Et si les dogmes écologiques ressassés ad nauseam avaient fini par lasser ? Et si les grands principes nébuleux étaient en passe de cesser d’imposer leur loi ? Et si la réalité objective commençait enfin à s’imposer aux moutons de Panurge ?
Sur tous les fronts, les zélotes du totalitarisme vert semblent perdre du terrain.
S'agissant tout d'abord des énergies alternatives, c’est peu dire que l'éolien n’a plus le vent en poupe. Le moulin à vent ne fait plus recette. Beaucoup de grands projets sont purement et simplement à l’arrêt. Par voie de conséquence, les groupes industriels qui les portent sont en chute libre à la Bourse. Pour expliquer cette crise inattendue, on invoque tantôt le manque de moyens financiers, tantôt des difficultés techniques, voire même des atteintes à la protection de l’environnement. Un comble !
Ainsi la justice vient d’ordonner le démontage et la restitutio ad integrum d’un parc dans l’Hérault au motif de graves nuisances causées aux oiseaux (où l’on voit l'écologie entrer en conflit avec elle-même). A Saint-Nazaire, on déplore la fermeture, on espère temporaire, du parc flambant neuf de 80 éoliennes due au dysfonctionnement du système. Au sein même du gouvernement, des doutes et des regrets se font entendre. Selon le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, « Le parc éolien de Saint-Brieuc n’est ni fait, ni à refaire ”. Bravo à l'Etat que le cher homme est supposé incarner...
En Allemagne , la situation est devenue si critique qu’on en vient à rouvrir des mines de charbon au détriment de parcs éoliens !
Parallèlement, le développement inconsidéré de la filière photovoltaïque commence à faire naître des craintes chez certains écolos. On voit en effet cette source d’énergie dite “renouvelable” se développer de façon extensive au détriment des domaines agricoles. Des champs entiers sont en effet dévastés par l’installation de gigantesques “fermes solaires”. Si les agriculteurs qui louent les terres y trouvent parfois leur compte, tant on a rendu l’exercice de leur métier difficile, les bobos et autres alter-cocos sont en revanche très remontés.
Sur le front du bio, la tendance est également aux révisions déchirantes. La faute avant tout aux prix élevés, surtout en période d’inflation, mais aussi à une certaine désaffection pour des produits dont la supériorité qualitative laisse à désirer.
Dans le même temps, la Commission Européenne s’est décidée à prolonger pour 10 ans les autorisations concernant le glyphosate, suite à la publication d’études gigantesques attestant de la relative innocuité du produit et les avis convergents des agences étatiques, réputées “indépendantes”. Ce fut l’occasion de quelques couacs gouvernementaux. Cette décision fut en effet immédiatement qualifiée de “dinguerie” par l’insipide ministre de “la transition écologique et de la cohérence des territoires” Christophe Béchu. En amont, on sait que la France s'était courageusement abstenue, sur la base d’une argumentation alambiquée évoquée par Marc Fesneau, très méconnu ministre de l’agriculture…
Autre sujet, même tendance au revirement, après avoir assisté avec dépit au mouvement moutonnier d’extinction de l’éclairage public nocturne, c’est le rétablissement de celui-ci qui est proposé dans un nombre croissant de communes. Comme on pouvait s’y attendre, les experts ont découvert que l’économie de bout de chandelle était en effet contrecarrée par la montée de l’insécurité. A l’instar de Cholet ou l’éclairage a été réclamé par la police, un nombre croissant de villes font marche arrière sous la pression des habitants.
On assiste au report de nombreuses contraintes ou au contraire à la suspension d’incitations dictées au nom de l’écologie. L’échéance visant à interdire les chaudières à gaz, et les voitures thermiques en Grande Bretagne est caduque. En Suisse, où l’on estime suffisante la proportion de véhicules électriques, on abroge radicalement toutes les incitations fiscales. En France, l’Etat supprime le bonus écologique à l’achat de voitures électriques d'origine extra-européenne. Cette décision fait passer de sordides raisons protectionnistes avant l’objectif écologique. Elle risque hélas de nuire au pouvoir d’achat et surtout à l’industrie locale qui fera sans nul doute les frais de représailles, notamment en Asie ou aux USA. Le pire est que pour parvenir à ce résultat, on remplace le dispositif de prime existant, déjà complexe par un autre encore plus tarabiscoté... La situation devient tellement ubuesque que certains constructeurs étrangers, tel MG, se disent heureux de cette exclusion qui leur épargne bien des tracasseries administratives sans les empêcher vraiment de rester compétitifs.
On ne saurait terminer cet inventaire sans sourire au spectacle de la COP 28, tenue au milieu des champs pétrolifères et qui fait la part belle aux pays de l’OPEP, lesquels rejettent catégoriquement tout accord ciblant les énergies fossiles au grand dam de madame Pannier-Runacher, notre ministre de je-ne-sais-quelle-transition, qui se dit “stupéfaite et très en colère…”
En définitive, c’est peut-être un sursaut de bon sens et de sagesse qui fait dire oui à ce qui est “bon pour la planète”, mais pas à n’importe quel prix et pas n’importe comment.