22 mars 2025

L'Esprit des Lumières

Ce petit ouvrage, particulièrement opportun en ces temps de pénombre intellectuelle, a le mérite de mettre à l'honneur les grands esprits qu’on appelle communément Lumières, nommés ainsi pour avoir illuminé l’horizon philosophique et scientifique du XVIIIe siècle.

A tout seigneur tout honneur, sans surprise, Rousseau, VoltaireDiderot, Montesquieu, Condorcet y occupent une place de choix. Mais d’autres sont également évoqués au fil des sujets et des citations : Locke, Hume, Newton, Lavoisier, Kant, Beccaria...

Tzvetan Todorov décline son propos sous plusieurs têtes de chapitres jugées par lui cardinales : autonomie, laïcité, vérité, humanité, universalité.
Il apparaît rapidement que ces thématiques sont en réalité étroitement liées et on suit volontiers l’auteur lorsqu’il part de la première qui consiste à se libérer des dogmes et des croyances. C’est l’essence même du mouvement, et il n’est pas le premier à comparer ce bouleversement à la révolution copernicienne.
La Terre a perdu sa position centrale, intangible, dans la nouvelle cosmogonie. Dieu perd la sienne dans la nouvelle perspective philosophique. C’est l’Homme qui devient l’objet focal vers lequel tout converge. Il ne peut ni ne doit rien attendre de qui que ce soit, hormis de lui-même. C’est un changement fondamental.
L’Homme étant par nature libre, rien ni personne n’a la légitimité de l’asservir et plus aucun dogme n’a d’autorité, plus aucune institution n’est sacrée. Les gouvernements et les lois sont nécessaires mais n’ont plus de caractère divin. A noter qu'il n’est toutefois pas nécessaire de récuser les religions, simplement d’adopter une attitude de tolérance et de liberté de conscience

Comme l’être humain est fait pour vivre en société, il est impératif de conserver des règles de vie communes, pour éviter le chaos et l’anarchie. La notion de contrat social devient rapidement incontournable, développée par John Locke puis par Rousseau. Le corpus réglementaire qu’il suppose repose sur le respect de la liberté individuelle, notamment, celle d’expression et de publication. Et le progrès vers lequel tend naturellement la société se fonde sur la connaissance et la recherche de vérité.

Parvenu à ce stade, le lecteur a passé en revue les thématiques servant de canevas à l’ouvrage et s’il était ignorant du contexte historique et de l’esprit des Lumières, le voilà bien éclairé sur quelques notions essentielles.
Il peut rester sur sa faim car la réflexion se fait parfois un peu courte notamment lorsqu'il s'agit d'analyser l'évolution et les applications pratiques de ce courant de pensée.
Les rejets et les détournements font l’objet d’un chapitre, mais ils se bornent à des réflexions générales, parfois sujettes à controverse.
A juste titre, Todorov souligne la dérive colonialiste dont Condorcet se fit l’apôtre dans le dessein “d’apporter la lumière à tous”. Mais il peine à imputer aux Lumières les désastres révolutionnaires qui ont été commis au nom des grands principes, de la terreur de 1793 aux totalitarismes du XXème siècle. Pire, il semble confondre parfois le bon grain et l’ivraie, renvoyant par exemple dos à dos le marxisme-léninisme et le libéralisme.
A cette fin, il interprète de manière hasardeuse la pensée du pape Jean-Paul II, évoquant notamment un écrit dans lequel ce dernier affirme que “le drame des Lumières” est qu’elles ont rejeté le Christ, et que “par là s’est ouverte la voie vers les expériences dévastatrices du mal qui devait venir plus tard”.
Todorov se croit autorisé à en déduire que selon l’opinion papale, "le marxisme totalitaire et le libéralisme occidental sont des variantes à peine distinctes de la même idéologie". Cela semble très éloigné de la conception de Jean-Paul Il qui mit toute son énergie à lutter contre le fléau du communisme mais ne manifesta jamais un tel acharnement à propos du libéralisme, même s'il s'est élevé contre certains excès permis par la liberté, notamment le matérialisme, l'égoïsme et la cupidité. Il faudrait en la circonstance évoquer plutôt son successeur François, qui flétrit régulièrement le libéralisme avec plus qu'un brin de mauvaise foi si l'on peut dire…

Lorsque l’on poursuit le parcours intellectuel des Lumières jusqu’à notre monde contemporain, on se trouve tôt ou tard à la croisée des chemins entre le socialisme et le libéralisme qu’on peut considérer comme deux évolutions divergentes des mêmes idéaux. Même s’il faut éviter d’être trop manichéen, il faut bien choisir. Le flou idéologique duquel Todorov se montre incapable de s'extraire est la vraie faiblesse de l'ouvrage.
Rousseau, qu’il qualifie abusivement de “plus profond penseur français au temps des lumières”, peut être jugé proche des principes menant au marxisme, même si rien ne prouve qu'il les eut approuvés. En tout état de cause, ses frères de pensée ont bien plus de parenté avec les Pères Fondateurs de la Démocratie Américaine, laquelle représente l'application la plus aboutie de l'idéal de société porté par les Lumières.

L’Amérique n’est pas la seule à avoir cherché à mettre en œuvre les préconisations des Lumières, mais elle représente, qu’on le veuille ou non, le modèle le plus équilibré et durable de démocratie éclairée, et elle est celle qui a poussé le plus loin la logique de liberté individuelle. Au surplus, c’est elle qui a appliqué avec le plus de pragmatisme celle d’égalité.
Ces deux notions auraient gagné à faire l’objet de développements plus approfondis par Todorov.

Le libéralisme n’entend pas séparer la liberté en plusieurs composantes comme le fait le socialisme, qui en rejette certaines, notamment celle relevant du domaine économique. Dans ses pires acceptions, le socialisme, par essence collectiviste, va même jusqu'à piétiner les libertés individuelles au nom du Bien Commun. C’est un non sens, en contradiction flagrante avec la philosophie des Lumières.
A l'inverse, le socialisme fait un tout de l’égalité :égalité des chances, égalité des droits, égalité des conditions. C’est encore une aberration étrangère au libéralisme qui privilégie les deux premières au détriment de la troisième jugée néfaste à tout progrès et initiative. C’est beaucoup plus conforme à l’esprit des Lumières, tel qu’il apparaît chez David Hume. Dans son enquête sur les principes de la morale parue en 1751, le philosophe écossais mit solennellement en garde contre l’égalitarisme prôné à l’époque par les Levellers, ancêtres des Socialistes. Il les accusa même, de se comporter comme « une sorte de fanatiques politiques, dérivée de l’espèce religieuse »

On pourrait faire d’autres reproches à Todorov.
Celui d'avoir occulté l'importance de l'esprit critique, indispensable à toute démarche scientifique, et d'être passé trop rapidement sur les aspects moraux de la philosophie des Lumières si magnifiquement développés par Immanuel Kant. Ou bien de n’avoir pas évoqué le fédéralisme, qu’on peut considérer comme un principe cardinal, car il fut préconisé par le même Kant, comme moyen de tendre vers la paix perpétuelle et le progrès. Encore une fois, les États-Unis cochent la case…
En revanche, son argumentation faisant de l’abolition de la peine de mort un prérequis des Lumières, est des plus discutables, relevant quasi du hors sujet. Selon lui, “si l’assassinat privé est un crime, comment l’assassinat public ne le serait-il pas ?” On pourrait lui répondre par une autre interrogation : comment mettre sur un pied d'égalité un délit criminel et une décision de justice ? Le faire conduit à nier la légitimité de cette dernière, ce qui revient à contrevenir à un des principes fondamentaux des Lumières. Qu'on soit pour ou contre la peine de mort, cela relève du débat d'opinions et non d'un quelconque postulat philosophique.

Au total, ce texte est salutaire, mais hélas trop fragmentaire et inabouti pour servir à l’édification des foules et à la glorification de la belle aventure des Lumières !

