27 septembre 2024

Electeurs gobe-mouches, politique bredi-breda

A voir, lire ou écouter ce qui émane du nouveau gouvernement, on peut douter de l’arrivée de lendemains qui chantent. Confusion, contradictions et incohérence semblent les maîtres mots de la politique qui se fait jour au fil des déclarations et des interviews.
On peut évidemment remarquer qu’il ne s’agit que du résultat du vote des Français. Qu’attendre en effet d’un scrutin indécis, ne dégageant aucune majorité et opposant des extrémités contraires de plus en plus puissantes et bruyantes.
Ça tire à hue et à dia si l’on peut dire, mais les électeurs n’ont que ce qu’ils méritent en somme.

Les cérémonies de passation de pouvoir entre ministres démissionnaires et nouvellement nommés se sont apparentées à des numéros de comique involontaire ou d’autosatisfaction ridicule. En la matière, les sortants ont rivalisé avec leurs successeurs si l’on peut dire.
On soulignera simplement les flagorneries du nouveau ministre de l’économie Antoine Armand adressées à Bruno Lemaire, en contradiction totale avec ses déclarations ultérieures, séparées d’à peine 24 heures. Un jour il dit “mesurer la chance” qu’il a “d’hériter d’un tel bilan économique”. Le lendemain, il évoque une situation très grave, et déplore “un des pires déficits de l’histoire”, constat d’ailleurs confirmé par son collègue du Budget, Laurent Saint-Martin, qui prévoit un déficit à venir dépassant probablement les 6%, alors que Bruno Lemaire avait annoncé qu’il se limiterait à 5,1% (ce qui est déjà énorme…)
On nous refait le coup de la découverte d’une situation que personne n’aurait pu deviner, alors qu’elle s’étalait aux yeux de tous ceux qui voulaient la voir (la France est sous le coup d’une procédure européenne pour déficit excessif depuis le mois de juin).

Qu’importe l’économie, le tout jeune et frétillant ministre de l’Economie n’est pas avare de bourdes en tous genres. Alors que Michel Barnier, Premier Ministre avait affirmé haut et fort dès sa nomination que tous les partis politiques seraient respectés et prié instamment les membres de son gouvernement de mesurer leurs propos et surtout d’agir avant de communiquer, M. Armand a cru bon sitôt en place de clamer qu'il recevrait tous les élus qui le souhaiteraient, sous réserve qu’ils fassent partie de l’arc républicain, dont il exclut le Rassemblement National ! Selon lui, c’est clair, les Français se seraient prononcés pour faire barrage à un parti qui, curieusement, est celui qui totalise le plus de suffrages et le plus grand nombre de députés. CQFD…
Les piteuses excuses de M. Barnier auprès de Marine Le Pen et le “recadrage” du ministre désobéissant ne changent rien à l’affaire. L’impression donnée est que le pays est gouverné par une équipe de branquignols.

Impression qui chaque jour se confirme un peu plus au vu des contradictions d’une politique des plus erratiques.
Rappelons que le parti Les Républicains (LR) avait brandi au mois d’avril dernier la menace d’une motion de censure automatique en cas de franchissement de la ligne rouge de l’augmentation des impôts et prélèvements obligatoires. Cette injonction était d’ailleurs partagée à la même époque par le Parti du Président de la République, s’exprimant par la voix de sa porte-parole Maud Bregeon.
Résultat, la première priorité évoquée par le nouveau gouvernement de M. Barnier (membre éminent de LR), est la hausse de la fiscalité. Qu’on la déguise sous l’appellation de “justice fiscale” ou bien qu’on précise qu’elle serait “temporaire” et “ciblée sur les plus riches”, un nouveau matraquage se profile bien à l’horizon.

A défaut d’avoir eu le temps d’agir, M. Retailleau déclare que ses trois priorités sont “rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre”. Bien dit mais au moment même où le pays est endeuillé par un nouveau crime abominable, commis en raison du laxisme des Pouvoirs Publics, on attend les actes. On doute hélas de la concrétisation de cette volonté en écoutant le ministre de la justice Didier Migaud, exact contraire de son collègue de l’Intérieur. Alors que celui-ci fustigeait "une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’installer le droit à l’inexécution des peines", M. Migaud rétorque qu’il est très satisfait par le taux élevé d’exécution des peines. Face au meurtre de la petite Philippine, alors que M. Retailleau "veut faire évoluer notre arsenal juridique", M. Migaud éprouve certes de l’émotion mais ne voit pas la nécessité de légiférer. Sa priorité à lui c’est de pérenniser "l’indépendance de la justice" et de réfléchir “favorablement” à l’inscription du consentement dans l’arsenal de la loi…
Avec un tel attelage et une telle convergence de points de vue, on est bien monté si l’on peut dire….

Pendant ce temps, M. Macron est à l’ONU à faire de vibrants discours appelant avec force Israël à cesser l'escalade au Liban précisant qu’ il ne pouvait pas "sans conséquence étendre ses opérations”. Il n’eut qu’un petit mot pour demander au Hezbollah “de cesser ses tirs”. Doux euphémisme pour qualifier les bombardements incessants de l’organisation terroriste depuis des mois sur le nord d’Israël. Aux yeux du Chef de l’Etat, l’agresseur est manifestement une fois encore la victime, qui se bat héroïquement pour sa survie. Soulignons qu’il n’a pas eu un mot pour remercier Tsahal d’avoir éliminé le terroriste qui avait organisé l’attentat dit du Drakkar, lequel avait tué 58 parachutistes français en 1983, face auquel notre pays était resté sans réaction, hormis la traditionnelle “émotion”...

21 septembre 2024

Tristes cirques

Deux semaines qu’on attend la formation d’un hypothétique gouvernement. Dans l’arène politique devenue folle on s’écharpe, on s’étripe et on magouille. Dans la pseudo coalition de partis de lilliputiens aux commandes du vaisseau à la dérive, la répartition des maroquins s'apparente à une bataille de chiffonniers. Chacun pense à soi, et chacun, du haut de ses ergots de petite vertu, se croit autorisé à mépriser l’autre. On prétend vouloir respecter le message des Français et on fait tout le contraire au nom de principes républicains pervertis excluant du jeu un bon tiers de l'électorat.
Il est vrai que la volonté populaire n'a jamais été aussi confuse, chacun voulant tout et le contraire de tout…

Tout le monde sait que le résultat, si tant est qu'on y parvienne, sera un gouvernement bancal sans ligne directrice cohérente et sans changement significatif par rapport à celui qui l'a précédé, et évidemment sans avenir.
La seule chose qui paraît sûre, est que le poids des impôts va encore s'alourdir. En annonçant une meilleure "justice fiscale" et en promettant d'épargner les classes moyennes, on dit tout et on ne dit rien. Comme d'habitude, on assure au bon peuple que la seule charge reposera sur les autres, les "ultra-riches", les "nantis". Le refrain est connu. Mais comment faire dans un pays champion du monde des prélèvements obligatoires, où la redistribution des richesses est déjà massive, et où 70% de l'impôt sur le revenu est acquitté par à peine 10% des contribuables ?
Comment peut-on encore être naïf au point de croire ces mensonges éhontés derrière lesquels les politiciens tentent déjà de cacher leur incurie comptable à venir, leur incapacité à tenir un budget pour ne pas dire l’abandon des finances du pays à la gabegie ?

