10 avril 2024

Le Mois Ozu 1

Avril, le printemps tardif rime avec le titre d’un film du cinéaste japonais Yasujiro Ozu (1903-1963).
Opportunément signalée par un ami, la rétrospective de son œuvre, donnée par ARTE, permet de s’en faire une belle idée (disponible sur arte.tv jusqu’au 29 avril).
Pour ma part, je suis tombé, de manière totalement imprévue, sous le charme de ces portraits de famille très subtils, qui dépeignent dans le même temps la société nipponne, du sortir de la terrible guerre dont Hiroshima fut le monstrueux point d’orgue, jusqu'au tout début des années soixante.

Le regard d’Ozu est très aigu et fataliste à la fois (dans l'ultime Goût du Saké, discutant avec un ami, accoudés à un bar, des conséquences qu'aurait eu la victoire japonaise, un des personnages lâche avec un soupçon de dérision : “en somme, on a bien fait de perdre...”). Mais il est également d’une grande tendresse pour cet univers élégant, impérial et pétri de tradition, qui se trouve brutalement confronté au vertige attirant mais pernicieux de la modernité et à la montée irrésistible de la technique.

A partir des dix films proposés, l’idée m’est venue de peupler ce mois printanier d’autant de commentaires critiques, aussi brefs que possible, dans l'esprit des haïkus.
L’objectif est de couper un peu avec le vacarme de l’actualité, le tumulte des polémiques, l’abrutissement des slogans et des propagandes, ne serait-ce que pour attendre le retour des beaux jours...

Dans l’ordre:

29 mars 2024

We are the Champions !

Pour celles et ceux qui avaient encore quelques illusions sur la bonne santé économique de notre pays, la publication du déficit budgétaire 2023 sonne comme un glas.
La gravité ne tient pas tant à la valeur absolue du chiffre, qui s’élève à 5,5% du PIB (plus de 173 milliards d’euros), qu’à la dynamique dans laquelle il s’inscrit, au contexte dans lequel il survient et surtout à la comparaison avec d’autres pays.
Il n’y a en effet aucune crise ni aucun impondérable majeur pouvant excuser cette dérive (le même indicateur, déjà médiocre en 2022, n’était que de 4,9%). Alors que le COVID s’éloigne, que le coût de l'énergie est revenu à des valeurs habituelles ainsi que le cours des matières premières, le déficit budgétaire s'accroît inexorablement.
Pire que tout, la France semble quasi seule à s'enfoncer dans le marasme économique.
Le déficit budgétaire de la zone euro n'étant pour 2023 que de 3,2%, notre pays, avec ses 5,5%, se situe donc en avant dernière position !
Rappelons que l'État n'a pas publié un budget en équilibre, à défaut d'être positif, depuis 1974 !
Les déficits accumulés faisant la dette, celle-ci dépasse désormais les 3100 milliards d'euros, soit plus de 110% du PIB. A cela s’ajoute un déficit de la balance commerciale de 100 milliards d’euros (exprimant la différence entre les exportations et les importations).

Le ministre de l’Economie Bruno Lemaire a tenté d’expliquer le déficit budgétaire par une insuffisance des recettes fiscales. Vaste plaisanterie. L’inflation et la hausse des carburants fut une occasion pour l’Etat d’engranger des royalties supplémentaires liées aux taxes prélevées en pourcentage des prix bruts.
Au surplus, malgré quelques baisses d’impôts en forme de leurres (taxe d’habitation, redevance audiovisuelle), les prélèvements obligatoires n’ont jamais vraiment baissé, s’établissant à 48% du PIB, soit 6,1 points au-dessus de la valeur moyenne de la zone euro ! A noter au passage que les entreprises françaises payent 60 milliards de plus que leurs concurrentes européennes et que seuls 10% des contribuables supportent 70% de l’impôt sur le revenu (IR).

La problématique des impôts, taxes et contributions forcées est devenue cruciale en France. Non contents d’être champions en matière de déficit, de dette, et de dépenses, nous pulvérisons tous les records en matière de fiscalité. La cote d’alerte est atteinte et on ne voit pas bien ce qui pourrait endiguer la montée folle des eaux, tant la notion même de contribution citoyenne a été dévoyée. Le Fisc qui devrait calculer sa ponction au plus juste, en fonction des revenus de chacun, pour l’affecter exclusivement au fonctionnement de ce qui relève du bien commun, est largement sorti en France du cadre de sa mission. Il est devenu “une vraie pompe à phynances”, une machine à redistribuer le pognon, à récompenser et à punir les contribuables en usant de critères arbitraires, à subventionner et à financer quantité de domaines qui ne devraient pas relever du Public, et à faire vivre et prospérer nombre d’institutions dont l’utilité est loin d’être démontrée.

Selon l’INSEE, les mécanismes de redistribution bénéficient à 6 Français sur 10. Plus précisément, le revenu des ménages aisés qui était en 2019, avant redistribution, 18 fois supérieur à celui des ménages modestes (127 270 € vs 6980), ne l’était plus que trois fois après le passage du rouleau égalisateur du Fisc (78 480 € vs 25 330). Cela n’empêche pas les alter-coco-gauchos de tout poil de déplorer des inégalités croissantes et d’exiger toujours plus de matraquage pour les riches…

Parallèlement, les dépenses publiques ne cessent de progresser, culminant autour de 58% du PIB en 2022 vs 44 pour l’Allemagne et 48 pour la zone euro. La raison essentielle est que “le modèle social français” coûte extrêmement cher et de plus en plus cher.
Bien que la majorité des gens imaginent que les soins soient quasi gratuits, la France est un des 4 pays les plus dépensiers en matière de santé publique (autour de 12% du PIB supporté à plus de 80% par l’Etat). Il en est de même pour l’éducation qui représente un fardeau colossal. Facteur aggravant, malgré la lourdeur croissante de leur financement, ces deux domaines essentiels, comme nombre de services publics, sont régulièrement pointés pour leur manque croissant d’efficacité.

