13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux révèle que le magnat devenu politicien lui fait penser au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hypertrophique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

07 novembre 2024

God Bless America

Décidément, l'Amérique nous surprendra toujours.
On avait prédit une élection “très très serrée”, forcément émaillée de troubles à l’ordre public, de contestations en tous genres. De leur côté, les experts autoproclamés du sens de l’Histoire avaient prophétisé la victoire de la lumière sur les ténèbres (air connu) et annoncé par avance que le méchant Donald Trump refuserait sa défaite.
En France, comme d’habitude, l’affaire était depuis longtemps pliée. Après avoir parié inconsidérément sur le pauvre Joe Biden, la star était devenue Kamala Harris avec sa tchatche et son sourire maous (à défaut de programme). C’est bien simple, selon les sondages, seuls 13% des Français auraient voté Trump, ce qui montre une fois encore les ravages du grégarisme dans notre pauvre pays.

Le Peuple Américain en a décidé autrement. Il a surmonté la propagande, les mensonges, les caricatures et la bien pensance rance, pour faire contre toute attente un triomphe au revenant Trump. Il lui a offert le grand chelem : gagnant en nombre de grands électeurs, en votes populaires, et raflant au passage la majorité au Sénat et probablement à la chambre des Représentants.

Le spectacle politique donné par cette élection fut, comme souvent outre-atlantique, des plus réjouissants.
Quel régal de voir la déroute des médias du mainstream, emportés vers l’égout par le torrent de leurs insanités. Notons au passage l’exception du Washington Post qui eut la décence de ne pas prendre parti. Les commentateurs avisés se sont gaussés de cette attitude qui lui aurait fait perdre sur le champ pas moins de 250.000 abonnés. Qu’importe au fond, s’il en regagne le double demain…
Quel délice de voir le concert défait des stars du showbiz qui crurent très intelligent de gesticuler autour de Kamala avec de grands slogans creux dictés par des prompteurs aux états d’âme factices (lorsqu’ils fonctionnaient…). Ils ont pu mesurer la vanité de leur célébrité et la volatilité de leur influence. Grand bien leur fasse.
Quelle joie de voir les misérables suppôts franchouillards d’une gauche nauséabonde, obligés de manger leur chapeau en éructant un flot d’injures et de menaces revanchardes ineptes. On dirait qu’ils sont soumis à une séance d’exorcisme.
Quel plaisir enfin de voir une Amérique décomplexée, heureuse du bon tour qu’elle a joué au Monde. Éternel recommencement…

Aujourd’hui, le score obtenu par le candidat républicain pose à nouveau la question du scrutin de 2020, en pleine épidémie de COVID, et de son résultat plus que jamais contestable.
Il faut en tout cas saluer le courage, la détermination de Donald Trump qui après avoir été terrassé, est remonté sur sa monture et envers et contre tous les obstacles et toutes les procédures politico-juridiques entravant sa route, a su convaincre son pays du bien fondé de son projet, qui reste fidèle aux grandes lignes de celui de 2016, basé avant tout sur le pragmatisme et le bon sens.
Il est probablement mieux entouré qu’à l’époque et s’est adjoint pour la circonstance le gratin des entrepreneurs qui réussissent et parviennent encore à incarner le rêve américain, à commencer par le bouillonnant Elon Musk qui fut le héraut inspiré de ce retour en fanfare.

Il reste à espérer que le mandat à venir soit l’occasion pour le 47ème président des Etats-Unis de réaliser de grandes choses et que les accusations outrancières voire totalement infondées dont il est l’objet finissent en poussière.
Accusé de populisme,Trump a su parler au peuple. Ce dernier attend beaucoup mais il se souvient qu’entre 2017 et 2020, l’Amérique allait plutôt bien.
Pour se convaincre que Trump n’est ni fasciste, ni protectionniste, ni raciste, ni misogyne, ni complotiste, ni instable, ni même imprévisible, il suffit pour ceux qui n’ont pas l’esprit trop borné par les a priori de se reporter à son petit ouvrage Crippled America. Tout y est dit.
Ils comprendront également que les outrances verbales du “milliardaire” ne reflètent pas sa pensée mais sont parfaitement calibrées pour faire office d’os à ronger, destinés à nourrir la meute aboyante accrochée à ses basques. Pendant ce temps, il mène sa barque et son projet politique, non sans pratiquer un humour parfois dévastateur. L’épisode du quart d’heure chez McDo et celui du camion poubelle resteront sans doute dans les annales…

30 octobre 2024

Deux heures avec Bob Dylan

Le temps d’un très bref aller et retour vers Paris. Juste celui de se rendre à l’un des deux concerts donnés par Bob Dylan, dans le cadre somptueux de la Seine Musicale, sur l’Ile Seguin.
Le long vaisseau de béton blanc surplombé par une sphère de métal et de verre au-dessus du fleuve, offre une salle de spectacle magnifique, sur les gradins de laquelle on se presse pour l’occasion.
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut venir y entendre chanter un Prix Nobel de littérature !
De fait, le personnage est quasi légendaire, tant ses chansons ont marqué la seconde moitié du XXème siècle.
Après soixante ans de carrière, il est là, toujours bien là, infatigable baladin des temps modernes. Toujours inspiré, toujours créatif, il achève une monumentale tournée entreprise il y a 3 ans pour promouvoir son nouvel album, splendide : Rough and Rowdy Ways.
Sur l’affiche géante, intrigante, inquiétante, envoûtante, un couple danse en ombres chinoises, dans une lumière cramoisie, insouciant de la menace toute proche d’un personnage mortifère. Tout en haut, on peut lire cette sentence : Things aren’t what they were…

Bob Dylan est parfois difficile à suivre car il est rarement là où on l’attend. Il procède par périphrases, ellipses et symboles. Ses mélodies, en apparence très simples, sont étrangement pénétrantes et sa poésie déborde de mystères et d’allusions. Elle rebute les uns mais enchante les autres, plus nombreux, acquis à sa cause, empreinte de noblesse altière, de liberté et d’indépendance.
Aujourd’hui hélas, la vieillesse ne l’a pas épargné. A 83 ans, il est perclus de rhumatismes, sa démarche est hésitante. Mais son esprit et son génie sont intacts et son énergie force l'admiration.
Il est entouré de musiciens épatants: le fidèle Tony Garnier à la basse et à la contrebasse, l’illustre Jim Keltner à la batterie et les excellents guitaristes Bob Britt et Doug Lancio. L'ambiance est électrique à tous points de vue. Sur une rythmique infaillible, Dylan déroule son répertoire dans un clair-obscur très bluesy.
Il fera la plupart des chansons du dernier disque, auxquelles viendront s’ajouter des versions transfigurées de grands standards : All Along the Watchtower, It Ain’t Me Babe, To Be Alone With You, It’s All Over Now Baby Blue, Desolation Row, Watching the River Flow.
Il a délaissé la six-cordes pour le piano dont émanent parfois quelques accords un peu lourds, voire quelques faussetés. A l’harmonica, il est fidèle à lui-même, rustique mais très expressif. Au chant, c'est plus rauque et nasonné que jamais. Les envolées se terminent parfois en murmure, voire en râle déchirant. Mais il y a encore de la puissance et surtout beaucoup de vitalité, d’émotion, et de tendresse.
L’auditoire est conquis.

