13 mai 2019

Or Noir et Gilets Jaunes

Tout ça pour en arriver là…
On pourrait en rire si la situation n’était pas si grotesque. Après 26 semaines de manifestations des Gilets Jaunes, les prix des carburants n’ont jamais volé aussi haut !

Principal sujet de mécontentement exprimé au début du mouvement, cette problématique est paradoxalement passée aux oubliettes, ainsi d’ailleurs que la limitation de la vitesse sur les routes secondaires. Bien malin est celui qui parvient encore à discerner ce que veulent les derniers enragés du samedi. 
Ainsi va la France. Un mouvement qui aura coûté quelques dizaines de milliards d’euros à l’État et entamé sa ligne directrice au point de la rendre définitivement illisible, ce mouvement part en eau de boudin au remugle pestilentiel d'extrême-gauche, et se dilue dans les borborygmes de la campagne électorale européenne.
Trente trois listes, dont les trois quarts n’auront pas même un député, et des programmes à la noix, sans conviction, sans ambition. C’est donc ça la démocratie post-moderne !

Pendant ce temps, le prix de l’essence sans plomb a donc connu sa plus belle envolée depuis 2013. Certes ce n’est pas la conséquence de nouvelles taxes mais de l’effet conjugué de l’augmentation du cours du baril et de la hausse du dollar. Bien que l'augmentation désespérante  de la fiscalité soit pour un temps gelée, elle  est toujours là, écrasante, et le gouvernement se garde bien de mettre en œuvre la fameuse taxe flottante qui permettrait d’endiguer les fluctuations trop importantes des prix à la pompe. Comme il semble avoir oublié de remettre en cause les 80km/h dont il avait envisagé d’assouplir l’application. Au contraire, il prévoit d’intensifier la guerre sournoise qu’il a déclarée aux contrevenants. Il s'apprête ainsi à déployer sur les routes, une armada de voitures radars privées, totalement banalisées, qui vont passer leur temps à griller du carburant à seule fin de traquer les automobilistes trop pressés !
Qui sont les dindons de la farce, on se le demande tant les débats, controverses et polémiques semblent futiles par les temps qui courent…

Cela dit, je commence à croire personnellement que la voiture électrique pourrait avoir de l’avenir. Le diabolique M. Musk qui projette de faire débouler sur le vieux continent ses Model 3 à prix cassés est somme toute assez convaincant. Il pouvait passer pendant un temps pour un hurluberlu, mais force est de constater que ses autos ont presque tout pour plaire: lignes agréables et fluides, confort et silence, système d’aide à la conduite, performances époustouflantes, elles revendiquent désormais une belle autonomie (entre 400 et 600 km). Sachant que les chargeurs ultra-rapides que Tesla installe un peu partout, permettent de retrouver 80% des capacités énergétiques en 30 minutes, la crainte de partir pour un long parcours pourrait être bientôt infondée.

N’était le problème du recyclage des batteries et le bilan carbone de leur fabrication, on serait enclin à penser que l’alternative écologique au pétrole est enfin trouvée.
Comme toujours, l'État est mauvais élève. Pas de voiture électrique ou quasi dans les administrations. Tous les bus, tous les trains express régionaux (TER) roulent au bon vieux diesel qui pue. Quant au fameux ferroutage ou aux transports fluviaux, réclamés par les Écologistes, ils sont resté dans les limbes... Combien faudra-t-il de ministres soi-disant amoureux de la nature et des petits oiseaux, pour voir enfin des propositions plus originales que le lancinant accroissement des impôts et taxes ?
Les Américains ont encore une longueur d’avance au plan technologique et l’Asie, notamment la Chine, dispose d’atouts pratiques puisque la plupart des batteries y sont fabriquées. L’Europe est une fois encore prise au dépourvu. Les grandes firmes allemandes mettent les bouchées doubles pour proposer sous peu à leur clientèle des modèles équivalents aux Tesla, mais on peut être plus que dubitatif sur l’initiative bureaucratique qui consiste à injecter des milliards d’euros dans la mise en place d’un “Airbus des batteries”.
N’est-ce pas déjà le temps de regrets ?
Et comment fera l’État pour pallier le manque à gagner dû à la désaffection pour les produits pétroliers. Va-t-il se mettre à taxer l'électricité plus qu'il ne le fait déjà ?

07 mai 2019

Glyphosate: Tout Et Son Contraire

De deux choses l’une. Soit les agences nationales sont peuplées d'imbéciles et de fieffés menteurs qui se contrefichent de la santé des contribuables qui les financent, soit la rumeur est insane, ainsi que les médias qui la véhiculent, tendant à considérer le glyphosate comme une horreur à bannir absolument, tant il est hautement cancérigène pour l’être humain.

Nul besoin de revenir sur la nocivité alléguée de cet herbicide, commercialisé (entre autre) par la firme Monsanto. On nous en rebat les oreilles à longueur d’année et c’est devenu un fait établi pour l’Opinion Publique. C’est fort de cette notion que l’État (à l’initiative de l’ineffable Ségolène Royal) a cru bon d’interdire la vente de ce produit aux particuliers et s'est fixé l’impératif catégorique de faire de même pour les agriculteurs aussi vite que possible. C’est également en excipant de cette idée reçue que les tribunaux se sont crus autorisés à condamner Monsanto à des amendes astronomiques destinées à indemniser les prétendues victimes.

On parle moins des observations d’experts, venant régulièrement non pas nier, mais au moins relativiser cette toxicité et à tout le moins à considérer qu’elle est acceptable moyennant quelques protections, en regard des avantages que le produit procure à l’agriculture.
J’avais relaté il y a quelques temps les résultats d’une très vaste étude, portant sur plus de 60.000 personnes exposées pendant 20 ans au glyphosate, et qui ne trouvait “aucun lien entre cette substance et toute tumeur solide ou lymphome...”
Plus récemment, le magazine Le Point révélait que « Toutes les agences sanitaires indiquent que le glyphosate ne présente pas de risque ». Il se faisait ainsi l’écho de Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue Science et Pseudo-Sciences et membre de l’Association pour l’Information Scientifique (AFIS), dont le but est de lutter contre la désinformation en matière scientifique. Vaste programme comme dirait le grand Charles, car les sujets ne manquent pas, sur lesquels circulent les idées les plus irrationnelles voire carrément folles, car aussi péremptoires que dénuées de tout support objectif: OGM, vaccins, alimentation, énergie nucléaire, homéopathie, ondes électromagnétiques, paranormal, psychanalyse, astrologie…

Enfin tout dernièrement, c’était Le Figaro qui relayait l’information venue de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) selon laquelle “le Glyphosate n’est pas cancérigène !”
C’est évidemment en contradiction flagrante avec plusieurs décisions récentes de justice dont celle retentissante d’un jury de San Francisco, accordant 80 millions de dollars de dommages et intérêts à un plaignant qui accusait le RoundUp de lui avoir provoqué un cancer. Sa plainte s’appuyait sur le nébuleux avis rendu en 2015 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), classant, en vertu du principe de précaution et de quelques observations animales, le glyphosate parmi les produits «probablement cancérigènes pour les humains.»

