05 août 2014

Aveux et inconséquence

Pendant que le Président de la République désœuvré promène au gré de l’actualité sa molle silhouette de bourgeois ventripotent, et qu’il joue aux inaugurateurs de chrysanthèmes, en répandant de ci de là avec son air chafouin, solennités creuses et condoléances affligées, le Premier Ministre Manuel Valls s’effondre quant à lui sous le poids des réalités.

Lors d'un séminaire, le 1er août, il s'est ainsi délesté d'aveux douloureux sur l’échec de la politique entreprise par le gouvernement depuis plus de deux ans maintenant.

Elle n'a permis de ramener ni la croissance ni l'emploi comme promis, a-t-il dit en substance. "La rentrée va être difficile en matière de conjoncture économique. Il faut dire la vérité aux Français, affronter la réalité. Ne rien cacher" . ça tranche évidemment avec les discours emphatiques et intrépides du chef de l’Etat sur l’inversion de la courbe du chômage, sur la sortie imminente de crise, et autres retournements enchantés.
"La reprise" tant espérée - qu’il annonçait benoîtement, profite à nombre de pays sauf le nôtre, et force est de constater avec Manuel Valls, le niveau «insupportable» atteint par le chômage en juin, «la vie chère, le mal logement», ainsi que «l'inquiétude» des Français pour «leur avenir». (Figaro).


Hélas cet élan de lucidité n'a pas été jusqu'à reconnaître quelque erreur que ce soit au gouvernement, bien au contraire. Les mauvais élèves se corrigent rarement car ils sont bien souvent incapables de changer leur funestes habitudes et ils ont une fâcheuse tendance à imputer leurs fautes aux autres.

En dépit du constat alarmant, il ne faut, si l’on écoute le premier ministre, surtout pas remettre en cause la stratégie gouvernementale. "Je me refuse à annoncer un effort supplémentaire", pas question de retour en arrière. "Je veux faire la démonstration [...] que la France est engagée dans un mouvement de réformes inédit. Faire demi-tour serait «pire» que tout…
Quant à la responsabilité de cette déroute, c’est bien simple, presque tous les maux qu’il décrit seraient en effet à mettre sur le dos de l'Europe. M. Valls a notamment déploré des "politiques économiques de la zone euro pas efficaces" à cause de "l'absence de politique de change", "d'un euro trop cher", ou de "l'impuissance" de la BCE face à la faible inflation. "Le risque de déflation est réel", s'est-il même inquiété.


Quelques jours plus tard, loin de s’interroger sur la manière dont il gère le pays, François Hollande s’est permis d’en rajouter une couche en faisant carrément la leçon à l’Allemagne ! Il a déclaré notamment, ce lundi 3 août, qu'il attendait d’elle «un soutien plus ferme à la croissance», ajoutant que «ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage».

Un peu fort de café tout de même ! Serait-ce un remake de la Cigale et la Fourmi ? En attendant, un sondage récent publié par un magazine de gauche révèle qu’aucun des deux leaders de l’exécutif ne passerait la barre du premier tour d’une élection présidentielle. Bravo à nos héros (avec la liaison svp)...

3 commentaires:

claude a dit…

Mais peut on appeler une politique ces deux ans d'errance????
entre réformes en trompe l’œil, semées de reculades et de fausses avancées, égalitarisme hyper démagogique électoraliste qui matraque toujours les mêmes et voue aux gémonies toutes réussites ne provenant pas de la " diversité " quelle soit ethnique , sociale ou sexuelle,la négation de toutes racines, de toute culture, de toute mémoire sauf si elle conduit à une contrition larmoyante, grotesque, démesurée, sciemment extraite du contexte historique international, a la gloire des pauvres victimes que nous avons tyrannisés et à qui donc en vertu de ces péchés nous devons tout.
Mais en pays socialiste tout doit être égal à tout et contrôlé étroitement par un état tutélaire éducateur et qui décide du bien et du mal: vous avez le droit de penser mais seulement comme il faut et ne manifester que pour les causes reconnues justes par le saint état, vous avez le droit à l'information, mais seulement dans des médias choisis et subventionnés par qui de droit ( financés par le contribuable docile et inconscient) vous devez vous marier et prendre des congés de " parentalité" même si vous êtes un homme et que vous ne le souhaitez pas, l'état veille à ce que vous soyez un bon citoyen. D'ailleurs tous sont de bons citoyens: tous bons élèves sans note, tous irréprochables car détenus sans punition et sans prison.
C'est ainsi que lorsque nous sommes le mauvais élève européen, ce n'est qu'une illusion d'optique , c'est l'Allemagne, mauvais camarade qui est trop bonne

les socialistes ont une maladie très difficile à soigner : ils ont la phobie furieuse du thermomètre

Aerelon a dit…

Le gouvernement est actuellement en vacances. Reconnaissons-on lui au moins un mérite: pendant ce temps les parlementaires à la botte du pouvoir ne nous pondront pas de nouvelles lois iniques.

Je rejoins les propos de Claude en ajoutant que nous avons trop d'état qui se mêle trop profondément de nos vies. Mais je désapprouve ses propos sur l'Allemagne dont les performances (quels qu'ils soient) ne sont que les conséquences d'un courant de pensée moins dogmatique et démago.

Bien à vous

Michel Santo a dit…

Sur le même sujet sur un ton plus humoristique http://contre-regard.com/lannonce-aoutienne-de-valls-a-marianne-en-vacances/