09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…

25 janvier 2023

Réformette qui rit qui pète

Il y a des réformes faciles à faire même s'il n'est pas besoin d'être grand clerc pour subodorer qu'elles sont insanes.
Passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans comme le fit François Mitterrand fait partie de celles-ci. Au moment où l'espérance de vie s'accroissait, il fallait être fou ou fort mal intentionné pour proposer cela, mais c’est évident, il n’y avait guère de risque de déplaire au peuple.
Facteur aggravant, lui et ses amis socialistes s'ingénièrent en parallèle à diminuer le temps de travail, à seule fin de satisfaire les espérances en forme d’illusions qu’ils avaient fait naître dans leur électorat. De 40 on est passé à 39 heures hebdomadaires puis à 35 avec la fameuse RTT de Jospin - Aubry - Strauss-Kahn.
Comme on pouvait le prévoir, aucun effet positif ne fut observé sur l’emploi. Le temps libre - pour lequel on créa même un ministère - augmenta certes, mais quant à celui restant pour le boulot, les cadences et la productivité horaire également. On ne fit en somme qu'exacerber dans l’esprit d’un nombre croissant de gens, dont beaucoup de jeunes, l’idée que le travail était une aliénation.

Ces mesures, abusivement qualifiées par leurs promoteurs “d'acquis sociaux”, s’avèrent très difficiles à remettre en cause lorsqu'on s'aperçoit de leur perniciosité. Comment convaincre les gens qu’on a bernés, qu'il leur faudra travailler plus et plus longtemps, après leur avoir garanti le contraire ?
Voilà pourquoi les réformateurs à la petite semaine, qui n'agissent qu'en fonction de leurs vils instincts démagogiques devraient rendre des comptes de leurs coupables agissements. Ce n'est jamais le cas hélas dans notre république aux allures de plus en plus bananières...

M. Macron, est en la matière, l’héritier malheureux de ses calamiteux prédécesseurs. On ne saurait le plaindre car il n’a pas peu contribué à aggraver la situation en dépensant tant et plus à chaque crise au nom du “quoi qu’il en coûte”. Il est acculé, en grande partie par sa faute, au fond d’un cul de sac, dont il n’est pas dit qu’il puisse sortir.
Pour une réformette, à peine un ajustement technique, il se trouve confronté à la possibilité d’un soulèvement populaire. Il est difficile de prédire l’ampleur et la violence du mécontentement, et tout aussi hypothétique de savoir comment son gouvernement réagira face aux grèves et blocages qui s’annoncent.
Quoi qu’il arrive, la réforme ne sera au mieux qu’un pis aller, passant largement à côté des exigences de la conjoncture, faute d’avoir abordé sans tabou la problématique d’un système par répartition, à bout de souffle. Dans quelques années tout au plus, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier avec un peu plus de pragmatisme et de courage.
Si l’on suit la logique des partis de gauche, qui voudraient que perdure encore un peu l’illusion du système par répartition, il faudrait surtaxer les retraites des gens les plus aisés, c'est-à-dire supérieures à 2000 euros mensuels. Cela donne une idée de l’état de paupérisation de notre pays. D’autres suggèrent de racketter les propriétaires de leur logement, au motif qu’ils font l’économie d’un loyer ! On entend également dire qu’on pourrait augmenter encore les charges patronales sur les salaires. Pour madame Tondelier, chef.fe des pharisiens de la nouvelle religion écologiste, il faudrait même “une France sans milliardaires” !
Cette logique imbécile, dont on chercherait vainement le lien avec la protection de l’environnement, est déjà mise en œuvre depuis quelques décennies. Entre autres inepties, elle a conduit à voir que l’impôt sur le revenu n’est payé que par moins de la moitié des foyers et que 10% les plus aisés supportent 72% de la charge ! La France est devenue une machine infernale, faisant fuir massivement ses ressortissants fortunés, en même temps qu’elle importe à tour de bras des miséreux. Lorsqu’il n’y aura plus que des pauvres, qui donc paiera les délires égalitaires des sectateurs du Grand Soir ?

18 janvier 2023

Ludwig

Ce film est une splendeur. La restauration en haute définition, dans le format voulu par Luchino Visconti, lui rend pleinement justice.
Hormis quelques brefs moments marqués on ne sait trop pourquoi, par le passage inopiné en VO italienne, le rendu de l'œuvre est plus que jamais magnifié. Peut-être n’y a-t-il jamais eu de plus beau film au monde pour exprimer cette terrible et exigeante aspiration à la vérité profonde de l’Être. Jugé pourtant sévèrement lors de sa sortie, considéré comme trop long, mièvre, compassé, il fut même victime de la censure, pour sa prétendue immoralité. Il garde pourtant une fraîcheur étonnante et la magnificence du spectacle qu’il offre, fait de Visconti un réalisateur hors norme, dont la maîtrise esthétique et technique reste inégalée, sans doute pour longtemps

Près de 4 heures extatiques pour cette déchirante élégie dédiée à la beauté utopique et à une liberté inaccessible, incarnées par un prince fantasque, passionné, voire illuminé, mais très énigmatique y compris pour lui-même. "Venu trop tard dans un monde trop vieux", pour paraphraser Musset, il a voulu vivre son idéal sans rien concéder à la réalité lorsqu’elle lui répugnait.

A travers les paysages enneigés de Bavière, on chevauche à travers les rêves empanachés mais hélas terriblement vains de ce roi égaré dans le temps à la lisière séparant le monde ancien des temps modernes. Le règne de la technique et de l’industrie s'annonce à l’horizon, qui chassera bientôt l’esprit par la pointe impitoyable du progrès, noyant l’idéal dans le bien être matériel. La fuite en avant ne pouvait être que désespérée, mais d’un lyrisme poignant. Pris dans cette spirale tragique, Helmut Berger est Ludwig. Il habite le personnage avec une présence fascinante. Ce fut évidemment le rôle de sa vie. Romy Schneider est rayonnante en Sissi, plus vraie que nature, sensible au désarroi de son cousin mais trop réaliste pour l’accompagner dans ses frasques insensées. Les autres personnages, bien qu’esquissés constituent une galerie d’époque, parfaitement dépeinte. Mention spéciale pour Trevor Howard qui joue un Wagner très crédible mais fort peu sympathique. Tout le film est évidemment imprégné de sa musique, mais dans le genre intimiste plutôt qu'opératique. Mêlés à quelques thèmes schumanniens, les mélodies sont là pour illustrer le romantisme incurable du héros, notamment le thème emprunté à Tannhauser, O du, mein holder abendstern, qui revient régulièrement, comme une antienne enivrante. Émule du Roi Soleil, Ludwig finit, à l'instar du poète Novalis, par succomber au charme vénéneux des ténèbres. O toi, ma belle étoile du soir...
*Ludwig ou le crépuscule des dieux. Luchino Visconti. Édition bluray décembre 2022.

13 janvier 2023

In Memoriam Jeff Beck

Rarement on vit guitariste irradiant davantage sur scène que Jeff Beck (1944-2023). Bien que peu démonstratif en matière d’expression physique, et pas doué pour le chant, son jeu de guitare transcendait littéralement les capacités techniques de l’instrument.

Cet artiste excentrique, héros fondateur, avec Eric Clapton, du groupe mythique Yardbirds était unique en son genre.
Il n’avait pas son pareil pour déstructurer tout en les magnifiant les thèmes auxquels il s’attaquait, envoutant son public, le noyant pour ainsi dire sous un flot de divines harmonies. Ne cédant jamais à la facilité, il alternait avec talent les rythmes, les sonorités, peuplant de manière jubilatoire l’espace avec sa musique, souple, ample, tantôt grave, tantôt suraiguë, parfois fragile, parfois en équilibre instable, mais retombant toujours comme par magie sur ses pieds. Maître du vibrato, il en fit un instrument à part entière, imprimant de manière indélébile son style inimitable dans les oreilles de ceux qui eurent la chance de l'entendre ne serait-ce qu'une fois.