Cette controverse édifiante illustre la versatilité des faits et croyances à notre époque. En dépit des avancées scientifiques et des facilités d’accéder aux sources d’information et de les croiser, nous n’avons en définitive guère fait de progrès depuis le moyen-âge. Il est navrant de constater que les opinions subjectives priment toujours sur celles qui se fondent sur des données objectives.
C’est extrêmement inquiétant pour l’avenir. L’Homme 
est le seul animal capable de modifier son environnement de manière consciente, ce qui lui confère une lourde responsabilité, mais il ne saurait affronter les défis qui se dressent face à lui en donnant la même importance aux suppositions qu’aux observations, aux principes qu’à la réalité, et il devrait se souvenir qu’aucun raisonnement digne de ce nom ne peut à la fois prétendre une chose et son contraire...

26 avril 2019

Souffler n'est pas jouer II

Cherchant un titre pour mon commentaire, suivant la conférence de presse du Président de la République, je pensais à l’expression tirée de la règle du Jeu de Dames “souffler n’est pas jouer”, et je tombe sur un précédent billet pour lequel je l’avais déjà utilisée en 2017, juste après l’élection dudit Président…
Et pour cause: je ressens ce soir un peu la même impression.
Emmanuel Macron
parle bien. Son style est délié, souple et rapide. Mais il pêche par un excès d’emphase et surtout d’indécision et de vacuité dans l’action.

Avant de répondre aux questions des journalistes, le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours de près d’une heure destiné à clôturer le fameux Grand Débat qu’il avait lui-même proposé, tout en s'efforçant d'apaiser 
la colère des Gilets Jaunes. Sans doute attendait-on trop de cette intervention...

Il commença par délivrer quelques belles formules lénitives, rappelant par exemple que nous sommes “les enfants des Lumières”, qu'il ne faut pas céder à "l'obscurantisme", à la "haine" ou au "complotisme". Il insista sur la nécessité de mettre “davantage d’humain” dans l’action publique, sur sa volonté, pas très originale, de lutter contre la bureaucratie pyramidale de notre système. Suivirent des actes de contritions et quelques mea culpa : “J’ai pu donner l’impression d’être dur et injuste, je le regrette”.../… “J’ai changé et beaucoup appris…”

Au chapitre des actions concrète hélas, on en est resté aux annonces et aux déclarations d’intention. Certes elles ne sont pas toutes mauvaises, mais après quatre mois on était en droit d’attendre un peu plus de concret et davantage d'audace.
Par exemple, M. Macron nous assène qu’il faut vraiment envisager de travailler plus dans notre pays. Mais comment, puisqu’il ne veut pas remettre en cause les 35h, pas supprimer de jour férié et pas reculer l'âge de départ en retraite. Subtile contradiction au passage (ou hypocrisie), dans le même temps il annonce un système de retraite "à points" et une augmentation du nombre de trimestres de cotisations pour bénéficier d’une pension à taux plein…
S’agissant de la revalorisation des retraites, il promet de manière évasive d'instaurer un plancher à 1000€, tout en confirmant un peu tard son erreur de désindexer les pensions de l'inflation. Dont acte, sauf que les mesures  sont distillées au compte goutte à la manière d'un apothicaire: en 2020 pour les “petits retraités touchant moins de 2000€/mois” et un peu plus tard
pour tous les autres (en 2021, c'est à dire si la conjoncture le permet...)

S’agissant de la technocratie étatique, il dit son souhait de supprimer l’ENA, mais pour la remplacer par une autre école de la fonction publique, plus efficace, mais possiblement dans les mêmes locaux et avec le même personnel qui n’a pas démérité. Comprenne qui pourra…
Il plaide également pour la disparition du statut inamovible de haut-fonctionnaire et affirme vouloir supprimer beaucoup d’organismes inutiles. Mais lesquels, sachant qu’il évoque simultanément la création d’un nébuleux "Conseil de Défense Écologique", pour “répondre à l’urgence du climat” et qu'il voudrait revigorer le très superfétatoire Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en y intégrant 150 citoyens “tirés au sort”.

Au détour d'une phrase, il révèle qu’il est prêt à abandonner l’objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et il prévoit enfin un grand plan de décentralisation, avec création de 2000 "maisons de services publics" (une dans chaque canton), et l’arrêt de toute fermeture d’école ou d’hôpitaux sans l’accord des maires concernés.
On comprend de facto que la baisse des dépenses publiques est de plus en plus incertaine !
C’est d’autant plus gênant qu’il promet une baisse significative de l’impôt sur le revenu, d’environ 5 milliards d’euros. Ce fut sans doute l'annonce la plus fracassante, encore qu'elle ne précise ni comment elle serait mise en œuvre et pour qui, ni comment elle serait financée hormis par la suppression de certaines niches fiscales exclusivement destinées aux entreprises. Le lendemain, on apprenait de la bouche de M. Darmanin  sur RTL que cette allègement fiscal ne passerait  probablement pas par le réaménagement des tranches d'imposition, mais qu'il s'apparenterait à une nouvelle niche, réservée aux gens modestes, donc un nouveau bidouillage dans l'invraisemblable pipotron fiscal...

En matière de politique générale et d'affaires internationales, il y eut quelques voeux pieux sur la nécessité de faire payer les pensions alimentaires aux maris indélicats, quelques vagues résolutions sur la laïcité et sur l’immigration (fermes comme toujours dans les mots mais floues dans les actes).
Une réforme constitutionnelle est envisagée "pour améliorer le débat démocratique", mais elle n'a rien de révolutionnaire. Elle se caractériserait selon le président par l’introduction d’une dose de proportionnelle (de l’ordre de 20%) à l’Assemblée Nationale, et la réduction arbitraire et hypothétique de 25 à 30% du nombre de parlementaires. En revanche et heureusement, pas de prise en compte du vote blanc, pas d’obligation de vote non plus, pas de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) réclamée rituellement par les excités du samedi. Juste une porte entrouverte sur un hypothétique Référendum D’Initiative Partagée (par au moins 1 million de citoyens) et une plus grande considération pour les pétitions locales.
A propos de l’Europe enfin, M. Macron, non sans un certain culot, s’exclama qu’il était partisan de réduire le nombre d’États dans l’espace Schengen, notamment s’il s’avérait qu’ils se comportent de manière “non solidaire” ou “laxiste”. Autant pisser dans un violon tout en prenant le risque de renforcer l’inimitié déjà croissante que certains manifestent à l’égard de la France, mauvaise élève et donneuse de leçons...

