A l‘heure où le mouvement des Gilets Jaunes est guetté par la dislocation entre factions rivales, revendications confuses, radicalisation et saccage anarchique des biens de la nation, beaucoup cherchent comment récupérer les fruits de ce tumulte au goût acre de révolution.
Il y avait évidemment une certaine jubilation à voir ce week-end les bobos, marcheurs “pour le Climat et le beau temps” côtoyer les Gilets Jaunes, vociférant contre les “taxes écolo-carbonées” et revendiquer l’augmentation du “pouvoir d’achat”. Qui récupère qui, c’est bien la question...
Plus sérieusement, parmi les pouvoirs constitués et les fameux corps intermédiaires c’est devenu la course à l’échalote.
A commencer par le Gouvernement naturellement qui tente timidement de faire amende honorable en prodiguant au bon peuple de vagues déclarations en formes d’excuses tout en commençant à céder du terrain sur le plan de la fiscalité. Sa marge de manœuvre est des plus étroites, coincé qu'il est entre l’inflation permanente des dépenses publiques et les rappels incessants aux principes de réalité émanant de la Commission de Bruxelles…
Pour l’heure il s’auto-congratule pour avoir limité les dégâts ce samedi 8 décembre. A quel prix serait-on tenté de dire ! Mobilisation de plus de 80.000 policiers et gendarmes, 1385 interpellations, fermeture de très nombreux commerces dont le chiffre d’affaires plonge. Et si Paris a subi un peu moins de destructions, la province a plus souffert : Toulouse, Nantes, Bordeaux, Saint-Etienne, Marseille, Lyon…
Pour les médias qui couvrent complaisamment les évènements et qui nous inondent à jet continu d’images, les affaires marchent. On pourrait même imaginer qu’elles n’ont pas forcément intérêt à ce que le fleuve rentre trop tôt dans son lit, particulièrement lorsqu’on les entend insister lourdement sur le fait que la mobilisation ne faiblit pas et qu’un acte V se prépare…
Les syndicats paraissent quant à eux "à la ramasse". On ne les a jamais aussi peu entendus lors de manifestations populaires, notamment lorsque le pouvoir d’achat est en jeu. Totalement débordés par la tournure des manifestations, désavoués par les rebelles, souvent déchirés par les luttes de pouvoir aux seins de leurs propres instances, ils se retrouvent sans voix ni revendication...
Quant à l’opposition elle essaie de tirer profit des difficultés dans lesquelles se débat le gouvernement, mais ça part dans tous les sens.
Il faut plaindre le pauvre Edouard Philippe qui a dû se coltiner 28 entretiens avec ces jean-foutres, incapables d’articuler la moindre proposition cohérente.
Non seulement ils font preuve d’une consternante immaturité politique mais également d’une lâcheté insondable, en flattant les plus vils instincts du peuple dont ils se gargarisent le gosier. Aucun ne s’élève un peu au dessus du spectacle des exactions de rues, aucun n’appelle à la responsabilité. Il s’éparpillent en mille critiques et autant de propositions plus ineptes les unes que les autres, le pire étant que tous, peu ou prou, ont une bonne part de responsabilité dans la montée de la colère.
J’ai pour ma part bien apprécié l’intervention de la chroniqueuse Alba Ventura sur RTL le 2 décembre. Elle ne ménagea certes pas le gouvernement en affirmant “qu’il n’avait plus droit à un autre samedi noir” et fustigea les explications hasardeuses du ministre de l’intérieur évoquant “un problème de communication et de pédagogie de la part de l’exécutif.”
Mais derrière son exclamation “ça suffit”, il y en eut pour tout le monde, sans excepter les Gilets Jaunes, car s'exclama-t-elle, "lorsque la manifestation dérape c’est aussi de [leur] responsabilité. Quand on appelle à envahir les Champs-Elysées on joue avec le feu.”
C’est toutefois vers l’opposition qu’elle décocha ses critiques les plus acerbes : “Parmi les opposants, c’est le festival des c… car si le Pouvoir est raide, eux sont particulièrement tordus.”
“ça suffit, François Ruffin vous faites honte à la République en disant que Macron finira comme Kennedy, ce qui est un appel au meurtre à peine voilé.”
“ça suffit Jean-Luc Mélenchon d’applaudir à l’insurrection et d’appeler conjointement avec Marine le Pen à des élections anticipées pour essayer de récupérer les marrons du feu; c’est minable.”