On peut se faire une idée de son art en écoutant son interprétation irénique du Nessun Dorma de Puccini, ou bien l’ensorcelant A Day In The Life, titre célébrissime de l’album Sergeant Peppers des Beatles. On peut écouter avec délectation sa version à l’hawaïenne, du fameux Apache des Shadows, ou encore celle transfigurée de Caroline No, popularisé autrefois par les Beach Boys. Citons aussi un concert génial qu’il donna au Ronnie Scott’s à Londres en 2007, durant lequel il montra sa maîtrise du Blues autant que du Jazz en accompagnant notamment les chanteuses Imogen Heap dans un Blanket ruisselant de feeling et Joss Stone dans une reprise très soul du fameux People Get Ready. Enfin, plus récemment,  Jeff se produisit en compagnie du groupe ZZ Top pour interpréter le torride Rough Boy.

Hélas ce mardi 10 Janvier, Jeff Beck, frappé par une maladie injuste et brutale, a lâché le manche de sa guitare pour rejoindre des cieux qu’on voudrait voir sans fin zébrés par l'éclat de ses riffs somptueux…

07 janvier 2023

Voeux blancs

On sait ce que valent les vœux et les belles résolutions. Il n’y a rien de plus illusoire. C’est beau comme de la neige au soleil, mais il n’en reste bientôt pas davantage qu’un scintillant souvenir…
M. Macron, dans son parcours obligé, sème à tout vent ses paroles lénifiantes.
Les soignants ont eu droit à ses attentions d’un jour et ont pu découvrir à cette occasion son nouveau plan destiné à remettre sur pied le système de santé.
Comme on pouvait hélas s’y attendre, rien ce qu’on pouvait redouter ne fut évité. M. Macron comme souvent passa très très loin du sujet.
Tout d’abord, la fameuse tarification à l’activité, symbole du libéralisme honni, et pourtant seul moyen équitable d'allouer les ressources, fut pointée sévèrement et même promise à une fin prochaine. A la place, une nouvelle machinerie est annoncée, ouvrant la voie nébuleuse à une «rémunération basée sur des objectifs de santé publique». Autrement dit, la porte est ouverte à de nouveaux outils de planification et de nouvelles strates administratives vont s'ajouter au monstre gestionnaire. Car comme le président de la république l’affirme avec son délicieux penchant pour tout et son contraire, il n’est pas question de délaisser "une part de rémunération à l'activité qui est tout à fait légitime"...
Le poids de l’administration n’est donc pas près de s’alléger. Pour preuve supplémentaire, plutôt que de raboter la chape bureaucratique qui asphyxie les cabinets médicaux de ville, les laboratoires, et les pharmacies, le chef de l’Etat veut simplement renforcer le dispositif absurde des assistants médicaux créé par lui-même il y a quelques mois et qui s’apparente un fiasco ! Ici encore, point de simplification en vue mais de nouvelles dépenses insensées à couvrir par l’Assurance Maladie…
Comme d’autres avant lui, M. Macron promet de s’attaquer à la calamiteuse Réduction du Temps de Travail et promet “une remise à plat de l’hyper-rigidité des 35H et des heures supplémentaires” avant le mois de juin. Belle promesse que dès le lendemain, son ministre de la santé s’est empressé de démentir en affirmant qu’il n’était pas question de revenir sur les 35h et que l'alambic des heures supplémentaires défiscalisées, loin d’être abandonné, serait dopé !
Pour donner un peu d’air et plus d’autonomie aux hôpitaux, le président propose un “tandem administratif-médecin”, mais sans remettre en cause à aucun moment l’imbroglio dantesque des pôles, départements, commissions, sous-commissions, ARS qui verrouillent toute initiative locale, et les empêchent ne serait-ce que de germer…
Alors que les déserts médicaux s’accroissent, que les délais pour obtenir le moindre rendez-vous médical deviennent monstrueux, M. Macron propose gentiment à “chacune et chacun” des 600.000 malades chroniques, rien moins ”qu’une équipe traitante” à leurs petits soins. Il n’est pas précisé d’où proviendront ces renforts… Il n’est pas davantage dit comment on trouvera les milliers d’infirmières supposées pourvoir les postes qui seront prochainement mis au recrutement un peu partout.
Quant aux rémunérations, dont l’insuffisance provoque  en ce moment même la grogne des médecins qui défilent dans la rue, elles vont être soumises «à un chantier sur la rémunération du travail de nuit»...

Pour être honnête et complet, il faut préciser que M. Macron a certes évoqué le renforcement des délégations d’actes du quotidien, “afin de décharger les médecins déjà trop sollicités”. Elles restent hélas à l’état embryonnaire, se limitant “à certaines vaccinations, certains certificats ou le renouvellement d’ordonnances pour des maladies chroniques”.
M. Macron a enfin abordé le problème de l’irresponsabilité des patients notamment lorsqu’ils n’honorent pas leurs rendez-vous. Sans remettre en cause un seul instant toutes les mesures qui ont conduit à cet état de fait, le Président de la République annonce qu’un «travail» va donc être lancé avec l’Assurance-maladie pour «mettre fin à cette irresponsabilité». Autrement dit, les vraies causes seront éludées et le tiers payant et le leurre de la gratuité des soins ont encore de beaux jours devant eux, et les files d’attente n’ont pas fini de s’allonger !

Les plans et réformes, à l’instar de ce qu’on connaît depuis des décennies, vont donc continuer de se succéder au rythme de leurs échecs, sur la même voie désastreuse de la centralisation bureaucratique, pilotée par l’Etat Providence. On peut même craindre le pire en entendant le Chef de l’Etat dire que cela ira “beaucoup plus vite et beaucoup plus fort” ! Lorsqu’un traitement est inefficace, l’augmentation des doses n’a jamais guéri un patient.
Les réactions à ces annonces sont plus que mitigées. Interrogé à la suite de la prestation présidentielle, un professeur de chirurgie marseillais a résumé la situation : "On n'est même pas au niveau de la rustine !"
Les Gilets Jaunes promettent de leur côté une nouvelle offensive. Les années passent, tout change pour que rien ne change, comme s’exclamait le fougueux et vain Tancrède dans le Guépard du regretté Visconti…

31 décembre 2022

Guérir le Système de Santé ?

A l’occasion des épidémies saisonnières pourtant habituelles, François Braun, ministre de la santé, vient d’alerter une nouvelle fois sur “la situation très critique” du système de santé. Il a évoqué au cours d’une visite au SAMU parisien sa volonté d'entamer dès le mois de janvier "la réforme globale de notre système de santé, territoire par territoire". Cela ne sera jamais que le 6ème plan de sauvetage depuis l'accession d’Emmanuel Macron au pouvoir !


Pour l'heure, alors que les hôpitaux submergés en sont réduits à refuser patients et visiteurs, que les médecins libéraux, les biologistes et les pharmaciens excédés n'ont plus d'autre choix que la grève, aucune piste originale n’est en vue. Et pour cause. Les verrous idéologiques sont plus que jamais bloqués. Les mois et les années passent mais le problème perdure en s’aggravant. Un précédent billet de ce blog énumérait il y a quelques mois les tares structurelles du système français. Aujourd'hui, la situation est en passe d’échapper à tout contrôle et c’est l’ensemble du système hospitalier qui, selon un collectif de médecins désespérés, menace de s’écrouler.