Les jeux du cirque sont également sur la voie publique où la violence et le vandalisme font rage en toute circonstance et en toute impunité. Par les temps qui courent, les refus d’obtempérer sont devenus une mode. Pas un jour sans qu'un représentant des forces de l'ordre ne manque de se faire occire par des voyous sans foi ni loi, aux casiers judiciaires "longs comme des bras”.
Sitôt pris, sitôt relâchés, sitôt récidivistes…
On est incapable d’endiguer la marée montante de la délinquance, de protéger le bien public des saccages commis par des hordes barbares. Après les grandes cités métropolitaines, c’est le tour des territoires d’Outremer. Mayotte, Nouvelle Calédonie, Martinique, où s’arrêtera le désastre ?
L’immigration hors de contrôle est la porte ouverte à la sauvagerie. On se gausse des fake-news de Donald Trump à propos des haïtiens mangeurs de chats mais ici on égorge les canards, on vole, on viole, on deale, on squatte en quasi totale impunité…

Pour distraire l’attention, on médiatise à outrance de croustillants autant qu’abjects faits divers. Mais ce n’est qu’un autre point de vue sur le délitement social généralisé. La petite ville de Mazan, dans le Vaucluse, est devenue le théâtre du spectacle peu ragoûtant de l’avilissement des mœurs. Tout le monde en parle, sans connaître l’histoire autrement que par la mousse gluante que la Presse disperse avec une jubilation malsaine. On voit ressortir de partout les plus vils instincts : amalgames en tous genres, affirmations et accusations péremptoires, grégarisme, voyeurisme, et une multitude de petits juges de moralité n’attendent pas le verdict de la justice pour faire un procès à sens unique, sans appel.

Le peuple s’habitue-t-il à ce jeu de massacre ? Peut-être, hélas…

* Illustration tirée du film de Frederico Fellini Les Clowns 1970

11 septembre 2024

Le doux parfum du Grand Barnier

Au terme de plus de 50 jours de manège post-électoral, Michel Barnier a donc fini par décrocher le pompon, à l’étonnement de tous.

Après avoir bourlingué par le passé (sans laisser beaucoup de traces) dans de nombreux ministères, aussi variés que l’agriculture, les affaires étrangères, les affaires européennes, et l’environnement, pour finir négociateur en chef du Brexit, il paraissait quelque peu rangé des voitures.

La Gauche ayant refusé la pâle mais pourtant consensuelle figure de Bernard Cazeneuve, c'est donc au fin fond de la droite molle qu'Emmanuel Macron a déniché l'homme providentiel. Il semble que Michel Barnier soit encore membre du parti Les Républicains, mais on ne sait plus trop ce que recouvre cette formation. Ses scores électoraux nationaux sont devenus étiques, ses projets sont nébuleux si ce n'est contradictoires, à l'image de l'incohérence de ses dirigeants. Tantôt récalcitrants, ils démissionnent, tantôt opportunistes ils reviennent.
Le parti, réduit à sa plus simple expression reste victime d'incessants clivages, de schismes et de ruptures. Au sein de ces atermoiements, le discours qu’on entend se confond souvent avec celui émanant du Rassemblement National, mais tous clament haut et fort qu'ils ne saurait être question du moindre rapprochement avec ce dernier, à l'exception d'Eric Ciotti.

Voici donc le grand Barnier qui hérite d’un tour gratuit au gouvernement, et pas à la moindre des places. S’il est probable que la fonction de Premier Ministre soit son bâton de maréchal qui sait ce qui se passera dans les semaines à venir et à fortiori d’ici 3 ans ?
Le défi est périlleux et paraît même perdu d’avance, car sans ligne politique claire, sans programme, et sans majorité parlementaire, au service d’un président de la république désavoué, on ne voit pas bien ce qui pourrait sortir du gouvernement que le nouveau Premier Ministre va devoir s’échiner à constituer. Pour l’heure, on espère que cela prendra moins de temps qu’il en fallut au Président pour le désigner.

Michel Barnier, dont les manières sont policées peut-il faire illusion à défaut d’agir ? Il a toujours su ménager la chèvre et le chou et a renouvelé sa volonté de respecter tous les partis. Vu l'intransigeance hostile de la Gauche, il se voit contraint, pour éviter la motion de censure qui pend au dessus de sa tête, de faire les yeux doux à Marine le Pen et à ses amis tout en ratissant soigneusement les jardins des partis de la droite dite républicaine, modérée, molle, voire centrale. Par une cocasse ironie du sort, tout se passe en somme, comme si la fameuse et mythique union des droites était en train de se réaliser en douceur.
Avec quelles chances de succès ? Pour quoi faire ? Pour combien de temps ? Suite au prochain épisode…

09 septembre 2024

Immigration - Xénophobie - Racisme

Les émeutes qui ont éclaté au Royaume Uni suite au carnage commis dans une école par un tout jeune homme d'origine rwandaise ont révélé de manière fulgurante la faillite d'une politique immigrationniste hors de contrôle. 

On peut s'interroger à cette occasion sur le traitement de l'information qui fut délivrée par la plupart des médias et la réaction des Pouvoirs Publics. 

Le contexte de survenue de ce drame fut occulté et les manifestations qui s'ensuivirent furent quasi unanimement et sans nuance, rapportées à l’extrême droite dont le moins qu’on puisse dire est qu’on ignorait qu’elle fut aussi implantée et influente outre-manche.


A l’évidence, la source de ce mécontentement populaire est beaucoup plus profonde et il faut avoir de la m…. dans les yeux pour l’ignorer. Pire, cette amblyopie des Pouvoirs Publics et des médias est le signe de l’usure et même de la faillite progressive du modèle de société démocratique “à l’occidentale” et à terme peut-être de la Liberté et de la prospérité. 

En réalité, ces événements devraient contraindre à voir (sauf les aveugles, ça va de soi…) le désastre auquel a conduit la politique de l’autruche pratiquée un peu partout en Europe et ailleurs. A force d’avoir sous-estimé les périls, d’avoir occulté les dangers, d’avoir évité de regarder en face la réalité, et même d’avoir mal nommé les choses, on n'a fait “qu’ajouter au malheur du monde”. La tragédie des migrants noyés en mer ou de ceux qui échouent dans des ghettos sordides, les attentats et les accès de violence qui parsèment l'actualité résultent de l’inconséquence et de la lâcheté du monde politique, en dépit de ses bonnes intentions et des fortes paroles dans lesquelles il se drape .


Avant toute chose, est-il nécessaire de préciser que l’immigration n’est pas un mal en soi ? Elle peut être bénéfique comme en témoigne l’essor des États-Unis d’Amérique. Elle a nourri la France au fil des siècles en lui apportant nombre de talents, et beaucoup de sang neuf dont elle peut s’enorgueillir.

Depuis des millénaires, les mouvements de populations font d’ailleurs partie de la nature des choses si l’on peut dire. Il n’est de frontière que dans les esprits et de contrainte que de murs et d’armes, car au plan géographique c’est un vain mot. Lorsqu’il ne s’agit pas d’invasion guerrière, la libre circulation des êtres humains est généralement bien acceptée par les populations autochtones pour peu que les nouveaux arrivants ne soient que de passage ou bien qu’ils manifestent le désir de s’intégrer au pays d’accueil en exprimant à son égard de l’amitié et en respectant ses coutumes et ses usages et mieux encore en les adoptant.

En contrepartie des exigences qu’on est en droit de demander aux immigrants, le bon sens voudrait qu’on leur réserve le meilleur accueil possible. Si l’on ne reçoit pas n’importe qui chez soi, la politesse impose de faire tout pour que ses invités se sentent à l’aise.