Comme à l’accoutumée, il n’y aura aucun discours, aucun remerciement, aucun rappel.
A la fin, l’artiste se lève une dernière fois, chancelant. Il se tient debout, très humble face à son public, et il esquisse un sourire de gratitude et de satisfaction.
Comme tous ces gens, j’ai passé deux heures en compagnie de Bob Dylan. Je suis comblé, heureux, tout simplement.

21 octobre 2024

Le pouvoir du N'importe Quoi 4

Pour finir cette petite série consacrée au règne ubuesque d’un pouvoir de plus en plus déconnecté du monde, et pour déborder au-delà de nos frontières hexagonales, on peut se demander à quoi servent donc l’ONU et ses casques bleus.
A l’occasion de la guerre qu’Israël mène au Liban pour combattre la mainmise barbare, tyrannique et rétrograde du Hezbollah, on redécouvre soudain la FINUL, et on se demande bien ce que ces pauvres bougres faisaient au sein d’un pays livré au chaos. Sans doute étaient-ils réduits à assister en spectateurs impuissants, aux gros trafics de drogue, d’armes et tutti du Hezbollah, qui se faisaient au grand jour sous leurs yeux. Pire, on pourrait aller jusqu’à penser qu’en tant que force d'interposition, ils se bornaient de facto à offrir un rempart derrière lequel les terroristes menaient en toute impunité leurs menées criminelles.

Cela offrit l’occasion à notre président de s’illustrer à nouveau de manière désolante. Non content de ne proposer ni réconfort ni remerciement ni aide aux soldats de la démocratie et des lumières (pour reprendre ses propres termes adressés en forme d’hommage posthume à l’infortuné professeur Paty), M. Macron, croit intelligent de sermonner M. Netanyahou, lui demandant de ne pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU, par conséquent il ne devrait pas s’affranchir des décisions de l’ONU.
La réponse ne s’est pas fait attendre. Après avoir déploré de ne pas voir notre pays aux côtés du sien, il ne mâcha pas ses mots, en corrigeant sévèrement le président français : "ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’État d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France."

C’est peu dire que M. Macron par ce genre de déclarations tartarinesques achève de perdre toute la maigre crédibilité qu’il avait à l’international. Il fait l’effet d’un cuistre ignorant de l’Histoire. Il donne également l’impression de patiner dans le sable en matière de stratégie, notamment lorsqu'il conjura vainement le Hezbollah de “cesser immédiatement ses frappes contre Israël” alors même que les islamistes se vantaient de 320 tirs, rien que le jour du Yom Kippour, le plus grande fête juive. Ce faisant, il se fait l’allié si ce n’est le collaborateur des fous de Dieu...
Au moment où Tsahal parvient enfin à se débarrasser de l’horrible tyranneau Sinwar (qui causa, en plus des atrocités commises contre le peuple d'Israël, la mort de centaines de Palestiniens et de plusieurs dizaines de Français), M. Macron ne trouve rien à dire de mieux que d’exiger, bien vainement, des Israéliens qu’ils cessent leur intervention militaire au Liban et à Gaza. Quelques jours plus tard, il accusera carrément Israël "de semer la barbarie".
Qui peut raisonnablement imaginer que Tsahal cesse ses opérations militaires avant d'avoir obtenu l'arrêt complet des pilonnages, mitraillages, bombardements et attentats incessants revendiqués par le Hamas et le Hezbollah ?
Si ce n’était pas si grave, on pourrait croire à une farce…

20 octobre 2024

Le pouvoir du N'importe Quoi 3

En matière de santé publique, l’actualité est tellement décoiffante, qu’elle pourrait prêter parfois à sourire, d’une manière nerveuse s’entend.
Passons sur la lente déconfiture des hôpitaux, sur l'extension incoercible des déserts médicaux, sur les délais d'attente qui s'allongent et qui témoignent de la faillite d'un modèle suradministré, en voie d'obsolescence.
Le coup du Doliprane, cédé à un groupe américain par Sanofi, est une nouvelle illustration du désastre. Ce serait sur l’injonction de cabinets conseils, que le trust pharmaceutique aurait pris la décision de se séparer de cette branche pourtant largement bénéficiaire, pour privilégier plutôt les vaccins et certains traitements innovants. Vu le fiasco du laboratoire lors du COVID, on peut avoir quelques doutes... Une chose est sûre, M. Macron se retrouve une fois encore totalement ridicule, lorsqu’on se souvient de ses emphatiques plans de relocalisation. Aujourd’hui, le gouvernement fait mine de s’agiter pour garantir la "souveraineté nationale" en matière de production de médicaments (sachant que le paracétamol, principe actif du Doliprane et de nombreux autres antalgiques, est depuis belle lurette fabriqué exclusivement en Asie). On a appris que selon sa mauvaise habitude, il avait décidé de dépenser quelques 150 millions d'euros, qu'il n'a évidemment pas, pour entrer au capital du groupe américain (à hauteur de 2%), afin “de le contrôler et le sanctionner” si nécessaire.
Au mieux, il ne parviendra qu’à accentuer les pénuries, par sa politique absurde de blocage des prix…

S’agissant du COVID, pour lequel l’Etat a commencé une nouvelle campagne de vaccination, à compter du 15 octobre, on peut s’étonner de cette date tardive, sachant que le virus circule de manière épidémique depuis l’été. Il faut aller chercher les informations car on se trouve dans un flou désespérant puisque les autorités sanitaires ne communiquent plus aucun chiffre et que personne n’est en mesure de dire quel variant prédomine à ce jour. On peut in fine s’interroger sur l’efficacité des mesures préventives et sur leur utilité depuis qu’on sait qu’il n’y a quasi plus de formes graves, que la maladie n’est pas immunisante et que la protection vaccinale n’excède en général pas 3 mois dans le meilleur des cas.

La bureaucratie continue quant à elle de galoper bon train. La dernière trouvaille est l’obligation prochaine faite aux médecins de prescrire sur des ordonnances sécurisées les spécialités contenant de la codéine ou du tramadol (rappelons qu’avant le passage de la calamiteuse Agnès Buzyn au ministère de la santé, la codéine était en vente libre).
Personne ne semble s'émouvoir de ce nouveau choc de complication et de cette nouvelle avancée dans la déresponsabilisation citoyenne, ni l'ordre des Médecins, ni celui des Pharmaciens en l'occurrence.
Pourtant, le circuit de délivrance de ces médicaments va donc encore s'alourdir et majorer par voie de conséquence les dépenses d’assurance maladie, sans qu’on puisse espérer le moindre impact sur le problème de la toxicomanie qui dévaste le pays.
En revanche, on peut craindre une majoration du nombre, en constante progression, d’agressions de médecins et de pharmaciens, pour obtenir par la force ces médicaments.
On peut craindre également la diminution de facto du nombre des prescriptions d’antalgiques, qui s’inscrira comme un recul paradoxal dans la lutte anti-douleur dont on nous rebat les oreilles depuis quelques décennies…

19 octobre 2024

Le pouvoir du N'importe Quoi 2

Au chapitre budgétaire
, le spectacle donné par l’Etat est proprement hallucinant. Ce n’est plus une dérive, c’est un abîme qui s’approfondit un peu plus chaque jour, et dont
on occulte manifestement la profondeur.
Naturellement, personne ne se sent responsable, surtout pas les gens qui sont supposés nous gouverner depuis 7 ans (depuis 1974 en fait...).
S’il ne faut pas trop incriminer le nouveau gouvernement qui se trouve dans une position très inconfortable, ses propositions n’augurent toutefois rien de bon et ne préfigurent aucun vrai changement de fond dans la manière de gérer le bien public.
Alors qu’une ligne rouge infranchissable avait été promise, l'augmentation massive de la fiscalité qui se profile à l’horizon rappelle les pires heures du socialisme à la française. Pas moins de 30 à 40 milliards d’euros de charges supplémentaires en vue, qui évidemment concernent tous les contribuables malgré les dénégations officielles.
Passons sur l’alourdissement de la fiscalité frappant les grosses fortunes et les très grandes entreprises. Personne n’est dupe. C’est du décorum démagogique.
Inutiles et néfastes, ces mesures seront de toute façon loin de suffire pour renflouer le navire en perdition.
L’assiette des prélèvements va donc s’élargir sous peu. On voit arriver l’augmentation des taxes, déjà lourdes, sur l’électricité. Laquelle devrait être suivie, écologie oblige, par celles sur le gaz. Parallèlement, une diminution de la part Assurance Maladie dans le remboursement des soins est annoncée, passant de 70 à 60% (après la récente hausse des forfaits non pris en charge pour chaque boîte de médicament et chaque acte médical).