On pourrait dire sans exagérer que cette déroute généralisée a été sciemment organisée. Le malade souffre d'avoir été trop bien soigné, en quelque sorte.
Après des wagons de réformes successives, et des trains de mesures bien intentionnées, mais dénuées de tout sens pratique, le gouvernement en est réduit aux expédients. Après avoir saupoudré des dotations exceptionnelles aussi efficaces que de l’eau versée sur le sable, on en vient à proposer d’accorder des cartes de séjour spéciales aux étrangers pour combler les carences chroniques d'effectifs ! Autant dire qu’on a atteint le bout du bout. Il ne restera bientôt plus que le système D et le demerden sie sich aux malheureux qui auront la malchance de tomber malade.
Dans l’absolu, il faudrait donc comme le dit notre pauvre ministre,  prendre “les problèmes à bras le corps”, mais n’est-il pas déjà trop tard ? Est-ce même envisageable ?
Peut-on en France, imaginer une réforme digne de ce nom, alors que les causes mêmes du désastre font, depuis des décennies, l’objet d’analyses contradictoires mais en règle soumises aux utopies politiques et à la démagogie. Alors que notre système hyperadministré est quasi entièrement nationalisé et bureaucratisé à l’extrême, on en est encore à invoquer la responsabilité de politiques libérales
Force est de constater que depuis le calamiteux plan Juppé de 1996, toutes les réformes se sont hélas inscrites dans la même logique centralisée, étatique, néosoviétique. La seule avancée pragmatique en 2004, fut la Tarification à l’Activité (T2A) supposée remplacer le Budget Global. Hélas les effets de cette petite révolution ont été minimisés par la complexité épouvantable de sa mise en oeuvre, par quantité d’artifices de pondération inutiles, et surtout par l’enfermement de cette mesure dans le carcan de l’ONDAM (Objectif National de Dépenses de l’Assurance Maladie). Au surplus, selon la bonne vieille habitude de l'Administration, qui sait empiler mais jamais retrancher, la T2A est surtout venue ajouter une strate supplémentaire au mille-feuilles gestionnaire, tellement tarabiscoté qu’il est devenu quasi inintelligible même aux professionnels les plus chevronnés… C’est le bateau ivre en quelque sorte, mais sans les illuminations !

Est-il encore envisageable dans ce contexte de mettre enfin un terme à la planification, faite de plans quinquennaux inutilement rigides et toujours obsolètes avant l’échéance ?
Il en est ainsi de la méthode archaïque employée pour déterminer les effectifs de praticiens dont le pays a besoin, qui a abouti au résultat qu’on connaît : le nombre absolu de médecins est dans la moyenne, voire au dessus, des pays comparables, mais ils ne sont ni dans les bons endroits, ni dans les bonnes disciplines ! On voit pareillement la faillite des politiques arbitraires d’ouverture et de fermeture de lits, d’autorisations d’activité, ou d’acquisition d’équipements médicaux lourds.
Est-il concevable de déconcentrer les échelons décisionnels organisés de manière pyramidale à partir de Paris ? Il faudrait pour ça commencer par supprimer les Agences Régionales de Santé (ARS) dont l’incurie et l’inertie ne sont plus à démontrer et qui brident gravement la capacité d'initiative des hôpitaux et freinent l’innovation par leurs diktats absurdes !
Qui oserait revenir sur l’inepte réforme obligeant les établissements de soins à se réunir autour d’insanes Groupements d’hôpitaux de Territoires (GHT) très coûteux, et pour tout dire ingérables ? Qui supprimerait les ineptes seuils et les plafonds d'activité auxquels ils sont soumis et qui les asphyxient à petit feu ?
Qui aurait le courage de mettre fin au chaos organisationnel régnant au sein des établissements, ayant conduit à juxtaposer au terme de réglementations de plus en plus stupides, pôles, services, départements et diluant les responsabilités dans une pléthore de commissions ?
Qui aurait l’audace d’abroger le dogme de la chambre seule et des unités trop spécialisées et trop cloisonnées, pour les faire évoluer vers des services à géométrie variable, permettant de faire face à un afflux soudain de patients sans augmenter trop la charge de travail du personnel ?
Qui oserait s’affronter aux lobbies et aux grands principes pour démédicaliser la démarche de soins en accélérant les délégations au personnel non médical de nombre d’actes et de missions ? Beaucoup de pays ont fait la preuve que cela permet de désengorger les filières d’accès aux soins, sans perte d’efficacité bien au contraire, et en réduisant significativement les coûts du fonctionnement tout en revalorisant beaucoup de professions.
Qui serait assez fou pour proposer de faire sauter le monopole de la Sécurité Sociale en mettant sur pied un système plus responsable, plus souple, plus concurrentiel, impliquant davantage la responsabilité des assurés ? Il faudrait pour ça revoir sans tabou le panier de soins remboursés à 100 %, assouplir les conditions de délivrance des médicaments, revaloriser les actes tout en améliorant le contrôle des abus et des dérives…

Dans le même ordre d’idées, qui saurait tailler dans la jungle des agences étatiques nationales encadrant de manière étouffante le fonctionnement des établissements de santé et supervisant de manière théorique et desséchante leur démarche qualité et leur accréditation ?
Comment en un mot rendre un peu plus d’air et de marge de manœuvre à ces hôpitaux qu’on a peu à peu vidé de leur substance et à tous les personnels à qui on a retiré le goût du travail et jusqu’au sens de la mission ?
Sûrement pas en cassant la tarification à l’activité. Sûrement pas en renforçant encore le rôle de l’État Central. Sûrement pas en se tapant le cul sur la glace illusoire d’une pseudo justice sociale en réclamant “quoiqu’il en coûte”, l’égal accès aux soins pour tous. Plutôt en revenant au bon sens, et en misant enfin sur le sens des responsabilités et l’émulation, en récompensant les initiatives heureuses, en valorisant les carrières.
Tout cela paraît simple mais cependant si éloigné de la logique désincarnée qui prévaut chez les fameux “petits hommes gris” de la Haute Fonction Publique de Paris, qu’on peut avoir les pires craintes quant à l’avenir. Tant que ces Diafoirus règneront en maître, il y a peu de chance que le grand corps malade de la santé se remette debout…
Cela dit, excellente fin d’année à tous les lecteurs parvenus jusqu’ici !
 
 * Illustration: Le Malade Imaginaire par Honoré Daumier

23 décembre 2022

Au Qatar en hiver

La météo est très agréable au Qatar en décembre. Ciel bleu et températures idéales, cela contraste avec nos froidures et nos miasmes hivernaux… Endroit idéal en somme pour la tenue de cette grand-messe populaire qu’est la coupe du monde de football !
En dépit des critiques des censeurs de salon, des appels au boycott par les ligues de petite vertu, le spectacle alla jusqu’à son terme et fut de qualité. L’organisation se révéla irréprochable et même sans être fan de ce sport collectif qui déchaîne tant de passion, tant d’enthousiasme et qui fait couler tant d’argent, il serait un peu niais de bouder son plaisir.
Comment d'ailleurs ne pas se souvenir des toiles splendides de Nicolas Staël, lui qui magnifia cette fantasmagorie des temps modernes après avoir été justement déniaisé lors d’un match au Parc des Princes ! Dans ces tableaux, les contrastes, la couleur et le mouvement, tout concourt à transcender la trivialité de ces gigantesques shows sur gazon.

Cette année encore l’équipe de France mérite assurément les louanges. Elle confirme qu’elle occupe de manière durable par sa solidité et la qualité de son jeu, un rang très élevé au plan international. Bien qu’elle échoua de peu à gagner le trophée, elle exalta durant quelques semaines le vieux fond national qu’on croyait définitivement enseveli. Il en faudra plus pour croire à une vraie reviviscence de la maison France, mais la plus belle équipe ne peut donner que ce qu’elle a…
Après tout les Argentins qui ont atteint le Graal footballistique, ne représentent qu’un pays en perdition, ruiné et politiquement à la dérive.

A côté de ces exploits sportifs, la bêtise politique détonne de manière affligeante. On a vu les maires écolo-gaucho-bobo refuser au peuple tout rassemblement festif au motif d’un boycott stupide. On a vu d’éminentes personnalités et même des ministres afficher avec un courage d’histrion leur soutien à la cause LGBT, pour faire bisquer les autorités qatariennes. On a vu les députés européens voter préventivement des sanctions ineptes contre le pays hôte de ce tournoi, en raison d’une nébuleuse affaire de corruption. Detail exquis, certains d’entre eux, et non des moindres, seraient impliqués... Ils nous diront plus tard qu’ils sont étrangers à l’augmentation des prix du gaz… Dans le même temps, oublieux de l’épisode des Gilets Jaunes, ils ont entériné une nouvelle hausse pour 2027 des taxes sur les produits pétroliers.
Enfin, on a vu notre président Emmanuel Macron qui cherche en toute circonstance à ramener la couverture à lui, se livrer à un insupportable numéro de cabotinage compassionnel auprès des joueurs. On apprit à l’occasion que ses petites virées publicitaires ont coûté 500.000 euros aux contribuables et 53 ans de production de carbone d'un Français.
On aimerait qu’il soit aussi entreprenant pour ramener à la raison les clampins de la SNCF qui semblent s’amuser à mettre à vif les nerfs des usagers au service desquels ils prétendent être…

