On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est sans doute ce qu’a pensé Emmanuel Macron en participant activement à l’édification de cette chronique d’une année passée au pouvoir, diffusée hier soir sur France 3.
Il est en effet difficile de nier le caractère quasi hagiographique de ce reportage, réalisé par un proche du président, et diffusé comme au bon vieux temps du gaullisme sur les ondes de la télévision d’État.
Mais plus que les images déjà vues et revues de la geste macronienne, les propos du chef de l’État, ponctuant ces séquences, révèlent davantage sur ses convictions et donnent la mesure de son tempérament. Et le moins qu’on puisse dire est que le style détonne face à l’ineffable médiocrité de son prédécesseur. On pourrait même considérer qu’il y a bien longtemps qu’on n’a pas entendu parler avec autant de liberté et de sincérité en France. Point de langue de bois ici mais un ton débridé pour aborder sur un ton à la fois grave et léger tous les problèmes de notre temps.
S’il ne fallait retenir que deux ou trois choses de ce film ce serait qu’Emmanuel Macron a une vraie ambition européenne, et un esprit pragmatique, ce qui n’exclut pas un sens aigu du tragique et de la solennité.
Sur l’Europe, son discours à la Sorbonne, comme l'a fait remarquer Alain Duhamel, fut à marquer d’une pierre blanche. Il faut en effet un certain courage pour défendre de nos jours l’idée d’une nation européenne, plus démocratique, plus souveraine et plus ambitieuse. Certes il y a des concessions un peu niaises à l’air du temps (la fumeuse taxe carbone et le renforcement de la fiscalité des GAFA). Certes, il manque l’affirmation du fédéralisme qui serait pourtant le ciment d’une vraie union. N’empêche, la vision du chef de l’État est bien éloignée de celle étriquée de "l’Europe des Nations", qu’on nous serine depuis des décennies.
Se démarquant d'ailleurs de ses prédécesseurs, M. Macron affirme que lui « ne joue pas avec les cartes cachées ». Il fustige au passage l’idée qu’il suffise « de prendre un air intelligent » pour faire avancer les choses. de son point de vue, si le concept européen manque tant de crédibilité, c'est peut-être avant tout parce que les gens qui en parlaient jusqu’alors donnaient l’illusion "d’avoir un plan, qui en réalité ne venait jamais..." Non sans raison le Chef de l’État affirme « qu’on ne peut pas faire prendre aux gens un risque si on ne dit pas où on les emmène... »
Reste à savoir si ses discours vigoureux suffiront à chasser les vieux démons nationalistes et à redonner vigueur aux rêves inassouvis…
Il est en effet difficile de nier le caractère quasi hagiographique de ce reportage, réalisé par un proche du président, et diffusé comme au bon vieux temps du gaullisme sur les ondes de la télévision d’État.
Mais plus que les images déjà vues et revues de la geste macronienne, les propos du chef de l’État, ponctuant ces séquences, révèlent davantage sur ses convictions et donnent la mesure de son tempérament. Et le moins qu’on puisse dire est que le style détonne face à l’ineffable médiocrité de son prédécesseur. On pourrait même considérer qu’il y a bien longtemps qu’on n’a pas entendu parler avec autant de liberté et de sincérité en France. Point de langue de bois ici mais un ton débridé pour aborder sur un ton à la fois grave et léger tous les problèmes de notre temps.
S’il ne fallait retenir que deux ou trois choses de ce film ce serait qu’Emmanuel Macron a une vraie ambition européenne, et un esprit pragmatique, ce qui n’exclut pas un sens aigu du tragique et de la solennité.
Sur l’Europe, son discours à la Sorbonne, comme l'a fait remarquer Alain Duhamel, fut à marquer d’une pierre blanche. Il faut en effet un certain courage pour défendre de nos jours l’idée d’une nation européenne, plus démocratique, plus souveraine et plus ambitieuse. Certes il y a des concessions un peu niaises à l’air du temps (la fumeuse taxe carbone et le renforcement de la fiscalité des GAFA). Certes, il manque l’affirmation du fédéralisme qui serait pourtant le ciment d’une vraie union. N’empêche, la vision du chef de l’État est bien éloignée de celle étriquée de "l’Europe des Nations", qu’on nous serine depuis des décennies.
Se démarquant d'ailleurs de ses prédécesseurs, M. Macron affirme que lui « ne joue pas avec les cartes cachées ». Il fustige au passage l’idée qu’il suffise « de prendre un air intelligent » pour faire avancer les choses. de son point de vue, si le concept européen manque tant de crédibilité, c'est peut-être avant tout parce que les gens qui en parlaient jusqu’alors donnaient l’illusion "d’avoir un plan, qui en réalité ne venait jamais..." Non sans raison le Chef de l’État affirme « qu’on ne peut pas faire prendre aux gens un risque si on ne dit pas où on les emmène... »
Reste à savoir si ses discours vigoureux suffiront à chasser les vieux démons nationalistes et à redonner vigueur aux rêves inassouvis…
L’esprit pragmatique, Emmanuel Macron le manifeste en s’attaquant sans vergogne aux symboles de l’immobilisme idéologique qui asphyxie le pays. Les lois que son gouvernement propose peuvent être jugées un peu pusillanimes, mais elles s’attaquent tout de même à des mythes qu’on croyait indéboulonnables. La SNCF, le code du travail, l’Education Nationale, la Sécurité Sociale, autant de vaches sacrées, de plus en plus efflanquées par l’incurie de leur gestion.