Le programme d’économie envisagé par le gouvernement se résumant à ce jour à quelques vœux pieux, il est plus que probable que d’autres contributions s’ajouteront aux constellations de taxes existantes : CSG, TVA, TICPE, Flat Tax, taxes locales, successions, assurance-vie, le choix est vaste et l’imagination des politiciens est en la matière inépuisable.
Dans le même temps, comme dirait M. Macron, on apprenait qu’il était envisagé d’augmenter encore le budget de l’Elysée (après une hausse de 11% en 2023), ainsi que ceux de l’Assemblée Nationale et du Sénat.
Certains ministres ont menacé déjà, quant à eux, de démissionner si on ne leur accordait pas des augmentations de budget.
Madame Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée Nationale, affirme de son côté sans rire qu’il n’y a aucune économie à trouver du côté du parlement. Pour rappel, et pour comparaison avec les Etats-Unis, pays 6 fois plus grand que la France, l’Assemblée Nationale compte 577 députés tandis qu’ils ne sont que 435 aux USA. S’agissant du Sénat, ce sont 348 élus qui y siègent, contre 100 aux USA ! Ajoutons les députés européens et les innombrables instances et commissions territoriales: région, départements, communes…
Il est difficile d’entendre qu’il serait impossible de réduire les frais de fonctionnement de ce magma pléthorique dont l’occupation principale est de pondre des lois, et des réglementations de plus en plus nombreuses, superfétatoires, contradictoires entre elles et de plus en plus souvent inapplicables ou inappliquées.
Dans le même ordre d’idées, tandis qu’on restreint la prise en charge des soins pour les Français, on annonce tranquillement la progression de l’enveloppe allouée à l’Aide Médicale aux Étrangers (AME) de 8% !
Il a fallu le début d’un vrai tollé médiatique pour que le gouvernement revienne en arrière en catastrophe sur ces nouvelles dérives, mais le mal est fait, témoignant d’une insoutenable légèreté et d’un indécrottable mépris pour les réalités sociétales.

18 octobre 2024

Le pouvoir du N'importe Quoi 1

A quoi servent donc les pouvoirs publics ? La question mérite d’être posée au vu du chaos décisionnel auquel on assiste de nos jours.
Plusieurs sujets d’actualité soulèvent nombre d’interrogations si ce n’est beaucoup d’incompréhension quant à l’efficacité des politiques publiques.

L'Industrie Automobile
Au moment où se tient le Salon de l’Automobile de Paris, on apprend que cette filière est au bord du désastre, risquant d’entraîner vers la faillite de nombreux constructeurs français et européens. Dores et déjà, selon François-Xavier Pietri qui a enquêté sur le sujet, les usines ne fonctionnent qu’à 60% de leurs capacités.
On savait que le marché des voitures thermiques, ciblé par nombre de pénalités fiscales et réglementaires, ne cessait de s’effondrer. Force est de constater qu’il n’est pas le seul hélas. Malgré quantité d’aides, et d’incitations en tous genres, malgré la pléthore de publicités tous azimuts, on enregistre également une baisse des ventes de voitures électriques neuves (-43% rien que pour le mois d’août).
Conséquence inéluctable mais logique de cette chronique d’une mort annoncée, plusieurs constructeurs envisagent des fermetures d'usines, pendant que l’armada chinoise s’apprête à déferler.
La faute à qui ?
A l’évidence, en premier lieu, à la stratégie folle de l’Etat, qui accumule les erreurs depuis des années, pour tenter de répondre à un nébuleux impératif écologique et un principe de précaution poussé à l’extrême. Après avoir été encouragés successivement à acquérir des véhicules diesel, essence, hybrides et enfin électriques, les potentiels acheteurs ne savent plus vers quoi se tourner.
Non contents de s’être trompés, et après s’être ruinés en coûteuses subventions, qu'ils sont contraints de réduire faute de moyens, les pouvoirs publics annoncent chaque année des malus punitifs de plus en plus délirants. En 2025, la quasi-totalité des voitures seront pénalisées, soit par l’abaissement du seuil d’émission de CO2 à 113 g/km (et jusqu’à 99 en 2027), soit par leur poids, plafonné à 1600kg. La taxe maximum qui est de 60.000€ va continuer à augmenter inexorablement pour atteindre dans 3 ans la somme extravagante de 90.000€. Qui pourra s’offrir des véhicules un peu sportifs et attrayants hormis quelques personnes très fortunées ? On pense à la hausse programmée de la funeste taxe carbone qui engendra la révolte des Gilets Jaunes…

Le paradoxe est que les constructeurs européens, qui avaient alerté sur les dangers de ce dirigisme étatique insane, s’opposent désormais à tout recul et tout assouplissement des réglementations. Toute leur stratégie est en effet fondée sur l'électrique, auquel ils ont été contraints de se soumettre.
Si la France semble avoir perdu la raison, d’autres pays ne valent pas mieux. Ainsi, la Norvège qui s'enorgueillit d’avoir converti sa population aux joies de l'électricité, a réalisé ce tour de force à coup de subventions, d’aides, d’exonérations de taxes et de péages, financés par la manne du pétrole et du gaz dont elle est grande exportatrice… Les automobilistes ont-ils pleinement conscience que la charge de leur véhicule dépend bien souvent de centrales de production marchant aux énergies fossiles ? Ont-ils conscience que les véhicules électriques sont plus polluants à produire et qu'à ce jour, il est très difficile et coûteux de recycler les batteries ? Enfin les possesseurs d'autos hybrides rechargeables savent-ils vraiment qu'ils consomment pour la plupart plus de carburant qu'un véhicule thermique de puissance égale, faute de pouvoir recharger régulièrement leurs batteries ?

05 octobre 2024

Israël au pied du Mur

Aujourd’hui, c’est un fait que nul ne peut contester, Israël se bat pour sa survie et pour sa liberté. Ce pays est en guerre et les bonnes âmes plus ou moins charitables, calfeutrées dans leur petit monde bien abrité, qui font vibrer leur violons pacifistes et accusent Tsahal de faire des victimes civiles, font preuve de pure indécence. Toute guerre est atroce, y compris celles qu'on mène pour vivre libre. A ce jour, Israël se trouve bien seul pour mener ce combat.