 

11 décembre 2022

Nobel à Nono et capotes à gogo

Dans notre monde vitrifié par le consensus idéologique, on a les triomphes qu’on peut.
Le prix Nobel de littérature a donc été attribué à une Française ! Nono comme diminutif un peu leste pour Annie Ernaux et nono comme diraient les canadiens pour qualifier la niaiserie de certaines personnes…
Chez cette “écrivaine”, “autrice” de surcroît (à moins que cela ne soit “auteure”, allez savoir), ce qui choque le plus, ce n’est pas son look de vieille sorcière confite dans un piteux laisser-aller néo-prolétarien, ce n’est pas non plus le vide intersidéral de son oeuvre, composée de navrantes bluettes tournant exclusivement autour de son nombril, ce n’est même pas son style littéraire, qu’elle-même qualifie, “d’écriture plate”.
Non, c’est surtout l’ineffable futilité des propos qu’elle tient publiquement et les efforts désespérants et désespérés qu’elle fait pour démontrer son engagement, dégoulinant de poncifs révolutionnaires à la petite semaine. Bien sûr, elle penche à gauche, très à gauche même puisqu’elle ne cache pas ses accointances avec la clique à claques de Mélenchon.
Cela lui fait dire à chaque fois qu’on l’interroge, tout et n’importe quoi pourvu que cela serve la cause. Mais cela sonne tellement faux que le résultat est plutôt contre productif. N’est pas Sartre qui veut, aussi faux qu’elle mais avec le talent…
Je n’ai lu d’elle qu’un seul ouvrage, Passion Simple. Dans ce texticule informe, l’égérie du féminisme qu’elle voudrait être, avoue qu’elle prit plaisir à s’asservir corps et âme à un mâle de passage, marié, et apparemment indifférent à sa personne, hormis à l’endroit que la décence m’interdit de nommer ici. Le lecteur peut ainsi juger de la nature de sa soumission volontaire à de nombreux détails inutiles ou scabreux. Entre autres : “j’aurais voulu n’avoir rien d’autre à faire que l’attendre”, “naturellement, je ne me lavais pas avant le lendemain pour garder son sperme…” 
Moins féministe, tu meurs !
Lors de son couronnement, Annie Ernaux poussa la cuistrerie jusqu’à s’auto-féliciter tout en raillant son rival malheureux, Michel Houellebecq, dont elle révéla vomir “les idées totalement réactionnaires, antiféministes, et c’est rien de le dire !” Très satisfaite de son petit numéro de haine ordinaire, si bienséante, elle affirma : “Quitte à avoir une audience avec ce prix, étant donné ses idées délétères, franchement, mieux vaut que ce soit moi !” (Huffington Post). Michel Audiard et Georges Brassens qui transcendèrent de manière jubilatoire le concept de c.. ont dû faire plus d’un tour dans leur tombe…

Emmanuel Macron, à l’intention duquel elle claironne un profond mépris, n’est quant à lui pas rancunier, puisqu’il jugea nécessaire de pratiquer le dithyrambe en célébrant avec ce prix prestigieux “la liberté des femmes et des oubliés du siècle.”
Son aptitude à toujours trouver le mot juste lui fit ajouter que la lauréate “rejoint ainsi par ce sacre le grand cercle de Nobel de notre littérature française !”
Dans le même temps ou presque, il annonça, avec le sens de l’à propos et la générosité qu’on lui connaît, la gratuité des préservatifs délivrés en pharmacie, pour les 18-25 ans. Il crut bon même, après réflexion, d’élargir la mesure aux mineurs, en se congratulant d’avoir été l’instigateur “d’une petite révolution en matière de prévention.”
Une très petite révolution alors !
Au diable l’avarice et, comme disait Lavater, “que Dieu préserve ceux qu’ils chérit, des lectures inutiles…”


08 décembre 2022

La Fabrique des Pénuries

Les apôtres de la décroissance dont l’influence ne cesse de grandir, parviennent à imposer des réglementations de plus en plus absurdes et contraignantes aux entreprises, aux agriculteurs et aux vils consommateurs, au motif que tous sont suspects de se comporter comme des “ennemis de la planète”.
A mesure que la pression s’accentue, on assiste à des pénuries de plus en plus nombreuses : alimentaires, médicamenteuses, énergétiques.
A moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, il est impossible de ne pas voir le lien de causalité.

Un pas de plus vient d’être franchi par le parlement européen qui a voté tout récemment un texte interdisant l’importation sur le vieux continent de produits réputés issus de la déforestation.
Cette réglementation s’appliquera paraît-il aux entreprises commercialisant du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat, le papier, et les meubles…
L’écologiste Pascal Canfin, qui assure la présidence de la Commission Environnement ne cache pas sa satisfaction devant ce vote “historique” : “C'est le café du petit-déjeuner, le chocolat que nous mangeons, le charbon dans nos barbecues, le papier de nos livres. C'est radical.”
Radical, le terme est bien choisi pour qualifier cette offensive, bien intentionnée cela va de soi, mais effrayante par son caractère excessif et surtout par son inconséquence. La déclaration de victoire du député prétendu écologiste, est une forme d’aveu : le but recherché est bien de réduire drastiquement l’usage de produits faisant partie du quotidien de millions de gens.

Non contents de leurs erreurs passées, dont celle, énorme, ayant conduit gravement à déstabiliser la filière de production d’électricité, ces élus supposés représenter le peuple et garantir sa prospérité et sa liberté persévèrent donc.
Outre les carences à venir de quantité de biens que la France est bien incapable de produire, on peut s’attendre à une augmentation significative de leur prix. Au surplus, cette mesure témoignant d’un profond mépris pour les pays visés, entraînera selon toute probabilité des actions de représailles de leur part.
On peut ajouter en effet qu’il s’agit d’une forme de protectionnisme qui ne dit pas son nom. Après avoir rechigné, sous la pression de lobbies altermondialistes, à s’associer aux traités de libre échange avec le continent américain, après avoir sanctionné au nom de la santé publique l'importation de bœuf aux hormones et de denrées alimentaires à base d’organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est une nouvelle preuve du recroquevillement mortel de l’Europe. M. Macron a bonne mine d’aller récriminer auprès du président Biden au sujet de sa législation favorisant, pour les mêmes raisons éthiques, l’achat de véhicules électriques à l’exclusion de ceux assemblés hors du sol des États-Unis (Inflation Reduction Act)…

On peut enfin imaginer sans peine la complexité de l’usine à gaz qu’il faudra mettre sur pied, et les bataillons de fonctionnaires qu’il faudra recruter pour faire respecter cet oukase insane, fondé sur le contrôle tatillon de la traçabilité et de la géolocalisation des produits en cause !
Pour conclure, rien ne vient mieux que cette toute récente déclaration d’Alain Aspect, lauréat du dernier prix Nobel de physique, dénonçant «un discours anti-scientifique» qui consiste à dire que «revenir à l'état de nature serait beaucoup mieux». Un discours qui selon lui oublie «qu'avant les progrès de la science, avant l'invention des antibiotiques, des machines pour alléger la peine des hommes, la situation de l'humanité était beaucoup plus misérable qu'aujourd'hui."

05 décembre 2022

Bienvenue dans le Tiers Monde

L’image est saisissante: celle d’un campement de migrants, prétendus “mineurs isolés” (et non reconnus comme tels par l’institution judiciaire), installé en toute illégalité et en toute impunité au pied du Conseil d’État en plein cœur du Paris historique.
Derrière la farce sinistre, mise en scène avec une perversité morbide par des associations soi-disant humanitaires, le pays est à même de prendre conscience de l’état de délabrement des pouvoirs publics et d’appauvrissement d’une nation, autrefois “cinquième puissance mondiale”.
Le mal n’est certes pas nouveau mais il prend ces derniers temps une ampleur inédite. Et le spectacle navrant causé par l'absence de maitrise de l'immigration n'est qu'un des aspects du problème.

