La fin du sombre épisode Ben Laden est évidemment un soulagement pour tous ceux qui ont souffert dans leur chair des atrocités dont il fut le diabolique instigateur. D'une manière plus générale, elle rassérène tous ceux qui étaient horrifiés par la rage destructrice insensée qui nourrissait jusqu'à la moindre de ses fibres.
En associant à sa folie meurtrière, le nom de Dieu, il a commis la pire infamie qui soit, qu'on soit croyant, agnostique ou même athée. C'est tellement monstrueux que cela confine à l'absurde, ce qui est la négation même de l'humanité. Hélas, force est de se rendre à la sinistre évidence : l'humanité, c'est aussi cela...
La longue et patiente traque qui a enfin permis d'empêcher de nuire cette immonde crapule, prouve que rien n'est jamais définitivement perdu, tant qu'on n'a pas cessé de chercher. Elle prouve également qu'à mille lieues des fantasmes sur les pouvoirs supposés des services secrets et la haute sophistication de leurs moyens techniques, c'est la constance, la discrétion et la rigueur qui finit par payer.
Et le courage de ces hommes dépêchés sur place, qui avec un grand sang froid, une audace extraordinaire, et une organisation quasi parfaite, ont eu raison de cet impitoyable ennemi, après s'être assurés d'avoir vu le blanc de ses yeux.
Évidemment certains auraient souhaité qu'il soit pris vivant afin qu'il soit jugé. Mais comment juger de tels forfaits, non seulement avoués, mais revendiqués haut et fort, avec une répugnante délectation ? Qu'aurait gagné la justice à traîner pendant des mois ce fauve devant les tribunaux ? Pour aboutir à quoi d'autre qu'un enfermement à vie ou bien une exécution ? Ce sort, qui fut réservé à Saddam Hussein s'est révélé particulièrement éprouvant, sans être contributif à la justice ou à quoi que ce soit. Primum non nocere, dit-on en médecine... Faire cesser la nuisance est la priorité des priorités. La mission consistant à anéantir cet odieux péril qui narguait le monde depuis si longtemps, ne devait en aucun cas échouer.
Évidemment, il y a ceux pour qui toute action est toujours en inadéquation avec l'objectif qui la motive. Pour eux, le renforcement des mesures de sécurité lors des flambées de terrorisme est inutile et nuit gravement aux libertés. Pour eux, l'intervention en Afghanistan était inopportune, et celle en Irak fut une grossière erreur... Ils estiment donc aujourd'hui qu'il s'agit d'un coup pour rien. Que Ben Laden était déjà hors d'état de nuire, ou bien que cette opération ne saurait éteindre le terrorisme, voire qu'elle ne peut que le raviver...
Évidemment, les adeptes du complot de leur côté, ressortent les arguments classiques visant à remettre en cause le fait même : pas de corps, pas de photo, tout est truqué, le refrain est connu. Déjà ils accusent l'administration américaine d'avoir fomenté une machination pour redorer le blason terni du président Obama, à l'approche des élections...
Évidemment, on entend aussi les pires inepties. Du genre de celle qui consiste à ergoter sur les moyens utilisés pour faire disparaître la dépouille du vaincu, jugés non conformes au rite islamique ! Mais de quel rite pourrait se prévaloir un tel ogre ? Ne serait-ce pas une vraie ignominie pour toute religion, que de réclamer dans de telles circonstances, une cérémonie en son nom ?
Évidemment les médias, une fois encore, ont le plus souvent utilisé le petit bout de la lorgnette pour observer, puis commenter cet événement. Tout a été produit faute de mieux, pour satisfaire le besoin morbide de scoop : du photomontage grotesque, complaisamment diffusé urbi et orbi sans vérification, aux suppositions oiseuses, en passant par les questions ou sondages idiots ("Faut-il publier l'image du cadavre ? " interroge le Figaro, en précisant qu'elle est "atroce"...).
Il n'empêche. Si le monde a peu de chances de devenir plus paisible, du seul fait de l'élimination de cet individu, il fallait quand même le faire.
Lui n'aura su faire que du mal durant son existence. Mais malgré sa violence sans limite, son combat est un échec. Nulle part le terrorisme islamique n'est parvenu à imposer autre chose qu'une terreur sans lendemain et une image abjecte de l'islam...
De l'autre côté, la lutte s'est organisée et l'hydre a été démantelée, laminée, repoussée. Sa capacité de nuisance n'a pas disparu, mais elle s'est éloignée. Contrairement à ce qu'on entend ânonné si souvent, l'espoir et la liberté, même fragiles, se sont installés en Irak, rien n'est perdu en Afghanistan où les journalistes semblent se plaire à ne montrer que ce qui ne va pas. Dans le monde arabo-musulman, nombre de tyrannies vacillent sous le choc des révolutions, et pour l'heure ce ne sont pas les fanatiques qui en profitent. Un monde nouveau se dessine peu à peu, et il est loin d'être tout noir et sans futur. Dans ce lent bouleversement, la disparition de Ben Laden clôt un chapitre baigné de sang et de larmes. Puisse l'avenir s'éclairer un peu plus encore.
De l'autre côté, la lutte s'est organisée et l'hydre a été démantelée, laminée, repoussée. Sa capacité de nuisance n'a pas disparu, mais elle s'est éloignée. Contrairement à ce qu'on entend ânonné si souvent, l'espoir et la liberté, même fragiles, se sont installés en Irak, rien n'est perdu en Afghanistan où les journalistes semblent se plaire à ne montrer que ce qui ne va pas. Dans le monde arabo-musulman, nombre de tyrannies vacillent sous le choc des révolutions, et pour l'heure ce ne sont pas les fanatiques qui en profitent. Un monde nouveau se dessine peu à peu, et il est loin d'être tout noir et sans futur. Dans ce lent bouleversement, la disparition de Ben Laden clôt un chapitre baigné de sang et de larmes. Puisse l'avenir s'éclairer un peu plus encore.
En définitive, c'est Condoleeza Rice, l'ancienne secrétaire d'État de George W. Bush, qui a trouvé les mots les plus justes, sur lesquels il me semble opportun d'achever cette chronique : "cette opération montre clairement que le président et son équipe ont fait un superbe travail pour réunir toutes les pièces du puzzle .../... Le succès du commando des "Navy Seals" est une "belle histoire qui fait le lien entre deux présidences", a-t-elle estimé. "Cela montre que les Etats-Unis sont capables de patience et de persévérance"...