Mais comme en beaucoup de circonstances, c’est l’excès qui  est néfaste. Trop d’immigration tue l’immigration en quelque sorte. On connaît les méfaits du tourisme de masse, on imagine logiquement les conséquences du chaos migratoire.

Force est de constater que les règles élémentaires, relevant de la simple bienséance, ne sont plus en vigueur.

L’immigration a totalement changé de nature, elle est devenue anarchique, déborde largement les capacités d’accueil des pays concernés et ne répond plus à aucun objectif pragmatique. On assiste à une ruée frénétique vers une prospérité de plus en plus illusoire, mêlée bien souvent d’exigences revanchardes, idéologiques ou religieuses.


Après la France, l’Allemagne à son tour, paye dans les urnes son laxisme en la matière. L’extrême droite rafle la mise en recueillant des suffrages de plus en plus nombreux, car elle est la seule à laisser un espoir au peuple excédé, que la problématique soit enfin prise en considération.

En excluant de “l’arc républicain” les partis qui expriment cette lassitude teintée de colère, en s'opposant à toute négociation,  tout compromis avec eux et même en refusant de serrer la main à leurs élus, on ne fait qu’aggraver les choses et radicaliser un peu plus les esprits.


Du refus de l’immigration excessive à la xénophobie il n’y a qu’un pas et de cette dernière au racisme, l'enchaînement est aussi tragique qu’irrémédiable. Les fauteurs de trouble sont souvent ceux qui dénoncent les effets de ce dont ils chérissent les causes….

La Gauche qui ne vit que des haines (lutte des classes, guerre des sexes, des religions…) minimise à dessein le péril d’une immigration hors de contrôle et manifeste une générosité factice. Cela lui ouvre en grand le champ des luttes inter-ethniques qu’elle cultive en prétendant s’opposer au racisme…

24 août 2024

Un lanceur d'alerte, un vrai

Vu et revu tout récemment
sur Le Canal Parlementaire (LCP), un documentaire édifiant sur Pierre Ryckmans alias Simon Leys (1935-2014), pourfendeur héroïque du maoïsme.

L’itinéraire de cet universitaire d’origine belge aurait de quoi faire réfléchir beaucoup de beaux esprits auto-proclamés progressistes, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, sont enclins à l’utopie plutôt qu’à la réalité et sont toujours prompts à donner des leçons même après qu'ils se soient lourdement trompés.

Très tôt, Leys s’intéresse à la Chine. En 1955, âgé de vingt ans à peine, il y fait un premier séjour très encadré, en tant qu’étudiant, au cours duquel il prend part à un entretien avec Zhou Enlai, le numéro 2 du Parti.
Quelques années plus tard, mobilisé comme objecteur de conscience, il séjourne en 1963 à Singapour, mais soupçonné d’être pro-communiste, il doit se réfugier à Hong-Kong où il choisit de s’établir quelque temps.
Dans des conditions précaires, et vivant d’expédients, il se lance alors dans une quête éperdue de la culture chinoise, dont il parvient à maîtriser le Mandarin et l'art de la calligraphie. Parallèlement, il épouse la journaliste Han-fang Chang, rencontrée à Taiwan, qui lui donnera 4 enfants et à laquelle il restera indéfectiblement lié.

C'est dans ce contexte et parce qu'il faut bien un peu d'argent pour vivre, qu'il décroche auprès d'une revue belge, une chronique destinée à faire découvrir à ses lecteurs la vie quotidienne en Chine. Ce dont il est témoin lui fait prendre peu à peu conscience de l'horreur d'un régime pourtant idéalisé en Occident et pour lequel lui-même avait un a priori favorable.
Son enquête va lui fournir la matière du livre qui le fera connaître en 1971: Les habits neufs du Président Mao. Lors de sa sortie, cet ouvrage fait l'effet d'une bombe, révélant notamment la félonie de Mao et son ascendant diabolique qui lui permit d'acquérir un pouvoir extravagant et de toujours se remettre en selle lorsqu'il fut mis en difficulté. Il en fut ainsi lors de la campagne des 100 fleurs au cours de laquelle il fit mine de libérer la parole des opposants pour les inciter à se découvrir et pouvoir ensuite les éliminer sans état d’âme.
Leys révèle également la réalité horrible du fameux Grand Bond en Avant qui se traduit par une catastrophe économique absolue, la mort d'au moins 40 millions de personnes et une misère noire conduisant les plus malheureux à recourir au cannibalisme. Il décrit notamment la politique désastreuse des micro fonderies destinée à doper l'industrie sidérurgique mais dont le résultat se traduit par la production d'un acier de piètre qualité, inutilisable. Il révèle le programme ubuesque d'extermination des moineaux décrété par Mao, aboutissant à la prolifération de nuisibles décimant les récoltes.

En France, l'accueil fait à ce témoignage est glacial. On ignore son auteur ou on le discrédite. Des gens qui n'ont jamais mis les pieds en Chine osent prétendre “qu'il n’a pas l’expérience de ce dont il parle” (Le Monde). On l'accuse de charlatanisme, de trahison, voire d'être un agent de la CIA, et il se heurte au refus répété d’enseigner en France.
Il faut dire qu'à l'époque, on est enthousiaste dans le quartier latin où pérorent les auto-prétendus intellectuels de gauche.
Parmi les plus zélés laudateurs du Grand Timonier figurent Jean-Paul Sartre, Serge July, André Glucksmann, Philippe Sollers. On s'extasie devant la force poétique du Petit Livre Rouge, somme indépassable de lieux communs, de contre-vérités et de niaiseries infantiles. On cite Mao avec une admiration béate et on excuse les dérives supposées du régime, car “la révolution n’est pas un dîner de gala”.
Roland Barthes et Philippe Sollers, en 1974, au retour d’un voyage en Chine, organisé, planifié, balisé, qui s'apparente à une visite Potemkine, affirment qu’ils ont vu '’un pays paisible et des gens très agréables'’.

Le monde culturel et artistique est conquis. La veste à col Mao fait fureur, Godard tourne La Chinoise et Andy Warhol magnifie l'idole dont il propose une série de clichés barbouillés de couleurs clinquantes à dominance rouge.
Confronté à ce ce délire collectif, Leys fait figure de dangereux déviant qu'on cherche à faire taire. Seules quelques rares personnalités osent le soutenir : Jean-François Revel, Etiemble, Claude Roy.
Pendant des années qui paraissent des siècles le lanceur d'alerte restera méprisé et son message purement et simplement nié.
Les politiques se rangent du côté des intellectuels. Leur aveuglement est proprement ahurissant.
En 1961, Mitterrand est invité par Mao. Il tombe immédiatement sous son charme et ne voit ni le dictateur, ni la famine provoquée par le Grand Bond en Avant. Il fait l'éloge d'un "humaniste" qui mène une révolution conquérante depuis plus de trente ans. Un humaniste doublé d’un militant discipliné qui représente même pour la Chine un nouveau type d’homme chez qui « la sagesse et la culture n’ont de sens qu’identifiées à l’action » !
En 1968, alors que la Révolution Culturelle fait rage et massacre des millions de personnes, André Malraux, ministre de la Culture qualifie Mao de “plus grand personnage historique de notre époque”.
En 1973, Alain Peyrefitte, dans son ouvrage Quand la Chine s'éveillera, ne trouve pas grand chose à redire aux horreurs commises par Mao car selon lui, c'est une évidence, le peuple chinois n'est pas fait pour la démocratie !
En 1976 enfin, lorsque meurt le tyran, le Président Giscard d'Estaing n'hésite pas dans son vibrant hommage à faire de lui un phare de la pensée mondiale !