Les citoyens dotés d’un peu de bon sens auraient pu s’alarmer lorsqu’ils entendirent il y a quelques mois le Président de la République annoncer benoîtement “la fin de l’insouciance et de l’abondance”.
Le fait est qu’ils ont pu voir s’installer en quelques mois des pénuries en tous genres, et l’inflation irrésistible des prix. Désormais il leur est répété quotidiennement qu’il va leur falloir se résigner durant l’hiver à des coupures d’électricité ! Et pour enfoncer le clou dans les esprits, les médias soulignent que ces ruptures d’alimentation pourront toucher de manière tournante des groupes de population comptant simultanément jusqu’à 6 millions de personnes. Durant ces pannes, il n’y aura paraît-il ni internet, ni téléphone, ni école, ni lumière, ni trains (qui avaient prévu de toute manière d’être en grève…).
Tout cela paraît incroyable si ce n’est insensé.
Quelle est donc la cause de ce dépérissement soudain ? S’agit-il d’une catastrophe naturelle ? Le pays serait-il entré en guerre ?
Rien de tout cela heureusement. Il ne s’agit que d’un des résultats prévisibles, et attendus, de la politique gouvernementale destinée à protéger le bon peuple et la planète, au nom du principe de précaution, de graves périls à venir !
La réalité de ces fléaux, sujette à supputation, est affirmée sans discontinuer depuis des années par des groupes d’influence ultra-politisés, aux relents idéologiques nauséabonds. Pour notre malheur, ces gens sont parvenus à gangréner les esprits dans les hautes sphères de notre république déclinante.

Vu l’évolution des choses, selon toute probabilité, l’apocalypse annoncée par ces oiseaux de mauvaise augure ne se produira pas. Et pour cause… Elle sera précédée par celle organisée méthodiquement pour casser par des dogmes et des interdits dignes du moyen-âge, tout ce qui concourt à la prospérité et au bien être d’une société dite “avancée”. Conséquence logique, le pays s’écroule de l’intérieur tandis qu’affluent de toute part la misère et la désolation. Signe des temps, dans un Paris rongé par la banqueroute,  les rats, devenus plus nombreux que les habitants, sortent de leurs repères souterrains, et courent en plein jour sur la voie publique…

Face à ce désastre dont il est un des fauteurs éminents, le chef de l’État reste d’un calme olympien, à moins que cela ne soit le signe d’une désinvolture inouïe. Loin de reconnaître la moindre culpabilité et loin d’émettre le moindre regret, il persiste et signe en appelant le peuple à la responsabilité mais en aucun cas à la panique

30 novembre 2022

Late November Blues

Dans la saison qui s’avance vers une fin d’année déprimante, plutôt que de s’abandonner aux "sanglots longs des violons de l’automne", pourquoi ne pas recourir une fois encore au blues qui agit paradoxalement comme un puissant revigorant, comme une vraie source de sérénité ?

Le blues ne s’exprime jamais mieux et plus directement qu’en musique. Et la plus apaisante est peut-être celle qui swingue, car elle diffuse une douce chaleur, et génère dans la foulée un bien-être qui fait instantanément se sentir mieux. Qui d'autre que Count Basie pourrait incarner le mieux cette pulsation indicible ? Personne, sauf évidemment son frère d’armes, au moins son égal, j’ai nommé Oscar Peterson.
Ces deux diaboliques compères n’ont pas leur pareil pour faire chanter le spleen et tenir l’âme en lévitation. Ils se sont tellement souvent livrés à ce jeu subtil ensemble ! La magie de Youtube permet de les retrouver dans quelques sessions extatiques, dont celle-ci, datant de 1974, à l'occasion du festival de jazz de Prague. Ou bien une autre, émaillée de dialogues savoureux, enregistrée en 1980, avec le fin et élégant guitariste Jim Hall, et une section rythmique douce comme le plus chatoyant des velours damassés, associant l’excellent Niels Henning Orsted-Pedersen à la basse et le pétillant Martin Drew à la batterie… On retient notamment un Blue And Sentimental qui vaut toutes les romances, toutes les plus tendres divagations…
On retrouve Oscar Peterson en 1987 capturé au Japon, en compagnie des mêmes musiciens sans Basie hélas, et avec David Young à la basse.

Enfin, sans image, mais saisies magnifiquement dans l’intimité d’un studio feutré, deux sessions extatiques ont été gravées pour le compte de la maison Pablo :
Satch & Josh 1975 avec Louie Bellson (batterie), Freddie Green (guitare), Ray Brown (basse) et Satch & Josh again en 1977 où John Heard remplace Ray Brown.

Mon Dieu, faites que nos imbéciles de politiciens, parmi la multitude de mesures ineptes qu’ils nous imposent, ne parviennent pas durablement à nous couper la lumière pour nous empêcher de voir la beauté d’une ville la nuit, si propice au Blues…

24 novembre 2022

Guerre d'usure, guerre des nerfs

Il n’y a sans doute ni guerre propre, ni guerre sainte, mais il y a, c’est certain, de sales guerres. Celle qui se déroule en Ukraine depuis plusieurs mois figure assurément au rang de ces dernières.
Bien clairvoyant celui qui parvient à distinguer le vrai du faux dans ce conflit épouvantable où les fausses informations pullulent et qui voit s’affronter sur un terrain indécis une population déchirée entre deux nations, que le passé a unies, tantôt par la raison tantôt par la force. Le peuple français a connu dans son histoire récente, lors de ses confrontations avec son voisin germanique, le tragique enchaînement d'événements faisant se succéder guerres, annexions, occupation, collaboration, résistance et libération émaillée d’atroces règlements de comptes. Il devrait être à même d’imaginer l’horreur qui doit régner dans le Donbass. Au gré des luttes d’influence, les populations locales se retrouvent du bon ou du mauvais côté, traîtres ou patriotes, vainqueurs ou vaincus, libérés ou vassalisés…

Au surplus, ce champ de bataille est devenu le point focal où s’affrontent des intérêts supérieurs, opérant une sorte de clivage international monstrueux. D’un côté le monde dit occidental derrière le géant américain flanqué du nain européen, de l’autre un conglomérat de nations, rassemblées dans la haine et le mépris des premiers. Soucieux de ne surtout pas intervenir directement, ces acteurs se cantonnent assez hypocritement à des vœux pieux, à des sanctions et à des livraisons massives d’armes.

Loin d'éteindre l’incendie, ce soutien ne fait que l’attiser et entretient l’illusion que l’ogre russe puisse, à la fin des fins, être vaincu par l’Ukraine. D’où la tentation pour cette dernière de tout tenter pour accroître les aides extérieures voire même de provoquer l’incident qui obligerait les alliés à rentrer pour de bon dans le conflit. Avec en filigrane, la menace obsédante du recours possible aux armes chimiques, biologiques ou nucléaires…

On avait des doutes sur l’origine de certains bombardements dont Kiev avait rejeté la responsabilité sur Moscou. On avait eu vent de comportements, pour le moins discutables, de l’armée ukrainienne consistant à cacher des soldats et des munitions à proximité immédiate d’habitations ou même dans des hôpitaux ou des écoles. On sait maintenant qu’un missile ayant touché le territoire polonais était d’origine ukrainienne. On sait qu’à cette occasion le président Zelensky avait immédiatement accusé les Russes et donc sans doute menti puisqu’il maintint ses affirmations face aux constats prouvant le contraire de ce qu’il affirmait. Ces derniers jours il faisait de même pour expliquer les bombardements survenus dans les alentours de la centrale nucléaire de Zaporijia. Sans éprouver la moindre sympathie pour les dirigeants moscovites, on peut douter de cette version. Quel intérêt auraient les Russes à viser cet endroit stratégique dont ils sont maîtres à ce jour ?
Manifestement ce conflit qui s'éternise use les nerfs de beaucoup de monde et ces jeux troubles ressemblant à une fuite en avant destinée à impliquer toujours plus  l'OTAN commencent à lasser outre-atlantique. Les prétendus succès ukrainiens obtenus sur le terrain paraissent assez vains, et le rouleau compresseur aux ordres de Poutine, que certains veulent croire en déroute, peut encore faire beaucoup de mal. Pendant ce temps, le peuple d’Ukraine souffre de privations croissantes, du froid et de la hantise terrible des bombardements.

Quand cela finira-t-il donc ? L'administration américaine pousse désormais les dirigeants ukrainiens à entamer des négociations et avoue à demi-mot qu'il faut se faire à l'idée d'une partition du pays. En coulisse, des pourparlers semblent avoir repris entre Russes et Américains. Un cessez-le-feu pourra-t-il enfin intervenir, dans l’attente de négociations et d’un avenir certes peu satisfaisant, mais moins sombre que les perspectives dans lesquelles risquent de s’enliser les belligérants et, à leur suite, le monde ?

17 novembre 2022

Anti-écologie

Toute âme bien née ne peut qu’être attachée à la protection de la nature dans ce qu’elle offre de plus admirable, et forcément se désespère lorsqu’elle est salie par les pollutions, ou bien vandalisée par des brutes sans foi ni loi. Tout amoureux de la liberté et de la beauté se réjouit nécessairement de la mise en valeur des trésors qui peuplent notre planète si bleue et s’honore de combattre le gaspillage et l’abjection.
De là à se proclamer écologiste, il y a plus qu’un fossé à franchir.

Ce néologisme forgé à la fin du XIXè siècle par un biologiste d’obédience darwinienne ne signifie en réalité pas grand chose de précis. Selon le Larousse, c’est tout simplement “l’étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu”. Rien de choquant ni de partisan dans cette définition, sauf que, toujours selon la même référence, l’usage courant a fait du concept "une doctrine visant à un meilleur équilibre entre l'homme et son environnement naturel ainsi qu'à la protection de ce dernier."
On verse de facto dans une acception spéculative, voire mystique, mais cela pourrait encore apparaître bien innocent quant à l’objectif, a priori fort louable.
On peut s’interroger toutefois lorsque ce dernier se transforme en prétention de changer le climat par des réglementations plutôt que d’affronter avec pragmatisme les caprices de la nature, paraît-il influencés par ceux des êtres humains. Tout étant dans tout et réciproquement, l’Homme ne fait-il pas partie prenante de cette nature ?
Les choses se compliquent vraiment quand l’idée se mue en doxa, et qu’elle affiche sa volonté de régenter les peuples en vertu de principes théoriques et d’une idéologie de plus en plus radicale. Le passé nous a appris à nous méfier des totalitarismes agissant au nom du Bien.
Hélas, chaque jour démontre l’emprise croissante sur les esprits de ce courant de pensée charriant les slogans et les idées reçues, présentées comme des vérités révélées. L'écologie a envahi le champ politique devenant même un parti. Le résultat est des plus discutables. On a vu l’inanité de nombre de lois promulguées à ce titre. Lorsqu’elles aboutissent à fermer des centrales nucléaires et à rouvrir celles fonctionnant au gaz ou au charbon, on mesure l’ampleur du désastre !

Au surplus, derrière la vitrine légale de l’écologie, s’agitent quantité de groupuscules, de lobbies et de collectifs, plus ou moins enragés, plus ou moins subventionnés par l’Etat Providence, dont les méfaits deviennent inquiétants.
Bien que le terme d’éco-terrorisme employé par le ministre de l’intérieur pour qualifier ces agissements soit excessif, et surtout disproportionné par rapport aux mesures employées pour les combattre, le caractère irrationnel et violent de l’écologisme apparaît de plus en plus clairement.
A la manière des socialistes dont ils ont hérité l’arrogance et le sectarisme, les gens qui se disent défenseurs de l’environnement s’arrogent le droit de faire ce que bon leur semble et de recourir à des actions de désobéissance civile alliant l’arbitraire à la stupidité.
On avait vu, au mépris de l'état de droit et de toute objectivité scientifique, le saccage de champs agricoles plantés d’OGM. On a relaté les actes de vandalisme à l’égard de restaurants consacrés au fast-food, ou d’entreprises jugées irrespectueuses de l’environnement par des censeurs imbus de leurs croyances.

Désormais, les commandos de cette nouvelle chasse aux sorcières, multiplient en quasi impunité les agressions en tous genres. Ils dégonflent les pneus des véhicules dits SUV, éteignent les enseignes lumineuses égayant la nuit les rues, endommagent les terrains de golf, détruisent les retenues d’eau destinées à irriguer les cultures, bloquent les aéroports au gré de leurs lubies, empêchent l’entretien et l'élagage des forêts. Pour peu qu'on cherche à savoir à qui profite le crime et eu égard à la détermination fanatique de ces gens à marquer les esprits, on peut se demander s’ils ne sont pas impliqués dans le déclenchement des incendies estivaux pour attirer l’attention du bon peuple sur le prétendu péril climatique.
Par un curieux retournement de situation, les insurgés deviennent donc des anti-écologistes et dans ce contexte, s'opposer à leur œuvre de destruction devient pure écologie !

La dernière mode consiste à souiller les œuvres d’art dans les musées et à se coller les mains à ces dernières. Monet, Van Gogh, Vermeer ont été les cibles de ces actes imbéciles. Mais, offenser de cette façon la Jeune Fille à la Perle n'est pas seulement cuistrerie. Cette ignominie ne fait pas que disqualifier la cause. C’est un pas de plus vers la barbarie ! Qui arrêtera ce vent de folie ? Sûrement pas le Chef de l’État hélas, qui dit réprouver ces exactions en même temps qu'il "défend une cause juste et bonne…"

07 novembre 2022

Un président au bord du vide

Parti d’on ne sait où, rien n’indique clairement quelle direction il suit. Le Président de la République semble de plus en plus absent de ce monde qu’il survole à la manière de ces mythiques alcyons, porteurs d’heureux présages et annonciateurs d’horizons radieux pour les marins. Dans sa bouche, tout est simple et tous les problèmes sont réglés ou bien en passe de l’être.
S’exprimant toujours avec faconde et facilité, il fait fi des obstacles et de l’adversité avec une décontraction déconcertante. Son regard clair mais gris, étrangement fixe et vide semble accroché à une ligne de fuite imaginaire. Comme s’il en avait conscience, il use et abuse de mouvements de sourcils pour exprimer son assurance.

Pour tenter de désamorcer le mécontentement sourd du peuple à l’approche d’un hiver qu’on nous promet rigoureux, marqué par les pénuries en tous genres, il s’est livré à l’exercice de style qu’il semble affectionner par les temps qui courent : l’interview à bâtons rompus.
En l’occurrence il n’a pas cassé trois pattes à un canard comme l’on dit. Face à la discrète mais déterminée journaliste Caroline Roux, son discours est resté des plus théoriques, et sa rhétorique nébuleuse, pour tout dire déconnectée de la réalité.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir en main un certain nombre de clés et surtout les éléments d’un diagnostic pertinent.
Pour amener le sujet sensible de la nécessaire réforme des retraites, il s’est par exemple livré à une analyse pleine de bon sens sur le nombre - très bas - d’heures travaillées dans notre pays, sur les montants faramineux et en croissance permanente des dépenses publiques, sur la pression fiscale écrasante qui fait de la France la championne d’Europe.

Hélas, en même temps, il peine à proposer des solutions concrètes. Tout en répétant qu’il faudra selon lui travailler plus longtemps, il affirme qu’il n’est pas bloqué sur l’âge de départ à la retraite et qu’il reste ouvert à toutes les propositions, sachant qu’on ne peut ni augmenter le montant des cotisations, ni diminuer celui des pensions… Et foin évidemment d’autres perspectives, telle celle de la capitalisation, dont il n’ose même évoquer le mot tabou.

S’étant sans doute fait remonter les bretelles quelques heures auparavant par le chancelier allemand Scholz, il insiste sur la nécessaire maîtrise budgétaire. On sait déjà qu’il n’en a cure puisque l’État, à son initiative, multiplie les boucliers tarifaires, les aides, les subventions, et les primes à l'achat ruineuses pour le Trésor Public.
De diminution des impôts il n’en est guère question sauf en trompe-l'œil, comme la suppression de la redevance télévisée et de la taxe d’habitation.
Il se targue d’avoir réussi à endiguer le chômage, mais la journaliste lui rappelle malicieusement qu’il reste plus élevé dans notre pays qu’en moyenne en Europe et qu’il est plus du double de celui de l’Allemagne…
A la déliquescence sociale qui ronge le pays, il n’oppose que des vœux pieux et des résolutions utopiques. Avec un aplomb de bonimenteur, il occulte ainsi, malgré les courbes implacables, la folle progression de la délinquance et se félicite même des résultats pitoyables de son gouvernement en matière de maitrise de l’immigration. S’agissant de l’incapacité notoire des pouvoirs publics à faire exécuter les fameuses Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), il botte en touche, prétextant que c’était pire avant et que ce sera mieux demain !
On reste enfin anéanti, après le fiasco de 5 plans successifs, par l’absence totale de propositions pour remédier au désastre dans lequel patauge de plus en plus le système de santé, notamment les hôpitaux. Le seul expédient serait, à entendre le chef de l’État, d’appâter par des gains substantiels les vieux médecins pour les dissuader de partir en retraite !