18 mars 2025

Pas son genre


in memoriam Emilie Dequenne (1981-2025)


Elle avait vraiment tout pour plaire
Dans le ciel bleu gris de ses yeux
Quelque chose de malicieux
Et un grand sourire d’eau claire

A vrai dire on aurait beau faire
A voir son charme lumineux
Et son air mutin et joyeux
Il n’y avait rien à parfaire

Telle elle fut ici ou là
Telle elle reste et restera
Jeune et vive au sein des mémoires

Ainsi va la vie, chacun part
Et chacun sa petite part
Pour faire un Tout de tant d’histoires…

09 mars 2025

The Clash (2) : la panique

Les réactions outrées de nombre de commentateurs, suite au clash '’historique'’ opposant Donald Trump à Volodymyr Zelensky le 28 février dernier, posent véritablement question. Dans toute l’Europe, les belles âmes semblent prises de panique. Elles se mettent à courir en tous sens, se répandent en lamentations, jérémiades et glapissements, pour finir en dérisoires imprécations.
De (presque) partout, les voix s’élèvent pour condamner une Amérique qui nous délaisse et nous méprise”. Si l’on écoute la voix de fausset du président déchu Hollande, Trump "n’est pas l’allié de la France", et il faut tout mettre en œuvre pour "lui faire très mal". Le pauvre bougre ne souvient manifestement plus du dédain avec lequel Barack Obama répondit à ses sollicitations obséquieuses, et ses courbettes serviles.
Comme trop souvent, notamment quand un président républicain est au pouvoir, le vieux fond anti-américain revient de plus belle.
En matière d’interprétation de la politique US, on voit et on entend tout et son contraire mais c’est toujours dans l’optique du conflit. Passons sur les imbéciles chroniques qui en sont toujours à réduire Trump à Hitler ou à Don Corleone. On peut lire ici ou là que l’administration Trump s’est rendue coupable de trahison, qu’elle mène une offensive contre l'Europe, et même qu’elle lui déclare la guerre commerciale. Pour ces gens qui voient le bout du doigt plutôt que l’astre qu'il désigne, c’est clair, désormais la force l’emporte sur le droit (comme s’il en fut un jour autrement), et une foule de questions angoissantes se font jour : Donald Trump veut-il vassaliser l’Europe ? Comment le faire plier ? Comment casser l’axe Trump-Poutine ?

Le cénacle des dirigeants est en émoi. Les sommets exceptionnels et les réunions de crise s'enchaînent à un rythme effréné. Passons rapidement sur la légitimité précaire ou discutable de bon nombre de participants, et sur leur unité plutôt décousue. Notre président, qui cherche à prendre le leadership de la coalition européenne, est l’objet d’échecs électoraux à répétition. Olaf Scholz récemment battu est en partance, Ursula von der Leyen ne dispose d’aucun mandat électif, Justin Trudeau, très impopulaire, est démissionnaire…
Le pire pour cette équipe évoquant les branquignols est qu’elle agit à contretemps (si tant est qu’elle agisse). Elle veut continuer de soutenir envers et contre tout l’effort de guerre d'une Ukraine épuisée et se veut plus agressive que jamais face à la Russie au moment où la paix se profile peut-être enfin. Macron qui n’est plus à un dérapage incontrôlé près, traite Poutine “d'impérialiste révisionniste”. Face à “la menace existentielle” qu'il ferait peser sur l'Europe, il en appelle à “la force d'âme des Français”.
Le quoi qu'il en coûte ressort pour financer “une économie de guerre” bien chimérique. Ursula van der Leyen annonce le déblocage de 800 milliards d’euros sans préciser d’où ils pourraient venir et à quoi ils serviraient ? Après avoir endetté jusqu’au cou son pays, Macron est prêt à faire une nouvelle fois les poches de ses concitoyens mais il n’y trouvera plus grand chose. Il y a puisé les dernières ressources qu’il a dépensées en pure perte pour financer d’extravagantes chimères écologiques et tenter  de maintenir à flot un modèle social en plein naufrage.

Il serait pourtant temps pour l’Europe de prendre son destin en main. Mais encore faudrait-il du courage, une vraie volonté politique et un projet concret. Qui peut croire qu’une défense commune européenne soit encore possible aujourd’hui ? Elle aurait dû s’imposer depuis des décennies, mais elle est restée au stade des vœux pieux, à l’abri confortable du parapluie américain. S’il venait à se refermer, qui prendrait la relève ?
Soyons un peu lucides. On adresse beaucoup de critiques, souvent féroces, à l’ami américain, et on n’hésite pas à faire défection à l’alliance sacrée quand cela nous défrise, mais on a toujours compté sans vergogne sur la protection de l’oncle Sam. On fait beaucoup de procès d’intention à Donald Trump, et on l’insulte à longueur de journée, mais on ne voudrait surtout pas qu’il quitte l’OTAN et on est effrayé à l’idée qu’il abandonne l’Europe. Il n’a heureusement jamais dit qu’il le ferait. Il souhaite simplement des alliés unis, loyaux et fiables, et une contribution de chacun qui soit équitable, ce qui objectivement est loin d'être le cas à l'instant présent. En vérité, confronté au morcellement européen, il pourrait poser la même question que celle lancée en 1970 par Henry Kissinger ”L'Europe, quel est le numéro de téléphone ?
Pour l’heure, notre président se comporte en histrion. Il se répand en palabres et en belles promesses, et voudrait dresser une ligne Maginot contre l’ours russe mais il est incapable d’endiguer le chaos migratoire, l’islamisme radical, le narcotrafic et les violences urbaines qui rongent la cohésion de notre société. Comment ne pas être consterné de voir une France qui veut tenir la dragée haute à Poutine mais s’aplatit comme une limande devant le petit tyranneau Tebboune ?

On peut approuver sans réserve le titre du récent éditorial de Franz-Olivier Giesbert qui rend grâce à Trump d’avoir provoqué enfin une réaction européenne, une prise de conscience. Le fond de l’article est moins convaincant hélas, notamment lorsqu’il affirme qu’il n’y a plus rien à attendre de l’Amérique. En réalité, c'est l’hostilité et l’inconstance de beaucoup de pays européens qui déclenche l’ire du président américain. Il n’a pas totalement tort lorsqu'il s’exclame que l’Europe a été créée pour emmerder les USA.
Ce conglomérat bancal qui n’a jamais “fait nation”, pour parler le sabir contemporain, a trop souvent manifesté un anti-américanisme méprisant, et un protectionnisme dédaigneux face au modèle culturel, économique et social régnant outre-atlantique. En d’autres termes, l’alliance est bonne quand elle garantit la sécurité. On se serre frileusement sous le parapluie, tout en crachant sur la main qui le tient.
Comme s’il s’agissait d’illustrer ce comportement bas et lâche, on voit ressurgir la bonne vieille rengaine du boycott visant les produits américains.
Cette quarantaine revancharde est non seulement vile et inopérante mais elle est néfaste à nos propres intérêts. Elle ne fait en tout cas pas honneur à l’intelligence de ses promoteurs car elle conduit à échauffer les esprits, risquant d’ouvrir la voie à des actes de vandalisme. Adieu vieille Europe, que le diable t’emporte…

07 mars 2025

The Clash (1) : la stupeur

Le violent clash opposant au sein du bureau ovale de la Maison Blanche Donald Trump, JD Vance et Volodymyr Zelensky fera date dans l’histoire des relations internationales.
Rarement langage fut plus cru dans un cadre diplomatique réunissant deux chefs d'État. Rarement on vit un tel entretien diffusé publiquement dans son intégralité. Sans doute y a-t-il parfois des désaccords et des éclats de voix mais ils se produisent habituellement hors du champ des caméras.
Cette liberté d’expression et de ton est-elle choquante ?
Oui, bien sûr si l’on est anti-trumpiste primaire et si l’on est obtus à son mode de pensée, ce qui est très répandu en Europe.
Non, si l’on est exaspéré par la langue de bois et par les circonlocutions coutumières à ce genre d’évènements et au discours politique en général.

L’opinion publique est tellement anesthésiée par des décennies de correction politique qu’elle se choque facilement du franc parler. Dans le même temps, elle éprouve comme une sorte de plaisir malsain à ces joutes verbales qui donnent lieu à des polémiques croustillantes, dont on adore faire tout un plat mais qui s’avèrent le plus souvent très vaines.
Bien que l’épisode dura près d’une heure, les médias ressassèrent en boucle les quelque quatre minutes les plus spectaculaires, qui ne constituaient pourtant qu’une réponse du berger à la bergère si l’on peut dire.

