29 mai 2019

Une élection pour rien

En dépit d’une participation plus élevée que celle qui était attendue, ces élections européennes n’apportent guère de sujet de satisfaction. Le thème même de l’Europe est resté plus évanescent que jamais.
Aucun programme n’y faisait référence affirmée ni même un tant soit peu convaincue. Même la liste de La République En Marche était restée bien timorée sur le projet auquel personne ne croit plus vraiment, ni comme nation, ni comme fédération.
Combien de temps ce conglomérat hétéroclite d’intérêts de plus en plus divergents peut-il encore tenir ? Combien de temps l’euro peut-il continuer de faire office de monnaie unique ?
Gageons, ne serait-ce que pour maintenir les grands équilibres économiques, que cela dure quelques années, même si le grand dessein et les folles espérances s’estompent de plus en plus.

Sans surprise, le parti le plus anti-européen, a tiré une fois encore les marrons du feu. Le Rassemblement National stabilise son emprise, tandis que ses alter ego hongrois et italiens déjà au pouvoir triomphent. Signe des temps, les peuples se détournent de plus en plus des partis traditionnels et de l’ersatz démocratique qu’ils proposent.
En France où le RN est considéré comme infréquentable, toute alliance lui est interdite et il se heurte au fameux plafond de verre pour parvenir au sommet de l’État. Il lui faudrait la majorité absolue à lui tout seul ce qui peut prendre encore un bon bout de temps et serait dangereux. Pour l'heure il se contente de quelques victoires inoffensives, tel ce scrutin européen. Cela donne tout de même la mesure de son enracinement et pérénise le vrai problème démocratique auquel le pays est confronté. Dans un scrutin majoritaire à deux tours l'adversaire quel qu'il soit est à peu près certain de l'emporter...
Le parti du Président de la République en profite. Peu importe en somme qu’il soit premier ou second en nombre de voix, il sera toujours gagnant en termes de pouvoir. La synthèse Gauche-Droite a parfaitement fonctionné, permettant à Emmanuel Macron d’être brillamment élu à la tête de la république.

Au passage il a écrabouillé ce qui restait du Parti Socialiste. Cette fois, il n’avait même pas osé se présenter en nom propre ce qui en dit long sur le désastre. Quant à Mélenchon, son affreux rictus, sa mauvaise foi, sa haine recuite et ses nervis patibulaires, ils peuvent aller se rhabiller. La Gauche plus que jamais divisée aurait-elle enfin cessé de faire rêver. Dieu fasse que cela soit vrai….
La Droite classique n’est pas logée à meilleure enseigne. Coincée entre le discours martial des nationalistes et celui lénifiant de la social-démocratie, elle n’a rien trouvé de bien original à dire et malgré  la sympathie ressentie pour sa tête de liste, sa place se réduit comme peau de chagrin. Est-ce encore réversible, on peut en douter vu l’organisation actuelle du parti qui s’apparente à une armée mexicaine…
Reste le score flatteur des Écologistes. Il ne faut y voir sans doute ni élan ni vraie dynamique mais un effet d’aubaine avant tout. Faute d’avoir trouvé leur idéal dans ces 34 listes, nombre d’électeurs désabusés, notamment parmi les plus jeunes, se sont rabattus sur le candidat de la nature et les petits oiseaux… L'incroyable battage médiatique sur l'urgence climatique a fait son oeuvre dans les esprits, malgré la nullité abyssale des pretendus écolos.
Mais une hirondelle ne faisant pas le printemps, ils ne feront pas plus l’Europe que les caciques de la politique...
Quant aux Gilets Jaunes, ils ont purement et simplement disparu des écrans radars. Étrange, non ?

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