Le clou de ce numéro de prestidigitateur très artificieux, fut la colère surjouée à propos de l’alliance des extrêmes, NUPES-RN, pour voter les motions de censure dirigées contre le gouvernement. Lui qui ne fut aucunement gêné de récolter les voix de l’Ultra-Gauche lors de l’élection présidentielle, continue donc de miser sur le procédé éculé consistant à diaboliser le Rassemblement National, tout en racolant la Droite républicaine.
Cela sera-t-il suffisant pour tenir jusqu’en 2027, on peut en douter. Cela ne sera guère propice en tout cas à la mise en œuvre d’une politique déterminée et pragmatique face aux périls qui s’accumulent sur nos têtes. Vu le chaos régnant au Parlement, le pays apparaît de plus en plus ingouvernable. Le débat se meurt sous les coups répétés du marteau pilon du 49.3 et la concertation se perd en vaines polémiques. Le brouhaha factieux voire insurrectionnel émanant de certains bancs de l’opposition pousse à la dissolution. Le Président de la République aura-t-il l’audace si ce n’est le courage d’y recourir ? Et pour quel résultat ?

05 novembre 2022

Les rois de la récup

On a pu reprocher à certains politiciens de droite de se saisir de l'atroce histoire de la petite Lola en instrumentalisant ce crime odieux au profit de leurs thèses. On peut même qualifier de maladroits voire d'inconvenants les mots employés par Eric Zemmour en la circonstance, qui font craindre qu'il n'ait tiré aucune leçon de son cuisant échec lors des récentes élections. L’appellation de francocide n’est pas moins galvaudée que celle de féminicide ou d’écocide…

On a sans doute trop cité Camus lorsqu'il affirmait en substance que mal nommer les choses ajoutait au malheur du monde. On n'a pas assez rappelé en revanche les propos de Jaurès lorsqu’il déplorait que faute de pouvoir solutionner les problèmes, on se bornait trop souvent à changer leur nom.
On ne peut toutefois reprocher que soient faits et soulignés avec force des constats objectifs. Passé l'effroi, et quelque peu atténuée l'émotion qui suscite la compassion, il faut donc affronter l'horrible réalité avec lucidité et courage.
Surtout on ne peut laisser sans réagir les ligues de vertu conspuer ceux qui s'appuient sur ce drame pour critiquer l'impuissance étatique et réclamer des mesures concrètes. M. Dupont-Moretti s’est ainsi livré à un numéro ignoble d'imprécateur faussement indigné pour tenter d’occulter son incapacité flagrante à assumer la fonction qu’il occupe. Il fait partie de ces bien pensants niais ou bien veules, qui emboitent le pas des crypto-marxistes de tout poil, engagés sur le chemin trompeur et mortifère menant à d’insondables abîmes nihilistes. Leur rhétorique révolutionnaire use toujours des vieilles recettes. Quoique minoritaire, elle s’avère hélas contagieuse.

Les as de la récup ce sont bien ces gens. Les rois de l'amalgame c'est encore eux. Aujourd’hui même ils se saisissent d’un mot malheureux lancé par un député du Rassemblement National pour intenter un procès en sorcellerie, brandissant les accusations spécieuses de racisme et de xénophobie. Tout le monde s’y met pour participer à la curée du gibier débusqué, du péquin moyen jusqu’au président de la république.
Navrant paradoxe caractéristique de l’époque, dans le même temps qu’on condamne pour des mots, on permet en toute impunité à des élus de prêcher l’insurrection, la grève générale. Rien n’arrête ces enragés de la destruction. N’ayant cure du débat démocratique, ils s’associent à une poignée de manifestants pour barrer les rues jouxtant le Palais Bourbon au prétexte farfelu de la rénovation thermique de l’habitat ! Pire, ils vont, au mépris des arrêtés d’interdiction préfectoraux, main dans la main avec les “éco-terroristes” de Sainte-Soline casser du flic et brailler leur haine des méga-bassines !

Ceux qui passent leur temps à vomir leurs insultes sur les forces de l’ordre, sur les patrons, sur les labos pharmaceutiques, sur le capitalisme et la libre entreprise en fondant leurs slogans sinistres sur des mensonges éhontés. Ceux-là feraient mieux de balayer devant leurs portes. Ils ont tant fois ignoré voire méprisé les victimes et excusé les assassins qu'ils ont perdu toute crédibilité. Honte à ces pharisiens cyniques faiseurs de facto de désordre et de chaos, ces abuseurs de peuples, ces idiots utiles du crime et de la délinquance. Foulant de leurs pieds souillés la liberté qui leur permet d'exprimer leurs insanités, ils font le lit des dictateurs et le berceau de tous les totalitarismes...

26 octobre 2022

Intermezzo #3

Certains moments musicaux peuvent s’inscrire dans la vie, aussi profondément que le sens même d’exister. Si la musique de Bach, tel un fleuve nourricier de l’esprit, a creusé en moi les gorges les plus profondes, les plus splendides et les plus vertigineuses, il en est d’autres, empreintes de mystère et de magie, devenues non moins consubstantielles à mon être. La grande sonate pour piano en Fa dièse mineur de Robert Schumann fait partie de ces impressions indélébiles.
Dédiée par le duo imaginaire “Florestan et Eusebius”, à la bien-aimée Clara, elle illustre la gémellité ontologique de toute chose, de tout sentiment, de tout principe. De fait, le musicien se dédouble et se montre ainsi tantôt impétueux et fantasque, tantôt rêveur et mélancolique, pour exprimer sa passion.
La mélodie suit un parcours d’une amplitude magnifique dont la scansion épouse parfaitement les transports complexes de l’âme. On passe souvent du legato le plus effusif au staccato aussi explosif qu’impérieux. Il y a beaucoup de ruptures dans le rythme de cette pulsation intime, mais à chaque fois ce qui pourrait se rompre ne fait que rebondir avec plus de force. On est porté par de fulgurantes ascensions aériennes qui s'épanouissent, à l’instar d’une pyrotechnie incandescente, en cascades éblouissantes.
Le premier mouvement commence avec une douceur infinie, un poco adagio, avant de prendre son envol en majesté, emportant tout au passage, au sein d'une effervescence tourbillonnante.
Une apaisante aria vient comme une pause langoureuse qui offre l’occasion d’une méditation mélancolique.
Puis la chevauchée reprend de plus belle avec la vivacité joyeuse et cataractante du scherzo, pour s'achever en apothéose sur un finale tourmenté, tantôt interrogatif, tantôt bouillonnant, voire martial, mais également indiciblement serein… Une éblouissante aventure romantique en somme, et une sublime incantation à l'amour et à la liberté, tout en fulgurances !
Parmi les interprétations magistrales de cette œuvre, il y a celle trop peu connue de Jean Martin, celle émouvante de la très regrettée Catherine Collard et plus récemment celle, d'une liberté splendide, d'Alexandre Kantorov.

Illustration: Bateaux dans le Port de La Rochelle. Acrylique 2022

21 octobre 2022

Ci-gît l'Auto

Pour son retour après 4 ans d'absence, le Salon "mondial" de l'Auto de Paris ressemble fort à un enterrement de première classe. Le gigantesque espace d'exposition se révèle tristement dépeuplé. Les travées paraissent d'autant plus vastes et bien illuminées qu'elles sont désespérément vides. Manquent en effet à l'appel quantité de marques, parmi les plus prestigieuses: Abarth, Alfa Romeo, Audi, BMW, Citroën, Fiat, Hyundai, Kia, Lamborghini, Land Rover, Lexus, Maserati, Mercedes, Opel, Porsche, Seat, Skoda, Toyota, Volkswagen !
Que vaut donc une manifestation amputée de tant des fleurons qui lui donnaient tout son sel ?