Venu pour évoquer l’appui américain à une perspective de cessez-le-feu entre son pays et la Russie, menant à une possible paix et au développement de nouveaux échanges commerciaux, le président ukrainien s’est montré plus belliciste que jamais.
Il exigea notamment, avant d’arrêter les combats, des garanties de sécurité assurées par des troupes en armes sur le sol ukrainien et déclara ne pas vouloir de compromis avec Vladimir Poutine qu'il qualifia de "tueur".

Cette arrogance conduisit Donald Trump à mettre les points sur les i sans s’embarrasser de politesses ni modération. Mais qu’a-t-il dit en substance ? Que les Etats-Unis ont abondamment aidé l’Ukraine sans beaucoup de résultats positifs hélas et que, sauf à prendre le risque d’un conflit majeur, et de jouer avec le feu nucléaire, il est temps de stopper ce qui s’apparente de plus en plus à un inutile jeu de massacre.
Il insista sur la position très fragile du dirigeant ukrainien. En dépit d’un sondage paraît-il flatteur, on peut en effet avoir de sérieux doutes sur sa popularité réelle et sa légitimité s’essouffle faute d’élections. Après 3 années de guerre, son pays est dévasté, en situation d’échec militaire, en dépit d’un coût humain exorbitant.
A Washington, le couperet est donc tombé de manière brutale mais somme toute, logique : “Si vous voulez continuer à vous battre, vous devrez le faire sans nous” a martelé Donald Trump, ajoutant toutefois “avec nous vous avez des cartes en main, sans nous, vous n’en avez pas”. On ne saurait être plus clair mais on ne saurait prétendre que le président américain ait abandonné l’Ukraine pour autant.

(à suivre)

26 février 2025

Le drapeau noir flotte sur la marmite

Notre pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Marasme à tous les étages : politique, décisionnel, juridictionnel, idéologique. En lieu et place du fameux bouillon de culture qui infusait autrefois (il y a bien longtemps...), il ne reste qu’une infâme marmite, dans laquelle il n’y a plus ni jus ni effervescence. Juste la pression croissante de gaz nauséabonds à l’effet asphyxiant.

On sait depuis belle lurette qu’en France la liberté d’entreprendre est très contrainte par une bureaucratie prolifique et une fiscalité décourageante. Le droit de s'exprimer est quant à lui sévèrement réglementé par des lois iniques interdisant tout propos supposé heurter la doxa régnante. Des commissaires tatillons peuplent une myriade de petits soviets à la solde du gouvernement. Ils calculent à la seconde près le temps de parole de chacun, évaluant leur teneur politique à l'aune du credo bien pensant officiel, et infligent des amendes exorbitantes aux contrevenants.
Aujourd’hui, on a franchi un nouveau cap.
Désormais, la chape s'abat sur les médias libres.

Cette semaine sera marquée par la fermeture arbitraire de deux chaînes de télévision privées, C8 et NRJ12. Les deux étaient florissantes en matière de popularité. Elles offraient à ceux qui le souhaitaient des émissions variées, mêlant divertissement, réflexion, culture, documentation, vie animale… C8 était même parmi les chaînes de la TNT, celle qui avait le plus d’audience, ne coûtant rien au contribuable.
Dans quel régime sommes-nous donc pour en arriver à de telles extrémités ?

La décision est inepte, injuste, abracadabrante, mais le pire est qu’elle passe sans rébellion ou quasi.
Le Conseil d’Etat a validé l'oukase émis par l’ARCOM. Le Chef de l’Etat n’a pas bougé un sourcil, plaidant de manière hypocrite l'indépendance de l’ARCOM, mise en place par ses soins. Alors que la menace d’une démission aurait dû s'imposer pour éviter une telle crapulerie partisane, aucun des ministres n’a bronché, pas même celle de la culture. Ils se sont bornés, comme Tartuffe, à déplorer avec des larmes de crocodile le fait accompli. Hormis quelques exceptions notables, on n'entend rien du côté des journalistes prétendument attachés à la liberté et à l’indépendance des médias, et pas davantage venant des associations clamant la défense des droits de l’homme et la liberté d’opinion.

Le 1er Mars 2025, lorsque apparaîtront les deux trous noirs au sein du paysage audio-visuel français, ce sera un jour de honte pour le pays, et d’indignité pour tous ceux qui se seront tus devant l’infâmie. Honneur au vice-président américain Vance, qui alerta notre vieux continent sur la faillite en cours de la liberté d’information et d’expression sur notre vieux continent.
Mais est-il déjà trop tard pour s’opposer au règne débilitant de la censure ?

23 février 2025

Donald Trump est-il illuminé ?

Pas un jour sans qu’on parle de lui. Le Monde semble graviter autour de son imposante silhouette de commandeur et chacune de ses paroles devient sujet d’actualité. Dire qu’il fait la pluie et le beau temps serait excessif, mais il est évident que la Maison Blanche est devenue the place to be.
Le parler rude et provocateur de Donald Trump hérisse beaucoup d’âmes sensibles. Ce n’est pourtant ni nouveau ni surprenant et cela ne semble guère le perturber. Depuis longtemps, il a pris l’habitude d’être “l’homme que les médias adorent détester”. Il ne s’en émeut pas et se fait un devoir de prendre le contre-pied des a priori haineux qui se déversent sur lui. On se souvient notamment des révélations qu’il fit dans un ouvrage publié avant 2016 :“Je n’hésite jamais à faire parler de moi en étant polémique ou en contre attaquant.../… Il m’arrive de faire des commentaires choquants, leur donnant ainsi ce qu’ils attendent…./…. Ils savent ce que j’ai dit, ils savent ce que j’ai voulu dire, mais ils en font des citations tronquées ou bien les interprètent de manière à en donner un sens différent.../… J’ai toujours attiré une foule de journalistes qui attendaient comme des requins que je fasse couler le sang… J’essaie d’honorer cette attente !”

Après un instant de calme relatif dû au choc de sa réélection magistrale, voilà les anti-Trump primaires qui reviennent à la charge.
Pour beaucoup de ces gens, le nouveau président américain serait un fou dangereux.
Les plateaux télévisés sont remplis d’experts qui se targuent de décrypter sa pensée, sa politique et ses objectifs en soulignant systématiquement leur caractère néfaste si ce n’est délirant. Cela ne les empêche nullement d’affirmer dans le même temps qu’il est imprévisible. On n’est plus à un paradoxe près !

A y regarder de plus près et à considérer ce que Trump fait plutôt que prendre au pied de la lettre tout ce qu’il dit, on n’est pas si loin des fameuses Lumières d’autrefois, qu’il est convenu de vénérer sans toujours bien comprendre leur enseignement. On pourrait en somme dire qu’il est illuminé au bon sens du terme.
Deux exemples pour s’en convaincre :
Son fameux Art dof the Deal, ne s’inscrit-il pas dans l’esprit du doux commerce vanté par Montesquieu ?
Ce dernier posait dans l’Esprit des Lois, que «L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une à intérêt à acheter, l'autre a intérêt à vendre, et toutes les unions sont fondées sur des besoins naturels...».
On accuse régulièrement le tycoon devenu homme d’État d’être resté avant tout un affairiste, âpre au profit. Si c’est vrai, n’est-il pas tout simplement dans la lignée de beaucoup de ses prédécesseurs ? On se souvient notamment du président Coolidge qui affirmait en 1925 que « L’affaire de l’Amérique c’est de faire des affaires ».
On lui reproche son slogan America First et plus récemment son fameux MAGA. On lui en veut d’être protectionniste. Il suffit pourtant de lire ses écrits pour savoir que s’il l’est, ce n’est que par pur pragmatisme et non par conviction idéologique. S’il brandit souvent la menace des droits de douane, il la met rarement à exécution, préférant de loin la négociation au conflit, tout en cherchant ce qui semble bien naturel, à préserver les intérêts de son pays. Les dirigeants français sont mal placés pour lui en faire reproche, eux qui après avoir tout fait pour plomber l'agriculture locale et pousser les entreprises à délocaliser, rivalisent de chauvinisme. Il se gargarisent bien vainement du made in France et cherchent par tous les moyens à bloquer le traité de libre échange du MERCOSUR avec l’Amérique du Sud. Mieux vaut en rire...