“ça suffit François Hollande vous qui avez été, je crois, Président, qui vous amusez à souffler sur les braises pour vous venger d’Emmanuel Macron et qui regrettez ensuite les violences. Passer de président à pompier pyromane, ce n’est pas très glorieux."
“ça suffit les socialistes qui ont mis en place la taxe carbone et qui donnent des leçons à tout va.”
“ça suffit Laurent Wauquiez d’appeler à un référendum sur les promesses de Macron et sur les taxes au motif que ce n’était pas dans le programme alors que c’était écrit noir sur blanc.”
En définitive, selon madame Ventura, à qui on ne peut donner tort: “aucun n’est à la hauteur de l’enjeu car ils ne sont qu’à la hauteur de leurs egos…”
La palme de l’inconsistance revient me semble-t-il une fois encore à M. Juppé. Constatant ce matin même les dégâts dans la cité dont il a la charge, il se répand en propos lénifiants, minimisant le désastre et déclarant benoîtement que les forces de l’ordre étaient parfaitement dimensionnées et efficaces. Il nous révèle au passage qu’il a assisté en personne à la mise à sac de l'Apple Store qu’il décrit par le menu ! Selon l’usage établi, il fait part de son “émotion” et de son “indignation”, et réclame du président de la république “qu’il tienne un discours fort” et “qu’il annonce des mesures fortes”, sans dire évidemment ce qu’il proposerait à sa place.
Prisonnier de la langue de bois, il n’a en revanche pas un mot pour qualifier ces manifestants qui se réclament de l’anti-capitalisme et n’ont de cesse de s’approprier par la violence ses fruits les plus palpables, et pas un mot sur l’impuissance manifeste de la force publique à protéger les biens publics et privés.
“Ma che coglione !”, s’était exclamé Bonaparte devant Louis XVI pareillement désemparé devant la populace montant à l’assaut des Tuileries.
Devant ces désordres et en pensant à l’ouvrage pré-électoral que M. Macron avait cru bon d’intituler “Révolution”, les mots de Saint-Just reviennent sinistrement: “Ceux qui font les révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau.”
Mais aussi ceux de Napoléon, sans doute plus empreints de pragmatisme : “Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent…”
Il y avait évidemment une certaine jubilation à voir ce week-end les bobos, marcheurs “pour le Climat et le beau temps” côtoyer les Gilets Jaunes, vociférant contre les “taxes écolo-carbonées” et revendiquer l’augmentation du “pouvoir d’achat”. Qui récupère qui, c’est bien la question...
Plus sérieusement, parmi les pouvoirs constitués et les fameux corps intermédiaires c’est devenu la course à l’échalote.
A commencer par le Gouvernement naturellement qui tente timidement de faire amende honorable en prodiguant au bon peuple de vagues déclarations en formes d’excuses tout en commençant à céder du terrain sur le plan de la fiscalité. Sa marge de manœuvre est des plus étroites, coincé qu'il est entre l’inflation permanente des dépenses publiques et les rappels incessants aux principes de réalité émanant de la Commission de Bruxelles…
Pour l’heure il s’auto-congratule pour avoir limité les dégâts ce samedi 8 décembre. A quel prix serait-on tenté de dire ! Mobilisation de plus de 80.000 policiers et gendarmes, 1385 interpellations, fermeture de très nombreux commerces dont le chiffre d’affaires plonge. Et si Paris a subi un peu moins de destructions, la province a plus souffert : Toulouse, Nantes, Bordeaux, Saint-Etienne, Marseille, Lyon…
Pour les médias qui couvrent complaisamment les évènements et qui nous inondent à jet continu d’images, les affaires marchent. On pourrait même imaginer qu’elles n’ont pas forcément intérêt à ce que le fleuve rentre trop tôt dans son lit, particulièrement lorsqu’on les entend insister lourdement sur le fait que la mobilisation ne faiblit pas et qu’un acte V se prépare…
Les syndicats paraissent quant à eux "à la ramasse". On ne les a jamais aussi peu entendus lors de manifestations populaires, notamment lorsque le pouvoir d’achat est en jeu. Totalement débordés par la tournure des manifestations, désavoués par les rebelles, souvent déchirés par les luttes de pouvoir aux seins de leurs propres instances, ils se retrouvent sans voix ni revendication...
