13 mai 2020

COVID-19 : Le Monde d'après

On entend beaucoup de voix ici ou là, pour évoquer déjà “le monde d’après” l'épidémie de COVID-19. Pourtant si cette dernière devrait nous réapprendre une chose, c'est que l’art de la prédiction est parmi les plus hasardeux qui soient. S’il n’est pas difficile de prévoir que les conséquences de ce fléau se feront sentir longtemps et qu’elles affecteront profondément l’économie de nombreux pays, il paraît spécieux de recourir aux amalgames idéologiques pour dessiner l'avenir.
Rien de plus stupidement partisan que celui affirmant que la propagation du virus a été favorisée par la dégradation de l’environnement, la course à la croissance, la mondialisation ou je ne sais quel mal dont on attribue la cause, selon le refrain bien connu,  au capitalisme ou au libéralisme. Une chose est certaine en revanche, l’opportunisme reste une constante du raisonnement politique. On voit ainsi l’ineffable Nicolas Hulot, nullement affecté par ses erreurs et ses échecs passés, sortir son wagon de propositions “nouvelles” destinées à éviter la fin du monde qu'annonce, à n'en pas douter pour lui, l'émergence de ce virus, suggérant au passage qu'il s'agit d'une punition sanctionnant nos mauvais comportements …
D’autres comparaisons avec le passé ne valent pas forcément mieux, telle celle faite avec l’immédiat après-guerre par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, affirmant notamment que la récession sera la pire qu’on ait connu depuis 1945. Il y a quelque indécence à comparer la guerre, ses destructions massives et ses millions de morts avec une épidémie, aussi grave soit-elle, surtout lorsqu’on fait partie des responsables qui ont méthodiquement organisé, planifié les mesures susceptibles d'entraîner une crise économique ! On se souvient des rapprochements oiseux qui avaient été faits en 2008 entre la crise dite des “sub-prime” et celle de 1929. A force de manier l’emphase et l’excès, les discours des politiciens deviennent insignifiants et contribuent toujours plus à tuer la confiance qu’on devrait avoir en leur clairvoyance. Contrairement à l’adage, gouverner, c’est de moins en moins prévoir !

Il est donc vraisemblable que nombre de convictions resteront solidement ancrées dans les esprits. De ce point de vue, le monde ne changera guère, selon toute probabilité. Les écologistes resteront écolos, probablement de plus en plus dogmatiques, les socialistes et apparentés seront toujours cramponnés aux vieilles lunes collectivistes et au mirage de la justice sociale, les étatistes s'accrocheront au pouvoir et l'Administration centrale, ses innombrables succursales, et sa pléthore de réglementations continueront de proliférer.

Il y a peu de chances qu’on assouplisse l’organisation du système de santé qui fut pourtant impacté au premier chef, et littéralement débordé par la crise. Il y a peu d’espoir par exemple, qu’on supprime les Agences régionales de Santé (ARS) qui ont montré une fois encore leur inertie et leur inefficacité. Il est tout aussi improbable qu’on donne aux établissements de santé un peu plus d’autonomie et qu’on les incite à faire évoluer leurs services de soins en unités à géométrie variable, capables d’augmenter massivement leurs capacités en situation de crise. Sauf miracle, la Sécurité Sociale restera sans nul doute un monopole chroniquement en faillite et la bureaucratie précautionneuse supposée protéger les patients lors des essais cliniques répandra toujours plus sa glu asphyxiante.

Sur le terrain, on découvrira peut-être, au rang des effets latéraux de l’épidémie, que certains malades victimes d’autres affections que "la" COVID ont pâti de la déprogrammation quasi systématique de tous les soins non urgents, même dans les zones peu touchées par le virus. Mais, revers positif de la médaille, peut-être prendra-t-on conscience du caractère superfétatoire de certains soins. Peut-être comprendra-t-on que bon nombre de suivis routiniers peuvent s’effectuer de manière moins coûteuse et plus pragmatique, grâce à la télémédecine.
Peut-être réalisera-t-on que les mesures prises pour lutter contre le nouveau fléau ont protégé la population contre d’autres maladies, infectieuses ou non. Les gestes barrières ont en effet probablement été bénéfiques pour empêcher la propagation d’autres agents viraux ou microbiens que le coronavirus. On peut par voie de conséquence espérer que cette expérience conduise à l’avenir à améliorer les mesures d’hygiène et de prévention lors des viroses saisonnières  et a fortiori face à un éventuel retour du COVID-19... Enfin, le repos forcé occasionné par le confinement a peut-être limité le nombre d’affections dues au stress, notamment les maladies cardio-vasculaires. Et la quasi suppression de toute circulation a possiblement réduit le nombre de patients dans les services de traumatologie...