L’ONU sous la direction du calamiteux Guterrez, est totalement décrédibilisée sur quasi tous les sujets. Elle n’en finit plus de s’aplatir et de se vautrer dans l’ignominie. Impuissante en action, elle multiplie les déclarations faisandées. Nous sommes revenus à des temps rappelant les heures les plus sombres de l'histoire. L'antisémitisme est redevenu un fléau majeur, sous les yeux de poisson mort des plus hautes instances internationales. L'Histoire retiendra leur indicible lâcheté, voire leur complaisance à l’égard de scélérats confits dans la haine qui appellent plus ou moins ouvertement au nouveau génocide des Juifs.

Face à cette malédiction, la France, que de puissants liens historiques relient à Israël et au Liban, est aux abonnés absents. Emmanuel Macron, qui n’est plus que l’ombre d’un président de la république, patauge lamentablement  entre incohérences et contradictions. Alors qu’Israël a fait face à une attaque massive de missiles iraniens, il reste sans voix. Pas un mot de réconfort pour le peuple juif, pas la moindre proposition d’assistance, et aucune déclaration saluant les progrès accomplis dans la lutte anti-terroriste. Pire, sa faiblesse vis-à-vis des organisations terroristes s’apparente désormais à de la complicité, notamment lorsqu’il demande l’arrêt des livraisons d’armes à Israël.
Il se faisait fort en 2020 lors de l’explosion du port de Beyrouth, “d’aider à organiser la coopération et l’aide européenne et internationale”. Il prétendait être en mesure d’instaurer “un dialogue de franchise”, et de faire preuve “d’exigence à l’égard des forces politiques et des institutions libanaises”. On a vu comment ces belles paroles ont viré au fiasco. Aujourd’hui, il ne parvient plus qu’à articuler un vague et vain soutien à la population.
S’agissant de la Gauche, pas un jour sans qu’elle se déshonore un peu plus. Elle attise les haines, pratique sans vergogne l’antisémitisme le plus immonde et instrumentalise les universités en toute impunité. Science-Po est devenue la succursale de LFI, du Hamas et du Hezbollah réunis. M. Macron semble totalement indifférent à cette abjection qui s’étale sous ses yeux.

Seuls les Etats-Unis apportent envers et contre tout une aide régulière et conséquente à l’armée israélienne. Elle lui est absolument indispensable pour faire face à plusieurs fronts simultanés ouverts depuis des décennies mais intolérablement avivés depuis le 7 octobre 2023. Il faut reconnaître à Joe Biden le courage d’avoir dit haut et fort que l’élimination de Nasrallah était “une mesure de justice” même si l’efficacité au plan diplomatique n’est hélas guère au rendez-vous. On ne compte plus les voyages d'Anthony Blinken pour tenter de trouver un compromis avec le Hamas et obtenir la libération des otages. En pure perte. Joe Biden semble n'avoir plus de prise sur la situation et Kamala Harris multiplie les déclarations ambiguës.

Pendant ce temps, Israël, attaqué de toutes parts, s'efforce de répliquer avec une énergie et un courage forçant l'admiration, déployant des trésors d'inventivité pour mettre hors d'état de nuire ses agresseurs.
Le Hamas a été pulvérisé. Seules quelques poches de résistance semblent subsister et le sort de plusieurs dizaines d'otages est toujours incertain.
Le Hezbollah est en voie de démantèlement et Israël est résolu à profiter de son avantage acquis de manière fulgurante pour désarmer cette infâme milice aux ordres de Téhéran. L’épisode des bipeurs et des talkie-walkies piégés restera dans les annales. On ne pouvait imaginer action plus ciblée et plus efficace. La plupart des dirigeants de l'organisation ont été éliminés. Aujourd'hui l'heure est à la destruction de l'arsenal militaire insensé accumulé par les terroristes en plein cœur du Liban.

Qui peut encore oser soutenir ni même avoir la moindre indulgence pour les organisations terroristes ignobles que sont Hamas et Hezbollah, liées par un pacte diabolique avec l'Iran ? Comment peut-on avoir la moindre considération pour ces fanatiques enragés dont l'objectif revendiqué est la destruction d'Israël et l'éradication de tous les Juifs? La toute dernière déclaration de l'ayatollah Khamenei, annonçant Kalachnikov à la main, “qu'Israël n'en avait plus pour longtemps”, atteste de ce sinistre projet. A cette fin monstrueuse, ils sacrifient tout et notamment leurs propres peuples. Loin de les protéger, ils les exposent sciemment à tous les périls. Ils les asservissent, les appauvrissent, et les persécutent.

Il serait peut-être encore temps pour la Communauté Internationale de montrer que le “plus jamais ça” auquel les grandes âmes avaient juré leur attachement indéfectible en 1945, n'est pas un vain mot.
En aidant Israël à se défendre, on pourrait permettre enfin de faire tomber les tyrannies abominables qui font l'offense à Dieu de commettre leurs forfaits en son nom ! On pourrait espérer par l’intervention de tiers éviter que les haines réciproques ne tournent au jusqu’au boutisme et à son cortège d’atrocités. On pourrait donner enfin une vraie chance à l'établissement d'une paix durable dans cette région et offrir une perspective de progrès, de liberté et de prospérité à des populations trop longtemps martyrisées.
Une terrible alternative s'impose : indifférent aux leçons du passé, le Monde laissera-t-il perdurer et croître ces horreurs, ou bien, faisant honneur au courage et à la détermination des combattants de la Liberté, aura-t-il enfin la force d'unir toutes ses forces pour venir à bout de cette hydre maléfique ?

27 septembre 2024

Electeurs gobe-mouches, politique bredi-breda

A voir, lire ou écouter ce qui émane du nouveau gouvernement, on peut douter de l’arrivée de lendemains qui chantent. Confusion, contradictions et incohérence semblent les maîtres mots de la politique qui se fait jour au fil des déclarations et des interviews.
On peut évidemment remarquer qu’il ne s’agit que du résultat du vote des Français. Qu’attendre en effet d’un scrutin indécis, ne dégageant aucune majorité et opposant des extrémités contraires de plus en plus puissantes et bruyantes.
Ça tire à hue et à dia si l’on peut dire, mais les électeurs n’ont que ce qu’ils méritent en somme.

Les cérémonies de passation de pouvoir entre ministres démissionnaires et nouvellement nommés se sont apparentées à des numéros de comique involontaire ou d’autosatisfaction ridicule. En la matière, les sortants ont rivalisé avec leurs successeurs si l’on peut dire.
On soulignera simplement les flagorneries du nouveau ministre de l’économie Antoine Armand adressées à Bruno Lemaire, en contradiction totale avec ses déclarations ultérieures, séparées d’à peine 24 heures. Un jour il dit “mesurer la chance” qu’il a “d’hériter d’un tel bilan économique”. Le lendemain, il évoque une situation très grave, et déplore “un des pires déficits de l’histoire”, constat d’ailleurs confirmé par son collègue du Budget, Laurent Saint-Martin, qui prévoit un déficit à venir dépassant probablement les 6%, alors que Bruno Lemaire avait annoncé qu’il se limiterait à 5,1% (ce qui était déjà énorme…)
On nous refait le coup de la découverte d’une situation que personne n’aurait pu deviner, alors qu’elle s’étalait aux yeux de tous ceux qui voulaient la voir (la France est confrontée depuis le mois de juin à une procédure européenne pour déficit excessif ).