Il faut attendre 1983 pour qu'enfin les yeux se dessillent un peu. Invité de l'émission Apostrophes, Simon Leys vide son sac et se déleste d'une charge bien sentie face à la sinologue italienne Maria-Antonietta Macciocchi, ardente maoïste adulée par l'intelligentsia : “Je pense que les idiots disent des idioties, comme les pommiers produisent des pommes. C’est dans la nature, c’est normal. Le problème, c’est qu’il y a des lecteurs pour les prendre au sérieux. […] Prenons le cas de Mme Macciocchi […] De son ouvrage De la Chine, ce qu’on peut dire de plus charitable, c’est que c’est d’une stupidité totale ; parce que si on ne l’accusait pas d’être stupide, je dirais que c’est une escroquerie”
En définitive, beaucoup d’anciens maoïstes seront contraints de revoir leur position, sans toujours faire de mea culpa. Tous continueront de produire des analyses savantes et la plupart resteront ancrés à gauche. Ils changeront simplement de sujet, faisant dire à Leys que '’la Chine n'était qu’une mode. On en change comme de manteau…'’
Il finira sa vie en Australie où un poste de professeur à l’université de Canberra lui avait été offert. Son dernier ouvrage sera consacré à la tragédie des naufragés du Batavia survenue au XVIIème siècle, durant laquelle on vit une communauté de rescapés décimée sous l'influence d'un des leurs, pris d’une folie dominatrice mortifère. Une fois encore, Simon Leys martèle son message :Pour aboutir à ce genre de totalitarisme destructeur, il suffit d’un pervers, de quelques malfrats et d’une majorité de gens qui ne font rien…


20 août 2024

Un solitaire éblouissant

Une étoile s’éteint et le monde retient son souffle un court instant, avant que la pluie d’hommages ne déverse sur le disparu son ondée bienveillante, mais tardive et versatile.
Il ne faut sans doute pas aller jusqu’à affirmer qu’Alain Delon (1935-2024) fut mal aimé mais il y a un peu de cela.
Ses avis bien tranchés, souvent à contre courant du conformisme contemporain, sa mine parfois renfrognée et un tantinet hautaine ont quelque peu nui à son image.
Mais personne n’a pu prétendre qu’il n’avait pas de personnalité, personne n’a pu sérieusement lui dénier le talent, et personne ne fut insensible à son magnétisme fascinant et naturellement à sa beauté radiante.
Il était et restera un artiste à part, une vraie légende. On ne sait à vrai dire s’il fut un très grand acteur, ni même citer un film plutôt qu’un autre tant sa seule présence s'impose dans chacun d’eux, bons ou mauvais…
A son sujet, me viennent les vers de Gérard de Nerval qu’on dirait, me semble-t-il écrits pour lui :

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

14 août 2024

Paris 2024 sous cloche

Le cap est passé. Ouf !
Dieu sait qu’on fut bassiné à propos de ces jeux olympiques de Paris 2024 depuis des mois ! Les paris, si l’on peut dire, étaient ouverts quant à leur issue. Les mauvaises langues prophétisaient une apocalypse sinistre. Les plus optimistes y voyaient une sorte d’apothéose républicaine, magnifiant la diversité.
Rien de tout cela ne s’est produit en définitive. Ce furent des olympiades somme toute assez classiques, célébrant selon l’usage, l’esprit de compétition porté à un point toujours plus extrême. On a beau dire que “l’essentiel est de participer”, on est bien heureux de la jolie moisson de médailles obtenues par nos athlètes, dont Léon Marchand restera le héros incontesté. Un quart des médailles d’or de la France à lui tout seul. C’est historique comme disent les journalistes…

Le fait est que Paris n’avait pas brillé aussi magnifiquement depuis longtemps. Le temps fut comme suspendu. Tout était propre et ordonné, calme et joyeux. Les illuminations de la Capitale en fête n’avaient jamais été aussi belles. Ni mendiant, ni migrant, ni pickpocket, ni manifestant, ni black bloc pour troubler les réjouissances. Les transports en commun fonctionnèrent sans accroc, sans cohue, avec ponctualité, comme dans un rêve. En un mot comme en cent, tout baignait dans l’huile. Tout était sous cloche.
Il faut dire qu’on avait mis le paquet pour que tout se déroule dans les meilleures conditions. La facture devrait atteindre voire dépasser les 10 milliards d’euros. Certes on promet de belles retombées aux commerces qui ont souffert d’avoir été quasi confinés, mais elles sont encore à venir, un jour, peut-être.
Pour assurer la sécurité, pas moins de 50.000 agents avaient été mobilisés (35000 policiers et 15000 militaires). Paris fut quadrillé, balisé, nettoyé à tout point de vue et 45000 volontaires ont assuré la logistique. Qui ne souhaiterait qu’il en soit toujours ainsi ?

On comprend la satisfaction du gouvernement, notamment de M. Darmanin, ministre de l’Intérieur, et surtout de M. Macron, Président de la République. Pour celui-ci, c’était peut-être l’ultime occasion de briller et de valoriser son action...
L’auto-congratulation fut toutefois quelque peu surjouée. On distribua des satisfecit et des médailles en chocolat en veux-tu en voilà et le Chef de l'Etat n’hésita pas à prendre une fois encore ses désirs pour la réalité en s’exclamant à propos de ces quinze jours magiques, “C’est ça la vraie vie” !
Depuis sa réélection, M. Macron va d’échecs en échecs électoraux. Il a perdu les Législatives en 2022, les Européennes en 2024 et à nouveau les Législatives en 2024 plaçant le pays dans un imbroglio politique inextricable.
Aussi son message avait l’accent d’une cruelle autocritique, lorsqu’il affirma notamment qu’à l’issue des Jeux Olympiques, “il n’y a qu’un perdant, c’est l’esprit de défaite…”

Illustration : à voir sur le site Globes du Monde

05 août 2024

Le Voyant d'Etampes

Abel Quentin, jeune écrivain, décrocha pour son deuxième roman, le Prix de Flore 2021 avec un récit résolument à contre courant du prêt à penser actuel. Rien que pour cela il mérite d'être lu.
C'est l'histoire d'un professeur d'université fraichement retraité qui se met en tête de publier un essai en forme d'enquête sur un poète méconnu, américain, noir, communiste, exilé en France par le maccarthysme sévissant outre atlantique, dans les années soixante.

Il s'agit de donner à titre posthume la notoriété qu'il mérite à un paria emblématique, resté dans l'ombre, de son vivant.

Derrière cette fiction faisant d'un certain Robert Willow, un écrivain et poète qu’on pourrait situer quelque part entre Richard Wright et Albert Camus, se profile en réalité le vrai sujet, à savoir, l'éternel combat idéologique des anciens contre les modernes, le tout se déroulant au sein du peuple bien pensant, dit "de gauche". Auteur de l'essai dans le roman, Jean Roscoff, l'universitaire en question incarne l'arrière-garde du socialisme des années Mitterrand. Son principal titre de gloire, dont il aime se targuer, est d'avoir pris part au mouvement et au combat de SOS racisme !

Les modernes, ce sont les nouveaux gauchistes à dominante woke, racialistes, écologistes, féministes et autres istes, tous plus haineux et sectaires les uns que les autres, qui après avoir épuisé le filon marxiste, cherchent par tous les moyens à recycler le mythe de la lutte des classes.


