Supplique adressée au président de l'Association des Maires de France, en forme de bouteille, jetée à la mer:
Permettez-moi d’attirer votre attention en tant que citoyen désemparé, sur quelques problèmes relevant du quotidien, mais dont la gestion paraît régulièrement se détériorer.
- Le premier concerne le ramassage des ordures ménagères et le tri des déchets domestiques. La raréfaction observée un peu partout des tournées des éboueurs devient préoccupante.
Outre le désagrément visuel lié au débordement régulier des poubelles sur la voie publique, cette raréfaction du service public pose des questions évidentes d’hygiène et de dégradation de l’environnement. Ajoutons à cela que pour les résidents séjournant brièvement dans leur domicile et autres personnes de passage, il devient parfois quasi impossible d'évacuer leurs ordures ménagères, sauf à les abandonner sur la voie publique. Peu de communes offrent des containers en libre service et les poubelles situées sur les aires et les parkings en bordure de route sont trop souvent sous-dimensionnées. A l'heure de la protection de l'environnement, serait-il envisageable d'améliorer les choses ? S'agissant de la question du tri, bien légitime au demeurant, elle nécessite une clarification, tant les consignes apparaissent changeantes, floues et parfois contradictoires en fonction du temps et de l'endroit.
- Autre constat troublant, celui de l’extinction nocturne de l’éclairage public. Parfois dès 22H00, dans de nombreuses villes, les rues sont plongées dans l’obscurité totale pour des raisons qu’il est difficile de comprendre à l’heure des LEDs et autres luminaires peu consommateurs d’électricité. Sans parler des risques liés à l’accroissement de la délinquance, ces ténèbres plongent un nombre croissant de cités dans la tristesse et l’insécurité (ne serait-ce que pour éviter les obstacles, trous, travaux, chausses-trappes et autres pièges menaçant les piétons). La France ressemblera-t-elle prochainement à la Corée du Nord, vue du ciel nocturne ?
- Un sujet non moins préoccupant, est celui de la circulation automobile.
On sait que beaucoup de communes ont décrété la guerre aux voitures. Pour les dissuader de circuler, l’imagination des Pouvoirs Publics semble sans limite. Parmi les dispositions les plus désastreuses, figurent les horribles chicanes qu'on voit de plus en plus souvent en travers des rues, supposées contraindre les véhicules à ralentir, mais qui en pratique interrompent purement et simplement la circulation. Autant les radars, dos d’ânes et autres ralentisseurs apparaissent légitimes, autant ces monstruosités s’avèrent non seulement inutiles mais dangereuses. Il faudrait également pouvoir citer les innombrables obstacles au stationnement qui contribuent à déserter les centres villes en faisant fuir les rares clients qui osaient encore s’y aventurer pour faire leurs courses.
- Nous voyons enfin de folles végétations croître régulièrement et enlaidir nos cités. En raison de l'interdiction d'utiliser des produits efficaces, les mauvaises herbes poussent et essaiment un peu partout, abîment parfois la chaussée, et rendent de plus en plus difficile la circulation des piétons, des poussettes, déambulateurs et divers chariots de courses. Au moment où toutes les agences réputées indépendantes font et refont le constat de l'innocuité du glyphosate, le calamiteux et irrationnel principe de précaution continue de sévir envers et contre celui de réalité. Les mêmes diktats prétendus écologiques qui nous privent aujourd’hui de moutarde, faute de pouvoir lutter contre les redoutables insectes altises, transforment peu à peu les paysages urbains en terrains vagues.
- Il faudrait enfin évoquer les contraintes croissantes, souvent mal comprises, qui pèsent sur les habitants des campagnes. Notamment les réglementations ubuesques concernant l’assainissement individuel, qui oblige certaines installations de foyers modestes à refaire à grand frais entièrement des fosses septiques et puisards parfaitement fonctionnels et bien entretenus, alors que dans le même temps les pouvoirs publics sont incapables d’offrir la possibilité d'accéder au tout-à-l’égout et parfois même de respecter leurs propres réglementations et injonctions. Pareillement l’interdiction des chaudières à fioul qui est entrée en vigueur ce 1er juillet, paraît choquante lorsqu’on voit les États recourir à nouveau au charbon un peu partout en Europe, et nombre de trains TER circuler au diesel alors qu’ils sont équipés pour rouler à l'électricité. Tout ceci contrevient au bon sens et pèse parfois lourdement sur les budgets déjà soumis à rude épreuve par l’inflation. Les propriétaires de résidence secondaires quant à eux, se voient punis et sont contraints de payer plein pot les impôts et taxes locales, tout en étant exclus par principe de toutes les aides à la rénovation !
Il y aurait hélas beaucoup d'autres sujets à évoquer, parfois des plus triviaux, telle la raréfaction des toilettes publiques, qui relèvent pourtant d'un besoin de base, mais il faut bien s'arrêter.
Il est évident que les maires ne peuvent pas tout résoudre et qu'un certain nombre de problèmes exposés ci-dessus ne relèvent qu'en partie de leur responsabilité. Mais à qui s'adresser tant les instances de l'État sont nombreuses et tant les prérogatives de chacune apparaissent complexes? Comment faire remonter les raisons d'un mécontentement diffus et croissant, face à des réglementations de plus en plus draconiennes, confinant parfois à l'absurde ?
Espérant que ce courrier retiendra votre attention, je vous prie madame monsieur, d'agréer l'expression de ma considération distinguée.