D’une manière générale, Trump répugne à la guerre. Sa stratégie, parfaitement résumée dans l’ouvrage cité plus haut consiste à “user de douceur et brandir un gros bâton…” “Nous avons besoin”, dit-il, “d’une armée si forte que nous n’aurions pas besoin de nous en servir”. Quoi de scandaleux ? Ce n’est jamais que le bon vieux principe romain si vis pacem, para bellum
On a fait des gorges chaudes de sa proposition d’associer le Canada aux États-Unis et de trouver un compromis associatif avec le Groenland. Pourtant, objectivement, ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle formulation du projet kantien de paix perpétuelle « Si par bonheur un peuple puissant et éclairé en vient à former une république (qui par nature doit tendre vers la paix perpétuelle), alors celle-ci constituera le centre d’une association fédérale pour d’autres états, les invitant à se rallier à lui afin d’assurer de la sorte l’état de liberté des Etats conforme à l’idée du droit des gens. »
On pourrait s’étonner que l’Europe, mère patrie de Kant et des Lumières, ne s’inscrive pas dans cette perspective excitante dans laquelle il y aurait beaucoup à gagner. Il suffit d’imaginer la puissance qu’aurait une alliance de fédérations de part et d’autre de l’Atlantique pour se désoler de voir toujours ramenées au niveau de l’antagonisme les relations entre le vieux continent et le nouveau.

En à peine plus d’un mois de gouvernement, l'application de ces principes assez simples a fait bouger les lignes. Naturellement, on ne saurait tirer de conclusions hâtives à propos de l'action du président fraîchement réélu. Mais le bilan de son premier mandat plaide en sa faveur et certaines avancées sont réelles.
Le Hamas se voit enfin contraint de libérer les otages israéliens et un projet ambitieux pour la région se dessine à l’horizon.
La fin du conflit entre la Russie et l’Ukraine apparaît comme possible, même s’il faut regretter la défaite de cette dernière, contrainte de céder du terrain. C'était hêlas prévisible dès le début du conflit, faute d’engagement direct des puissances occidentales et faute même d'avoir défini la moindre ligne rouge. Il faut en la circonstance déplorer l’impuissance chronique de l’Europe, généreuse en paroles mais incapable d’articuler la moindre stratégie concrète.
Certains semblent nourrir encore des pensées bellicistes. C’est pure vanité car à moins de provoquer une conflagration mondiale insensée, l’heure est venue de faire cesser ces vaines atrocités et de réamorcer des relations avec la Russie. C’est ce que veut faire Trump. Hélas, dans cette négociation, nous ne pouvons espérer qu’un petit strapontin, à la mesure du poids devenu dérisoire et de la faiblesse de l’Europe, plus incohérente et indéterminée que jamais.

Il faut souhaiter que le grand bouleversement qui s’annonce ne soit pas gâché par les a priori et les outrances qui fusent de toute part.
Dans ce contexte, il paraît dérisoire d’accuser Donald Trump d’être fautif d’un état de fait dû à l'incurie des gouvernants qui l’ont précédé.
Pour ces raisons, même si cela peut sembler choquant, il faut espérer que l’Administration Trump obtienne des résultats positifs durables et qu’elle ouvre la voie au retour du bon sens de la raison.

14 février 2025

L'IA entre pitrerie et pragmatisme

Le récent sommet parisien consacré à l’Intelligence Artificielle (IA) a permis à notre président, en mal d’occupations sérieuses, de s’amuser comme un petit fou.
L’entretien qu’il donna sous la houlette de l’ineffable Laurent Delahousse, face à une journaliste indienne médusée par son arrogance, restera sans doute dans les annales. En partie parce qu’aucun des deux interviewers ne put placer un traître mot ni la moindre question tant les envolées lyriques du maître de cérémonie furent aussi intarissables qu'imperturbables.
Sans doute aussi en raison du petit montage vidéo que le Chef de l’Etat crut bon de présenter au monde entier, le montrant travesti, par le biais d’un logiciel, en toutes sortes de créatures plus grotesques les unes que les autres. Le ridicule ne tuant pas, il afficha une satisfaction béate, pensant que son petit effet à deux balles, amuserait la galerie à défaut de renseigner sur le sujet du jour et surtout de grandir son image passablement détériorée. Il ne s’attendait pas à la réaction de la journaliste Palki Sharma Upadhyay qui parvint à décocher un passing shot, affirmant que la farce “n’était vraiment pas drôle”.
L’orateur arrêté net, fut quelque peu douché par cette remarque assassine mais très opportune, à laquelle il n’est à l’évidence pas habitué, venant de la presse complaisante qui l’interroge habituellement.
Cela ne l’empêcha pourtant pas de repartir à l’assaut, se livrant à un auto-dithyrambe aussi creux que flamboyant, vantant l’avance de l’Europe en matière de balisage légal. Dans l’élan, il fit miroiter les perspectives fabuleuses qui pourraient s’ouvrir grâce à son action personnelle, évoquant notamment les quelque 109 milliards d’euros d’investissement qui vont tomber du ciel un de ces jours, on ne sait trop pour quoi faire.

On ne retiendra probablement pas ces pitreries et ces tartarinades qui ne font pas honneur à notre pays et qui consacrent l’impuissance structurelle de notre machine étatique, forte en vœux pieux mais timorée en matière d’actions concrètes.
Que restera-t-il donc de cette réunion pompeuse, consacrée bien davantage aux notions nébuleuses d’éthique, d’inclusion, d'écologie et de régulation, qu’aux débouchés pratiques de ce qu’il est convenu de nommer intelligence artificielle ?

Sans doute avant tout, l'intervention de J.D. Vance, vice-président américain, beaucoup plus pragmatique et sans fioriture ni artifice, qui envoya au sein de ce festival de beaux projets théoriques quelques missiles parfaitement ciblés.
Il affirma que les États-Unis feront «tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance en matière d'IA», non sans avoir rappelé que son pays est "le leader" dans le domaine et qu’il entend le rester. Visant les réglementations européennes destinées à contrer l’influence américaine et celle de leurs géants technologiques, il se lança ensuite dans un réquisitoire au vitriol “contre tout ce qui pourrait restreindre la marge de manœuvre des entreprises”. Ce serait ajouta-t-il «une terrible erreur, non seulement pour les États-Unis mais aussi pour votre propre pays», a-t-il ajouté.
Il fustigea sans ménagement la bureaucratie procédurière régnant en Europe et dénonça une «régulation excessive» de l'intelligence artificielle qui «pourrait tuer une industrie en plein essor», soulignant la nécessité de mettre en place «des régimes réglementaires internationaux qui favorisent la création de technologies d'IA au lieu de l'étouffer».
Sur ce, il quitta discrètement le sommet, sans prendre le temps d’écouter les conclusions emphatiques d’un Emmanuel Macron, plus hors sol que jamais.
A bon entendeur, salut...

11 février 2025

Exhibitions barbares

L’accord de cessez-le-feu et d’échanges enfin obtenu entre Israël et le Hamas, donne lieu à un marchandage atroce, distillé au compte-gouttes. D’un côté des otages, civils, captifs innocents de monstres depuis 500 interminables journées, de l’autre des combattants et des terroristes, souvent responsables d’attentats et de meurtres. Avec une balance inégale : des dizaines de prisonniers contre un seul otage. Israël résigné, mais meurtri jusqu’au plus profond de sa société et de ses familles, n’a pas le choix. C’est ça ou rien.
Le chœur des droits-de-l’hommistes ne s’émeut guère de cet ignoble trafic d’êtres humains. Certains médias bien pensants n’ont même pas hésité, sans doute pour faire bonne mesure, à qualifier les prisonniers palestiniens “d’otages”.
L’horreur est portée à son comble, lorsqu’on voit à chaque transfert sordide, les victimes juives décharnées, portant dans leur chair l’évidence de sévices, de violences et de privations, exhibées et humiliées sur des estrades de foire par des brutes armées et encagoulées.
On en vient à comprendre les pays voisins, réputés favorables à la cause palestinienne, lorsqu'ils manifestent une réticence à aider les populations de la bande de Gaza, et surtout leur refus d'accueillir des réfugiés en provenance de ce territoire maudit.
Mais bien pire, est le silence des politiques et des dirigeants des pays dits démocratiques devant l’inqualifiable. Eux qui ne manquent pas une occasion de commémorer les atrocités commises par le IIIème Reich il y a 80 ans, restent muets devant la répétition de cette infamie, se déroulant sous leurs yeux. A l’évidence, ce n’est pas la douleur qui les tétanise, c’est la couardise et la peur. Les organisations internationales restent murées dans le même silence coupable et honteux. Hormis l’Amérique de Donald Trump, le monde est plus que jamais inerte, incapable d’action et même de mots.