Au plan économique, si beaucoup d’experts prévoient des mois, voire des années sombres, il est bien difficile de faire des supputations trop précises sur la reprise. Beaucoup dépendra de la volonté des gouvernants et du peuple, d’affronter la réalité de manière réaliste et de casser enfin la spirale infernale des taxes, des dépenses et des déficits.
Partout on entend qu’il faudra “relocaliser” quantité d’industries et d’entreprises, notamment celles fabricant les médicaments, les tests biologiques et les masques. Mais il y a peu de chances que le choses changent spontanément car il ne suffit pas hélas d’émettre un vœu pour qu’il se réalise. Acceptera-t-on dans la période “d'appauvrissement généralisé” annoncée par le Premier Ministre en personne, de payer plus cher des produits que nous ne sommes plus en mesure depuis belle lurette de fabriquer à bon marché ? Ou bien se résignera-t-on à procéder à de réelles baisses d’impôts et de charges, tout en diminuant en regard la protection sociale, pour retrouver un peu de compétitivité. Cela semble illusoire....
La situation risque même de se tendre un peu plus, sachant que les quelques réformes entreprises, notamment celle des retraites, risquent de se trouver définitivement abandonnées… Il est donc à craindre que la pression fiscale continue son inexorable progression, jusqu’à un hypothétique point de rupture.

Certains changements comportementaux à rapporter à l’épisode COVID-19 peuvent en revanche déboucher à l’avenir sur une vraie évolution de la société, non sans dégât parfois, mais plus favorablement dans d’autres occasions.
Une vraie crise profonde et durable du tourisme de masse est à craindre, avec ses conséquences désastreuses sur des pans entiers de l’économie, mais il faut bien avouer que même à ce prix, le résultat aura quelques aspects bénéfiques, en minimisant la pollution due aux transports aériens et les dégradations de sites magnifiques mais fragiles.
Pareillement, si les grandes surfaces et les centres commerciaux risquent de souffrir, ce sera peut-être au profit de la réhabilitation des centres-villes, et plutôt des cités de taille moyenne que des mégalopoles. A l’heure d’internet, quel est l’intérêt en effet de s’entasser dans ces enfers urbains où tout est cher, où l’air est vicié, où la délinquance fait rage et qui constituent un terreau idéal pour les grandes contagions ?
Cette évolution pourrait être dopée par le développement des télé-consultations, du télé-enseignement, et du télétravail qui ont pris un essor soudain grâce au confinement.
En définitive, à condition d’être résolument optimiste, on pourrait même imaginer enfin une mondialisation heureuse, associant une concurrence plus équilibrée et des échanges plus transparents. L’acquisition rapide de connaissances sur le coronavirus fait peut-être partie des prémices d’une nouvelle concertation internationale. On est encore loin du gouvernement mondial, mais qui sait ce que l’avenir réserve….

Bref on n'a pas fini de parler de ce foutu coronavirus et de cette année 2020, climatérique s’il en fut. Rappelons pour terminer ce propos, qu’à ce jour, on compte à travers le monde un peu plus de 280.000 victimes, sachant que la grippe saisonnière est responsable chaque année d’un nombre de morts se situant entre 300.000 et 600.000, et que le paludisme fait quant à lui autour d’un demi million de victimes. Et que tout cela reste modeste en regard des ravages liés à l’alcool, décimant tous les ans, au bas mot 3 millions de personnes...

2 commentaires:

Unknown a dit…



la destruction des forêts et de leurs écosystèmes favorise l’émergence de nouvelles maladies.
Tous les spécialistes de la biologie tropicale le démontrent....
Alors lire une phrase telle sue la vôtre au début. ....

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Ok mais il faudrait nous préciser de quelles maladies il s'agit et sur quel faisceau de preuves votre assertion repose. Merci en tout cas de l'intérêt porté à ce billet.