Le nœud du problème réside dans le fait que, pour son malheur, le biographe, occupé avant tout à déchiffrer l'itinéraire poétique de son sujet, négligea quelque peu la négritude de Willow et surtout ne jugea pas nécessaire d'en faire la victime de sa condition. Hélas, trois fois hélas !

L'ouvrage, a priori destiné à un public averti, est remarqué dès sa publication, par un enragé de la cancel-gauche, à l'affût de tout ce qui peut déclencher une polémique. 

C'est alors une redoutable mécanique inquisitoriale qui se met en marche, qui n'a de cesse de poursuivre, de harceler et d'accuser le malheureux Roscoff, lequel ne comprend rien à ce qui lui arrive et à l'injustice qui le frappe. A l’instar du pilori, une célébrité aussi soudaine et imprévue que destructrice, lui échoit, dont il se serait bien passé.


Portrait au vitriol d'une époque dont les excès idéologiques sont devenus quotidiens, ce roman est un vrai pavé dans la mare. Il est pour tout dire, d'une actualité brûlante. 

Mais son style est également celui du temps présent. L'écriture est plate et sale, à la manière de Houellebecq. Les personnages ont peu de densité et l'analyse psychologique reste au ras du sol. L’essentiel est dans la guerre intellectuelle et dans la mise en scène de ses douteux et fallacieux combats. 

Il y a beaucoup de vrai dans ce tableau de l'époque contemporaine. C'est audacieux, louable et même édifiant, mais le récit, qui devrait faire du bien à l'esprit, laisse une sensation de malaise, voire de désespérance. On ne sait plus trop à la fin s'il s'agit de la critique d'une illusion perdue ou bien celle d'une intolérance en marche. On ne sait plus s’il reste encore quelque espoir de revenir à la raison. Peut-être en somme, parce que la réalité se confond avec la fiction...

26 juillet 2024

The Mists of Time

John Mayall
 (1933-2024) chanta avec tant d’intensité dramatique et d’émotion
la mort de J.B. Lenoir (1929-1967), qu’il mérite assurément sa place au panthéon du Blues.
Il vient, à l’âge respectable de 90 ans, de rejoindre son maître à penser dans l’immensité enchantée de l’Eden de la Note Bleue.
On doit à ce natif de Macclesfield, tout près de Manchester, la création de la merveilleuse constellation du British Blues dont il fut le héraut désarmant de simplicité, de rusticité et d’humilité.
Son groupe mythique des Blues Breakers fut une vraie pépinière de talents. Nombre d’artistes y ont fait leurs armes. A tout seigneur tout honneur, citons l’illustre Eric Clapton. Dans son poignant hommage au disparu, il affirme qu’il lui doit tout ce qu’il a fait de bien en musique.
John Mayall fut également le découvreur de l'hypersensible Peter Green, qui fonda avec Mick Fleetwood, et John McVie, le groupe Fleetwood Mac.
Il révéla Mick Taylor, qui magnifia pendant un temps, de ses riffs dévastateurs, la carrière des Rolling Stones.

Au bout du compte, toute une génération de musiciens anglais ont été imprégnés du style Mayall et ont bénéficié de son élan très inspirant. Rien que pour les guitaristes c’est une pléiade de célébrités. Outre Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor, il y eut Jimmy Page, Jeff Beck, Gary Moore, Alvin Lee et j’en passe…
C'est une vraie gageure de résumer en quelques mots une carrière de plus de 50 ans et une soixantaine d'albums. Bornons nous donc à quelques étapes emblématiques.

En 1968, après l’aventure Blues Breakers, Mayall publie en solo son magnifique album Blues from Laurel Canyon, aux rythmes languides opérant la fusion du Blues, du trip beatnik et de l’esprit Hippie. A cette époque bénie, il choisit de s’installer en Californie d’où il continua de rayonner tranquillement et en toute liberté, parcourant avec joie et bonne humeur les scènes internationales jusqu’à un âge très avancé.
En 1969, avec The Turning Point, il inscrit un disque d’or au palmarès des ventes US et se déleste d’un Room to Move aussi jouissif qu’endiablé qui reste comme un repère incontournable dans son parcours.

En 2002, il enregistre quelques très belles pistes inédites avec ses born-again Blues Breakers comprenant notamment l'excellent guitariste texan Buddy Whittington. Parmi les perles, captées lors de ces sessions parues sous le nom de Stories, figure la bouleversante élégie The Mists of Time. Avec sa voix si caractéristique, de gorge, chaleureuse et haut perchée, il laisse un legs splendide aux amateurs de Blues…

19 juillet 2024

Danse sur un Volcan

Au décours des élections législatives, on apprend que 77% des Français sont inquiets de la situation politique actuelle et 70% se disent mécontents du résultat du vote. De deux choses l’une, soit notre démocratie a un vrai problème, soit les électeurs sont bêtes à bouffer du foin.
Sans doute y a-t-il un peu des deux, ce qui n'est guère réconfortant……
Le fait est que le blocage apparaît désormais complet et l'impasse totale. Le pays, déjà très affaibli, se trouve dans un épais brouillard, sans boussole, sans gouvernail et sans capitaine.

Emmanuel Macron s’accroche aux commandes, mais plus rien ne répond. A ses ministres démissionnaires et aux partisans qui lui restent fidèles, il ordonne de trouver une "coalition majoritaire" et un "large pacte législatif pour gouverner", dans le champ de ruines et de dissensions qu’est devenu le paysage politique, en grande partie par sa faute. Autrement dit, “débrouillez vous pour vous organiser et je choisirai des gens pour vous remplacer, selon mon bon plaisir”.

A partir d'aujourd'hui, les ministres sont aux abonnés absents, supposés, pour un temps indéterminé, ”expédier les affaires courantes” tout en siégeant, comme si de rien n'était, à l’Assemblée Nationale. Aucun nom de nouveau premier ministre n’émerge de cette navrante bataille de chiffonniers. Y en aurait-il un d’ailleurs, qu’il serait renversé l’instant d’après, ou au mieux, réduit à l'impuissance. Les partis politiques se morcellent à l'image d'une armée mexicaine. Ils se haïssent et s’excluent les uns les autres tout en se clivant à l’intérieur d’eux-mêmes. Le Président de la République désavoué reste en place. Le Premier Ministre démissionnaire reste en fonction. La Présidente de l'Assemblée Nationale, représentant le parti ayant le plus perdu d'électeurs, est reconduite au Perchoir dans un climat de tripatouillage général. On est véritablement dans la pantalonnade.
Le pays est en roue libre.

Les cigales chantent tandis que le spectre du déficit budgétaire et de la dette se profile en arrière-plan, risquant sous peu d’étrangler le pays.
Bruno Lemaire, ex-ministre des Finances, qui a laissé filer sans compter les dépenses durant 7 ans, et alors qu’il s’apprête à quitter sa sinécure de Bercy annonce benoîtement qu’il faut faire non pas 20 mais 25 milliards d’euros d’économies avant la fin de l’année !
Pour l’heure, aucun programme connu n’envisage la moindre restriction budgétaire ni la plus petite mesure d’économie. Il n'y a que des dépenses nouvelles, des taxes et des impôts.
La Cour des Comptes, qui semble ignorer le contexte dans lequel se trouve le pays, étrille la gestion du gouvernement, souligne que la trajectoire budgétaire envisagée est irréaliste et relève des hausses non documentées de prélévements obligatoires.
On ignore combien de temps la trêve estivale durera, mais les perspectives de rentrée sont d’ores et déjà prometteuses…

16 juillet 2024

Une Vie de Héros

En ces moments d'une rare intensité tragique, quel autre titre que celui du grandiose poème symphonique de Richard Strauss qualifierait mieux Donald Trump ?
Cet homme est décidément à part. Tout ce qui lui arrive est exceptionnel. Il fascine autant qu’il effraie, mais quel bonhomme !
L'incroyable coup du destin survenu ce week-end lui donne, qu'on le veuille ou non, une stature de commandeur, illustrée par ce cliché extraordinaire, capté lors de l'attentat qui a failli lui coûter la vie. Il vient d'être touché à l'oreille par une balle. Après un mouvement d'évitement réflexe, il se relève, il a le visage en sang mais il est debout, plus déterminé et combatif que jamais !