Signe des temps, la voiture électrique est propulsée au devant de cette scène étique. Où l'on découvre que les marques chinoises écrasent la concurrence, augurant d'une déferlante prochaine. La plus représentée se nomme Build Your Dreams (BYD). Drôle de nom pour un spectacle en eau de boudin, voire un cauchemar pour les amateurs de liberté et de belles cylindrées !

L'affiche du salon illustre trop bien l'évolution à laquelle on assiste. L'auto y est représentée comme évanescente, sans forme, sans âme, sans personnalité. L'oukase décrété par les gnomes écervelés qui tiennent les leviers des pouvoirs publics (enfin, ce qu'il en reste…) pousse les constructeurs à faire leur révolution culturelle et le troupeau bêlant des consommateurs vers l'abîme. Ce grand bond en avant dont Mao n'aurait pas désavoué l'inspiration ubuesque a peu de chance de tendre vers l'Éden "décarboné" qu'on nous promet.
Lorsqu'on écoute François-Xavier Pietri, ancien directeur de la rédaction du quotidien La Tribune, Christian Gérondeau, qui fut Délégué interministériel à la sécurité routière, ou même Carlos Tavares, PDG du mastodonte Stellantis, cette fuite en avant risque fort d'être un désastre économique, social et même écologique.
Non content de s'être vautré dans sa politique énergétique, M. Macron, venu en grande pompe saluer les exposants, joue les inaugurateurs de chrysanthèmes. Alors qu'il serait peut-être encore temps d'infléchir une politique hasardeuse, il la conforte au contraire et se vante de ruiner sous peu toute la filière consacrée aux véhicules thermiques, qui faisaient une des dernières forces industrielles de l'Europe !

15 octobre 2022

Intermezzo #2

Plutôt que de s'appesantir sur le drame social à la française dont la grève-blocage sauvage des raffineries par la CGT constitue une nouvelle illustration, plutôt que d’évoquer la marée montante de l'inflation, celle irrépressible de l’immigration clandestine, et de maints fléaux minant le quotidien, évoquons un peu la problématique du CO2 ou dioxyde de carbone qui serait paraît-il la pire menace pesant sur la planète.
Contrairement à une idée reçue, le CO2 n’est pas un polluant mais un composant naturel de l’air, indispensable même à la vie puisqu’il joue un rôle essentiel dans la photosynthèse végétale. A noter toutefois que les plantes qui absorbent de grandes quantité de CO2 en rejettent également en l’absence de lumière…
Les autres êtres vivants, notamment les mammifères et plus particulièrement les êtres humains produisent du gaz carbonique au cours de la respiration. Il y a 100 fois plus de ce composé dans l’air expiré que dans celui qu’on inspire ! Chaque être humain rejette près d'1 kg de CO2 par jour soit plus de 350 kg par an, c'est à dire plus de 2 milliards de tonnes pour l'ensemble des habitants de la planète bleue.
Tout étant relatif, cette production est supérieure à celle de l’ensemble du trafic aérien et à peine inférieure à celle due aux pots d’échappement des automobiles. Encore faudrait-il prendre en compte les émissions des autres mammifères, notamment les animaux domestiques et ceux d’élevage. La première ministre de Nouvelle-Zélande y a pensé, car elle a récemment confirmé sa volonté de taxer les fermiers pour le CO2 émis par les vaches !

 

Illustration: bateaux du musée maritime. Port de La Rochelle. Acrylique. 2022.

07 octobre 2022

Intermezzo #1

Sentiment de lassitude. Il n'y a plus grand chose hélas à commenter dans l'actualité. Tout va de mal en pis et tout part à hue et à dia. A quoi bon rajouter du malheur au malheur ? Au surplus, nous allons vers l'automne et l'hiver, saisons mortelles. Paradoxe sublime, il faut se raccrocher à l’espoir, face à l’impéritie gouvernementale, que le réchauffement climatique ne soit pas un vain mot, et qu'il nous préserve quelque peu des frimas et du froid à venir…
Le prix Nobel de littérature vient d’être attribué à la française Annie Ernaux, illustre inconnue pour l'immense majorité de ses compatriotes. Il paraît qu'elle écrit de belles histoires, mais qu'elle dit des choses idiotes lorsqu'on l'interroge. Heureusement, elle est rarement questionnée…
De toute manière, dans ce monde incohérent, tout se vaut et rien n'a d'importance. Tout le reste n'étant, comme chacun sait, que littérature…
Paul Morand qualifiait son journal intime d'inutile, mais il l'écrivait quand même. Jean-François Revel jugeait Descartes "inutile et incertain", condamnant de facto tout un pan de la philosophie, dont il s'était pourtant fait l'historien. Malherbe considérait qu'un poète n'était "pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles", ce qui ne l'empêcha nullement d'écrire de magnifiques vers, passés à la postérité… John Keats voulut quant à lui que soit écrite sur sa tombe l'épitaphe suivante, si peu appropriée à son cas : "ci gît celui dont le nom fut écrit sur l'eau…" Enfin Lavater, priait pour "que Dieu préserve ceux qu'il chérit des lectures inutiles."
Sans doute ce blog fait-il partie de cette écume dont il ne reste rien lorsque la vague se retire...

Je regarde souvent cette écume marine qui vient lécher les pieds du port de La Rochelle dont je suis devenu citoyen occasionnel depuis peu. C'est une source d'inspiration pour tenter de transcrire en peinture ce dialogue indicible, parfois violent, parfois plein de tendresse, entre la terre ferme et l'élément liquide…

Illustration : Porte de la Grosse Horloge et Vieux Port, La Rochelle. Acrylique 2022.

29 septembre 2022

Rupture à l'italienne

C’est fait ! Un petit bout de femme, Giorgia Meloni, a raflé la mise politique en Italie ! Au terme d’une brillante ascension, et à force de détermination, de courage et d’habileté tacticienne, elle se hisse donc au pouvoir envers et contre tous les a priori.
Son programme est frappé au coin du bon sens et foin d’idéologie, s’attaque avant tout aux réalités quotidiennes auxquelles ses compatriotes sont confrontés.
Fasse le ciel qu’elle réussisse là où tant de ses prédécesseurs ont échoué. Son pays est en fâcheuse posture, comme beaucoup d'autres en Europe. La léthargie, la couardise, la démagogie, et l’impuissance des dirigeants passés et présents les ont conduits dans l’impasse.

Honte aux beaux esprits, cuits et recuits dans une haine primaire inepte, qui vomissent leurs quolibets et leurs insultes ignobles pour qualifier ce succès électoral. On a tout entendu pour discréditer par avance le futur gouvernement italien. Les épithètes de “post-fasciste” ou “d’extrême-droite”, ont résumé la teneur à sens unique, pour ne pas dire bornée des analyses et des commentaires. Pas une belle âme n’a même évoqué l’accession historique d’une femme au poste de premier ministre. Au plus haut niveau, les réactions ont été indignes. Quelques jours avant les élections, madame Von Der Leyen, la calamiteuse présidente de la grosse commission de Bruxelles, s’était permise de déclarer que "si les choses devaient aller dans une direction difficile" en Italie avec l'élection de Giorgia Meloni, elle avait "des instruments" de pression, comme cela a été le cas pour la Pologne et la Hongrie.
Rarissimes furent les félicitations saluant la victoire de la coalition menée par madame Meloni. M. Macron est pour sa part resté silencieux. En guise de gentillesse, la première ministre Élisabeth Borne, bien insignifiante au demeurant, a cru bon de préciser que “La France sera attentive au respect des droits humains et de l'avortement en Italie…”

C’est précisément cette condescendance pour ne pas dire ce mépris, qui fait le lit du sentiment anti-européen progressant un peu partout dans les esprits. Venant de gens incapables de gérer les affaires de leur propre pays, malléables à toutes les lubies du moment, et inertes devant la montée des vrais périls, c’est absolument intolérable ! Pour tout adepte de l’idée de nation européenne, il ne reste que les larmes devant un tel désastre…