Qu’importe l’économie, le tout jeune et frétillant ministre de l’Economie n’est pas avare de bourdes en tous genres. Alors que Michel Barnier, Premier Ministre avait affirmé haut et fort dès sa nomination que tous les partis politiques seraient respectés et prié instamment les membres de son gouvernement de mesurer leurs propos et surtout d’agir avant de communiquer, M. Armand croit bon sitôt en place de clamer qu'il recevrait tous les élus qui le souhaiteraient, sous réserve qu’ils fassent partie de l’arc républicain, dont il exclut le Rassemblement National ! Selon lui, c’est clair, les Français se seraient prononcés pour faire barrage à un parti qui, curieusement, est celui qui totalise le plus de suffrages et le plus grand nombre de députés. CQFD…
Les piteuses excuses de M. Barnier auprès de Marine Le Pen et le “recadrage” du ministre désobéissant ne changent rien à l’affaire. L’impression donnée est que le pays est gouverné par une équipe de branquignols.

Impression qui chaque jour se confirme un peu plus au vu des contradictions d’une politique des plus erratiques.
Rappelons que le parti Les Républicains (LR) avait brandi au mois d’avril dernier la menace d’une motion de censure automatique en cas de franchissement de la ligne rouge de l’augmentation des impôts et prélèvements obligatoires. Cette injonction était d’ailleurs partagée à la même époque par le Parti du Président de la République, s’exprimant par la voix de sa porte-parole Maud Bregeon.
Résultat, la première priorité évoquée par le nouveau gouvernement de M. Barnier (membre éminent de LR), est la hausse de la fiscalité. Qu’on la déguise sous l’appellation de “justice fiscale” ou bien qu’on précise qu’elle serait “temporaire” et “ciblée sur les plus riches”, un nouveau matraquage se profile bien à l’horizon.

A défaut d’avoir eu le temps d’agir, M. Retailleau déclare que ses trois priorités sont “rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre”. Bien dit mais au moment même où le pays est endeuillé par un nouveau crime abominable, commis en raison du laxisme des Pouvoirs Publics, on attend les actes. On doute hélas de la concrétisation de cette volonté en écoutant le ministre de la justice Didier Migaud, exact contraire de son collègue de l’Intérieur. Alors que celui-ci fustigeait "une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’installer le droit à l’inexécution des peines", M. Migaud rétorque qu’il est très satisfait par le taux élevé d’exécution des peines. Face au meurtre de la petite Philippine, alors que M. Retailleau "veut faire évoluer notre arsenal juridique", M. Migaud éprouve certes de l’émotion mais ne voit pas la nécessité de légiférer. Sa priorité à lui c’est de pérenniser "l’indépendance de la justice" et de réfléchir “favorablement” à l’inscription du consentement dans l’arsenal de la loi…
Avec un tel attelage et une telle convergence de points de vue, on est bien monté si l’on peut dire….

Pendant ce temps, M. Macron est à l’ONU à faire de vibrants discours appelant avec force Israël à cesser l'escalade au Liban précisant qu’ il ne pouvait pas "sans conséquence étendre ses opérations”. Il n’eut qu’un petit mot pour demander au Hezbollah “de cesser ses tirs”. Doux euphémisme pour qualifier les bombardements incessants de l’organisation terroriste depuis des mois sur le nord d’Israël. Aux yeux du Chef de l’Etat, l’agresseur est manifestement une fois encore la victime, qui se bat héroïquement pour sa survie. Soulignons qu’il n’a pas eu un mot pour remercier Tsahal d’avoir éliminé le terroriste qui avait organisé l’attentat dit du Drakkar, lequel avait tué 58 parachutistes français en 1983, face auquel notre pays était resté sans réaction, hormis la traditionnelle “émotion”...

21 septembre 2024

Tristes cirques

Deux semaines qu’on attend la formation d’un hypothétique gouvernement. Dans l’arène politique devenue folle on s’écharpe, on s’étripe et on magouille. Dans la pseudo coalition de partis de lilliputiens aux commandes du vaisseau à la dérive, la répartition des maroquins s'apparente à une bataille de chiffonniers. Chacun pense à soi, et chacun, du haut de ses ergots de petite vertu, se croit autorisé à mépriser l’autre. On prétend vouloir respecter le message des Français et on fait tout le contraire au nom de principes républicains pervertis excluant du jeu un bon tiers de l'électorat.
Il est vrai que la volonté populaire n'a jamais été aussi confuse, chacun voulant tout et le contraire de tout…

Tout le monde sait que le résultat, si tant est qu'on y parvienne, sera un gouvernement bancal sans ligne directrice cohérente et sans changement significatif par rapport à celui qui l'a précédé, et évidemment sans avenir.
La seule chose qui paraît sûre, est que le poids des impôts va encore s'alourdir. En annonçant une meilleure "justice fiscale" et en promettant d'épargner les classes moyennes, on dit tout et on ne dit rien. Comme d'habitude, on assure au bon peuple que la seule charge reposera sur les autres, les "ultra-riches", les "nantis". Le refrain est connu. Mais comment faire dans un pays champion du monde des prélèvements obligatoires, où la redistribution des richesses est déjà massive, et où 70% de l'impôt sur le revenu est acquitté par à peine 10% des contribuables ?
Comment peut-on encore être naïf au point de croire ces mensonges éhontés derrière lesquels les politiciens tentent déjà de cacher leur incurie comptable à venir, leur incapacité à tenir un budget pour ne pas dire l’abandon des finances du pays à la gabegie ?

Les jeux du cirque sont également sur la voie publique où la violence et le vandalisme font rage en toute circonstance et en toute impunité. Par les temps qui courent, les refus d’obtempérer sont devenus une mode. Pas un jour sans qu'un représentant des forces de l'ordre ne manque de se faire occire par des voyous sans foi ni loi, aux casiers judiciaires "longs comme des bras”.
Sitôt pris, sitôt relâchés, sitôt récidivistes…
On est incapable d’endiguer la marée montante de la délinquance, de protéger le bien public des saccages commis par des hordes barbares. Après les grandes cités métropolitaines, c’est le tour des territoires d’Outremer. Mayotte, Nouvelle Calédonie, Martinique, où s’arrêtera le désastre ?
L’immigration hors de contrôle est la porte ouverte à la sauvagerie. On se gausse des fake-news de Donald Trump à propos des haïtiens mangeurs de chats mais ici on égorge les canards, on vole, on viole, on deale, on squatte en quasi totale impunité…

Pour distraire l’attention, on médiatise à outrance de croustillants autant qu’abjects faits divers. Mais ce n’est qu’un autre point de vue sur le délitement social généralisé. La petite ville de Mazan, dans le Vaucluse, est devenue le théâtre du spectacle peu ragoûtant de l’avilissement des mœurs. Tout le monde en parle, sans connaître l’histoire autrement que par la mousse gluante que la Presse disperse avec une jubilation malsaine. On voit ressortir de partout les plus vils instincts : amalgames en tous genres, affirmations et accusations péremptoires, grégarisme, voyeurisme, et une multitude de petits juges de moralité n’attendent pas le verdict de la justice pour faire un procès à sens unique, sans appel.

Le peuple s’habitue-t-il à ce jeu de massacre ? Peut-être, hélas…

* Illustration tirée du film de Frederico Fellini Les Clowns 1970

11 septembre 2024

Le doux parfum du Grand Barnier

Au terme de plus de 50 jours de manège post-électoral, Michel Barnier a donc fini par décrocher le pompon, à l’étonnement de tous.