Plus jamais on ne pourra croire les exhortations au “plus jamais ça”. Les donneurs de leçons a posteriori sont définitivement disqualifiés pour parler de crimes contre l’humanité.

23 janvier 2025

Un Triomphe Romain

Le faste déployé à l’occasion de l'investiture de Donald Trump en tant que 47ème président des Etats-Unis est à la mesure du caractère exceptionnel de la reconquête du pouvoir par celui qui en fut dépossédé en 2020, de manière contestable pour certains, ou avec la honte au front pour d’autres.
La fête de la victoire avait un goût de revanche que l’impétrant a savouré avec une délectation évidente, pour ne pas dire une vraie jouissance. A l’occasion du discours tenu dans l’enceinte du Capitole, il n’a pas lésiné sur l’outrance et l’auto-satisfaction. Selon ses dires, le “nouvel âge d’or de l’Amérique” est la perspective des quatre années qui s’ouvrent en majesté, sous sa domination. A bien y réfléchir c’est moins grotesque que le passage “des ténèbres à la lumière” célébré par Jack Lang en 1981 ou que le slogan” Le Changement c’est maintenant” de 2012… C’est en tout cas plus ambitieux et galvanisant.

Ces moments intenses de joie et d’exaltation, l’ancienne administration a dû les vivre douloureusement. Joe Biden, ratatiné dans son fauteuil de piteux sortant et Kamala Harris, blême et consternée, furent mis au supplice par les accusations féroces de Trump dirigées sans pitié contre eux. Œil pour œil, dent pour dent, les attaques visaient souvent juste et ne semblaient pas démesurées vu les tourments que ces gens là et leurs affidés ont fait subir à celui dont ils avaient juré la perte par tous les moyens, et qu’ils n’avaient de cesse de ridiculiser de manière caricaturale.

A côté de l’emphase et des excès de langage de cette intronisation en fanfare, il y eut cependant un message d’espoir et une leçon d’optimisme plutôt bienvenus dans cette période de déclin des valeurs occidentales, et avec elles de la Liberté chérie. On aimerait qu’un peu de cette énergie soit communiquée à nos dirigeants cacochymes, inertes, mous, affaissés et sans inspiration. On voudrait croire que les bonnes vibrations portées par cet impétueux vent d’ouest atteignent notre continent.

Hélas tout porte à croire qu’il n’en sera rien. Au moment où l’on assiste à une sorte de renaissance outre-Atlantique, on remet à Paris sur le tapis la loi réglementant la fin de vie !
Le pire est que nos politiciens persistent à ne voir dans ce triomphe républicain, que l’avènement d’une période conflictuelle.
Emmanuel Macron, dont la popularité n’a jamais été aussi basse et le pouvoir aussi faible, a exhorté l’Europe à être “unie, forte et souveraine” face à l’Amérique. Il a plaidé pour renforcer la "compétitivité, la prospérité et la sécurité", "nos démocraties" et "notre modèle économique et social". Autrement dit, tout ce qui reflète son impuissance et constitue dès à présent l’échec de son mandat !
François Bayrou qui patauge dans la mélasse politicienne la plus sordide, est allé plus loin dans l’abjection, déplorant que sans réaction de notre part, “nous allons être dominés, écrasés, marginalisés” car "Les États-Unis ont décidé d'une politique incroyablement dominatrice par le dollar, par la politique industrielle, par la captation de toute la recherche et la captation des investissements".
On se demande parfois ce que ces gens ont dans la tête et de quelle nature est leur ambition. Utopique, évanescente ou inexistante ? Sont-ils incurablement myopes au monde qui les entoure, incapables d’action, résignés, et simplement accrochés à leurs prébendes comme tout porte à le croire ?

L’ère qui commence aux Etats-Unis ne sera sans doute pas aussi glorieuse qu’annoncé et il est toujours risqué de décrire l’avenir de manière trop radieuse. Beaucoup d’obstacles surgiront évidemment pour contrecarrer l’ambition du président, mais là où il y a une volonté, il y a un chemin, comme disait l’autre…
On ne peut pourtant que souhaiter une Amérique forte, car quand elle l’est, le monde va mieux. Plus que jamais notre vieux continent devrait profiter de cette dynamique. En tant qu’allié historique de l’Amérique, la France va-t-elle rater cette nouvelle opportunité de restaurer les liens fraternels mis à mal par la nauséabonde propagande anti-américaine dont Jean-François Revel avait dépeint avec justesse les méfaits ?

Donald Trump a réservé sa première visite de président élu à notre pays à l’occasion de la cérémonie clôturant la rénovation de la cathédrale Notre-Dame. Avant d’être considéré avec dédain par M. Macron, il avait manifesté à son égard une sympathie qui paraissait des plus sincères et chaleureuses. Une chose est sûre, il n’est pas l’ennemi de notre nation. Il souhaite assurément, comme la plupart des dirigeants américains, une Europe unie, et alliée, partageant un même idéal de liberté sur la base d’une concertation loyale et d’échanges commerciaux équitables. Nous interdisons l’importation de bœuf US au motif qu’il est élevé aux hormones et des volailles parce qu’elles sont passées au chlore. Nous faisons de même avec les OGM au nom du principe de précaution. Nous surtaxons les denrées agricoles, les automobiles, nombre de produits made in USA, et avons dans la visée de notre gros canon fiscal les géants de la Silicon Valley. Autant de mauvaises raisons qui cachent un objectif bassement protectionniste.

Lorsque nous abolirons ces barrières absurdes, nul doute que Donald Trump se fera beaucoup plus conciliant…

20 janvier 2025

L'effluve sauvage du Musk

A l’instar de Baudelaire*, j’ai toujours aimé les parfums musqués. Ils ont quelque chose d’animal et d’indompté. Un mélange explosif de sensualité et de liberté.
Ces qualificatifs s’appliquent à merveille à la personnalité extravagante d’Elon Musk. Rien ne semble résister à son audace et rien ne paraît pouvoir s’opposer à son sourire carnassier. Il incarne une Amérique novatrice et conquérante.
En plus d’être un chef d’entreprise hors normes, il règne désormais sur l’univers prolixe et tentaculaire des fameux réseaux sociaux. Dire qu’il fait la pluie et le beau temps dans l’opinion publique serait excessif. Mais il n’a pas son pareil pour mettre les pieds dans le plat des idées reçues.
Il n'est donc pas étonnant que les pisse-vinaigre du vieux monde, confits dans leurs préjugés et leur pusillanimité, le prennent en grippe (c’est la saison…)

Depuis qu’il a pris le contrôle de Tweeter, on ne compte plus les esclandres dont il s’est fait une spécialité. Il donne sans vergogne son opinion sur nombre de sujets brûlants. S’il s’agissait de monsieur lambda, cela ne ferait guère de remous, mais voilà, le trublion est suivi par plusieurs millions de lecteurs et il fait partie des plus proches conseillers du nouveau président Trump. Il est le maître à bord et n’est pas de gauche. Pire, il est américain, mâle, blanc, et incarne à lui tout seul le capitalisme. Autant de péchés mortels pour les dévots du progressisme.
Ses prises de position à propos du parti allemand AFD (Alternative Für Deutschland) ont scandalisé le chœur des bien pensants. Beaucoup de ces gens ne savent rien de cette formation, hormis ce que la plupart des médias en disent en le réduisant habituellement à un groupuscule néo-nazi. C’est grotesque mais ce n’est pas ici le sujet.
Même lorsque Elon Musk se fait lanceur d’alerte en dénonçant le scandale de l’horrible traite des blanches au Royaume Uni par des grooming gangs pakistanais et l’inaction des Pouvoirs Publics, il choque les ligues de vertus. Elles appellent ça de l’ingérence, au motif que Musk accuse l’actuel Premier Ministre anglais Keir Starmer d’indulgence coupable lorsqu’il était Director of Public Prosecutions. Dans cette affaire, la mauvaise foi des donneurs de leçons est si flagrante qu’elle est à ranger dans les dérives idéologiques qui ont conduit à occulter tant de crimes.

