17 janvier 2007

L'Irak entre espoir et chaos


En France, rarissimes sont les voix pour croire encore à une évolution heureuse. Même Nicolas Sarkozy semble un peu lâchement s'être rallié à la position dominante, puisqu'il a cru bon dans son discours d'investiture comme candidat à la présidence de la république, de rendre hommage à Jacques Chirac pour avoir refusé d'engager la France dans ce challenge, qu'il qualifie dorénavant de « faute ».
Il n'empêche, on trouve encore quelques esprits courageux ramant contre la marée défaitiste de la pensée unique. Par exemple Ivan Rioufol dans sa chronique au Figaro (12/01) dans laquelle il se prend à imaginer « qu'une raison, une seule, peut faire réussir l'ultime plan Bush, qui veut responsabiliser les Irakiens : ceux-ci ne peuvent se reconnaître dans la caricature qu'ils donnent au monde, d'un peuple musulman s'entretuant et refusant la liberté et la démocratie. »
Autre voix, celle d'Alexandre Adler qui dans le même Figaro (14/01) se fait l'avocat du président américain. Il constate en premier lieu que si les critiques pleuvent dans le camp occidental, pas un pays proche de l'Irak ne proteste contre l'envoi de nouvelles troupes américaines. Probablement parce qu'en réalité, aucun d'entre eux n'a intérêt à ce que la situation tourne à la guerre civile totale. Et aucun n'a les moyens d'intervenir avec plus de succès que l'Amérique dans ce terrain miné.
Adler voit en revanche se dessiner l'ébauche d'un consensus de raison.
D'un côté, « le bloc sunnite modéré tout d'abord qui se groupe autour du roi d'Arabie et inclut la monarchie jordanienne, les orphelins de Hariri au Liban, le Fatah en Palestine ». De l'autre, « les modérés iraniens, qui procèdent calmement et systématiquement à l'encerclement politique de leur président énergumène Ahmadinejad », et qui pourraient « accepter tacitement l'écrasement des hommes de Sadr qui n'ont de rapport à Téhéran qu'avec l'extrême droite chancelante des hodjatieh ».
Dans ce contexte, selon Adler, « si les Américains agissent à présent non pas en missionnaires allumés d'une démocratie inexistante mais en brokers honnêtes des intérêts à long terme des modérés saoudiens et iraniens, ils peuvent encore se sortir d'Irak la tête haute. »
Puissent ces observateurs avoir raison.


Leur analyse paraît en tout cas conforme à la logique développée par madame Rice lors de son récent voyage dans la région, qui esquisse les contours « d'un autre Moyen-Orient, dans lequel il y aurait véritablement un réalignement des forces », entre d'un côté « des réformateurs et des dirigeants respon­sables » en Israël, Jordanie, Égypte, Irak, Arabie saoudite ou les Territoires palestiniens et, dans le camp adverse, « des extrémistes de tout calibre qui utilisent la violence pour propager le chaos, saper les gouvernements démocratiques et imposer leurs programmes de haine et d'intolérance ».

En définitive, dans cette douloureuse affaire, l'attitude de notre pays, notamment de ses gouvernants attachés aux sondages d'opinion comme des toutous à leur gamelle, est décidément désolante. Il ne suffit pas de dire que les Américains ont fait une faute. Il ne suffit pas de clamer qu'on veut parler « toujours à l’Amérique comme une amie », et prendre un ton un peu supérieur pour lui dire « toujours la vérité » et « lui dire non quand elle a tort », « quand elle viole le droit des nations ou le droit des gens qu’elle a tant contribué à forger, quand elle décide unilatéralement, quand elle veut américaniser le monde alors qu’elle a toujours défendu la liberté des peuples. »
On sait bien que c'est dans les difficultés qu'on reconnaît ses vrais amis. Je ne sais si l'Amérique finira par obtenir un succès dans l'objectif ambitieux qu'elle s'est donné. Ce qui est certain c'est qu'elle ne devra rien à la France...

Aucun commentaire: