle éminent des penseurs français dans l’édification de cette philosophie, que l’on voit de nos jours malheureusement foulée aux pieds, autant par imbécillité que par ignorance.
Constant remonte à la source vivifiante de la Grèce antique. Mais s’il objective tout ce que nous devons à cette première expérience démocratique, il s’attache également à montrer les lacunes du modèle originel, en pointant les différences qui le séparent d'une conception plus moderne dont il se fait l'avocat.
En premier lieu, il rappelle que “La liberté des Anciens consistait à exercer directement, mais de manière collective, plusieurs parties de la souveraineté toute entière, à délibérer sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités d’alliance, à voter les lois, à prononcer des jugements…”
Cette participation active et constante aux grandes décisions, séduisante au premier abord, comportait un revers plutôt contraignant, puisqu’elle impliquait un asservissement de l’existence individuelle au corps collectif. En effet, “les Anciens n’avaient aucune notion des droits individuels et les hommes n’étaient pour ainsi dire que des machines dont la loi réglait les ressorts et dirigeait les rouages.”
Entre autres exemples, “la faculté de choisir son culte que nous regardons comme l’un de nos droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège...”
Sparte était l’archétype de cette organisation extrêmement encadrée, dont la conséquence principale était une discipline aride à l’intérieur de la nation, et la menée de guerres incessantes à l’extérieur, car : “ceux qui ne voulaient pas être conquérants ne pouvaient déposer les armes sous peine d’être conquis.”
Benjamin Constant nuance quelque peu cette description en évoquant la démocratie athénienne, qui introduisit un peu plus de souplesse, grâce au développement du commerce.
A cet égard, il souligne que dans l’histoire de l’humanité, si la guerre est antérieure au commerce, il ne s'agit en définitive que deux moyens différents d’atteindre le même but, celui de posséder ce que l’on désire. La guerre le permet par la force, tandis que le commerce le fait par l’échange.
De ce point de vue, comme l'avait déjà fait remarquer Montesquieu, le commerce apaise les moeurs, et affranchit également les individus, car "en créant le crédit, il rend l’autorité dépendante". Au bout du compte, si l’argent peut sembler l’arme la plus dangereuse du despotisme, c’est en même temps son frein le plus puissant...
Pour Constant, il est ainsi clair que le rayonnement d’Athènes, sa prospérité, mais aussi son essor culturel et spirituel, furent grandement favorisés par les échanges commerciaux qui se développèrent intensément à l’époque. Ce fut aussi l’occasion de voir s’ouvrir la notion de liberté à l’individu, la liberté devenant peu à peu “pour chacun, le droit de dire son opinion, de choisir son industrie, et de l’exercer, de disposer de sa propriété, d’en abuser même…”
En peu de mots, voilà fondé le libéralisme moderne, dont Benjamin Constant fut l’ardent défenseur, contre certains partisans du retour au collectivisme incarné par Sparte. Il évoque à cet égard avec un ton acerbe les idéologues qui firent le lit de la Révolution Française, notamment Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), “ce génie sublime qu’animait l’amour le plus pur de la liberté”, mais qui “en transportant dans nos temps modernes une étendue de pouvoir social, de souveraineté collective qui appartenait à d’autres siècles, a fourni néanmoins de funestes prétextes à plus d’un genre de tyrannie.”
Il invoque de même l’abbé Mably (1709-1785), qui à l’instar de nos socialistes contemporains, Mélenchon en tête, et conformément aux maximes spartiates, voulait “que les citoyens soient complètement assujettis pour que la nation soit souveraine, et que l’individu soit esclave pour que le peuple soit libre.” Admirateur de la rigueur spartiate, il n’avait que mépris pour Athènes où sévissait selon lui “un épouvantable despotisme”, au motif que “tout le monde y fait ce qu’il veut...” Comment ne pas penser aux nostalgiques du Communisme lorsqu’ils vitupèrent contre l’enfer représenté selon eux par l’Amérique...
Benjamin Constant définit donc, en s’appuyant sur les acquis du modèle athénien, et en rejetant les excès de Sparte, les bases d’un nouveau paradigme démocratique, dans lequel selon lui, “nul n’a le droit d’arracher le citoyen à sa patrie, le propriétaire à ses biens, le négociant à son commerce, l’époux à son épouse, le père à ses enfants, l’écrivain à ses méditations studieuses, le vieillard à ses habitudes…”
Il souligne l’importance de l’initiative individuelle car, “toutes les fois que les gouvernements prétendent faire nos affaires, ils les font plus mal et plus dispendieusement que nous.”