Au terme de ce marathon, survolé avec un certain brio par le Chef de l’Etat, semblant très à l’aise avec les représentants des Médias, et assisté d’un peuple muet de ministres mi-figue mi-raisin, on pouvait faire un constat: il n’y eut pas un mot, pas une allusion sur les deux principales récriminations des Gilets Jaunes dès le début du mouvement, à savoir la stupide limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, et rien sur le devenir de la fiscalité impactant le prix des carburants. On est donc bien avancés….

16 avril 2019

Tristes Symboles

A quelques jours de Pâques, le gigantesque incendie qui vient d’embraser la cathédrale Notre Dame de Paris s’imprime dans notre esprit avec une force symbolique tragique. Comment ne pas voir dans la flèche qui s’est écroulée en flammes, le destin tragique de l’église catholique tout entière, voire du Christianisme ?
C’est un fait, ce dernier est en voie de désaffection. Selon Jerôme Fourquet, et son constat accablant de l'état de la société française, “nous sommes arrivés à un stade terminal de la déchristianisation”. Moins de 6% des Français sont pratiquants contre plus de 35% dans les années soixante. Tous les symboles de la religion tombent les uns après les autres en obsolescence. La République y a contribué, grâce à la lénifiante perversité d’un François Hollande, en achevant de dénaturer la notion de mariage. Quant à la laïcité avec laquelle on nous bassine à longueur d’année, elle détruit peu à peu l’empreinte chrétienne dans notre société, tandis qu’elle n’est qu’un rempart illusoire face à l’islam conquérant. Dans le même temps, les affaires de pédophilie ressassées ad nauseam ne contribuent pas peu à éroder les derniers piliers sur lesquels tenait encore la foi chrétienne.

Le pape lui-même ne semble plus vraiment habité par une vocation messianique. Il passe son temps à fustiger le libéralisme qui ne lui a pourtant rien fait et montre beaucoup de légèreté voire de frivolité dans sa manière d’aborder les grands problèmes du monde contemporain. Notamment le drame de l’immigration qu’il traite avec une naïveté confondante. Face à l’islam il fait preuve de complaisance si ce n’est de lâcheté, réclamant mansuétude et compréhension pour les Musulmans même les plus arrogants, qu’il demande d’accueillir à bras ouverts, tout en recommandant aux Chrétiens vivant en terre islamique de faire profil bas et surtout de s’abstenir de tout prosélytisme. Résultat, le charisme papal est en voie d’extinction même si les bénis-oui-oui feignent de le trouver gentil…

Arrivé hier soir en catastrophe sur les lieux du drame, le président Macron s’exclame à propos de la cathédrale en feu: “C’est toute notre histoire et ce soir elle est en train de brûler…”
A prendre cette déclaration au pied de la lettre, on serait tenté d’y voir le constat fataliste de la fin de notre monde. Ce d’autant que l'événement semble réduire à néant ses efforts pour sortir le pays de la crise dans laquelle il est enlisé. Personne n’attendait vraiment de son allocution avortée, des mesures révolutionnaires ni même audacieuses. Mais la brutalité de ce drame réduit pour l’heure à néant toute velléité de réforme et risque de faire paraître bien vaines les préoccupations qui agitent le pays depuis déjà quelques mois.

La première question qui se pose est de savoir comment une telle catastrophe a pu survenir. Accident ou crime on reste songeur sur les négligences que cela sous-tend probablement. A une époque où l’on insiste tant sur le principe de précaution et sur la prévention des risques, on ne peut qu’être choqué qu’un tel sinistre puisse arriver dans un tel lieu.
Puisqu’il faut garder l’espoir devant tout revers du destin, gageons toutefois que cet événement soit l’occasion d’un sursaut salvateur pour notre société en mal de repères, et pour la cathédrale l’occasion d’une résurrection...

15 avril 2019

Trous Noirs

La première photo d’un trou noir cosmique vient d’être dévoilée. Le concept théorique devient réalité !
Vertigineux quand on pense aux efforts qu’il a fallu déployer pour réaliser cette image en apparence si banale: un rond obscur auréolé de feu. Plusieurs télescopes répartis aux quatre coins du monde ont travaillé en synergie, formant un seul outil, de proportions gigantesques. Des milliards de milliards de données ont été traitées par ordinateur (
5 pétaoctets, soit 1015 octets). Tout ça pour objectiver ce gouffre situé à quelques 53 millions d’années lumière, au centre de la galaxie M87. Et pour confirmer les prédictions époustouflantes faites par Einstein il y a un siècle déjà par la seule force de son raisonnement scientifique, génial, il faut bien le dire.
Beaucoup de questions restent toutefois en suspens quant à la nature de ces fabuleuses concrétions au pouvoir d’attraction tel qu’elles absorbent tout ce qui passe à leur portée, y compris la lumière. La gravitation n’étant qu’une courbure plus ou moins profonde de l’espace-temps, les trous noirs s’apparentent à des puits sans fond. Que devient la matière une fois franchi cet “horizon des événements” ? A quelles lois obéit-elle, une fois compressée dans ce magma hyperdense. Et quid de l’espace et du temps qui s’y engloutissent sans retour ?
La réalité dépasse ici l’imagination, impuissante à s’affranchir de ces notions et incapable de concrétiser le néant…

Coïncidence troublante, la découverte de ce trou noir semble répondre à l’anéantissement des idées et du bon sens auquel on assiste à l’instant présent dans notre monde sublunaire, et particulièrement dans notre douce France. Que ce soit les fumeuses élucubrations issues du Grand Débat ou bien les insipides controverses relatives aux élections européennes à venir, tout est sujet au désespoir. Le déprimant spectacle des manif des Gilets Jaunes s’égrène sans fin prévisible, au fil des samedis. On attend sans illusion l’allocution du Président de la République et les demi-mesures qu’il va devoir annoncer pour tenter de sortir son mandat du marasme dans lequel il est enferré. Mais le moins qu’on puisse dire est que les perspectives rappellent furieusement celles, implacablement fermées, d’un trou noir...