Après avoir bourlingué par le passé (sans laisser beaucoup de traces) dans de nombreux ministères, aussi variés que l’agriculture, les affaires étrangères, les affaires européennes, et l’environnement, pour finir négociateur en chef du Brexit, il paraissait quelque peu rangé des voitures.

La Gauche ayant refusé la pâle mais pourtant consensuelle figure de Bernard Cazeneuve, c'est donc au fin fond de la droite molle qu'Emmanuel Macron a déniché l'homme providentiel. Il semble que Michel Barnier soit encore membre du parti Les Républicains, mais on ne sait plus trop ce que recouvre cette formation. Ses scores électoraux nationaux sont devenus étiques, ses projets sont nébuleux si ce n'est contradictoires, à l'image de l'incohérence de ses dirigeants. Tantôt récalcitrants, ils démissionnent, tantôt opportunistes ils reviennent.
Le parti, réduit à sa plus simple expression reste victime d'incessants clivages, de schismes et de ruptures. Au sein de ces atermoiements, le discours qu’on entend se confond souvent avec celui émanant du Rassemblement National, mais tous clament haut et fort qu'ils ne saurait être question du moindre rapprochement avec ce dernier, à l'exception d'Eric Ciotti.

Voici donc le grand Barnier qui hérite d’un tour gratuit au gouvernement, et pas à la moindre des places. S’il est probable que la fonction de Premier Ministre soit son bâton de maréchal qui sait ce qui se passera dans les semaines à venir et à fortiori d’ici 3 ans ?
Le défi est périlleux et paraît même perdu d’avance, car sans ligne politique claire, sans programme, et sans majorité parlementaire, au service d’un président de la république désavoué, on ne voit pas bien ce qui pourrait sortir du gouvernement que le nouveau Premier Ministre va devoir s’échiner à constituer. Pour l’heure, on espère que cela prendra moins de temps qu’il en fallut au Président pour le désigner.

Michel Barnier, dont les manières sont policées peut-il faire illusion à défaut d’agir ? Il a toujours su ménager la chèvre et le chou et a renouvelé sa volonté de respecter tous les partis. Vu l'intransigeance hostile de la Gauche, il se voit contraint, pour éviter la motion de censure qui pend au dessus de sa tête, de faire les yeux doux à Marine le Pen et à ses amis tout en ratissant soigneusement les jardins des partis de la droite dite républicaine, modérée, molle, voire centrale. Par une cocasse ironie du sort, tout se passe en somme, comme si la fameuse et mythique union des droites était en train de se réaliser en douceur.
Avec quelles chances de succès ? Pour quoi faire ? Pour combien de temps ? Suite au prochain épisode…

09 septembre 2024

Immigration - Xénophobie - Racisme

Les émeutes qui ont éclaté au Royaume Uni suite au carnage commis dans une école par un tout jeune homme d'origine rwandaise ont révélé de manière fulgurante la faillite d'une politique immigrationniste hors de contrôle. 

On peut s'interroger à cette occasion sur le traitement de l'information qui fut délivrée par la plupart des médias et la réaction des Pouvoirs Publics. 

Le contexte de survenue de ce drame fut occulté et les manifestations qui s'ensuivirent furent quasi unanimement et sans nuance, rapportées à l’extrême droite dont le moins qu’on puisse dire est qu’on ignorait qu’elle fut aussi implantée et influente outre-manche.


A l’évidence, la source de ce mécontentement populaire est beaucoup plus profonde et il faut avoir de la m…. dans les yeux pour l’ignorer. Pire, cette amblyopie des Pouvoirs Publics et des médias est le signe de l’usure et même de la faillite progressive du modèle de société démocratique “à l’occidentale” et à terme peut-être de la Liberté et de la prospérité. 

En réalité, ces événements devraient contraindre à voir (sauf les aveugles, ça va de soi…) le désastre auquel a conduit la politique de l’autruche pratiquée un peu partout en Europe et ailleurs. A force d’avoir sous-estimé les périls, d’avoir occulté les dangers, d’avoir évité de regarder en face la réalité, et même d’avoir mal nommé les choses, on n'a fait “qu’ajouter au malheur du monde”. La tragédie des migrants noyés en mer ou de ceux qui échouent dans des ghettos sordides, les attentats et les accès de violence qui parsèment l'actualité résultent de l’inconséquence et de la lâcheté du monde politique, en dépit de ses bonnes intentions et des fortes paroles dans lesquelles il se drape .


Avant toute chose, est-il nécessaire de préciser que l’immigration n’est pas un mal en soi ? Elle peut être bénéfique comme en témoigne l’essor des États-Unis d’Amérique. Elle a nourri la France au fil des siècles en lui apportant nombre de talents, et beaucoup de sang neuf dont elle peut s’enorgueillir.

Depuis des millénaires, les mouvements de populations font d’ailleurs partie de la nature des choses si l’on peut dire. Il n’est de frontière que dans les esprits et de contrainte que de murs et d’armes, car au plan géographique c’est un vain mot. Lorsqu’il ne s’agit pas d’invasion guerrière, la libre circulation des êtres humains est généralement bien acceptée par les populations autochtones pour peu que les nouveaux arrivants ne soient que de passage ou bien qu’ils manifestent le désir de s’intégrer au pays d’accueil en exprimant à son égard de l’amitié et en respectant ses coutumes et ses usages et mieux encore en les adoptant.

En contrepartie des exigences qu’on est en droit de demander aux immigrants, le bon sens voudrait qu’on leur réserve le meilleur accueil possible. Si l’on ne reçoit pas n’importe qui chez soi, la politesse impose de faire tout pour que ses invités se sentent à l’aise.


Mais comme en beaucoup de circonstances, c’est l’excès qui  est néfaste. Trop d’immigration tue l’immigration en quelque sorte. On connaît les méfaits du tourisme de masse, on imagine logiquement les conséquences du chaos migratoire.

Force est de constater que les règles élémentaires, relevant de la simple bienséance, ne sont plus en vigueur.

L’immigration a totalement changé de nature, elle est devenue anarchique, déborde largement les capacités d’accueil des pays concernés et ne répond plus à aucun objectif pragmatique. On assiste à une ruée frénétique vers une prospérité de plus en plus illusoire, mêlée bien souvent d’exigences revanchardes, idéologiques ou religieuses.


Après la France, l’Allemagne à son tour, paye dans les urnes son laxisme en la matière. L’extrême droite rafle la mise en recueillant des suffrages de plus en plus nombreux, car elle est la seule à laisser un espoir au peuple excédé, que la problématique soit enfin prise en considération.

En excluant de “l’arc républicain” les partis qui expriment cette lassitude teintée de colère, en s'opposant à toute négociation,  tout compromis avec eux et même en refusant de serrer la main à leurs élus, on ne fait qu’aggraver les choses et radicaliser un peu plus les esprits.


Du refus de l’immigration excessive à la xénophobie il n’y a qu’un pas et de cette dernière au racisme, l'enchaînement est aussi tragique qu’irrémédiable. Les fauteurs de trouble sont souvent ceux qui dénoncent les effets de ce dont ils chérissent les causes….

La Gauche qui ne vit que des haines (lutte des classes, guerre des sexes, des religions…) minimise à dessein le péril d’une immigration hors de contrôle et manifeste une générosité factice. Cela lui ouvre en grand le champ des luttes inter-ethniques qu’elle cultive en prétendant s’opposer au racisme…

24 août 2024

Un lanceur d'alerte, un vrai

Vu et revu tout récemment
sur Le Canal Parlementaire (LCP), un documentaire édifiant sur Pierre Ryckmans alias Simon Leys (1935-2014), pourfendeur héroïque du maoïsme.