Sur l’éducation, il souhaite pareillement minimiser le rôle de l’Etat, s’opposant avec force à la prétendue nécessité “de permettre que le gouvernement s’empare des générations naissantes pour les façonner à son gré...” A ses yeux, “l’autorité de l’Etat n’a de légitimité que pour garantir la mise en oeuvre des moyens généraux d’instruction, comme les voyageurs acceptent d’elle les grands chemins sans être dirigés par elle dans la route qu’ils veulent suivre.”
Au total, il le dit et le répète, la liberté individuelle, la jouissance paisible de l’indépendance privée, voilà l’essence de la véritable liberté moderne !
Il attire cependant l’attention sur un danger, consubstantiel à la liberté moderne : “c’est qu’absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique..”
Pour palier le fait que “perdu dans la multitude, l’individu n’aperçoit presque jamais l’influence qu’il exerce”, un système représentatif s’avère donc nécessaire, par lequel “une nation se décharge sur quelques individus de ce qu’elle ne peut ou ne veut pas faire elle-même.”
La démocratie participative “à l’ancienne” tombe de facto en désuétude au profit du système parlementaire dans lequel les citoyens exercent une surveillance active et constante de leurs élus et se réservent, "à des époques qui ne soient pas séparées par de trop grands intervalles, le droit de les écarter s’ils ont trompé leur voeux et de révoquer les pouvoirs dont ils auraient abusé..."
Ainsi, après John Locke, Benjamin Constant plaide pour un nouveau Contrat Social démocratique. Et avant Tocqueville, il voit le danger de l’Etat Providence par lequel les dépositaires de l’autorité ne manquent pas de nous exhorter à leur abandonner notre pouvoir : “Ils sont si disposés à nous épargner toute espèce de peine, excepté celle d’obéir et de payer !”
De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (1819). Berg International 2014
Comparant à cette occasion, “la liberté des Anciens à celle des Modernes”, il livra un véritable petit traité de libéralisme, démontrant une fois encore le rôle éminent des penseurs français dans l’édification de cette philosophie, que l’on voit de nos jours malheureusement foulée aux pieds, autant par imbécillité que par ignorance.
Constant remonte à la source vivifiante de la Grèce antique. Mais s’il objective tout ce que nous devons à cette première expérience démocratique, il s’attache également à montrer les lacunes du modèle originel, en pointant les différences qui le séparent d'une conception plus moderne dont il se fait l'avocat.
En premier lieu, il rappelle que “La liberté des Anciens consistait à exercer directement, mais de manière collective, plusieurs parties de la souveraineté toute entière, à délibérer sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités d’alliance, à voter les lois, à prononcer des jugements…”
Cette participation active et constante aux grandes décisions, séduisante au premier abord, comportait un revers plutôt contraignant, puisqu’elle impliquait un asservissement de l’existence individuelle au corps collectif. En effet, “les Anciens n’avaient aucune notion des droits individuels et les hommes n’étaient pour ainsi dire que des machines dont la loi réglait les ressorts et dirigeait les rouages.”
Entre autres exemples, “la faculté de choisir son culte que nous regardons comme l’un de nos droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège...”
Sparte était l’archétype de cette organisation extrêmement encadrée, dont la conséquence principale était une discipline aride à l’intérieur de la nation, et la menée de guerres incessantes à l’extérieur, car : “ceux qui ne voulaient pas être conquérants ne pouvaient déposer les armes sous peine d’être conquis.”
Benjamin Constant nuance quelque peu cette description en évoquant la démocratie athénienne, qui introduisit un peu plus de souplesse, grâce au développement du commerce.
A cet égard, il souligne que dans l’histoire de l’humanité, si la guerre est antérieure au commerce, il ne s'agit en définitive que deux moyens différents d’atteindre le même but, celui de posséder ce que l’on désire. La guerre le permet par la force, tandis que le commerce le fait par l’échange.
De ce point de vue, comme l'avait déjà fait remarquer Montesquieu, le commerce apaise les moeurs, et affranchit également les individus, car "en créant le crédit, il rend l’autorité dépendante". Au bout du compte, si l’argent peut sembler l’arme la plus dangereuse du despotisme, c’est en même temps son frein le plus puissant...
Pour Constant, il est ainsi clair que le rayonnement d’Athènes, sa prospérité, mais aussi son essor culturel et spirituel, furent grandement favorisés par les échanges commerciaux qui se développèrent intensément à l’époque. Ce fut aussi l’occasion de voir s’ouvrir la notion de liberté à l’individu, la liberté devenant peu à peu “pour chacun, le droit de dire son opinion, de choisir son industrie, et de l’exercer, de disposer de sa propriété, d’en abuser même…”
En peu de mots, voilà fondé le libéralisme moderne, dont Benjamin Constant fut l’ardent défenseur, contre certains partisans du retour au collectivisme incarné par Sparte. Il évoque à cet égard avec un ton acerbe les idéologues qui firent le lit de la Révolution Française, notamment Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), “ce génie sublime qu’animait l’amour le plus pur de la liberté”, mais qui “en transportant dans nos temps modernes une étendue de pouvoir social, de souveraineté collective qui appartenait à d’autres siècles, a fourni néanmoins de funestes prétextes à plus d’un genre de tyrannie.”