Le Président le dit, « la France n’est pas réformable ». Son histoire l’a pétrie de contradictions, « c’est un pays d’aristocrates égalitaires », où l’on veut des actions mais où l’on exige qu’elles préservent les principes et qu’elles ne remettent pas en cause les rentes de situation.
La meilleure démonstration de cette inconséquence et de cette mesquinerie, on la trouva dans les réactions offusquées de nombre de commentateurs, de politiciens et de syndicalistes, à son allusion au coup de rabot donné aux aides au logement.
Il fut pourtant savoureux et si juste ce moment où il s’éleva contre "les gens qui pensent que la France, c'est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus, une république qui n’a plus d’odeur.../... et où l'on invoque la tragédie dès qu'il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte, c'est les 50 euros d’APL. Ces gens-là ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays..."
A ces batailles lilliputiennes, M. Macron oppose le sacrifice sublime du colonel Beltrame, symbole selon lui de l’esprit de résistance et d’un amour absolu de la liberté, de la fraternité, et de l’égalité réelle. On peut en l’occurrence trouver qu’il fait preuve d’un opportunisme un peu déplacé voire entaché d’angélisme, car les gendarmes ne sont pas supposés servir de martyrs. Mais on ne peut qu’adhérer à son propos lorsque visant les actes terroristes et la radicalisation de certains rebelles au système, il ajoute qu’on aurait tort de "laisser le tragique et l'absolu à des idéologies non démocratiques."
M. Macron voudrait redonner une dimension tragique à la démocratie. Selon lui, à l'instar de Roméo et Juliette, sans obstacle, sans drame, il n’y aurait pas d’amour (il en sait sans doute quelque chose...). Il fait même sienne la tirade d’Orson Welles dans le Troisième Homme, comparant le fabuleux épanouissement artistique de l’Italie pendant le règne sanguinaire des Borgia, au chemin tranquille suivi par la Suisse qui n’aurait abouti qu’au Cuckoo Clock…
S’il paraît essentiel pour nos démocraties qu’elles prennent un peu de hauteur spirituelle et qu’elles affermissent leurs ambitions et leur détermination face aux extrêmes, le drame ne leur est toutefois pas consubstantiel, et la Suisse, pays paisible s’il en est, n’en est pas moins prospère, responsable et heureux. Que demander de mieux ?
Pour l’heure, ce film montre que M. Macron a redonné à la fonction présidentielle, du panache et de la respectabilité. Son discours est simple et il semble sincère. Le personnage n’est pas débarrassé de toute contradiction mais il a acquis une vraie stature internationale et entamé des réformes pour moderniser la France, ce qui n’est pas si mal en un an.
Il n’a peut-être pas dit son dernier mot. Tant mieux, car comme le fait remarquer le journaliste helvétique Richard Werly, s’il s’agit d’une année de réussites, aucune des colères n'est apaisée, et la France a besoin de calmant...
Le Président le dit, « la France n’est pas réformable ». Son histoire l’a pétrie de contradictions, « c’est un pays d’aristocrates égalitaires », où l’on veut des actions mais où l’on exige qu’elles préservent les principes et qu’elles ne remettent pas en cause les rentes de situation.
La meilleure démonstration de cette inconséquence et de cette mesquinerie, on la trouva dans les réactions offusquées de nombre de commentateurs, de politiciens et de syndicalistes, à son allusion au coup de rabot donné aux aides au logement.
Il fut pourtant savoureux et si juste ce moment où il s’éleva contre "les gens qui pensent que la France, c'est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus, une république qui n’a plus d’odeur.../... et où l'on invoque la tragédie dès qu'il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte, c'est les 50 euros d’APL. Ces gens-là ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays..."
A ces batailles lilliputiennes, M. Macron oppose le sacrifice sublime du colonel Beltrame, symbole selon lui de l’esprit de résistance et d’un amour absolu de la liberté, de la fraternité, et de l’égalité réelle. On peut en l’occurrence trouver qu’il fait preuve d’un opportunisme un peu déplacé voire entaché d’angélisme, car les gendarmes ne sont pas supposés servir de martyrs. Mais on ne peut qu’adhérer à son propos lorsque visant les actes terroristes et la radicalisation de certains rebelles au système, il ajoute qu’on aurait tort de "laisser le tragique et l'absolu à des idéologies non démocratiques."
M. Macron voudrait redonner une dimension tragique à la démocratie. Selon lui, à l'instar de Roméo et Juliette, sans obstacle, sans drame, il n’y aurait pas d’amour (il en sait sans doute quelque chose...). Il fait même sienne la tirade d’Orson Welles dans le Troisième Homme, comparant le fabuleux épanouissement artistique de l’Italie pendant le règne sanguinaire des Borgia, au chemin tranquille suivi par la Suisse qui n’aurait abouti qu’au Cuckoo Clock…
S’il paraît essentiel pour nos démocraties qu’elles prennent un peu de hauteur spirituelle et qu’elles affermissent leurs ambitions et leur détermination face aux extrêmes, le drame ne leur est toutefois pas consubstantiel, et la Suisse, pays paisible s’il en est, n’en est pas moins prospère, responsable et heureux. Que demander de mieux ?
Pour l’heure, ce film montre que M. Macron a redonné à la fonction présidentielle, du panache et de la respectabilité. Son discours est simple et il semble sincère. Le personnage n’est pas débarrassé de toute contradiction mais il a acquis une vraie stature internationale et entamé des réformes pour moderniser la France, ce qui n’est pas si mal en un an.
Il n’a peut-être pas dit son dernier mot. Tant mieux, car comme le fait remarquer le journaliste helvétique Richard Werly, s’il s’agit d’une année de réussites, aucune des colères n'est apaisée, et la France a besoin de calmant...