05 avril 2019

Trump et les Salades Russes

Donc nous avons vu outre-atlantique, la fameuse enquête russe faire pschiiit !
Destinée à mettre au grand jour tous les rouages de la machination ourdie par le clan Trump pour gagner l’élection présidentielle avec l’aide de l’Administration Poutine, elle n’a rien révélé du tout ! Elle a pourtant empoisonné les deux premières années  au pouvoir du cher Donald, et il ne faisait guère de doute selon la plupart des médias français, que l’affaire était des plus sérieuses. A peine élu le nouveau dirigeant américain, pris sous le feu incessant des critiques, dut faire face à la menace d’une procédure d'impeachment.
Les Démocrates ne contribuèrent pas peu à propager les accusations les plus folles, relayées quotidiennement par les innombrables vecteurs médiatiques dont ils disposent aux États-Unis et dans le monde. Rarement on vit plus féroce campagne pour tenter d’inverser le résultat d’un scrutin, dont on souligna, au mépris des règles du jeu ancestrales qui prévalent aux USA, qu’il n’avait porté au crédit de M. Trump qu’une minorité des suffrages populaires. Il est vrai qu’en 2000 les mêmes avaient bien essayé de démontrer à force de recomptages, que leur candidat, l’obscur Al Gore, avait gagné contre George W. Bush.

C’est étrange ce déni démocratique patent, que personne ne voit vraiment ou que tout le monde refuse de voir. C’est bizarre cette manie de faire tout pour empêcher son adversaire de gouverner, surtout lorsqu’il essaie de mettre en œuvre le programme sur lequel il a été élu.
Comme toujours ou presque cette fièvre revancharde vient des rangs de la Gauche soi disant progressiste.
A l’inverse, lorsque leur champion est vainqueur, on est prié d’en faire illico un dieu vivant et de lui accorder par avance tous les mérites. On se souvient de cette saillie de Jack Lang, révélatrice de la stupidité socialiste, lors de l’élection de François Mitterrand, se gargarisant qu’on soit passé des ténèbres à la lumière. On se rappelle pareillement que le messie Obama fut intronisé dans un déluge de louanges et qu’il reçut le Prix Nobel de la Paix avant d’avoir rien fait…
Combien de temps encore devra-t-on accepter ce genre de supercherie, c’est bien là la question. C'est d'autant plus intolérable qu'on aura remarqué la discrétion de la Presse et des politiciens franchouillards, dans leurs commentaires, une fois le rapport du Procureur Mueller rendu public. C’est à peine s’ils le signalèrent au titre des faits divers. On a même vu la mauvaise foi de certains aller jusqu’à reprocher au président américain de se féliciter du résultat de cette enquête alors qu’il l’avait jugée illégale… Quant à notre ineffable Flamby ex-président de la république auto-défroqué, aussi généreux comme donneur de leçons qu’en redistributeur de l’argent des autres, il continue benoîtement d’asséner que le président américain serait le leader de l’extrême droite internationale. Mieux vaut en rire…

Cela dit Donald Trump n’est pas pour autant tiré d’affaire. On lui promet une issue moins favorable dans d’autres affaires montées en épingle avec un soin jubilatoire (Stormy Daniel) et on peut faire confiance aux Démocrates pour lui compliquer la tâche autant qu’ils le pourront. Exemple récent les manœuvres de la Chambre des représentants, destinées à empêcher le versement d'un milliard de dollars par le Pentagone pour terminer le fameux mur anti-immigration clandestine avec le Mexique. Ou encore cette résolution du Congrès, "en forme de camouflet" à l’Exécutif (l'Express), exigeant l’arrêt de tout soutien militaire américain à l’intervention saoudienne au Yémen (visant à contrer des factions chiites soutenues par l’Iran), au motif selon Bernie Sanders, gauchiste notoire, qu’elle serait à l’origine “d’un désastre humanitaire sans précédent”. Nul doute qu’après le retrait de l'aide américaine le paradis soit de retour là bas...

27 mars 2019

Grand Débat : L'Etat et les Services Publics

Dernier volet du Grand Débat, celui qui concerne l’organisation de l’État et des Services Publics. Il y a beaucoup à dire, même si malheureusement, "à lire ce qu’on lit, à voir ce qu’on voit et à entendre ce qu’on entend", les Français, plus étatistes que jamais attendent tout de lui et réclament toujours plus de prestations sociales. Le questionnaire proposé par les Pouvoirs Publics est à l’image de cette dépendance de plus en plus exigeante.

Les questions n’abordent donc que très superficiellement la structure et le fonctionnement de l’État, préférant se focaliser sur l’Administration et sur les Services apportés à la population et aux individus.
Dans ce contexte j’avais intitulé ma contribution: «Qu’est-ce qu’un service public ?» et tenté d’y répondre à l'occasion de la dernière question, la seule un peu ouverte à l’imagination...


L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE

Que pensez-vous de l'organisation de l’État et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Elle est devenue beaucoup trop lourde et complexe, laissant trop peu de place aux initiatives citoyennes. Il est impératif d'alléger le tissu administratif en simplifiant les réglementations et réduisant le nombre des officines d'état (Agences, hautes autorités, comités, commissions, conseils, défenseur des droits...)

Selon vous, l’État doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Donner plus de marge de manœuvre aux collectivités oui, mais en simplifiant également d'abord leur organisation dantesque à laquelle personne en comprend plus rien. Faire appel également aux initiatives privées pour réduire l'emprise de l'état (enseignement, établissements de santé, assurance maladie, transports....)

LES SERVICES PUBLICS POUR TOUS


Estimez-vous avoir accès aux services publics dont vous avez besoin ?
Oui

Quels nouveaux services ou quelles démarches souhaitez-vous voir développées sur Internet en priorité ?
L'offre est déjà assez riche. Le vote électronique serait une perspective très intéressante et on ne comprend pas bien ce qui s'y oppose alors qu'on peut gérer les comptes bancaires en toute sécurité . Peut-être faudrait-il veiller à aider davantage les personnes qui ont des difficultés pour utiliser ces services.

Avez-vous déjà utilisé certaines de ces nouvelles formes de services publics ?
Non

Quand vous pensez à l'évolution des services publics au cours des dernières années, quels sont ceux qui ont évolué de manière positive ?
Grâce à l'internet, presque toutes les démarches et formalités sont devenues plus faciles et rapides. Il manque parfois un peu plus de convivialité, notamment avec la CARSAT (branche retraites de la Sécurité Sociale) qui reste très rigide et dont les informations sont données au compte goutte à sens unique. La personnalisation des échanges via le web serait tout de même un progrès.