L’itinéraire de cet universitaire d’origine belge aurait de quoi faire réfléchir beaucoup de beaux esprits auto-proclamés progressistes, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, sont enclins à l’utopie plutôt qu’à la réalité et sont toujours prompts à donner des leçons même après qu'ils se soient lourdement trompés.

Très tôt, Leys s’intéresse à la Chine. En 1955, âgé de vingt ans à peine, il y fait un premier séjour très encadré, en tant qu’étudiant, au cours duquel il prend part à un entretien avec Zhou Enlai, le numéro 2 du Parti.
Quelques années plus tard, mobilisé comme objecteur de conscience, il séjourne en 1963 à Singapour, mais soupçonné d’être pro-communiste, il doit se réfugier à Hong-Kong où il choisit de s’établir quelque temps.
Dans des conditions précaires, et vivant d’expédients, il se lance alors dans une quête éperdue de la culture chinoise, dont il parvient à maîtriser le Mandarin et l'art de la calligraphie. Parallèlement, il épouse la journaliste Han-fang Chang, rencontrée à Taiwan, qui lui donnera 4 enfants et à laquelle il restera indéfectiblement lié.

C'est dans ce contexte et parce qu'il faut bien un peu d'argent pour vivre, qu'il décroche auprès d'une revue belge, une chronique destinée à faire découvrir à ses lecteurs la vie quotidienne en Chine. Ce dont il est témoin lui fait prendre peu à peu conscience de l'horreur d'un régime pourtant idéalisé en Occident et pour lequel lui-même avait un a priori favorable.
Son enquête va lui fournir la matière du livre qui le fera connaître en 1971: Les habits neufs du Président Mao. Lors de sa sortie, cet ouvrage fait l'effet d'une bombe, révélant notamment la félonie de Mao et son ascendant diabolique qui lui permit d'acquérir un pouvoir extravagant et de toujours se remettre en selle lorsqu'il fut mis en difficulté. Il en fut ainsi lors de la campagne des 100 fleurs au cours de laquelle il fit mine de libérer la parole des opposants pour les inciter à se découvrir et pouvoir ensuite les éliminer sans état d’âme.
Leys révèle également la réalité horrible du fameux Grand Bond en Avant qui se traduit par une catastrophe économique absolue, la mort d'au moins 40 millions de personnes et une misère noire conduisant les plus malheureux à recourir au cannibalisme. Il décrit notamment la politique désastreuse des micro fonderies destinée à doper l'industrie sidérurgique mais dont le résultat se traduit par la production d'un acier de piètre qualité, inutilisable. Il révèle le programme ubuesque d'extermination des moineaux décrété par Mao, aboutissant à la prolifération de nuisibles décimant les récoltes.

En France, l'accueil fait à ce témoignage est glacial. On ignore son auteur ou on le discrédite. Des gens qui n'ont jamais mis les pieds en Chine osent prétendre “qu'il n’a pas l’expérience de ce dont il parle” (Le Monde). On l'accuse de charlatanisme, de trahison, voire d'être un agent de la CIA, et il se heurte au refus répété d’enseigner en France.
Il faut dire qu'à l'époque, on est enthousiaste dans le quartier latin où pérorent les auto-prétendus intellectuels de gauche.
Parmi les plus zélés laudateurs du Grand Timonier figurent Jean-Paul Sartre, Serge July, André Glucksmann, Philippe Sollers. On s'extasie devant la force poétique du Petit Livre Rouge, somme indépassable de lieux communs, de contre-vérités et de niaiseries infantiles. On cite Mao avec une admiration béate et on excuse les dérives supposées du régime, car “la révolution n’est pas un dîner de gala”.
Roland Barthes et Philippe Sollers, en 1974, au retour d’un voyage en Chine, organisé, planifié, balisé, qui s'apparente à une visite Potemkine, affirment qu’ils ont vu '’un pays paisible et des gens très agréables'’.

Le monde culturel et artistique est conquis. La veste à col Mao fait fureur, Godard tourne La Chinoise et Andy Warhol magnifie l'idole dont il propose une série de clichés barbouillés de couleurs clinquantes à dominance rouge.
Confronté à ce ce délire collectif, Leys fait figure de dangereux déviant qu'on cherche à faire taire. Seules quelques rares personnalités osent le soutenir : Jean-François Revel, Etiemble, Claude Roy.
Pendant des années qui paraissent des siècles le lanceur d'alerte restera méprisé et son message purement et simplement nié.
Les politiques se rangent du côté des intellectuels. Leur aveuglement est proprement ahurissant.
En 1961, Mitterrand est invité par Mao. Il tombe immédiatement sous son charme et ne voit ni le dictateur, ni la famine provoquée par le Grand Bond en Avant. Il fait l'éloge d'un "humaniste" qui mène une révolution conquérante depuis plus de trente ans. Un humaniste doublé d’un militant discipliné qui représente même pour la Chine un nouveau type d’homme chez qui « la sagesse et la culture n’ont de sens qu’identifiées à l’action » !
En 1968, alors que la Révolution Culturelle fait rage et massacre des millions de personnes, André Malraux, ministre de la Culture qualifie Mao de “plus grand personnage historique de notre époque”.
En 1973, Alain Peyrefitte, dans son ouvrage Quand la Chine s'éveillera, ne trouve pas grand chose à redire aux horreurs commises par Mao car selon lui, c'est une évidence, le peuple chinois n'est pas fait pour la démocratie !
En 1976 enfin, lorsque meurt le tyran, le Président Giscard d'Estaing n'hésite pas dans son vibrant hommage à faire de lui un phare de la pensée mondiale !

Il faut attendre 1983 pour qu'enfin les yeux se dessillent un peu. Invité de l'émission Apostrophes, Simon Leys vide son sac et se déleste d'une charge bien sentie face à la sinologue italienne Maria-Antonietta Macciocchi, ardente maoïste adulée par l'intelligentsia : “Je pense que les idiots disent des idioties, comme les pommiers produisent des pommes. C’est dans la nature, c’est normal. Le problème, c’est qu’il y a des lecteurs pour les prendre au sérieux. […] Prenons le cas de Mme Macciocchi […] De son ouvrage De la Chine, ce qu’on peut dire de plus charitable, c’est que c’est d’une stupidité totale ; parce que si on ne l’accusait pas d’être stupide, je dirais que c’est une escroquerie”
En définitive, beaucoup d’anciens maoïstes seront contraints de revoir leur position, sans toujours faire de mea culpa. Tous continueront de produire des analyses savantes et la plupart resteront ancrés à gauche. Ils changeront simplement de sujet, faisant dire à Leys que '’la Chine n'était qu’une mode. On en change comme de manteau…'’
Il finira sa vie en Australie où un poste de professeur à l’université de Canberra lui avait été offert. Son dernier ouvrage sera consacré à la tragédie des naufragés du Batavia survenue au XVIIème siècle, durant laquelle on vit une communauté de rescapés décimée sous l'influence d'un des leurs, pris d’une folie dominatrice mortifère. Une fois encore, Simon Leys martèle son message :Pour aboutir à ce genre de totalitarisme destructeur, il suffit d’un pervers, de quelques malfrats et d’une majorité de gens qui ne font rien…


