25 janvier 2013

L'hallali

Après des mois, des années de pression médiatique, l'affaire Armstrong trouve enfin son épilogue, en forme de mea culpa douteux. Tellement préparé, tellement peu spontané qu'il évoque les parodies d'autocritiques préludant aux grands procès staliniens !

Non pas que le coureur américain soit innocent bien sûr. Personne n'y croyait vraiment et il ne l'est pas en effet puisque lui même le dit désormais.

Mais quelle valeur accorder aux aveux d'un suspect dans une affaire où il n'y a pas d'innocent ? Où les responsabilités sont multiples et connues de tous depuis si longtemps...

C'est l'arbre qui cache la forêt en somme. Ou bien le festival de l'hypocrisie.

Bien sûr, ça permet à la horde d'anti-américains et de pisse-vinaigre anti-élitiste de se déchaîner. Les premiers n'avaient plus grand chose à se mettre sous la dent depuis l'avènement du messie Obama, élu et réélu président des USA. Et pour les autres, c'est si commode de trouver un bouc émissaire aussi emblématique. Sept victoires au Tour de France ! Ça offre de belles perspectives en matière de vengeance. Le champion maudit peut désormais être traîné dans la boue, dégradé, humilié. Qu'il rende ses trophées et les montagnes d'argent honteusement gagné ! Que son nom même soit rayé de tous les palmarès et que son visage soit gommé des photos. Qu'on fasse comme s'il n'avait jamais existé !

Ainsi va la triste humanité. L'histoire de la femme adultère n'a pas servi de leçon.
Le procès en dopage est une moderne version de celui en sorcellerie en quelque sorte.

Avec ce lamentable épisode, ce n'est cependant pas tant Lance Armstrong, que le sport tout entier qui est remis en cause. A quoi bon les compétitions ? A quoi bon les records ? Pourquoi pédaler de manière aussi forcenée ? Pourquoi vouloir toujours sauter plus haut, courir plus vite, nager plus fort ?

Tout ça est dérisoire. Bientôt, grâce aux progrès technologiques, les handicapés bénéficieront de prothèses qui décupleront leurs possibilités et les rendront plus fort que les athlètes dits normaux. Pendant ce temps, ces derniers ont l'interdiction définitive et absolue de recourir à tout artifice susceptible d'augmenter leurs capacités. Il sont de plus en plus surveillés, épiés, contraints, et n'ont même pas le droit de soigner un rhume ! C'est à se mordre la joue...

Armstrong restera un grand champion malgré tout, en même temps qu'il est l'homme par qui le scandale arrive...
illustration : L'hallali du cerf par Gustave Courbet (1819-1877)

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