Quels sont les services publics qui doivent le plus évoluer selon vous ?
Le défenseur des droits (aucune réponse aux sollicitations, on se demande à quoi il sert). La CARSAT très rigide et peu conviviale. Les Agences Régionales de Santé, totalement déconnectées des citoyens. Les ministères qui restent peu accessibles, ainsi que les élus sauf exception (députés sénateurs, et même maires des grandes villes)

Connaissez-vous le "droit à l'erreur", c'est-à-dire le droit d'affirmer votre bonne foi lorsque vous faites un erreur dans vos déclarations ?
Oui

Si oui, avez-vous déjà utilisé ce droit à l'erreur ?
Non

Pouvez-vous identifier des règles que l'administration vous a déjà demandé d'appliquer et que vous avez jugées inutiles ou trop complexes ?
Les règles sur la fiscalité, horribles et tarabiscotées, et trop variables. Les réglementations sur la Recherche Clinique tellement complexes et changeantes qu'on ne parvient plus à déterminer si on est dans son bon droit. D'une manière générale, le principe de précaution qui génère au quotidien quantité de réglementations toujours plus contraignantes, souvent inapplicables ou même contradictoires entre elles. Les réglementations en matière immobilière, illisibles, ou tellement protectrices ou dirigistes qu'elles cassent l'envie d'acheter de vendre ou de louer... Le système de facturation des soins qu'on ne parvient plus à comprendre même lorsqu'on est un professionnel. Les règles de prescription médicale de plus en plus lourdes et contraignantes. Le code de la route avec ses limitations de vitesse généralisées, ubuesques (notamment les 80 km/h...) Le code du travail bien sûr et entre autres ses ukases stupides sur les dates et heures d'ouverture des magasins. Bref, décrire toutes les tracasseries que l'administration génère est un sujet inépuisable.

Faut-il donner plus d'autonomie aux fonctionnaires de terrain ?
Oui

Si oui, comment ?
En favorisant enfin de vraies délégations de gestion (par exemple à l'hôpital +++) et en facilitant l'émulation par la possibilité de récompenser à leur juste valeur les initiatives heureuses

Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui

Si oui, comment ?
En en finissant avec les écoles d'endoctrinement au mythe de l’État-providence (EHESP, ENA..). Revenir sur l'inamovibilité des statuts et des personnes. Lutter contre les rentes de situation, les placards dorés et le pantouflage, notamment dans la Haute fonction publique. Encourager les initiatives heureuses.

Comment l’État et les collectivités territoriales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté ?
En déconcentrant les pouvoir et appliquant mieux le principe de subsidiarité. Mettre fin aux chimères idéologiques asphyxiantes et génératrices d'inégalités et d'injustices : carte scolaire, autorisations d'équipement et d'activité dans les hôpitaux, contraintes en termes de logement social, encadrement des loyers, incapacité d'agir quasi imposée aux forces de l'ordre, lois non respectées...

LES SERVICES PUBLICS POUR LES PARTICULIERS


Si vous avez été amené à préparer votre retraite, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Absence d'écoute et de compréhension de la part de la CARSAT qui notamment interprète les réglementations à sa manière sans recours ni appel possible (notamment pour l'attribution du supplément lié au fait d'avoir élevé au moins 3 enfants). D'autres organismes sont beaucoup plus clairs et honnêtes (IRCANTEC)

Si vous avez été amené à demander un remboursement de soins de santé, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Le parcours de soins dit coordonné est un modèle du genre en matière de complexité. Le prélèvement par l'Assurance Maladie d'une franchise sur chaque boite de médicaments et sur chaque acte reste très largement incompris alors qu'il était fait pour responsabiliser davantage les patients. Le tiers payant généralisé, appliqué dans les pharmacies, et dont la généralisation avait été envisagée est séduisant mais déresponsabilisant (tout comme la prise en charge soi-disant intégrale des lunettes et des soins dentaires...)

Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
La question reste plus que jamais posée : qu'est-ce qu'un service public ? Est-ce une prestation gratuite ? Ce ne serait qu'un leurre puisque chacun sait que tout ici bas se paie, directement ou indirectement. Est-ce un service fourni par l’État ? Dans ce cas, le risque est de lui conférer la situation détestable de monopole, et de lui donner une emprise excessive sur les citoyens, grignotant peu à peu leur liberté et leur responsabilité. il y a donc lieu de redéfinir le périmètre d'action de l’État. Que dire par exemple des prestations offertes par certaines entreprises privées comme GOOGLE (moteur de recherche web, navigateur, géolocalisation, messagerie, gestion de blogs, de photos, partage de documents, suite bureautique…) Toutes ces applications font partie du quotidien pour beaucoup de gens et sont pour les utilisateurs, totalement gratuites. N'est-ce pas, de facto, un vrai service public, qu'on cherche étrangement à surtaxer par tous les moyens, sans doute pour en diminuer l'efficacité... 

Illustration : Leviathan, gravure destinée à orner l'ouvrage du même nom de Thomas Hobbes.

21 mars 2019

Grand Débat : Démocratie et Citoyenneté

Au moment où est publié, sous l'égide de Jérôme Fourquet, le constat accablant de la décomposition de notre société, sous le titre évocateur de l'Archipel Français, il semble bien temps de se préoccuper de ses valeurs cardinales que sont la démocratie et la citoyenneté.
Le sous-titre de l'ouvrage donne la mesure du désastre, en qualifiant notre pays de "nation multiple et divisée".
Les citoyens se regroupent désormais en tribus de plus en plus indifférentes les unes aux autres quand elles ne se vouent pas une franche détestation réciproque. Il n'y a plus guère de dessein commun et la démocratie elle-même s'effrite au gré des combats et revendications communautaires.
Au nom d'une vaine égalité, la liberté est chaque jour un peu plus rognée, et l’État plus lâche et indéterminé que jamais, fait peser toujours plus sur le pays son emprise à la fois molle, contraignante et stérilisante...
Le questionnaire proposé par les Pouvoir Publics peut donc paraître assez éloigné de la réalité et les réponses ne peuvent être que bridées, telles celles qui sont relatées ci-dessous :

VIE INSTITUTIONNELLE ET DÉMOCRATIQUE

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?

Je ne sais pas trop tant j'ai l'impression que l'idéal d'une démocratie libre et responsable ne cesse de s'éloigner. Je ne me sens proche d'aucun programme politique. Même l'échelon local est loin des préoccupations de terrain, miné qu'il est par les réglementations, la peur du risque, l'irresponsabilité et la bureaucratie

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Oui aux syndicats sous réserve qu'ils ne vivent pas des subsides de l’État ce qui est indécent, qu'ils soient indépendants des partis et des idéologies politiques et qu'ils prennent en compte l'intérêt des salariés avec plus de pragmatisme. Même remarque pour les associations et les lobbies de tout poil...

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Que les élus se montrent moins démagogues et qu'ils mettent vraiment en œuvre leurs programmes. Qu'ils fassent preuve de plus de conviction et de détermination dans leur politique et qu'ils veillent à apprendre aux citoyens à se passer peu à peu de l’État, comme le préconisait Tocqueville. Qu'ils soient plus économes des deniers publics et qu'ils réduisent la bureaucratie administrative et réglementaire.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Je ne sais pas...

Pourquoi ?
Ce n'est pas tant le cumul qui paraît néfaste que les véritables rentes de situations dont semblent bénéficier à vie les politiciens, restant toujours très éloignés de la société civile. En somme il faudrait des mandats moins longs et sans trop de renouvellement.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Il eut mieux valu ne pas ostraciser le Front National depuis des décennies, ce qui a fini par poser un vrai problème de représentation démocratique. J'ai eu honte que le candidat élu à la présidence de la république soit élu avec 82% des voix en 2002, alors qu'il n'avait fait que 19% au premier tour. La même remarque pourrait s'adresser à Emmanuel Macron, vainqueur sans surprise en 2017, même si le score final était moins "soviétique"... A ce jour le paysage politique est totalement dispersé et peu crédible à l'exception du Rassemblement national qui fait un bloc portant les idées d'un tiers des Français sans qu'il lui soit possible de gagner un scrutin national. Quoique peu enclin à partager ses idées, je trouve cet état de fait désolant et grave pour notre république.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui

Si oui, lesquels ?
Les députés pourraient être moins nombreux (300 suffiraient amplement), les sénateurs également (100 tout au plus), à condition de rééquilibrer les poids respectifs des 2 chambres. Il faudrait également faire un grand ménage dans les collectivités territoriales pléthoriques, mais leur donner en contrepartie plus de pouvoir.

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?Elle est nécessaire au bon fonctionnement d'une démocratie, pour peu qu'on redonne du sens au jeu politique, ce qui découle de tout ce qui est dit plus haut.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Non, ce n'est qu'un marqueur navrant de la désaffection des citoyens pour le jeu démocratique.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Faire plus confiance au terrain. En France tout descend de Paris, mais rien n'y remonte ou quasi. Le principe de subsidiarité est excellent, qui veut qu'on parte de l'échelon local et qu'on ne confie à celui au dessus que ce qui ne peut être traité. Dans cette perspective, les consultations et/ou les référendums locaux sont souhaitables, comme en Suisse.

Faut-il faciliter le déclenchement du Référendum d'Initiative Partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Non, si cela s'entend à l'échelon national
. C'est un leurre, irréalisable en pratique, qui n'aboutit qu'à déstabiliser le pouvoir ou à générer des frustrations dans la population.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l’État et les collectivités ?
Inverser le sens des communications, qui doivent pouvoir remonter du terrain et non descendre du haut de la pyramide comme des certitudes intangibles. Il faudrait que les Pouvoirs Publics soient plus à l'écoute de ce qui se passe dans les villes et dans les campagnes et qu'ils soient mus par des impératifs pragmatiques plus que par des principes idéologiques.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Le Sénat doit accroitre son poids tout en réduisant ses effectifs et son train de vie à l'instar de ce qui se fait aux États-Unis. Il doit jouer le rôle de contrepoids à l'Assemblée. Le Conseil Économique et Social pourrait tout bonnement être supprimé (tout comme nombre d'autres instances...) Il n'y a pas un Français sur dix qui sait à quoi il sert... Ou plutôt, la plupart pensent qu'il s'agit d'une des nombreuses officines de l’État, qui servent à recaser les politiciens sur le carreau...

Faut-il les transformer ?
Oui

Si oui, comment ?
En réduisant les effectifs du Sénat (un ou deux sénateurs par département par exemple) et lui donner plus de pouvoir législatif. Supprimer le Conseil Économique est Social et Environnemental...


VIE CITOYENNE


Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l’État et les religions de notre pays ?

Au point où nous sommes rendus, la situation est quasi désespérée... L'Islam est conquérant et les Pouvoirs Publics sont impuissants pour enrayer cette progression qui grignote peu à peu leur emprise. Les autres religions ne sont pas sources de tant de problèmes.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Par le respect des lois. Des lois moins nombreuses mais plus fermement appliquées ! Le recours à la jurisprudence chaque fois que possible. Une justice plus impartiale et plus indépendante de l’État et des idéologies politiques.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Faire comprendre aux citoyens que la liberté implique la responsabilité et que l’État ne peut pas tout...

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Le plus urgent serait sans doute de sanctionner vraiment toutes les incivilités du quotidien.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Désengager l’État de notre quotidien dans lequel il s'immisce à tout moment.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les dégradations du bien commun (déjections canines, tags, casse...) Bruit (vélomoteurs), manifestations violentes, consommation ostensible de boissons alcoolisées, tension latente (mendicité, chiens)

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Être plus ferme dans l'application des lois et dans les sanctions pour leur violation...

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Se montrer soi-même bon citoyen.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Aucune, personnellement, fort heureusement. Les vraies discriminations sont de nos jours auto-infligées par des communautés revendiquant haut et fort leur "différence" et rejetant à ce titre les autres...

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Vaste programme...

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Le respect des objectifs pour lesquels ses aides sont faites, le comportement citoyen, l'irréprochabilité vis à vis des lois....


IMMIGRATION ET INTÉGRATION


Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?

Le sentiment qui domine est que l'immigration n'est pas maitrisée et que par voie de conséquence, elle se solde par un accueil assez déplorable de la part de notre pays, et un communautarisme arrogant et in fine, peu de volonté d'intégration de la part des migrants...

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Oui à condition de définir clairement quelles sont les "obligations d'asile", trop souvent galvaudées.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Difficile en quelques lignes de proposer des solutions concrètes s'opposant au laisser aller navrant auquel on assiste depuis tant de temps.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Être plus exigeant sur les engagements des migrants à s'intégrer et à respecter les lois françaises. En contrepartie, leur faciliter certaines démarches et leur montrer plus d'empathie


En définitive, à l'issue de ce questionnaire, l'avenir s'inscrit dans l'interrogation-titre de l'ouvrage de Jérôme Fourquet : "Où allons nous ?"

17 mars 2019

Grand Débat : Dépenses Publiques et Fiscalité

Le Grand Débat est à peine clos que la flambée de violences commises au nom des Gilets Jaunes reprend de plus belle. Dispersées depuis longtemps, les revendications initiales ont laissé la place à un déferlement insoutenable de haine, rappelant les pires moments de notre histoire. Cette fois, plus de doute, c’est bien l’extrême gauche la plus vindicative et la plus revancharde qui mène cette danse sinistre, avec ses slogans soi-disant anti-capitalistes, anti-riches, anti-tout. Insondable bêtise, haine abjecte, effrayant nihilisme.

