20 janvier 2021

La Chèvre

Surréaliste passation de pouvoir aux Etats-Unis ce 20 janvier. A quelques heures, de l'évènement, on peut imaginer qu'on assistera à un étrange ballet mettant en scène un Capitole transformé en camp retranché, sous protection militaire, confronté à la double menace du coronavirus et de partisans frénétiques du président sortant. Ce dernier brillera par son absence, parti tranquillement vers sa résidence privée de Floride, et l’on verra l’impétrant, bien seul, masqué, chancelant, prêter serment dans ce décor crépusculaire. Au lieu d’une fête, ce sera un huis clos sinistre. Il n'y aura guère que les drapeaux pour faire foule...
On se souvient que l’intronisation de Donald Trump, il y a quatre ans, s’était également déroulée dans un contexte inhabituel, et avait été l’objet d’assez désagréables manifestations. Le camp démocrate ne digérait pas sa défaite et les caméras médiatiques s’attardèrent longuement sur les banderoles exhibées jour et nuit pendant plusieurs semaines par des enragés campant devant la Maison Blanche. Personne ou presque à l’époque ne trouva choquant le beau slogan anti-démocratique “Not My President” !

L’Amérique est divisée et cela ne date pas d’hier.
Joe Biden aura-t-il la force, la volonté et le temps d’apaiser ces tensions comme tant de belles âmes en font le vœu pieu et touchant ? Ce vieillard est un roué politicard, qui fut, il y a presque 50 ans, le plus jeune sénateur. Il est désormais le plus vieux président à entrer dans le Bureau Ovale.
Il fut un terne et gaffeur vice-président durant 8 ans. Il parvient enfin au pouvoir au terme d'un processus électoral contestable, sans avoir fait campagne, et sans avoir de programme, hormis le souci maladif d’effacer l’ère Trump au plus vite. Il se trouve de facto prisonnier des anti-Trump primaires, assoiffés de revanche. Cette folie auquelle l’intéressé a lui-même participé par jeu et par provocation, avait atteint de tels sommets qu’elle aurait sans doute permis à une chèvre d’être élue, pour reprendre le mot d’un commentateur facétieux lors de l’élection de François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012.

Anticipant les exégèses partisanes, Donald Trump a fait lui-même le bilan de son action. Avec sans doute un peu de lyrisme et d’emphase, mais non sans quelques vérités objectives que l’Histoire retiendra peut-être, une fois les passions assagies…
S’il a raté indéniablement sa sortie, il n’a pas à rougir de sa prestation dans un contexte international tendu et intérieur très hostile. Il a plus fait pour le pouvoir d’achat et la prospérité des Américains et notamment des Noirs et des Latinos qu’Obama. Il a œuvré avec un certain succès pour la paix au Proche-Orient. Il a contenu autant que possible l’expansionnisme chinois et la menace iranienne. Il a garanti une prospérité économique à son pays, et maintenu le chômage à un de ses plus bas niveaux historiques. On a dit qu’il n’avait pas su juguler la pandémie COVID-19, mais l’honnêteté oblige à reconnaître qu’il fut, en élaguant la jungle administrative et en sponsorisant les laboratoires, le principal artisan du développement rapide des vaccins sur lesquels tant d’espoir reposent désormais.

En définitive, il y a peu de mauvais présidents aux Etats-Unis, sans doute grâce au système démocratique performant mis en place en 1789 et à un équilibre savamment dosé des pouvoirs. Pourvu que cela dure, et à l’instar du président sortant, prions pour la réussite de l'administration Biden...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La phrase sur les "succès" de Trump: il a œuvré avec un certain succès pour la paix au Proche-Orient. C'est une blague!!! ou alors c'est les fake news façon Trump il aura fait des émules!!!Comment soutenir un pays colonisateur au XXIème siècle qui occupe les terres les maisons les champs d'un autre, pratiquant une politique d'apartheid vis vis des non juifs, un état pire de celui d'Afrique du sud peut paraitre comme un effort de paix sous prétexte que quelques émirats confettis s'y sont associés.
Je suis très déçu du manque de discernement et de logique. On peut être de droite ou d’extrême droite mais parler de liberté et ignorer celle du peuple palestinien et même cautionner son dominateur me semble un parti pris grave qui enlève toute prétention au titre de ce blog
Cautionner la loi du plus fort militairement faire du Golan et de toutes les colonie occupées par la force armée israélienne et annexer illégalement des territoires palestiniens et Syriens est une vue a charge de l'injustice et de l'absence de liberté
Karl

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Sans rentrer dans le coeur du débat où les opinions s'affrontent sans fin depuis des décennies, on ne peut rendre Trump responsable de l'état du Proche Orient auquel il a eté confronté en arrivant au pouvoir.
Le fait est qu'il a oeuvré avec succès pour rapprocher certains pays arabo-musulmans et Israël (Emirats, Bahrein, Maroc). Il y encore du boulot et on verra si ses successeurs sont plus efficaces...
Merci pour l'interêt que vous avez porté à ce billet, même si vous n'en approuvez pas la teneur. C'est bien votre droit, mais constate que vous êtes beaucoup plus radical et manichéen que moi...