En attendant la mise en place des cataplasmes de madame Buzyn sur la plaie béante des urgences, les critiques continuent de pleuvoir sur le système de santé et notamment sur le monde hospitalier. Hélas, pas toujours fondées...
Dans l’émission “Complément d’enquête” diffusée le 24 octobre dernier sur France 2, on a pu assister une nouvelle fois au procès de la tarification à l’activité (T2A) qui régit la gestion des établissements de santé court séjour depuis 2008. On a pu entendre de la bouche même de médecins, qui “balancent”, quelques énormités, traduisant soit une méconnaissance du système, soit un soupçon de mauvaise foi. Ainsi, pour le docteur Sophie Crozier, neurologue affectée au groupe hospitalier la Pitié-Salpétrière la T2A, c’est la course à la rentabilité et “c’est bingo pour l’hôpital”, notamment lorsqu’elle valorise les complications survenant lors des soins. Par exemple la présence d’escarres, qui permet d’ajouter chaque jour quelques centaines d’euros supplémentaires au tarif du séjour.
Derrière l’apparent paradoxe, il n’y a pourtant rien d’anormal. D’ailleurs, que dirait-elle si ces complications ne faisaient pas l’objet d’une augmentation du tarif des séjours ? Sans doute comme on l’entend parfois, que les hôpitaux seraient pénalisés par rapport aux établissements privés, sachant que ces derniers ne soignent par hypothèse que des patients “simples” tandis que le secteur public hérite des cas les plus lourds et les plus compliqués.
Madame Crozier affirme naturellement qu’elle fait tout pour éviter les complications à ses patients, mais le fait est qu’elle insinue que d’autres auraient intérêt à les laisser survenir, voire à les déclarer de manière abusive. Parallèlement elle affirme de manière péremptoire (comme la ministre au demeurant), que le système pousse à multiplier les actes superflus, voire inutiles.
Il n’est évidemment pas souhaitable pour un patient d’être victime de complications surajoutées (en termes techniques, on appelle ça des comorbidités associées). Lorsque surviennent des escarres, on peut évidemment s’interroger sur la qualité de la prise en charge préventive. Mais une fois là, il est évident qu’elles alourdissent significativement la prise en charge, contrairement à l’affirmation entendue dans le reportage selon laquelle elles ne nécessiteraient que “peu de moyens et peu de personnel”. Non seulement elles révèlent habituellement un état précaire, voire une grabatisation du patient, mais encore faut-il préciser qu’elles exigent de la part des soignants beaucoup de patience et de temps. Or le temps c’est de l’argent…
Il paraît donc vain d’accuser la tarification à l’activité de tous les maux ou quasi, dont souffrent les hôpitaux. Curieusement dans le même temps où l’on s’insurge contre le jackpot engendré par les morbidités, on déplore le manque de moyens. Allez comprendre...
La T2A n’est certes pas parfaite. Elle affecte les ressources financières au séjour et non à la journée d’hospitalisation comme on le laisse entendre dans le reportage. De ce point de vue elle est vertueuse puisqu’elle n’incite pas à prolonger les séjours pour des raisons économiques. Elle est certes inflationniste en termes de soins dans la mesure où elle valorise l’activité, mais sa nature forfaitaire limite cette tendance et elle fait l’objet de contrôles réguliers de l’Assurance Maladie et de sanctions en cas de manquement aux règles.
Il faut enfin préciser que “ce qui rapporte” n’est pas forcément source de profit comme on le suggère trop souvent, notamment dans cette enquête. Tout dépend des dépenses mises en face des recettes. L’objet de la T2A est de procurer aux établissements de santé des ressources financières en adéquation avec les soins qu’ils réalisent. Il importe donc de veiller à fournir une description la plus exacte possible de ces soins et dans cette perspective, la rentabilité n’est que l’expression de l’équilibre entre les dépenses et les recettes.
En dépit de ses imperfections, la T2A est un système plus équitable, moins pervers et plus motivant que ceux qui l’ont précédée, à savoir les prix de journées et le budget global.
Malheureusement le gouvernement, égaré sans doute par la pression médiatique et les tabous idéologiques relatifs à la prétendue “marchandisation de la santé” semble prêt à faire machine arrière.
Lors du débat qui suivit le reportage, Olivier Véran qui défendait la politique du gouvernement, en l’absence courageuse de madame Buzyn et de M. Hirsch, annonça la suppression de la T2A et son remplacement par un nébuleux financement au parcours de soins fondé sur des “responsabilités populationnelles”. Plutôt que d’améliorer un système en vigueur depuis à peine plus d’une dizaine d’années, on nous promet donc une usine à gaz qui ajoutera de nouvelles strates au mille feuilles administratif. Il y a fort à parier que le malaise des hôpitaux perdure encore un bout de temps...