Quoiqu’il arrive désormais, il aura marqué son temps. Que peuvent dire tous les haineux, les revanchards, les pisse-vinaigre, les culs-bénis de la bien-pensance, les ignares bêtes et méchants, et les incapables de voir au-delà du bout de leur nez, qui tous voulaient sa perte ?
Ils étaient occupés pour l'heure, à chercher une posture face au désastre incarné par l'autre champion, porté au pouvoir il y a bientôt quatre ans, par anti-trumpisme primaire, et dont ils avaient refusé de voir à l'époque le déclin intellectuel et l'incapacité politique.
Hélas pour eux, l'évidence est devenue trop criante aujourd'hui pour être occultée.

On ne tire pas sur une ambulance, donc on n’insistera pas sur le fiasco du dernier sommet de L'OTAN, achevé sur une monumentale bourde du pauvre Joe Biden. Hormis ce mot malheureux, il n'est pas seul fautif car la stratégie occidentale dans le conflit russo-ukrainien, aussi obstinée qu'inopérante, est consensuelle si l'on peut dire ! Que de dépenses inutiles, que de sanctions stupides, que de vains encouragements guerriers, et pour finir, combien de morts inutiles ?

Dans cet épisode bouleversant, il y a quand même quelque chose de comique. C'est le réveil de George Clooney et de l'intelligentsia écolo gaucho bobo. Après avoir encensé un leader sans ambition ni charisme, ils voudraient l'éliminer du paysage, sans état d'âme, parce qu'il est devenu un peu plus chancelant.
Encore un petit effort. Ils pourraient peut-être bientôt reconnaître que Donald ne ferait pas un si mauvais président. Ils vont peut-être même découvrir qu'il l'a déjà été et que l'Amérique ne s'en est pas plus mal porté qu'avec Joe. Plutôt mieux même...

09 juillet 2024

Le Principe du Tiers Exclu

En matière de politique, il faut rester très humble. Au terme de ces élections législatives impromptues, la redistribution des sièges à l’Assemblée Nationale se révèle sensiblement différente de ce que les sondages faisaient entrevoir.
Force est de constater que “le barrage anti RN” a fonctionné une fois encore, au-delà des espérances de ses promoteurs. La mécanique potentiellement destructrice du scrutin majoritaire à deux tours, est parvenue à biaiser l’esprit de la démocratie au nom de la logique pernicieuse et exclusive de “l’arc républicain”. Le camp macroniste a réussi à faire élire des révolutionnaires d’ultra gauche, des antisémites notoires et même un individu fiché S ! En contrepartie, la Gauche a permis au président de la république et ses amis, dont elle avait juré la perte et massivement rejetés par l’opinion publique, de continuer à exister.
Dans ce résultat en forme de trompe l'œil, la gauche semble renforcée, l’ex majorité présidentielle apparaît moins ratatinée qu’annoncé, et le Rassemblement National (RN), en dépit de l’augmentation importante du nombre de ses députés n’a ni majorité absolue, ni majorité relative. Son électorat se retrouve plus que jamais ostracisé, puisque la coalition des contraires réaffirme en chœur, au mépris de tout principe républicain, son refus de travailler avec ses représentants.

Pour autant, la perspective ouverte par le renouvellement de l’Assemblée législative est-elle vraiment bouleversée ? Non car le chaos politique qui régnait avant la dissolution est toujours là. Il est simplement plus désastreux qu’auparavant et le Président de la République porte une lourde responsabilité dans cette évolution.
Puisqu’il paraît hélas peu probable qu’il démissionne après un tel résultat, signant l’échec de son ambition de clarifier la situation, il faut bien tenter d’imaginer avec quel conglomérat il pourrait envisager de continuer à feindre de diriger le pays, et pour quel dessein.
Il manquait au parti présidentiel et ses alliés, une quarantaine de députés pour obtenir une majorité, il lui en faudrait désormais environ 130 ! De part et d’autre de ce ventre mou, embarrassé par la vaine stratégie du “en même temps” se trouvent des gens aux projets irréconciliables.
Il est exclu par principe de se tourner vers le RN.
Les Républicains (LR), dont le nombre est stable, ont perdu leur position d’arbitre, et pour coopérer avec le pouvoir, devraient accepter une collusion contre nature avec une partie de la gauche.
Cette dernière, si tant est qu'elle soit unifiée, ne pèse en effet que 180 sièges, desquels il faut logiquement retirer les quelque 70 attribués à La France Insoumise (LFI). Mais ce faisant, l’alliance du Nouveau Front Populaire se fracasse et son programme de gouvernement tombe à l’eau.

En définitive, si ces élections ont donné lieu à beaucoup de magouilles politiciennes abjectes, il faut bien convenir que les Français leur ont donné corps en suivant docilement les consignes les plus insanes. Résultat des courses, la France se retrouve dans la pire des situations imaginables, celle d’un pays ingouvernable.
On se souvient du mot fameux de Tancrède adressé à son vieil oncle Salina dit Le Guépard : “Il faut que tout change pour que rien ne change…” Une chose est plus que jamais certaine : on a les gouvernants qu’on mérite !

04 juillet 2024

Toute honte bue

C’est fait. Le séisme annoncé s’est produit. Le Rassemblement National (RN) est aux portes du pouvoir. Il balaie tout sur son passage et pourrait à lui tout seul acquérir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Ce résultat consacre l’échec de la stratégie mise en œuvre depuis quelques décennies par le reste de la classe politique, consistant à faire barrage à son ascension. Il consacre également la déroute totale de toutes ces formations prétendant appartenir à “l’arc républicain”, liguées contre le supposé péril RN.
Le parti présidentiel, dont on ne sait même plus trop comment il se nomme, après avoir été sévèrement averti en 2022 et sanctionné lors des élections européennes, prend une claque monumentale. Il réunira peut-être moins de 100 députés dans la future Chambre ! Les Républicains (LR), profondément divisés, apparaissent définitivement écrabouillés, réduits à un micro-parti sans avenir. La gauche a fait un des plus médiocres scores de son histoire. En ratissant tout le ban et l'arrière-ban, jusqu’aux extrêmes les plus nauséabonds, elle totalise à peine 28% des voix !
Tout ce joli monde désemparé semble pourtant désirer que les choses aillent plus mal encore.

Peu importe l’avenir du pays, peu importe le message évident des électeurs, le monde politique détenant encore les clés d’un pouvoir à l’agonie, se complaît plus que jamais dans le déni et la combine de bas étage.
La stratégie clamée par M. Macron, suivie à la lettre par M. Attal, tient en un petit slogan: “pas une voix pour le RN !” qu’ils ont repris mot pour mot du discours de Jean-Luc Mélenchon.
Pire, ils l’accompagnent d’actes. Depuis mardi soir, on sait que plus de 220 candidats ont été invités à se désister au bénéfice du seul projet qui leur reste : faire un rempart contre le RN.

