Le dernier vol de la navette spatiale américaine s'inscrit dans l'actualité comme une sorte de majestueux point d'orgue, au terme d'une époque d'aventures, de conquêtes et de rêves. Mais son panache de fumée blanche prend aussi en quelque sorte la forme d'un gigantesque point d'interrogation sur l'avenir.
La Crise économique n'en finit pas d'empoisonner depuis quelques années maintenant le cours du Monde. Et en dépit d'embellies passagères, les perspectives restent plutôt sombres, hélas.
Les Etats-Unis sont dans une situation critique. Si une solution n'est pas trouvée avant le mois d'août prochain, l'Etat Fédéral ne pourra plus emprunter, et certains services publics pourraient cesser de fonctionner...
Il faut dire que la dette, galopante, vient de dépasser à ce jour la somme astronomique de 14.000 milliards de dollars, avoisinant la valeur du PIB, et que rien ne semble pouvoir enrayer sa progression vertigineuse. La politique de relance massive d'inspiration keynésienne entreprise par le président Obama a littéralement fait exploser les dépenses publiques. Alors que leur niveau se situait déjà depuis plusieurs années en dessus de celui des recettes, les courbes s'écartent de plus en plus.
Pour l'heure, le système de contre-pouvoirs dont est doté le pays réagit abruptement, et l'opposition républicaine, forte de sa majorité à la Chambre des Représentants interdit purement et simplement toute dépense supplémentaire, en l'absence d'un vrai programme d'économies de la part du gouvernement fédéral.
Déjà dans le Minnesota l'impasse budgétaire manifeste ses premiers effets : certaines administrations sont fermées et des fonctionnaires ne sont plus payés (Economist).
En Europe, la situation n'est pas meilleure. C'est même un inexorable tourbillon qui semble devoir entraîner vers l'abîme, les unes après les autres toutes les économies. Alors que le problème grec est loin d'être résolu, l'incendie continue de se propager. Irlande, Portugal, Espagne et maintenant Italie donnent d'inquiétants signes de faiblesse. Avec 1900 milliards d'euros d'endettement, ce qui représente 120% du PIB, cette dernière est en passe d'ajouter un nouveau fardeau, peut-être insupportable, à la Communauté Européenne. La capacité de remboursement de l'Etat est quasi dépassée (le gouvernement italien ne projetait cette année de combler le gouffre, qu'à hauteur de 80 petits milliards d'euros). Corollaire inéluctable, la confiance est en train de s'effriter...
Les plans de sauvetage se suivent, mais la valse des milliards d'euros semble vaine dans un tel chaos. Aucun pays n'étant excédentaire à ce jour, ces ressources sont d'ailleurs virtuelles et ne font au mieux que répartir la charge, qui plombe non seulement le présent, mais plus encore, l'avenir.
On voit mal comment pourrait s'améliorer le sort de notre pays dans un tel contexte, sachant qu'à ce jour sa dette est de plus 1600 milliards d'euros, soit 84% du PIB, et que loin de diminuer elle ne cesse de grimper à la vitesse du déficit budgétaire, qui se situe autour de 7% du PIB, largement au dessus des 3% autorisés par le traité de Maastricht. Facteur aggravant, le déficit commercial ne cesse de s'approfondir et atteindra probablement 70 milliards d'euros en 2011.
En Europe, et notamment en France, il n'y a guère de contre pouvoir. Aux Etats-Unis, Barack Obama est en train de revenir à plus de réalisme, au risque de manger le chapeau de ses mirobolantes promesses.
Au contraire chez nous, depuis le début de la crise, le seul son de cloche qu'on entende est celui qui préconise l'augmentation indéfinie des dépenses publiques et la mise en œuvre de coûteux plans de relance, de "grands emprunts", avec pour faire "bonne mesure", des pluies de taxations nouvelles. Même un gouvernement taxé d'ultra-libéralisme comme celui de Nicolas Sarkozy, se range avec fatalisme à ces credo. Non content de ce navrant conformisme, il ajoute sans cesse de nouvelles mesures sociales compassionnelles. Entre autres, le fameux revenu de solidarité active (RSA), aussi chimérique que le défunt RMI mais encore plus compliqué et ruineux ; l'ineffable prime que les entreprises de plus de 50 salariés auront l'obligation de verser à leurs employés, le train de mesures destinées à contraindre un peu plus l'industrie pharmaceutique, en punition de l'affaire du Mediator...
Non seulement ces ersatz démagogiques pénalisent le dynamisme et font flamber la dette, mais ils s'avèrent assez remarquablement inefficaces sur les causes mêmes du problème, et donc sur ses conséquences. Les difficultés sociales sont inchangées voire aggravées, le chômage reste à un haut niveau, la croissance est toujours en berne, et pour couronner le tout les Gouvernants ne font que récolter l'impopularité !
Peut-être est-ce en partie parce qu'il apparaît clairement qu'ils ne croient pas eux-mêmes à leur politique de gribouille. Par exemple, tout en vantant le vertueux projet sur lequel le gouvernement est en train de plancher, consistant à plafonner les hauts salaires, M. Bertrand avoue qu'il ne répond à aucun impératif pratique. Dans le Figaro du 27/06, il a expliqué qu'il s'agissait d'une "question de principe", dans la mesure où "ce n'est pas parce que vous donnerez moins aux grands patrons, que vous donnerez plus aux petits salariés..." CQFD.
Plus grave encore, alors qu'on entendait réclamer davantage de régulations et de contrôles, les pouvoirs Publics fulminent contre les Agences de Notation qui sanctionnent sans état d'âme les dérives budgétaires. Alors que la note du Portugal vient encore d'être abaissée, on assiste à un vrai tollé (Figaro 11/07). Comme le titre de son côté Le Monde, "Bruxelles veut interdire les notations de pays bénéficiant d'un plan d'aide".
En première ligne de cette rébellion, notre nouveau ministre de l'économie François Baroin, déclare que "Ce n'est pas le regard d'une agence de notation qui va régler l'affaire de la tension des dettes souveraines et de la crise budgétaire" .
En première ligne de cette rébellion, notre nouveau ministre de l'économie François Baroin, déclare que "Ce n'est pas le regard d'une agence de notation qui va régler l'affaire de la tension des dettes souveraines et de la crise budgétaire" .
Pourtant, ces agences ne font qu'un diagnostic et par expérience, si elles risquent de pêcher, ce serait plutôt par faiblesse que par excès de sévérité. Autant casser le thermomètre lorsque la fièvre résiste au traitement...
Force est de constater comme le faisait le président Reagan, que le problème c'est donc bien l'Etat...
D'ailleurs face à cette incurie, et en dépit de taxations quasi confiscatoires, et de contraintes réglementaires ubuesques, les entreprises se portent plutôt bien. Les banques ont effacé leurs dettes, l'industrie automobile fait des bénéfices. La production industrielle a progressé de 2% en mai, après une stagnation en avril, selon l'Insee. La quasi-totalité des secteurs sont en hausse.
Il ne faudrait peut-être pas grand chose pour inverser la tendance. Juste inverser les mentalités...