Dans l’émission “Complément d’enquête” diffusée le 24 octobre dernier sur France 2, on a pu assister une nouvelle fois au procès de la tarification à l’activité (T2A) qui régit la gestion des établissements de santé court séjour depuis 2008. On a pu entendre de la bouche même de médecins, qui “balancent”, quelques énormités, traduisant soit une méconnaissance du système, soit un soupçon de mauvaise foi. Ainsi, pour le docteur Sophie Crozier, neurologue affectée au groupe hospitalier la Pitié-Salpétrière la T2A, c’est la course à la rentabilité et “c’est bingo pour l’hôpital”, notamment lorsqu’elle valorise les complications survenant lors des soins. Par exemple la présence d’escarres, qui permet d’ajouter chaque jour quelques centaines d’euros supplémentaires au tarif du séjour.
Derrière l’apparent paradoxe, il n’y a pourtant rien d’anormal. D’ailleurs, que dirait-elle si ces complications ne faisaient pas l’objet d’une augmentation du tarif des séjours ? Sans doute comme on l’entend parfois, que les hôpitaux seraient pénalisés par rapport aux établissements privés, sachant que ces derniers ne soignent par hypothèse que des patients “simples” tandis que le secteur public hérite des cas les plus lourds et les plus compliqués.
Madame Crozier affirme naturellement qu’elle fait tout pour éviter les complications à ses patients, mais le fait est qu’elle insinue que d’autres auraient intérêt à les laisser survenir, voire à les déclarer de manière abusive. Parallèlement elle affirme de manière péremptoire (comme la ministre au demeurant), que le système pousse à multiplier les actes superflus, voire inutiles.
Il n’est évidemment pas souhaitable pour un patient d’être victime de complications surajoutées (en termes techniques, on appelle ça des comorbidités associées). Lorsque surviennent des escarres, on peut évidemment s’interroger sur la qualité de la prise en charge préventive. Mais une fois là, il est évident qu’elles alourdissent significativement la prise en charge, contrairement à l’affirmation entendue dans le reportage selon laquelle elles ne nécessiteraient que “peu de moyens et peu de personnel”. Non seulement elles révèlent habituellement un état précaire, voire une grabatisation du patient, mais encore faut-il préciser qu’elles exigent de la part des soignants beaucoup de patience et de temps. Or le temps c’est de l’argent…
Il paraît donc vain d’accuser la tarification à l’activité de tous les maux ou quasi, dont souffrent les hôpitaux. Curieusement dans le même temps où l’on s’insurge contre le jackpot engendré par les morbidités, on déplore le manque de moyens. Allez comprendre...
La T2A n’est certes pas parfaite. Elle affecte les ressources financières au séjour et non à la journée d’hospitalisation comme on le laisse entendre dans le reportage. De ce point de vue elle est vertueuse puisqu’elle n’incite pas à prolonger les séjours pour des raisons économiques. Elle est certes inflationniste en termes de soins dans la mesure où elle valorise l’activité, mais sa nature forfaitaire limite cette tendance et elle fait l’objet de contrôles réguliers de l’Assurance Maladie et de sanctions en cas de manquement aux règles.
Il faut enfin préciser que “ce qui rapporte” n’est pas forcément source de profit comme on le suggère trop souvent, notamment dans cette enquête. Tout dépend des dépenses mises en face des recettes. L’objet de la T2A est de procurer aux établissements de santé des ressources financières en adéquation avec les soins qu’ils réalisent. Il importe donc de veiller à fournir une description la plus exacte possible de ces soins et dans cette perspective, la rentabilité n’est que l’expression de l’équilibre entre les dépenses et les recettes.
En dépit de ses imperfections, la T2A est un système plus équitable, moins pervers et plus motivant que ceux qui l’ont précédée, à savoir les prix de journées et le budget global.
Malheureusement le gouvernement, égaré sans doute par la pression médiatique et les tabous idéologiques relatifs à la prétendue “marchandisation de la santé” semble prêt à faire machine arrière.
Lors du débat qui suivit le reportage, Olivier Véran qui défendait la politique du gouvernement, en l’absence courageuse de madame Buzyn et de M. Hirsch, annonça la suppression de la T2A et son remplacement par un nébuleux financement au parcours de soins fondé sur des “responsabilités populationnelles”. Plutôt que d’améliorer un système en vigueur depuis à peine plus d’une dizaine d’années, on nous promet donc une usine à gaz qui ajoutera de nouvelles strates au mille feuilles administratif. Il y a fort à parier que le malaise des hôpitaux perdure encore un bout de temps...
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