Etrange
période où la tiédeur mordorée de l'automne, venant cueillir en
douceur un été qui ne veut pas finir, forme un écho saisissant à
la lente et désespérante déconfiture de notre médiocre société.
"Fin
de règne" titrent Le Nouvel Obs et Le Point, réunis dans un
affligeant consensus. De son côté, Marianne qui fait de l'invective
son unique source d'argumentation, et qui en tira des rouges durant
des années sur sa victime, se permet d'évoquer lourdement "Le
boulet", à propos de la disgrâce dans laquelle patauge le Chef
de l'Etat.
C'est
peu de dire que le débat plane au ras des pâquerettes. A longueur
de journée on entend les mêmes âneries sur les méfaits du
capitalisme, sur la relance et autres fariboles d'inspiration plus ou
moins keynésiennes. Pourquoi faut-il toujours entendre et réentendre
de la bouche de piteux donneurs de leçons, les erreurs les plus
grossières, ressassées sans souci des enseignements du passé ?
L'époque
est troublée, sans nul doute. Vers quel destin sommes-nous
embarqués ? Il est bien difficile de le prévoir mais
l'inquiétude grandit à mesure que les fissures s'élargissent et
que le sol se dérobe à chaque pas. Le yoyo des indices financiers,
saluant avec l’énergie du désespoir toute nouvelle initiative des
Etats empêtrés dans la crise, donne le tournis. Hélas, en dépit
de sursauts, de plus en plus éphémères, rien ne semble y faire :
la courbe n'en finit pas de s'effondrer.
Une
chose en tout cas ne laisse pas d'étonner : l'impopularité dont
fait l'objet Nicolas Sarkozy, pour ne pas dire la haine qui
accompagne désormais la moindre de ses actions.
Durant
cinq ans, un vrai déluge d'insanités partisanes fut déversé sur
son compte. Depuis cinq ans, tout ce que le pays compte de hordes
gauchisantes de tous poils et de toutes obédiences, se tordent de
manière pathétique les boyaux à son seul nom (cf l'innommable
pamphlet d'un certain Badiou).
Accusé
de faire le jeu des "riches", de ses prétendus complices
de la Finance Internationale, et du grand Capital, il est devenu le
paradigme du Loup Garou pour les nostalgiques du Grand Soir. A ses pieds, ils
jappent dans la fange d'une presse de caniveaux, comme des clebs
excités par les remugles de leurs propres excréments. La seule
question qui vaille, est de savoir si cet état d'esprit primitif a
durablement déteint sur l'opinion publique.
C'est un curieux paradoxe que de devoir prendre la défense de
quelqu'un qui vous a déçu, et qui relève de critiques
qu'on juge diamétralement opposées à ce qu'on lui reproche communément !
Il
serait vain sans doute de tenter de démontrer face au vent dominant,
qu'il n'y a pas une once de libéralisme dans l'action du
gouvernement français depuis 2007 (pas plus qu'auparavant, en tout
état de cause). Qu'il n'a cessé de chercher à préserver envers et
contre tout, à l'instar de tous ses prédécesseurs, l'Etatisme et le Modèle Social à la française, qu'il
préconisa la relance dans le plus pur esprit socialiste-de-81, qu'il
acheva de soviétiser le système de santé ...
En
ré-entendant récemment lors d'un documentaire télévisé, les
vibrantes déclarations de mai 2007 "Je ne vous décevrai
pas.../... je ne vous trahirai pas...", je ne pouvais m'empêcher
de penser que si des gens pouvaient se sentir floués par les temps
qui courent, c'était bien ceux qui crurent un instant qu'une vraie
"rupture" était sur le point de se produire; qu'enfin on
allait un peu sortir des sentiers battus et rebattus de l'économie
et de la pensée administrées...
L'échec,
si ce n'est l'escroquerie, est certes patent. Pourtant un rapide tour
d'horizon de ses opposants suffit pour se convaincre que si cette politique
est la pire, c'est plus que jamais, à l'exception de toutes les
autres...
The
warm sun is falling, the bleak wind is wailing,
The
bare boughs are sighing, the pale flowers are dying,
And
the Year
On
the earth is her death-bed, in a shroud of leaves dead,
Is
lying...
Percy Bysshe Shelley (1792-1822)