Quant à l’opposition elle essaie de tirer profit des difficultés dans lesquelles se débat le gouvernement, mais ça part dans tous les sens.
Il faut plaindre le pauvre Edouard Philippe qui a dû se coltiner 28 entretiens avec ces jean-foutres, incapables d’articuler la moindre proposition cohérente.
Non seulement ils font preuve d’une consternante immaturité politique mais également d’une lâcheté insondable, en flattant les plus vils instincts du peuple dont ils se gargarisent le gosier. Aucun ne s’élève un peu au dessus du spectacle des exactions de rues, aucun n’appelle à la responsabilité. Il s’éparpillent en mille critiques et autant de propositions plus ineptes les unes que les autres, le pire étant que tous, peu ou prou, ont une bonne part de responsabilité dans la montée de la colère.
J’ai pour ma part bien apprécié l’intervention de la chroniqueuse Alba Ventura sur RTL le 2 décembre. Elle ne ménagea certes pas le gouvernement en affirmant “qu’il n’avait plus droit à un autre samedi noir” et fustigea les explications hasardeuses du ministre de l’intérieur évoquant “un problème de communication et de pédagogie de la part de l’exécutif.”
Mais derrière son exclamation “ça suffit”, il y en eut pour tout le monde, sans excepter les Gilets Jaunes, car s'exclama-t-elle, "lorsque la manifestation dérape c’est aussi de [leur] responsabilité. Quand on appelle à envahir les Champs-Elysées on joue avec le feu.”
C’est toutefois vers l’opposition qu’elle décocha ses critiques les plus acerbes : “Parmi les opposants, c’est le festival des c… car si le Pouvoir est raide, eux sont particulièrement tordus.”
“ça suffit, François Ruffin vous faites honte à la République en disant que Macron finira comme Kennedy, ce qui est un appel au meurtre à peine voilé.”
“ça suffit Jean-Luc Mélenchon d’applaudir à l’insurrection et d’appeler conjointement avec Marine le Pen à des élections anticipées pour essayer de récupérer les marrons du feu; c’est minable.”
“ça suffit François Hollande vous qui avez été, je crois, Président, qui vous amusez à souffler sur les braises pour vous venger d’Emmanuel Macron et qui regrettez ensuite les violences. Passer de président à pompier pyromane, ce n’est pas très glorieux."
“ça suffit les socialistes qui ont mis en place la taxe carbone et qui donnent des leçons à tout va.”
“ça suffit Laurent Wauquiez d’appeler à un référendum sur les promesses de Macron et sur les taxes au motif que ce n’était pas dans le programme alors que c’était écrit noir sur blanc.”
En définitive, selon madame Ventura, à qui on ne peut donner tort: “aucun n’est à la hauteur de l’enjeu car ils ne sont qu’à la hauteur de leurs egos…”
La palme de l’inconsistance revient me semble-t-il une fois encore à M. Juppé. Constatant ce matin même les dégâts dans la cité dont il a la charge, il se répand en propos lénifiants, minimisant le désastre et déclarant benoîtement que les forces de l’ordre étaient parfaitement dimensionnées et efficaces. Il nous révèle au passage qu’il a assisté en personne à la mise à sac de l'Apple Store qu’il décrit par le menu ! Selon l’usage établi, il fait part de son “émotion” et de son “indignation”, et réclame du président de la république “qu’il tienne un discours fort” et “qu’il annonce des mesures fortes”, sans dire évidemment ce qu’il proposerait à sa place.
Prisonnier de la langue de bois, il n’a en revanche pas un mot pour qualifier ces manifestants qui se réclament de l’anti-capitalisme et n’ont de cesse de s’approprier par la violence ses fruits les plus palpables, et pas un mot sur l’impuissance manifeste de la force publique à protéger les biens publics et privés.
“Ma che coglione !”, s’était exclamé Bonaparte devant Louis XVI pareillement désemparé devant la populace montant à l’assaut des Tuileries.
Devant ces désordres et en pensant à l’ouvrage pré-électoral que M. Macron avait cru bon d’intituler “Révolution”, les mots de Saint-Just reviennent sinistrement: “Ceux qui font les révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau.”
Mais aussi ceux de Napoléon, sans doute plus empreints de pragmatisme : “Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent…”