Il invoque de même l’abbé Mably (1709-1785), qui à l’instar de nos socialistes contemporains, Mélenchon en tête, et conformément aux maximes spartiates, voulait “que les citoyens soient complètement assujettis pour que la nation soit souveraine, et que l’individu soit esclave pour que le peuple soit libre.” Admirateur de la rigueur spartiate, il n’avait que mépris pour Athènes où sévissait selon lui “un épouvantable despotisme”, au motif que “tout le monde y fait ce qu’il veut...” Comment ne pas penser aux nostalgiques du Communisme lorsqu’ils vitupèrent contre l’enfer représenté selon eux par l’Amérique...
Benjamin Constant définit donc, en s’appuyant sur les acquis du modèle athénien, et en rejetant les excès de Sparte, les bases d’un nouveau paradigme démocratique, dans lequel selon lui, “nul n’a le droit d’arracher le citoyen à sa patrie, le propriétaire à ses biens, le négociant à son commerce, l’époux à son épouse, le père à ses enfants, l’écrivain à ses méditations studieuses, le vieillard à ses habitudes…”
Il souligne l’importance de l’initiative individuelle car, “toutes les fois que les gouvernements prétendent faire nos affaires, ils les font plus mal et plus dispendieusement que nous.”
Sur l’éducation, il souhaite pareillement minimiser le rôle de l’Etat, s’opposant avec force à la prétendue nécessité “de permettre que le gouvernement s’empare des générations naissantes pour les façonner à son gré...” A ses yeux, “l’autorité de l’Etat n’a de légitimité que pour garantir la mise en oeuvre des moyens généraux d’instruction, comme les voyageurs acceptent d’elle les grands chemins sans être dirigés par elle dans la route qu’ils veulent suivre.”
Au total, il le dit et le répète, la liberté individuelle, la jouissance paisible de l’indépendance privée, voilà l’essence de la véritable liberté moderne !
Il attire cependant l’attention sur un danger, consubstantiel à la liberté moderne : “c’est qu’absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique..”
Pour palier le fait que “perdu dans la multitude, l’individu n’aperçoit presque jamais l’influence qu’il exerce”, un système représentatif s’avère donc nécessaire, par lequel “une nation se décharge sur quelques individus de ce qu’elle ne peut ou ne veut pas faire elle-même.”
La démocratie participative “à l’ancienne” tombe de facto en désuétude au profit du système parlementaire dans lequel les citoyens exercent une surveillance active et constante de leurs élus et se réservent, "à des époques qui ne soient pas séparées par de trop grands intervalles, le droit de les écarter s’ils ont trompé leur voeux et de révoquer les pouvoirs dont ils auraient abusé..."
Ainsi, après John Locke, Benjamin Constant plaide pour un nouveau Contrat Social démocratique. Et avant Tocqueville, il voit le danger de l’Etat Providence par lequel les dépositaires de l’autorité ne manquent pas de nous exhorter à leur abandonner notre pouvoir : “Ils sont si disposés à nous épargner toute espèce de peine, excepté celle d’obéir et de payer !”
De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (1819). Berg International 2014
28 mai 2016
Pouvoir de nuisance
L’épreuve de force à laquelle on assiste entre les syndicats et le gouvernement constitue une sorte d’apothéose dans la lente décomposition de notre pays. A chaque fois, on espère que ce genre de manifestation soit le signe désespéré de la défaite proche de la pensée gauchie, qui a fait tant de mal depuis tant de décennies…
Hélas, le blocage organisé de tout ce qui fait la vie quotidienne de la nation par une poignée de jusqu’au-boutistes revanchards est d’une navrante banalité.
Et en France, point n’est besoin d’être représentatif d’une majorité de la population, ni même d’avoir une quelconque légitimité pour mettre en oeuvre ce pouvoir de nuisance. Il suffit de quelques excités bien placés, pour prendre en otage, tout un pays en toute impunité !
L’arrogance et les excès qui caractérisent le discours et les actions de ces soi-disant rebelles confine au fanatisme. La violence inouïe que l’on constate dans le sillage de ces mouvements de contestation fait froid dans le dos. Jusqu’où montera-t-elle, encouragée par l’inertie apparente des forces de l’ordre et la complaisance de la justice et des médias ? C’est la question qui taraude désormais tous ceux qui sont attachés au principe de démocratie libérale et qui voient avec effarement s'abîmer peu à peu ce modèle si mal défendu par des gouvernants incapables, et auquel un peuple anesthésié par ce pouvoir démagogique semble en définitive si peu attaché.