De nouveau les Champs-Élysées ont été mis à sac sous l’œil impuissant des forces de l’ordre. Le Président de la République a dû écourter son weekend montagnard pour revenir en catastrophe à Paris. Sous l’empire d’une colère froide, il a accusé tous les manifestants de samedi, qualifiés pour la circonstance "d'émeutiers" d’être responsables des dégradations ignobles, soit directement soit par complicité passive.
Il a raison mais ses mots très forts masquent hélas une incapacité chronique à s’opposer à ces dévoiements populaires qui commencent sérieusement à miner le pays et donnent un triste spectacle au reste du monde qui le regarde interloqué.
Les Pouvoirs Publics, terrifiés à l’idée même d’un dérapage, d’une bavure, auront-ils enfin le courage de mettre fin à ces exactions hebdomadaires ? Sauront-ils résister à la démagogie conduisant la France dans une spirale infernale de laquelle elle aura de plus en plus de mal à s’extraire.
La thématique de la fiscalité et des dépenses publiques risque bien d’être noyée dans ce déluge d’insanités.
A ce jour on n’entend que des propositions de taxations supplémentaires : successions, plus-values immobilières sur les résidences principales, taxe carbone, ISF, nouvelles tranches de l’impôt sur le revenu… A longueur de journée on nous rebat les oreilles avec les inégalités, l’injustice sociale, la fraude fiscale, les riches de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres… C’est un comble dans le pays désormais le plus imposé au monde, le plus protecteur au plan social, le plus redistributeur de la manne fiscale, un pays où moins de 45 % des foyers paient l’impôt sur le revenu, où 70 % des impôts sont payés par les 10 % les plus riches. On nage en pleine absurdité et l’État en est réduit à vendre les aéroports pour boucler son budget désespérément déficitaire.

Dans ce contexte le questionnaire proposé dans le cadre du Grand Débat paraît lénifiant, illusoire et pour tout dire complètement à côté de la plaque, même si je me suis quand même efforcé d'y répondre : 

Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Information claire sur le site web des impôts

Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?

Avant tout la simplifier, en stabiliser les règles, lui donner une assiette très large, et un taux le plus faible possible.

Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?

Le seul impôt qu'il serait encore possible de baisser en France est la CSG car avec son assiette large, il touche tout le monde et pèse lourdement sur les revenus du travail et les retraites. Hélas, ce prélèvement obligatoire en forme de cotisation ne cesse d'augmenter. Tout espoir semble donc perdu...

Afin de financer les dépenses sociales, que faut-il faire selon vous...
Reculer l'âge de la retraite
Augmenter le temps de travail
Revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales Introduire un étage de capitalisation dans le système des retraites
…. C’est à dire tout sauf l’augmentation des impôts  (et surtout penser enfin à réduire les dépenses sociales).

S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Toutes, car elles sont en général mal ciblées et peu réactives face à l'évolution des besoins réels et des situations individuelles.

Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?

La santé, en assouplissant le système et en abrogeant le monopole archaïque de la Sécurité Sociale. Les retraites en abordant enfin le sujet sans tabou idéologique (encouragement de l'épargne, de l'assurance vie, capitalisation)

Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?

Aucun, la coupe est pleine en matière d'impôts ! Il faut faire preuve d'imagination et alléger le poids de l'Etat-Providence pour évoluer enfin vers une démocratie faite de citoyens libres et responsables, c'est à dire exactement l'inverse de ce à quoi nous ont mené tous les gouvernements jusqu'à ce jour.

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?

Sur le poids et le coût de l'Administration, notamment les agences et officines d'Etat devenues innombrables et dont le coût annuel a été estimé à 50 milliards d'euros par la Cour des Comptes. Il serait souhaitable par exemple de supprimer sans délai les Agences Régionales de la Santé dont l'efficacité est quasi nulle et qui sont génératrices d'inertie avec leurs plans quinquennaux d'un autre temps (SROS, PRS)

Illustration: La Corne d'Abondance, vase antique

09 mars 2019

Grand Débat : Transition Ecologique

Ce thème est un des plus rebattus et sans doute un des plus subjectifs qui soient puisqu'il est sous tendu habituellement par le réchauffement climatique (Global Warming), sujet de toutes les extrapolations tant les prévisions météorologiques à long terme relèvent d'une logique aléatoire.
Autrefois, les Gaulois avaient peur paraît-il que le ciel leur tombe sur la tête. Nous n'en sommes pas loin et les certitudes affichées de certains "écolos" semblent relever parfois de la névrose obsessionnelle si ce n'est du fanatisme, lorsqu'ils veulent imposer à tous leurs lubies.
Cela dit, la protection de l'environnement reste évidemment un sujet sérieux et relève de la responsabilité collective plus que de solutions étatiques dont l'imagination se cantonne le plus souvent aux solutions fiscales ou à la production d'une bureaucratie normative incohérente si ce n'est délirante (le diesel..).

Voici donc sur cette thématique, les réponses personnelles apportées aux questions de la plateforme du Grand Débat :

Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?

La pollution de l'air (les autres propositions étaient le dérèglement climatique, la sécheresse, l’érosion du littoral, la biodiversité).
Il eut été opportun d’ajouter la problématique des déchets avec la nécessité de minimiser leur production et d’optimiser leur recyclage.

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?

Non

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?

Oui

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?

Réduction de l'utilisation de la voiture, notamment pour les trajets urbains. Évitement des voyages en avion. Tri des déchets, recyclage chaque fois que possible (broyage des déchets de jardin, compost), réparations d’objets et d’appareils défectueux. Lutte contre le gaspillage et la consommation inutile d'énergie (électricité, gaz). Amélioration régulière de l’isolation de la maison. Réglage du chauffage <= 20°c dans la journée et 17 la nuit...

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?

Amélioration des voies piétonnes et cyclables. Bonus fiscaux sur les travaux d'isolation ou d'optimisation du chauffage. Meilleure gestion du ramassage des déchets par les communes. Politique de repeuplement des commerces urbains.

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?

Celles qui n'impliquent pas d'augmentation de la fiscalité, mis au contraire une diminution et dont l'impact sur la qualité de vie est palpable. Que les Pouvoirs Publics montrent l'exemple en matière de gaspillage, de propreté et de protection des espaces publics contre les dégradations, et enfin de collecte plus efficace des déchets et ordures.

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?

Probablement mais peu envisageables sans investissement important.

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?

Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens urbains que je fais quasi exclusivement à pieds (sauf pour aller dans les grandes surfaces, faute de commerces en ville). J’ai en horreur les transports en communs, mal pensés, polluants (bus), et peu fiables en raison d’incessants mouvements sociaux et de pannes techniques (SNCF). Sans parler de l’avion...

Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ?

Les transports en commun s’ils étaient mieux pensés, plus efficaces, agréables et fiables.

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?

La France n'est pas un modèle, elle n'a donc pas de leçon à donner...

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?