Pour les commissaires politiques dignes des pires heures du socialisme, Elon Musk serait un dangereux propagateur de fake news qu’il est urgent de museler. Ces gens savent par essence mieux que le peuple ce qui est bon à entendre ou à lire par lui.
Au premier rang de ces censeurs figure Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur et homme d’affaires plutôt calamiteux si l’on en juge par le sort peu glorieux des entreprises qu’il a dirigées (France Telecom, Thomson, Atos…). Son passage à la Commission européenne reste marqué par les nombreuses lois inutiles dont il fut l’instigateur, empoisonnant le quotidien des honnêtes gens au nom de leur protection (RGPD, DSA…). Il s'était juré de faire plier à ses lubies l'homme d'affaires américain, avant "d'être démissionné" par Mme von der Leyen...
M. Macron lui-même n’apparaît guère plus inspiré en la circonstance. Tout en faisant risette au nouveau Donald Trump, il ne tarit pas d’invectives à propos d’Elon Musk qu’il qualifie de leader de "la Nouvelle Internationale Réactionnaire" !

Aujourd’hui, beaucoup des détracteurs de X (anciennement Tweeter) menacent de quitter le réseau. Grand bien leur fasse ! Souvent ils doivent une bonne partie de leur éphémère gloriole aux messages provocateurs dont ils l’ont inondé en toute occasion.
Elon Musk a entrepris de rétablir une véritable liberté d’expression sur son média. Il en chasse les auto-prétendus fact-checkers qui agissaient à la manière de comités de censure et met en place un système plus efficace de community notes. Preuve que cette stratégie n'est pas si mauvaise, elle est imitée par Mark Zuckerberg sur Facebook.
Que les mécontents s’en aillent, bravo ! Ils se retrouveront entre eux quelque part et feront de leur repère une forteresse inaccessible à tout opposant, et à tout contradicteur. Ils risquent de se retrouver assez seuls et surtout en pleine absurdité, à l’image du fou ayant réussi à escalader le mur de l’asile et qui voyant un passant dans la rue en contrebas, l’interpelle : "Dites mon brave, combien êtes-vous là dedans ?”

* "Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens..."

03 janvier 2025

Et Omnia Vanitas

Les allocutions présidentielles célébrant la nouvelle année n'ont en général guère d’intérêt. 2025 ne fera pas exception à la règle.
On n'avait rarement entendu de la part d’Emmanuel Macron un discours aussi court, plat et peu inspiré.
Comme toujours, il apparut très satisfait de lui, clips allégoriques à l’appui. Notamment d’avoir montré au Monde ébahi, “qu’impossible n'est pas français”.
Il se vanta en la circonstance d’avoir grandement contribué à l’égalité hommes femmes grâce à la constitutionnalisation de l’IVG. Il se targua d’avoir organisé les jeux olympiques, la restauration de Notre-Dame, et le quatre-vingtième anniversaire du débarquement…
En bref, on retrouva sa propension à jouer les maîtres de cérémonie, beau parleur, dispensateur de vœux pieux et enfonceur de portes ouvertes.

En matière de projets à venir, c’est le désert des Tartares. Après avoir fait amende honorable du bout des lèvres au sujet de la dissolution de l’Assemblée, il promet de redonner la parole aux citoyens.
Occultant ses échecs électoraux à répétition, il entend les faire “trancher sur des sujets déterminants”, sans préciser naturellement quand, ni sous quelle forme ni sur quelles thématiques.
Tout le monde supputa fissa qu’il pourrait s’agir de référendums, ou bien de conventions citoyennes et de grands débats. Autant de propositions qu’on sait par expérience vaines et sans lendemain.
Les référendums, ce n’est pas faute d’en avoir promis, mais aucun ne fut concrétisé en 7 ans. Il faut dire que les quelques expériences faites par les prédécesseurs de l’actuel chef de l’État tournèrent au fiasco.
Vu la conjoncture actuelle, quelle que soit la question posée, un référendum se traduirait inévitablement par un plébiscite sur sa personne, conduisant selon toute probabilité à un rejet massif. Autant proposer une nouvelle dissolution dès l’été prochain et conditionner son maintien à l’Elysée à l’obtention d’une vraie majorité…
Quant aux grands débats et conventions citoyennes, il y en eut certes, mais on a vu comment ces expédients donnaient la mesure de la vacuité démagogique…
S’agissant enfin des questions à trancher, s’il s’agit comme certains le suggèrent, de la fin de vie, ou de l’apocalypse climatique autrement dit de la fin du monde, la perspective est assez déprimante pour une nouvelle année.
Mais sur quoi d’autre un président en fin de mandat, en position de roi nu, pourrait faire semblant d’agir ?

01 janvier 2025

Vanitas Vanitatum...

















Les années s’en vont, l’âge passe
Et c’est au seuil du nouvel an
Qu’on hésite à prendre l’élan
Pour sortir de sa carapace.

Qu’un jour nouveau bientôt remplace
Celui qu’on enterre en dansant,
Ne fait pas oublier le temps
Ni l’ennui, ni même l’angoisse.

Pour conjurer les mauvais jours
On s’envoie des voeux illusoires,
Vite disparus des mémoires.

La vie reprend sitôt son cours,
Passée l’ivresse de la fête
On reste bien seul dans sa tête.

23 décembre 2024

Un Triple Désastre

L’année se termine tristement en eau de boudin. Le cyclone Chido qui s’est abattu le 14 décembre sur l’île de Mayotte s’apparente ou révèle un triple désastre : climatique, étatique et politique.
Cet ouragan ne fut pas d’une violence inouïe comme certains l’ont prétendu, et il semble avoir fort heureusement fait moins de victimes que ce que beaucoup avaient annoncé (on relatait le 21 décembre tout de même 35 morts et 67 blessés graves). Il n’en demeure pas moins tragique eu égard aux dégâts matériels. Comment expliquer de telles conséquences ?
Vu d’avion, tout semble avoir été rasé ou presque car rien ne tenait vraiment debout. On craint de grands désordres sociaux à venir et des épidémies car rien ne fonctionnait vraiment. Faut-il rappeler qu’à l’instar des pays sous-développés, sévissait, il y a peu, le choléra !
Le chaos migratoire est tel qu’on est incapable de comptabiliser la population et pas davantage les naissances (au moins 10.000 par an sur le seul Centre Hospitalier qui de facto est la plus grande maternité d’Europe). On évalue à 60% la proportion des enfants non scolarisés, à 70% celle des gens vivant sous le seuil de pauvreté. La très grande majorité de l’habitat est précaire. On sait enfin que 80% du PIB relève des subventions de la Métropole.
C’est simple, ce petit paradis exotique au lagon exceptionnel, posé sur l'Océan Indien entre l’Afrique et Madagascar, ressemble par son dénuement à l’infortunée Haïti !
Les promesses faites par nombre de dirigeants n’ont en règle pas été tenues. M. Macron lui-même avait annoncé en 2019, entre autres engagements, la construction d’un nouvel hôpital, la création de 800 nouvelles classes scolaires, le retour aux Comores des clandestins... La Cour des Comptes a révélé que ce plan n’avait fait l‘objet d’aucun suivi et que rien de concret n’avait été réalisé !
Il est évident que la catastrophe présente est à la mesure du laisser aller avec lequel le gouvernement a géré ce territoire d’outre-mer, que Nicolas Sarkozy avait eu l’imprudence de transformer en département.

Le microcosme politique peut bien verser des larmes de crocodiles ou bien s'écharper en polémiques partisanes, cet évènement tragique est l’occasion de mettre au grand jour les responsabilités de l’Etat. Il ne peut se défausser de son incurie sur un quelconque réchauffement climatique, sur la faute à "pas de chance" ou bien sur le dos du Rassemblement National comme l’a fait de manière proprement éhontée le Président de la République.
La comparaison avec la reconstruction de la cathédrale Notre Dame est éloquente : ce que l’initiative privée a permis de faire ici, l’Etat, malgré ses ressources fiscales démesurées, en est absolument incapable là-bas.
En attendant, la France est toujours dans l’attente d’un hypothétique gouvernement. Etrange et funeste concours de circonstance, on l'annonce pour aujourd'hui même, journée décrétée de deuil national ! Même si le nouveau Premier Ministre parvient à s’entendre avec le Chef de l’Etat pour constituer cette nouvelle équipe avant Noël, on sait par avance qu’il n’y aura rien à en attendre. Aucune ligne directrice lisible et cohérente ne saurait émerger du magma institutionnel actuel en forme de tourbillon. C’est le troisième aspect du désastre, il est politique…

16 décembre 2024

Le Paraître et le Néant

Le roué béarnais a fini par arriver à ses fins ! A la faveur du chaos politique qui règne en France, il est parvenu à imposer sa personne au Président de la République, en tant que premier ministre.
Aux yeux du Chef de l’Etat qui s'est fait, à ce qu'il paraît, tordre le bras en la circonstance, il n’y avait probablement pas pire choix, mais il n’en a pas trouvé de meilleur. C’est dire à quel point il est acculé.

Nul doute que la cohabitation sera houleuse. Emmanuel Macron a perdu son aura et toute crédibilité et n’a plus d’avenir politique. Il est faible.
Pour François Bayrou, c’est différent. On pourrait penser que cette nouvelle fonction soit son tardif bâton de maréchal (on pouvait penser la même chose pour Michel Barnier lors de sa nomination, il y a 3 mois à peine). Il y a fort à parier toutefois, qu’à l’instant présent, M. Bayrou, tardivement et laborieusement remis en selle, pense déjà à la prochaine échéance présidentielle, ce qu’il avait déjà fait par 3 fois en 2002, 2007, et 2012.
Il fera donc tout pour voler la lumière au Président, et s’en dédouaner, si toutefois il parvient à se maintenir à son poste, ce qui n’est pas gagné.
Pour l’heure, il n’a en effet rien d'autre à offrir que des mots et pas plus de majorité que son prédécesseur pour proposer le moindre projet.
Ajoutons que son bilan d’un demi-siècle de vie politique est proche du néant bien qu’il ait beaucoup bourlingué.
Ministre de l’éducation durant 4 ans (1993-1997), il n’a laissé aucune trace.
Son parti, le MODEM, bricolé en 2007 sur les ruines de l’UDF, à la destruction de laquelle il avait puissamment œuvré, n’a jamais vraiment décollé.
Il fut élu maire de Pau en 2014 grâce au soutien de l’UMP et à la mansuétude de Nicolas Sarkozy. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a pas fait d’étincelles.
Propulsé ministre de la justice en 2017, en remerciement de son ralliement très opportuniste à Emmanuel Macron, il n'y fit qu'un passage éclair d'un mois, avant d'être contraint à démissionner à cause d'une sombre histoire d'emplois fictifs au MODEM.
En lot de consolation, il obtint le poste de Haut Commissaire au Plan en 2020. Il n’y a produit que quelques insignifiantes analyses, “d’intérêt limité”, marquées par “une forte personnalisation”, d’après un rapport récent issu du Sénat.

Son parcours, semé de trahisons, d’atermoiements et de magouilles, est marqué par un égocentrisme démesuré.
Que peut-on espérer d’un tel Premier Ministre, dans un contexte des plus hasardeux ? Pas grand chose hélas…

10 décembre 2024

Grandeur et Déclin

Le samedi 7 décembre 2024 a donc vu la cathédrale Notre Dame de Paris renaître en majesté de ses cendres. Paradoxe étonnant, elle réapparaît plus jeune et belle que jamais, quelques jours avant les festivités entourant la célébration de la naissance du Christ, après avoir été mortellement touchée par un gigantesque incendie le 16 avril 2019, au début de la Semaine Sainte précédant Pâques.
La symbolique est forte dans ce monde contemporain rongé par le doute, l’incertitude et le déclin du christianisme.
Il faut en la circonstance saluer cette magnifique restauration due aux efforts de centaines d’entreprises, au talent d’artisans inspirés et remercier les milliers de donateurs privés. Tout n’est donc pas perdu en ce bas monde occidental matérialiste et futile ! Pas moins de 340.000 donateurs de 150 pays ont apporté, tels de modernes rois mages, la somme pharaonique de 846 millions d’euros.

Cette résurrection quasi miraculeuse ne doit pas faire oublier qu’il y a cinq ans l’édifice pluricentenaire était presque totalement détruit par un sinistre qui n’aurait jamais dû se produire et dont on ignore toujours la cause. Faute d’enquête sérieuse, on ne saura jamais ce qui s’est passé, ce qui ouvre la porte à toutes les spéculations. La plus évidente est l’incroyable négligence des Pouvoirs Publics responsables des travaux de rénovation qui étaient en cours en 2019. A l’époque où le principe de précaution est omniprésent et où les citoyens sont harcelés de contraintes ubuesques imposées en son nom, comment imaginer qu’un chantier aussi sensible fut laissé sans plus de surveillance et d’alarmes ?
L’Etat, en la personne du Président de la République s’est-il senti un tant soit peu responsable de ce drame ? Nullement. Au contraire, après avoir ordonné la reconstruction, ce qui était bien la moindre des choses, il s’en attribue sans vergogne le mérite.
M. Macron, dont le mandat est en perdition, a saisi l’occasion, pour s’offrir un bref moment d’euphorie. On ne retiendra pas grand-chose de cet intermède politique sinon son discours boursouflé, déclamé sur un ton emphatique, au sein même de la cathédrale.
Certains polémiquent sur les habits bariolés du clergé officiant pour la circonstance, mais quelle importance ? D’autres ont eu les oreilles écorchées par les improvisations tapageuses des organistes qui se sont succédé aux claviers. Il est vrai qu’on aurait aimé entendre quelque chose de plus harmonieux. On attendait évidemment Bach, notamment la magistrale, grandiose, insurpassable Toccata et fugue BWV 565. Elle eut été à la hauteur de l’évènement sans nul doute…

Parmi le beau monde accouru pour cette cérémonie, on retiendra la présence de Donald Trump. Le Président élu a fait le voyage, démentant les accusations de ses détracteurs qui cherchaient à faire croire qu’il était indifférent au sort de l’Europe et donc à celui de la France. Il fut omniprésent durant ce weekend sans pour autant se répandre en déclarations. Qu’on le veuille ou non, sa stature imposante et son parler puissant symbolisent la suprématie éclatante des États-Unis, dont on a si souvent annoncé l’inéluctable décadence. C’est une lueur d’espoir en cette fin d’année. Le cher homme est attendu sur tant de sujets qu’il pourrait presque faire figure de messie. Il ne fera pas de miracle, mais fasse le ciel qu’il apporte enfin du bon sens à ce monde égaré (qui devient un peu fou selon ses propres mots)...

04 décembre 2024

Attention, chute de gouvernement

Le sort semble en être jeté. A moins de se déjuger in extremis, les opposants au gouvernement auront raison de lui en censurant son projet de budget.

Avant même que le couperet ne tombe, les commentaires vont bon train.
Dans les rangs de l’armée mexicaine entourant un président sans majorité, premier ministre en tête, on crie à l’irresponsabilité des frondeurs. On en appelle à l’intérêt supérieur de la Nation. On se raccroche aux vieilles lunes du gaullisme, et on met en garde le pays sur le risque de chaos à venir. On s’étrangle devant le texte déposé par le conglomérat de gauche dit Nouveau Front Populaire, au motif qu’il reproche au gouvernement d’avoir fait le jeu du Rassemblement National et d’avoir cédé à ses "plus viles obsessions". On fait mine de déplorer que ce dernier ait annoncé qu’il allait voter cette résolution, malgré les mots humiliants jetés à son encontre.