Dans le sauve-qui-peut général, les scrupules et la morale s’envolent.
M. Macron, qui flétrissait hier encore l'agglomérat de gauche, décrit par lui comme “bricolage et tripatouillage avec lesquels on ne peut construire une majorité”, encourage désormais ses sympathisants à se rallier à ce magma insane…
M. Attal, premier ministre, n’hésite plus à prôner le vote pour des candidats de la gauche la plus abjecte ! Il qualifiait hier le nouveau front populaire "d’alliance de la honte". Aujourd’hui il appelle les électeurs à voter en sa faveur.
Edouard Philippe, ancien premier ministre et héritier du bastion havrais, arraché de haute lutte aux communistes par son prédécesseur Antoine Rufenacht, affirme qu’il préfère voter pour le PCF que pour le RN !
A gauche évidemment ce n’est pas mieux.
Marine Tondelier, au nom des écologistes, verse des larmes de crocodiles parce que Bruno Lemaire, dans un petit sursaut de réalisme, a indiqué qu’il ne voterait pas pour un candidat LFI, même pour faire barrage au RN.
Sandrine Rousseau, après avoir fait la leçon à M. Ciotti, affirme tranquillement qu’elle est “prête à tout du moment qu’on gagne”. Au moins, c’est clair.
S’ils sont élus dimanche prochain, M. Darmanin, madame Borne, le seront avec les voix de LFI, et M. Hollande sera laborieusement remis en selle grâce à LR, vestige du parti de M. Sarkozy !
Enfin, le pauvre Raphaël Glucksmann, qui a bien du mal à exister et qui ne sait plus trop où il habite, appelle de ses vœux pieux une assemblée nationale sans majorité, sans perspective, sans direction.
Tout cela relève de l’ignominie.

L’objectif de tous ces gens est désormais qu’il n’y ait pas de majorité claire et leur but, on ne peut plus simpliste, est de faire en sorte que pour la première fois de la Vème République, le parti arrivé en tête au premier tour avec plus de 30% des voix ne puisse constituer un gouvernement.
Qui peut croire M. Attal lorsqu’il invoque en désespoir de cause “une majorité plurielle” faisant l’impasse sur le plus grand parti de France ?
En réalité, lui et plus encore le Chef de l’Etat, préfèrent le chaos d'une nation ingouvernable et le spectre d'une piteuse démission, à une cohabitation peu glorieuse mais plus démocratique, avec ce qu'on appelle encore l'extrême-droite.
Ces perspectives navrantes sont de toute manière illusoires car pour le RN et ses alliés, si ce n’est pas pour ce coup-ci, ce sera pour le prochain. Finalement, même si pour le pays l’absence de majorité à l’Assemblée serait la pire des catastrophes, il vaudrait peut-être mieux pour Jordan Bardella qu’il n’y parvienne pas. Au moins on ne pourra pas lui imputer le bordel qui vient.

En vérité, la Démocratie, la République et les Valeurs, tout le monde s’en moque maintenant que le danger de perdre prébendes et rentes de situations est maximal. Il n’y a toujours aucune interrogation sur les raisons profondes de la montée régulière du RN. Aucune réflexion sur la cause du rejet massif par le peuple des politiciens traditionnels de tous bords.
Au contraire. Moins le fameux barrage convainc de monde, plus ses promoteurs, à court d’idées, s’accrochent à lui, usant de tous les derniers stratagèmes politiciens pour le faire perdurer. Plus ils perdent d'influence, plus ils deviennent radicaux et virulents. Il n’a jamais été aussi évident que le déferlement de haine et d’intolérance auquel on assiste, vient de la gauche, ralliant une bonne partie des artistes, réels ou prétendus, du petit monde de l’éducation, des syndicats, de la haute fonction publique, et même de la justice.

Comment les Français vont-ils réagir ? Seront-ils assez niais pour suivre les combines, les grosses ficelles, les pactes mort-nés, les faux-derches qui ne cessent de trahir leurs engagements, les chevaux de retour usés jusqu’à la moëlle, qui les ont trompés tant de fois ?
Une chose est certaine, la France va vivre des moments d’incertitude et de basse politique si ce n’est de pagaille et d'émeutes qui risquent de l’affaiblir un peu plus. Et de cela, tout républicain, démocrate, aimant son pays, ne peut que s’attrister si ce n’est ressentir un immense dégoût…

30 juin 2024

Du Mensonge en Politique

Aujourd’hui, c’est le grand saut dans le vide. L’abcès qui empoisonne l'espace politique jusqu’à le gangréner en profondeur depuis des décennies, est sur le point de se rompre.
Nul ne sait encore ce qui en sortira. Une suppuration chaotique immonde menant à la guerre civile comme certains le prédisent, le craignent ou même semblent le désirer ? Ou bien un nouvel ordre républicain, chargé d’incertitude et d'une lueur d'espoir ?

Outre-Atlantique, chez nos amis américains la situation n’est guère plus enviable. Il y a deux jours à peine les deux candidats à l’élection suprême s’affrontaient en un pathétique débat.
Les nombreux et virulents détracteurs de Donald Trump qui étaient à l'affût du moindre incident ou dérapage le concernant ont pris conscience tout à coup de l’obsolescence critique de son adversaire, Joe Biden. Le spectacle leur a troué le c.. comme on dit. Ils en sont restés comme deux ronds de flan.
Ces gens bien pensant dont la partialité confine parfois à l’absurdité n’avaient encore rien vu de la sénilité de l’actuel président !
Elle était pourtant évidente à chacune de ses apparitions depuis sa prise de fonction. Comme chacun sait, il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…

Face à ce désastre qui leur éclate en pleine figure, ils n’ont plus grand chose à dire contre Trump. Le seul argument encore audible est selon eux qu’il ment. La belle affaire ! A supposer que cela soit vrai, serait-il le seul politicien qui mente ici bas ?
Après le débat, l'épouse du malheureux Joe y est allée elle-même de son petit couplet : “lie, lie, lie !”
Juste avant, elle venait de féliciter son mari qui selon elle “avait bien répondu à toutes les questions” ! Plus menteuse tu meurs !
Personne n’ose avancer une telle énormité. Pour tout dire, de l’aveu unanime, le président a raté sa prestation à tel point que le New York Times, peu enclin à la critique du parti à l’âne, demande qu’il soit remplacé de toute urgence par un autre candidat. Le problème est qu’il n’y a pas foule pour accepter de prendre cette place glissante, et peu de personnalités crédibles dans un parti divisé, en proie au doute et aux contradictions. Encore faudrait-il d’ailleurs que le tenant du titre se résigne à s’effacer, ce qui est loin d’être le cas… Voilà où l’anti-trumpisme bas de plafond a mené l’Amérique. A la probable réélection de Trump ou bien au cataclysme !

En France, c’est le "tout-sauf-l’extrême-droite" qui nous a conduit à l’abîme devant lequel nous sommes.
Il faut dire qu’en matière de mensonges politiciens, notre piètre république est servie. Le mal est dans le fruit de longue date, mais ces élections législatives précipitées ont donné lieu à une surenchère affolante de contre-vérités, de dénis, de tromperies et de mystifications. Rien ou presque ne tient debout dans le déluge de promesses, de programmes à la dubout, et de lendemains supposés chanter.
Le Président, qui selon son habitude, dit tout et son contraire, ment au moins une fois sur deux.
S'agissant de la gauche, le conglomérat abject qu’elle propose au peuple repose exclusivement sur les falsifications, les compromissions et les délires idéologiques. A ce niveau, cela relève de l’imposture.