L'écologie est l'affaire de tous. C'est un devoir citoyen. Il est trop facile d'incriminer toujours les autres. En la matière, l’État est malheureusement loin d'être irréprochable. Plus il y a d’État, moins il y a d'écologie. Les pays les plus étatisés sont aussi les plus pollués (socialisme…)
La réduction des transports aériens devrait s’imposer (15000 avions par jour dans le monde!). Extrêmement polluants et sources de nuisances multiples (bruit, dégradation des sites et des paysages…), ils sont souvent un luxe dont on pourrait se passer (tourisme de masse lui-même dévastateur, voyages d’affaires inutiles)

08 mars 2019

Du Grand Débat I

A l'heure où le Grand Débat fait rage, chacun peut donner son avis en toute liberté, en toute irresponsabilité.
Il y a évidemment bien peu de chances qu'il sorte quelque chose de contributif de ce charivari, ressemblant à un succédané de démocratie participative.
Qu'importe après tout, comme aux olympiades, l'essentiel est de participer !

Pour m'être aventuré dans une des réunions publiques consacrée à cette aventure, que n'aurait pas désavoué Don Quichotte, j'ai pu mesurer la confusion qui règne dans les esprits et surtout le poids de l'idéologie qui pèse sur notre pays. C'est bien simple on entend tout et son contraire mais les gens semblent plus que jamais attachés aux services publics à la française, qu'ils voient très s'accroitre et financés par les impôts payés par les autres. C'est simple comme bonjour en somme...

Pour ceux qui rechignent ou qui manifestent quelque appréhension à s'exprimer en public, la plateforme web du gouvernement, offre la possibilité de donner son opinion sur quatre thématiques choisies, sans doute parce qu'elles correspondent aux problématiques qu'on a le plus entendues depuis la crise des Gilets Jaunes.

- La première concerne la transition écologique et les mesures à proposer pour mieux protéger l'environnement.
- La seconde a trait à la fiscalité et aux dépenses publiques, les deux étant liées manifestement pour les Pouvoirs Publics
- La troisième est centrée sur la démocratie et la citoyenneté.
- La quatrième enfin, s'intéresse à l'organisation de l'Etat et des services publics.

Il y a deux manières d'aborder cette consultation populaire : Pour les gens pressés ou peu enclins à la rédaction, il ont la possibilité de répondre à des questionnaires rapides à choix multiples préétablis, ou  booléens (oui/non).
Pour ceux qui veulent aller plus loin, il est proposé de fournir des réponses plus détaillées, en texte libre.

Parallèlement à ce portail généraliste, plusieurs organismes plus ou moins indépendants ont ouvert des consultations plus ciblées notamment sur la santé et sur la réforme à venir (masanté2022).
Puisqu'il s'agit d'un devoir citoyen, je me propose de relater durant le mois de mars les propositions que j'ai eu la faiblesse et la naïveté d'adresser aux Pouvoirs Publics dans ce contexte. On ne s'étonnera pas qu'elles soient largement inspirées par l'amour de la liberté qui m'anime et qui fait la substance de ce blog. Fidèle au principe que j'ai adopté elles ont été envoyées en nom propre et non de manière anonyme comme plus de 9 sur 10 hélas. 
Elles s'inscrivent dans une politique très ouverte et font la part belle à la responsabilité individuelle de chacun, avec la ferme conviction qu'on peut encore améliorer les choses, pour peu qu'on abandonne les tabous idéologiques et les principes intangibles, au profit de l'esprit pratique ...
A suivre...

28 février 2019

Un Prince Disparaît...

Sa silhouette était unique, à la fois classieuse et excentrique, iconique jusqu’à l'outrance mais parfaitement contrôlée, le tout teinté d’auto-dérision (il s’appelait lui-même “logofeld”).
Hormis le blanc et le noir, les couleurs étaient rares dans ses tenues, mais le strict arrangement de ses cheveux disciplinés en un catogan neigeux très XVIIIè, l’extravagant collet monté faisant office d’instrument exquis de supplice, l’écran de fumée de ses lunettes voilant pudiquement son regard, la moue mi-narquoise mi-contrite qu’il affichait en toute circonstance, tout cela lui donnait une dégaine un peu hautaine, dégageant toutefois un charme fou et une belle originalité. L’allure d’un prince en somme, même s’il ne régnait que sur le domaine frivole de la haute couture.


Fou, il ne l’était assurément pas, lui qui sortit Chanel de la désuétude et qui remit la marque sur les rails prestigieux du luxe à la française. Derrière l’image d’un dandy dilettante, il travaillait paraît-il sans cesse, avec un sens aigu de l’observation, un souci obsessionnel du détail et une verve artistique rare à notre époque. Son amour de la beauté l’accaparait sans relâche et il l’exprimait avec une sincérité confondante.

Il était la mode personnifiée, pourtant il semblait totalement intemporel, au dessus des trivialités et des niaiseries du monde. Il fut le mentor d’une marque qui avait acquis sa notoriété en sublimant les signes du classicisme le plus intangible (le double C, le fameux tailleur éponyme, le canotier, le camélia, le sac à main matelassé...). Son boulot, se plaisait-il à répéter c’était “de donner un aspect nouveau à tout ça tous les six mois”. Le moins qu’on puisse dire, est qu’il n’a pas trop mal réussi...
Derrière la froideur distanciée qu’il mettait entre lui et les autres, l’être était sans doute passionnant, cultivant à travers une solitude assumée, un goût pour l’élévation d’âme et un subtil mélange de dédain et de tendresse pour tout ce qui fait la vie.
Participant de l’écume des jours, il se voulait superficiel et léger (sans être c… pour autant, précisait-il), attaché avant tout au renouvellement, ne prenant en somme rien au sérieux sauf le chemin qu’il s’était tracé, sur lequel il était en perpétuel mouvement, considérant que “c’est bien de faire, ce n’est pas intéressant d’avoir fait.”
L’existence relevait pour lui du même principe : sitôt interrompue par la mort, le charme se brise, rien ne sert de se lamenter ou de tenter de prolonger ce qui n’est plus. “Quand c’est fini, c’est fini”. Foin des enterrements, foin des cérémonies, il faut disparaître en toute discrétion, en ne laissant à la surface qu’un aimable souvenir…
On dira pour finir qu’il passa sa vie à sublimer la féminité. On voudrait tant pouvoir admirer ses innombrables dessins, restés à ce jour secrets, par lesquels il en magnifia si subtilement les lignes et les formes. En contribuant à donner un sens à l’éternel féminin, rayonnant, gracieux, changeant, émouvant, mystérieux, il fit cruellement ressortir l'ineffable stupidité de ceux qui voudraient le nier au motif de l’égalité des sexes !

Aujourd’hui qu’il est passé de l’autre côté, l’esprit de Karl Lagerfeld peut avec son accent teuton à couper au couteau, murmurer en anglais, en français ou en allemand, mais à la première personne, les vers que Shelley écrivit pour son ami le poète John Keats, trop tôt disparu : “he hath awakened from the dream of life…”