Les sondages indiquent qu’une majorité de Français seraient opposés à la loi El Khomri. Mais derrière ces chiffres, comment faire la part de ceux qui le sont par pure idéologie d’extrême-gauche, de ceux qui expriment leur opposition à la politique incohérente du Président de la République, de ceux qui sont las des troubles incessants dans lesquels est plongé le pays, et de ceux enfin qui refusent ce texte parce qu’il ne va pas assez loin en matière de libéralisation ?
Mais tout va bien pour les satrapes de l’Etat. Pendant que le pays se déchire, madame El Khomri, ministre de son état, et auteur du projet de loi si décrié, ne trouve rien de mieux que de participer très détendue, à un aimable talk show télévisé, ou entre autres niaiseries, elle est amenée par les journalistes à commenter les dernières déclarations ineptes d’un footballeur aussi poilu qu’idiot, sur la sélection de l’équipe de France pour l’Euro 2016. La bouffonnerie n’a pas duré longtemps. Une horde de manifestants agressifs encerclant tout à coup bruyamment le studio, la séance est interrompue illico et la ministre doit être exfiltrée précipitamment...
Rappelons qu’elle était elle-même dans la rue il y a dix ans à peine pour manifester contre une loi similaire à la sienne, défendue par le gouvernement Villepin, dont elle a reconnu qu’elle ignorait à l’époque la teneur !
C'est dire qu'aujourd'hui sa loi, faite de bouts de ficelle, sans queue ni tête, sans conviction, sans perspective, n'a pas grand sens... Il n'est pas étonnant qu'elle ne plaise à personne.
M. Hollande quant à lui, fait le pitre au Japon, se répandant en petites blagues sur l’amélioration de la situation générale...
Hélas, le blocage organisé de tout ce qui fait la vie quotidienne de la nation par une poignée de jusqu’au-boutistes revanchards est d’une navrante banalité.
Et en France, point n’est besoin d’être représentatif d’une majorité de la population, ni même d’avoir une quelconque légitimité pour mettre en oeuvre ce pouvoir de nuisance. Il suffit de quelques excités bien placés, pour prendre en otage, tout un pays en toute impunité !
L’arrogance et les excès qui caractérisent le discours et les actions de ces soi-disant rebelles confine au fanatisme. La violence inouïe que l’on constate dans le sillage de ces mouvements de contestation fait froid dans le dos. Jusqu’où montera-t-elle, encouragée par l’inertie apparente des forces de l’ordre et la complaisance de la justice et des médias ? C’est la question qui taraude désormais tous ceux qui sont attachés au principe de démocratie libérale et qui voient avec effarement s'abîmer peu à peu ce modèle si mal défendu par des gouvernants incapables, et auquel un peuple anesthésié par ce pouvoir démagogique semble en définitive si peu attaché.
Les sondages indiquent qu’une majorité de Français seraient opposés à la loi El Khomri. Mais derrière ces chiffres, comment faire la part de ceux qui le sont par pure idéologie d’extrême-gauche, de ceux qui expriment leur opposition à la politique incohérente du Président de la République, de ceux qui sont las des troubles incessants dans lesquels est plongé le pays, et de ceux enfin qui refusent ce texte parce qu’il ne va pas assez loin en matière de libéralisation ?
Mais tout va bien pour les satrapes de l’Etat. Pendant que le pays se déchire, madame El Khomri, ministre de son état, et auteur du projet de loi si décrié, ne trouve rien de mieux que de participer très détendue, à un aimable talk show télévisé, ou entre autres niaiseries, elle est amenée par les journalistes à commenter les dernières déclarations ineptes d’un footballeur aussi poilu qu’idiot, sur la sélection de l’équipe de France pour l’Euro 2016. La bouffonnerie n’a pas duré longtemps. Une horde de manifestants agressifs encerclant tout à coup bruyamment le studio, la séance est interrompue illico et la ministre doit être exfiltrée précipitamment...
Rappelons qu’elle était elle-même dans la rue il y a dix ans à peine pour manifester contre une loi similaire à la sienne, défendue par le gouvernement Villepin, dont elle a reconnu qu’elle ignorait à l’époque la teneur !
C'est dire qu'aujourd'hui sa loi, faite de bouts de ficelle, sans queue ni tête, sans conviction, sans perspective, n'a pas grand sens... Il n'est pas étonnant qu'elle ne plaise à personne.
M. Hollande quant à lui, fait le pitre au Japon, se répandant en petites blagues sur l’amélioration de la situation générale...
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