Mais les dés sont jetés. Aux Urnes citoyens ! Advienne que pourra…

22 juin 2024

Naufrage en Musique

En dépit du moment climatérique vécu par notre pays, le Palais de l’Elysée avait décidé ce 21 juin, de faire la teuf, et dressé pour l'occasion, devant un public choisi, une jolie scène dédiée à la musique. Le Président de la République y est allé de sa petite chanson, si l’on peut dire…

Ne pouvant s'empêcher de donner un tour politique à la belle soirée qui commençait, il a entonné sur un air primesautier la rengaine éculée du tout-sauf-les-extrêmes.
Ainsi, au bord du chaos, il continue avec une incroyable légèreté à jouer avec la France comme un enfant avec ses jouets. Sans vergogne, il fait comme si tout allait pour le mieux, affirmant "mettre toute sa confiance dans le Peuple Français", amené à retourner aux urnes après qu’il a cassé l’Assemblée Nationale, parce que tel est son bon plaisir.

Les dernières projections sondagières confirment pour l’heure ce qu’on pouvait présupposer depuis longtemps : bien que le Rassemblement National soit plus près du Pouvoir que jamais, il apparaît très improbable qu’une majorité cohérente sorte du renouvellement de l’Assemblée Nationale. Dans le charivari qui s'annonce, le Parti du Président sortirait littéralement ratatiné entre les deux blocs qu’il appelle extrêmes. Le pays serait donc ingouvernable, et menacé, vu la radicalisation inquiétante des esprits, de sombrer dans des désordres sociaux de grande ampleur.
Voilà donc le résultat de sept années de pouvoir dont M. Macron avait annoncé qu’elles seraient précisément consacrées à lutter contre la montée de ces fameux extrêmes !
Force est de constater qu’il s’agit d’un échec cuisant, à tout point de vue.
La politique étrangère menée par le Chef de l’Etat s’avère un fiasco intégral, où qu’on se tourne. Pas la moindre inititative heureuse à porter à son crédit.
En matière de gouvernance du pays, le bilan est pire encore : dérive économique majeure, montée de l’insécurité, de la violence et de la haine un peu partout, faillite de l’éducation nationale, défaillance généralisée du système de santé, incapacité de la justice minée par l'impuissance et la partialité, et des forces de l’ordre, empêchées d'agir lorsqu'elles ne sont pas accusées de provoquer les troubles voire de tuer.

On ne voit vraiment pas comment M. Macron va pouvoir éviter la démission, qui mettra certes un terme à son incurie, mais qui ne résoudra pas hélas la crise profonde qu’il n’a pas su éviter au pays.
Vu sa désinvolture, son déni de la réalité et son irresponsabilité, il y a fort à parier qu’il partira avec un large sourire, satisfait du devoir accompli, sans remords ni regret, en sifflotant…

20 juin 2024

Dindons et Chapeaux à Plumes

La campagne électorale express suivant le coup de tonnerre de la dissolution de l’Assemblée Nationale, donne lieu à un édifiant spectacle. La panique qui saisit la classe politique dans son ensemble s’exprime par des contorsions, des revirements, des trahisons et des compromissions évoquant les pires moments de notre piètre république.
Dans le festival de faux semblants, de grandiloquentes déclarations et de fausses promesses, deux grands types de volatiles sont au devant de la scène : les Dindons de la farce et les Chapeaux à Plumes.

Dans la première catégorie, trône Raphaël Glucksmann.
Rarement on aura vu volte face plus soudaine.
Deux heures à peine après le verdict des urnes et l’annonce de la Dissolution, et après avoir affirmé la main sur le cœur qu’il ne transigerait pas avec Mélenchon et ses nervis, et qu’il ne trahirait pas ses électeurs, voilà qu’en son nom, ses amis signent un accord pour un nouveau Front, autoproclamé populaire, racolant sans vergogne tout ce que la gauche a de plus nauséabond. Le lendemain il avalise en personne l’alliance de la honte et se fait ainsi voler avec le sourire son beau panache zéropéen, blanc immaculé, par les gnomes socialistes qui couraient à ses basques, rejoints par leurs copains ultras. Il est devenu le porte-coton du petit roi Mélenchon qui exerce son magistère insane en propageant la haine, l'intolérance et la violence ! Quelle descente pour ce dadais si moral, fils-de, transformé en l’espace d’un jour, en idiot utile.
Le plus grave est qu’il y ait encore des bonnes âmes, sans doute les vrais dindons, pour croire en la vertu de ces gens. Elle est tombée si bas qu'il faut désormais aller la chercher dans les égouts…

Il y a d’autres dindons, mais ils feraient presque pâle figure à côté. Eric Zemmour par exemple, qui se retrouve gros-jean comme devant après le rapprochement de Marion Maréchal et ses lieutenants, du Rassemblement National, plaidant en la circonstance l’union des droites. Il n’y a que lui pour être vraiment surpris. A contrario de Glucksmann, Zemmour n’est pas la victime consentante d’une machination mais de son propre acharnement et de ses maladresses. Par son intransigeance, il a cassé tout seul le parti qu’il était parvenu à mettre sur pied, le tout en un temps record !
On aura également une pensée émue pour Gabriel Attal, Premier Ministre depuis moins de 6 mois, totalement pris au dépourvu par le coup de tête du chef de l’Etat, et qui se trouve brutalement claquemuré dans une impasse. Avec son sourire d’archange, il erre entre deux eaux, dans l’incapacité de désavouer son chef et tout aussi incapable de proposer une alternative crédible. Hormis son rôle très bien tenu de porte-parole du gouvernement, sa carrière ministérielle tient du météore…

De l’autre côté, il y a les Chapeaux à Plumes, c’est-à-dire les caciques des vieux partis politiques, ou plutôt les survivants accrochés aux vestiges de ces formations dont ils sont d’ailleurs les principaux fossoyeurs. Plus ils s’enfoncent dans l’impopularité, l’échec et le rejet, plus ils se dressent sur leurs ergots pour tenter de dire qu’ils existent encore. Cramponnés à de vieilles lunes idéologiques, ils n'ont vraiment plus grand chose à dire ni à proposer pour rester dans le jeu.
Ce sont avant tout les barons miteux du parti Les Républicains, ersatz racorni des UDR, RPR, UDF et autres MPR. Forts de leurs dérisoires 7% aux Européennes, ils trouvent le moyen de se recroqueviller en un dernier carré, drapés dans les lambeaux du vieux manteau gaullien. Vu leurs médiocres faits d’armes passés, ils auraient tout intérêt à faire preuve enfin d'un peu de pragmatisme, mais ils préfèrent s'arc-bouter sur leurs idées fixes et mourir d’inanition dans le piège à c… de Mitterrand dans lequel ils ont sauté à pieds joints il y a déjà quelque décennies.

Passons enfin sur les rabroués, les relégués et les losers d’autrefois, qui cherchent à exploiter la divine surprise pour ramener leur fraise inopportune, certains pour le seul plaisir de retrouver les feux de la rampe, d’autres caressant encore et toujours l’espoir fou d’un retour en grâce. Tel est le rêve d'un de ceux-ci, qui fut, paraît-il, président de la république...

Devant cette sinistre parade, on ne peut s’empêcher de penser que le pire est peut-être à venir. On a beau retourner le problème en tous sens, aucun scénario post-électoral n'ouvre en effet de perspective rassurante pour notre pays, qui semble avoir perdu la raison. Il y a donc de quoi être un peu inquiet !

Illustrations : dindons et carnaval de Binche en Belgique