20 août 2024

Un solitaire éblouissant

Une étoile s’éteint et le monde retient son souffle un court instant, avant que la pluie d’hommages ne déverse sur le disparu son ondée bienveillante, mais tardive et versatile.
Il ne faut sans doute pas aller jusqu’à affirmer qu’Alain Delon (1935-2024) fut mal aimé mais il y a un peu de cela.
Ses avis bien tranchés, souvent à contre courant du conformisme contemporain, sa mine parfois renfrognée et un tantinet hautaine ont quelque peu nui à son image.
Mais personne n’a pu prétendre qu’il n’avait pas de personnalité, personne n’a pu sérieusement lui dénier le talent, et personne ne fut insensible à son magnétisme fascinant et naturellement à sa beauté radiante.
Il était et restera un artiste à part, une vraie légende. On ne sait à vrai dire s’il fut un très grand acteur, ni même citer un film plutôt qu’un autre tant sa seule présence s'impose dans chacun d’eux, bons ou mauvais…
A son sujet, me viennent les vers de Gérard de Nerval qu’on dirait, me semble-t-il écrits pour lui :

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

14 août 2024

Paris 2024 sous cloche

Le cap est passé. Ouf !
Dieu sait qu’on fut bassiné à propos de ces jeux olympiques de Paris 2024 depuis des mois ! Les paris, si l’on peut dire, étaient ouverts quant à leur issue. Les mauvaises langues prophétisaient une apocalypse sinistre. Les plus optimistes y voyaient une sorte d’apothéose républicaine, magnifiant la diversité.
Rien de tout cela ne s’est produit en définitive. Ce furent des olympiades somme toute assez classiques, célébrant selon l’usage, l’esprit de compétition porté à un point toujours plus extrême. On a beau dire que “l’essentiel est de participer”, on est bien heureux de la jolie moisson de médailles obtenues par nos athlètes, dont Léon Marchand restera le héros incontesté. Un quart des médailles d’or de la France à lui tout seul. C’est historique comme disent les journalistes…

Le fait est que Paris n’avait pas brillé aussi magnifiquement depuis longtemps. Le temps fut comme suspendu. Tout était propre et ordonné, calme et joyeux. Les illuminations de la Capitale en fête n’avaient jamais été aussi belles. Ni mendiant, ni migrant, ni pickpocket, ni manifestant, ni black bloc pour troubler les réjouissances. Les transports en commun fonctionnèrent sans accroc, sans cohue, avec ponctualité, comme dans un rêve. En un mot comme en cent, tout baignait dans l’huile. Tout était sous cloche.
Il faut dire qu’on avait mis le paquet pour que tout se déroule dans les meilleures conditions. La facture devrait atteindre voire dépasser les 10 milliards d’euros. Certes on promet de belles retombées aux commerces qui ont souffert d’avoir été quasi confinés, mais elles sont encore à venir, un jour, peut-être.
Pour assurer la sécurité, pas moins de 50.000 agents avaient été mobilisés (35000 policiers et 15000 militaires). Paris fut quadrillé, balisé, nettoyé à tout point de vue et 45000 volontaires ont assuré la logistique. Qui ne souhaiterait qu’il en soit toujours ainsi ?

On comprend la satisfaction du gouvernement, notamment de M. Darmanin, ministre de l’Intérieur, et surtout de M. Macron, Président de la République. Pour celui-ci, c’était peut-être l’ultime occasion de briller et de valoriser son action...
L’auto-congratulation fut toutefois quelque peu surjouée. On distribua des satisfecit et des médailles en chocolat en veux-tu en voilà et le Chef de l'Etat n’hésita pas à prendre une fois encore ses désirs pour la réalité en s’exclamant à propos de ces quinze jours magiques, “C’est ça la vraie vie” !
Depuis sa réélection, M. Macron va d’échecs en échecs électoraux. Il a perdu les Législatives en 2022, les Européennes en 2024 et à nouveau les Législatives en 2024 plaçant le pays dans un imbroglio politique inextricable.
Aussi son message avait l’accent d’une cruelle autocritique, lorsqu’il affirma notamment qu’à l’issue des Jeux Olympiques, “il n’y a qu’un perdant, c’est l’esprit de défaite…”

Illustration : à voir sur le site Globes du Monde

05 août 2024

Le Voyant d'Etampes

Abel Quentin, jeune écrivain, décrocha pour son deuxième roman, le Prix de Flore 2021 avec un récit résolument à contre courant du prêt à penser actuel. Rien que pour cela il mérite d'être lu.
C'est l'histoire d'un professeur d'université fraichement retraité qui se met en tête de publier un essai en forme d'enquête sur un poète méconnu, américain, noir, communiste, exilé en France par le maccarthysme sévissant outre atlantique, dans les années soixante.

Il s'agit de donner à titre posthume la notoriété qu'il mérite à un paria emblématique, resté dans l'ombre, de son vivant.

Derrière cette fiction faisant d'un certain Robert Willow, un écrivain et poète qu’on pourrait situer quelque part entre Richard Wright et Albert Camus, se profile en réalité le vrai sujet, à savoir, l'éternel combat idéologique des anciens contre les modernes, le tout se déroulant au sein du peuple bien pensant, dit "de gauche". Auteur de l'essai dans le roman, Jean Roscoff, l'universitaire en question incarne l'arrière-garde du socialisme des années Mitterrand. Son principal titre de gloire, dont il aime se targuer, est d'avoir pris part au mouvement et au combat de SOS racisme !

Les modernes, ce sont les nouveaux gauchistes à dominante woke, racialistes, écologistes, féministes et autres istes, tous plus haineux et sectaires les uns que les autres, qui après avoir épuisé le filon marxiste, cherchent par tous les moyens à recycler le mythe de la lutte des classes.


Le nœud du problème réside dans le fait que, pour son malheur, le biographe, occupé avant tout à déchiffrer l'itinéraire poétique de son sujet, négligea quelque peu la négritude de Willow et surtout ne jugea pas nécessaire d'en faire la victime de sa condition. Hélas, trois fois hélas !

L'ouvrage, a priori destiné à un public averti, est remarqué dès sa publication, par un enragé de la cancel-gauche, à l'affût de tout ce qui peut déclencher une polémique. 

C'est alors une redoutable mécanique inquisitoriale qui se met en marche, qui n'a de cesse de poursuivre, de harceler et d'accuser le malheureux Roscoff, lequel ne comprend rien à ce qui lui arrive et à l'injustice qui le frappe. A l’instar du pilori, une célébrité aussi soudaine et imprévue que destructrice, lui échoit, dont il se serait bien passé.


Portrait au vitriol d'une époque dont les excès idéologiques sont devenus quotidiens, ce roman est un vrai pavé dans la mare. Il est pour tout dire, d'une actualité brûlante. 

Mais son style est également celui du temps présent. L'écriture est plate et sale, à la manière de Houellebecq. Les personnages ont peu de densité et l'analyse psychologique reste au ras du sol. L’essentiel est dans la guerre intellectuelle et dans la mise en scène de ses douteux et fallacieux combats. 

Il y a beaucoup de vrai dans ce tableau de l'époque contemporaine. C'est audacieux, louable et même édifiant, mais le récit, qui devrait faire du bien à l'esprit, laisse une sensation de malaise, voire de désespérance. On ne sait plus trop à la fin s'il s'agit de la critique d'une illusion perdue ou bien celle d'une intolérance en marche. On ne sait plus s’il reste encore quelque espoir de revenir à la raison. Peut-être en somme, parce que la réalité se confond avec la fiction...