Alors que le désolant et tragique spectacle de la crise migratoire déchire nos peuples en perte de repères, Geoffrey Oryema (1953-2018) s’est éteint presque sans bruit au bord de l’Atlantique, dans le port de Lorient, loin, très loin du pays de ses aïeux...
Il était lui-même arrivé en qualité de migrant il y a 40 ans, échappé d’Ouganda où sévissait l’affreux Idi Amin Dada. Son père avait été un dignitaire du régime, mais tout ministre qu’il fut, il périt assassiné.
Après un périple éprouvant commencé dans le coffre d’une voiture, Geoffrey débarqua en France en 1977, et son allure de bon grand géant débonnaire, ses manières affables et sa discrétion lui valurent de pouvoir se fondre dans la foule parisienne. Après quelques années il devint citoyen de la petite ville de Lillebonne comme s’il y avait toujours vécu. Ses talents de poète et de musicien dépassèrent toutefois la cité normande, et grâce à l’initiative conjointe de Brian Eno et de Peter Gabriel, anciens du groupe Genesis, il put faire un premier disque en 1990, sous le sceau “des musiques du Monde”.
Quel choc ce fut ! Une voix d’une douceur irénique, des mélodies poignantes, mêlant au parfum de la savane, l’extase brûlée du soleil africain et un assaisonnement de rythmiques tribales sur fond de guitare occidentale aux tonalités pop. Tout cela au service de textes empreints de rêve, de nostalgie et de tendre désespoir. Au total, quelque chose de planant et de tellurique à la fois...
Ses chants s’élevaient tantôt dans les dialectes de son pays de naissance, swahili ou acholi, tantôt en anglais, et tantôt en français qui devint peu à peu sa langue d’adoption. A côté de la rengaine entêtante Ye Ye Ye, s’accrochaient également aux oreilles de manière indélébile, les merveilleux Land of Anaka évoquant son pays d’origine, Solitude, dédié à sa mère, sans oublier le point d’orgue de ce premier album au titre suggestif : Exile...
Etait-ce la couleur naturelle de ses yeux peu importe, le bleu aérien de son regard illuminant son visage d’ébène avait quelque chose de troublant et incarnait à merveille cette musique à nulle autre pareille, montant de la terre pour s’élever au ciel.
Après six disques, l’oeuvre de Geoffrey Oryema reste confidentielle, intime et humble mais elle est toujours source de ravissement pour ses amateurs, et elle résume l’histoire d’une expatriation réussie, quoique non dénuée d’un spleen incurable…
Il était lui-même arrivé en qualité de migrant il y a 40 ans, échappé d’Ouganda où sévissait l’affreux Idi Amin Dada. Son père avait été un dignitaire du régime, mais tout ministre qu’il fut, il périt assassiné.
Après un périple éprouvant commencé dans le coffre d’une voiture, Geoffrey débarqua en France en 1977, et son allure de bon grand géant débonnaire, ses manières affables et sa discrétion lui valurent de pouvoir se fondre dans la foule parisienne. Après quelques années il devint citoyen de la petite ville de Lillebonne comme s’il y avait toujours vécu. Ses talents de poète et de musicien dépassèrent toutefois la cité normande, et grâce à l’initiative conjointe de Brian Eno et de Peter Gabriel, anciens du groupe Genesis, il put faire un premier disque en 1990, sous le sceau “des musiques du Monde”.
Quel choc ce fut ! Une voix d’une douceur irénique, des mélodies poignantes, mêlant au parfum de la savane, l’extase brûlée du soleil africain et un assaisonnement de rythmiques tribales sur fond de guitare occidentale aux tonalités pop. Tout cela au service de textes empreints de rêve, de nostalgie et de tendre désespoir. Au total, quelque chose de planant et de tellurique à la fois...
Ses chants s’élevaient tantôt dans les dialectes de son pays de naissance, swahili ou acholi, tantôt en anglais, et tantôt en français qui devint peu à peu sa langue d’adoption. A côté de la rengaine entêtante Ye Ye Ye, s’accrochaient également aux oreilles de manière indélébile, les merveilleux Land of Anaka évoquant son pays d’origine, Solitude, dédié à sa mère, sans oublier le point d’orgue de ce premier album au titre suggestif : Exile...
Etait-ce la couleur naturelle de ses yeux peu importe, le bleu aérien de son regard illuminant son visage d’ébène avait quelque chose de troublant et incarnait à merveille cette musique à nulle autre pareille, montant de la terre pour s’élever au ciel.
Après six disques, l’oeuvre de Geoffrey Oryema reste confidentielle, intime et humble mais elle est toujours source de ravissement pour ses amateurs, et elle résume l’histoire d’une expatriation réussie, quoique non dénuée d’un spleen incurable…
2 commentaires:
Merci Cher Pierre Henri de m'avoir fait découvrir cet artiste
Une voix envoutante une douceur extrême et une infinie mélancolie
Prendra place dans ma réserve secrète pour jour de cafard intense avec le voyage d'hiver et le lai de guillaume de Machaut
Merci de ce cadeau imprevu
amitiés
Hélas, je n'ai qu'un regret, ne pas vous l'avoir fait connaître plus tôt alors qu'il était encore parmi nous... Bien amicalement.
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