On ne s’interroge pas trop en revanche sur les raisons qui poussent les Socialistes, dont un ancien président de la république auto-prétendu “normal” à s’associer aux menées séditieuses de la France Insoumise. On ne se pose guère de questions non plus sur le résultat auquel a conduit la stratégie du Barrage Républicain, qui n’a cessé d’écarter systématiquement comme pestiféré le premier parti politique de France. On ne reproche pas trop aux Macronistes et aux micro-partis qui gravitent dans l’orbite du monarque en voie de déchéance, les mots d’ordre insanes qui ont permis l’élection à l’Assemblée Nationale d’insurgés sans foi ni loi, n’hésitant pas à piétiner tous les principes de la république et incitant sans cesse à la haine, à la violence et à l’anarchie. Aujourd’hui l’hypocrisie consistant à condamner une alliance scandaleuse entre RN et NFP ne fait plus illusion. Il est trop tard pour se lamenter.

En réalité, cette censure, si tant est qu’elle soit votée, apparaît comme la conséquence logique d’une politique de gribouille menée depuis des décennies, et l'illustration du désastre politicien en général.
Que faire, pour sortir de l’impasse dans laquelle le pays s’est enfermé (car il ne faut jamais oublier qu’on a les élus qu’on mérite et qu’on a choisis) ?
Si le Président de la République s’accroche à son fauteuil doré et nomme à suivre un ou plusieurs nouveaux gouvernements sans autre ambition que celle de M. Barnier, il y a fort à parier que le pays continuera de s’enliser dans le marasme jusqu’à de possibles élections législatives l’été prochain. Le résultat dépendra là encore des électeurs, mais dans quel état serons nous ?

Le seul moyen de s’en sortir dans l'immédiat, semble être de faire enfin sauter le barrage républicain et prendre en compte le RN et ses millions d’électeurs.
Mais quel nouveau premier ministre osera franchir le Rubicon ? Quel responsable politique de premier plan osera travailler avec le RN sur un programme s’interdisant l’augmentation des impôts et des taxes pour privilégier le pragmatisme contre la bureaucratie ?

25 novembre 2024

Deuxième Lettre Ouverte aux Maires de France

Les maires se plaignent. Ils disent
rencontrer des difficultés croissantes pour assurer leur mission. On peut comprendre une bonne partie de leur malaise, notamment lorsqu’ils décrivent certaines “mesures prévues par le gouvernement pour réduire leur capacité d’agir”.
Quant à se ceindre d’une écharpe noire, synonyme de désespoir, on peut y voir un peu d’exagération.
Ils déplorent la baisse des ressources financières des communes depuis la suppression partielle de la taxe d’habitation. Pour autant, il est difficile d’occulter que les maires sont partie prenante de l’Etat. A ce titre, ils ont une responsabilité dans la faillite de ce dernier, dont les citoyens sont les spectateurs consternés. Ils ne sont pas exempts de responsabilité dans la dérive budgétaire à laquelle on assiste à tous les niveaux, malgré des records d'imposition et de prélèvements obligatoires.

Ainsi, on se pince devant la demande de rétablissement de la taxe d’habitation, dont on sait qu’elle ne fut qu’un allègement en trompe-l’œil de la pression fiscale globale. Son retour, sous un nom ou un autre, signifierait à coup sûr un nouveau coup de massue.
Il ne faut pas oublier que les contribuables qui possèdent une résidence dite secondaire, non seulement n’ont pas été exonérés de cette contribution, mais bien souvent assommés au contraire par une surtaxe punitive, totalement injustifiable autrement que par de très mauvaises raisons.
Il faut ajouter pour tous les propriétaires, l’alourdissement régulier et important de la taxe foncière, et l’augmentation annoncée de la fiscalité plombant les “frais de notaires” lors de toute mutation. Mentionnons également la multitude de nouveaux ukases légaux dispendieux qui tombent chaque année sur le dos des contribuables. Ainsi, après l’obligation de se soumettre à des diagnostics de plus en plus coûteux, dont l’irréaliste DPE, arrive le Projet de Plan Pluriannuel de Travaux (PPPT) qui frappe depuis 2024 les copropriétés. Issu de l’ubuesque loi Climat et Résilience, il donne la mesure de cette inflation légale aussi incompréhensible que difficilement tolérable.

A côté de la problématique financière, les contraintes administratives prolifèrent sans fin, et commencent à sérieusement dégrader la qualité de vie des citoyens au quotidien. Les maires portent souvent une large part de responsabilité dans cet accroissement sans fin des obligations et des interdits.
Pour les automobilistes, la circulation est devenue infernale dans nombre de communes. Ils sont rançonnés dans des proportions de plus en plus folles pour le moindre stationnement. La dernière trouvaille des “sulfateuses à PV” illustre de manière édifiante la traque acharnée des contrevenants à des règlementations devenues extravagantes. Résultat, les professionnels ne s’aventurent plus qu’à grand peine en centre ville et incluent souvent le coût de leurs contraventions dans leurs devis. Les commerces qui souffraient déjà de la concurrence des grandes surfaces et de l’internet, voient leurs derniers clients renoncer à venir leur rendre visite faute de pouvoir stationner leur véhicule. Sans parler des incessants obstacles à la circulation : rues barrées, réduites ou transformées, parkings supprimés, chicanes ineptes interrompant la circulation, et limitations généralisées de vitesse à 30 km/h, souvent impossibles à respecter.
Le logement est quant à lui en crise pour de multiples raisons, mais certaines relèvent des maires. La pénurie observée sur le marché immobilier est aggravée par les politiques absurdes de mixité sociale forcée, de blocage du prix des loyers, de protection excessive des locataires indésirables obligeant les bailleurs à exiger des garanties insensées. Ajoutons les PLU toujours plus exigeants, qui bloquent les constructions nouvelles au nom de la lutte contre “l’artificialisation des sols” ou de la protection de l’environnement, et qui empêchent de manière absurde la transformation de locaux professionnels désertés en habitations.
Dans tous les domaines, on assiste à la pléthore de réglementations de plus en plus contraignantes :
Les limitations croissantes de l'éclairage public nocturne, incompréhensibles à l’heure des dispositifs basse-consommation, et qui contribuent à rendre si tristes et si peu sûres les villes dès la tombée de la nuit.
Le recueil et le traitement de plus en plus complexe des ordures. Le tri devient un casse-tête dont on peut douter de l’efficacité, l’accès aux déchetteries est toujours plus contingenté, on déplore la rareté des collecteurs de déchets pour les gens de passage, et l’installation de composteurs dont l’utilité est des plus discutables, faute de pouvoir être entretenus convenablement.
Parallèlement, le laisser-aller en matière de gestion de la végétation sauvage, pour répondre à l’impératif écologique, conduit à la prolifération d’herbes folles dévastant peu à peu les trottoirs et transformant parfois l’espace public en friches anarchiques.
Il faut bien mentionner pour finir, la responsabilité écrasante de certains maires dans la montée irrépressible de la délinquance et du narcotrafic, en raison de leur réticence à installer des caméras de surveillance, à lutter contre la clochardisation des centres villes, à empêcher ou à remédier aux dégradations du bien public, à armer leur police municipale et à la doter de réels pouvoirs. C’est un problème majeur de société impliquant l’Etat dans toutes ses composantes, du haut de la pyramide jusqu’aux échelons locaux. Le moins qu’on puisse dire est qu’il y eut beaucoup de négligence voire de déni face à cette problématique.

Aujourd’hui, la situation est devenue préoccupante pour nos cités et pour le pays tout entier. Si l’on peut comprendre l’exaspération des maires, il faut espérer qu’ils s’organisent en véritable task force soucieuse d’efficacité, d’économie des deniers publics, et d’esprit pratique plus qu’en armada planificatrice dispendieuse réclamant des contribuables déjà pressurés, toujours plus de moyens...

Texte adressé au Président de l'Association des Maires de France, pour compléter un premier, resté sans réponse.