S’agissant du chômage, en dépit de la satisfaction affichée du gouvernement, il semble décidément impossible de passer en dessous de 7% (7,3 pour la France en sept 2023 vs 3 pour l’Allemagne, 6,5% en zone euro, 3,8 aux USA). Il faut souligner qu'un des effets pervers du SMIC, évoqués dans un précédent billet, est de nuire significativement au marché du travail. Il suffit de savoir que faire sortir un smicard de sa condition en augmentant son salaire de 100€ coûte à l’employeur 483 €, pour comprendre une partie des blocages qui persistent en France (TF1) !

Le poids des retraites ne cesse quant à lui de s’alourdir et risque sous peu de devenir intolérable si la France conserve le calamiteux modèle de solidarité obligée, par répartition, pesant sur les plus jeunes. Le rapport du nombre de cotisants sur celui des bénéficiaires de pensions ne cesse de décroitre. Avec une dénatalité galopante (moins d’1,72 enfants par femme), et un nombre moyen annuel d’heures travaillées qui se situe nettement au dessous du chiffre de la zone euro (659 vs 738) on ne voit pas bien comment pérenniser un système qui s’apparente de plus en plus à une pyramide de Ponzi.

Parmi les innombrables dépenses discutables de l’Etat, on pourrait ajouter en vrac le poids des agences et succursales de l’état : on en dénombre pas moins de 1200 pour un budget de 80 milliards d’euros, faisant vivre 442000 fonctionnaires.
Le coût de l'immigration non maîtrisée est quant à lui difficile à évaluer. Il y a certes des recettes en regard des coûts, mais le solde reste très largement négatif, chiffré entre 25 et 54 milliards d’euros.
La fameuse Aide Médicale d’Etat aux étrangers (AME), créée en 2000 par le gouvernement Jospin, dont le coût ne devait pas excéder 80 millions d’euros, a désormais franchi le cap des 1,2 milliards, avec notamment une hausse de 43% du nombre de bénéficiaires depuis 2019 !
Enfin citons les très contestables subventions à la Presse qui s’élevaient à 367 millions d’euros en 2021, celles non moins critiquables destinées aux Syndicats pour 133 millions (sans compter la participation obligatoire des entreprises à hauteur de leur masse salariale), et celles finançant pour une large part nombre d’associations non gouvernementales pour 23 milliards d’euros !
Ce ne sont que quelques exemples, mais ils sont démonstratifs et ils ont fait régulièrement l’objet d’un épinglage en règle par la Cour des Comptes, jamais suivi d’effet malheureusement. Il serait certainement possible quoiqu'impopulaire de mieux gérer tous ces postes de dépenses et de trouver des sources d'économies.
Hélas après des décennies de gabegie, dont la faute incombe à tous les gouvernements confondus, il est très improbable que l'Etat puisse réduire son train de vie, s'il n'y est pas contraint par une catastrophe majeure, vers laquelle il court tout droit... L'Europe, le FMI et les agences de notation sont les derniers garde-fous pour empêcher cette issue fatale. Mais sera-ce suffisant ?

Face à ce désastre financier, le Premier Ministre, récemment interviewé sur TF1, a démontré qu’il restait en plein déni. Interrogé sur ces chiffres accablants, il n’assume aucune responsabilité, et affirme avec un culot d’acier, “vouloir désendetter le pays” et “maintenir le cap des 3% de déficit” ! L’intention est louable, bien que peu crédible, comme les bonnes résolutions des cancres. D’autant qu’il donne bien peu de pistes pour renflouer les caisses, hormis une diminution modeste de la protection garantie par l’Assurance Chômage et l’inévitable surtaxation des riches et des superprofits. En coulisse, il se murmure, malgré les dénégations officielles, que la TVA pourrait encore être alourdie, ainsi que la taxation de l’épargne…

23 mars 2024

Aya voir du Sport !

Décidément, tout fait polémique dans ces Jeux Olympiques 2024 de Paris.

La mascarade imposée aux athlètes russes, autorisés à concourir sans bannière ni nationalité, c'est à dire comme "des esprits errants et sans patrie", l’affiche kitsch évoquant plus un village Disney que celui des JO, et les mascottes doudou, en forme de phryges clitoridiennes made in China, on se dit que tout est permis après tout.
L’affaire Aya Nakamura n’est que la dernière controverse en date, mais l’initiative supposée du chef de l’Etat de faire appel à cette chanteuse en vogue pour introduire la cérémonie d’ouverture fait du bruit dans les chaumières.

Il y a naturellement les "pour" et les "contre", mais en la circonstance, l'affaire a pris une ampleur inattendue et un tour politique des plus déplaisants.
Les vieux chnoques franchouillards lui dénient le droit de représenter leur pays au motif qu’elle ne s'exprime pas en français mais en un informe charabia de banlieue pétri de vulgarité. Ils s’opposent ainsi aux vieux bobos gauchos, et autres progressistes qui exultent car ils voient au contraire, le triomphe de la “diversité” et la reconnaissance de la belle inventivité de la "jeunesse des cités".

Il y a fort à parier que peu de ces gens connaissaient vraiment l’artiste, mais chacun se dresse sur ses petits ergots idéologiques.
Il est comique de voir qu’à gauche on use de l’argument commercial, habituellement méprisé par les chantres de l'élitisme culturel. Le fait d’être “l’artiste francophone la plus téléchargée” est devenu le pont aux ânes de ces opportunistes. Au surplus, l'occasion est trop belle pour résister au réflexe pavlovien d'amalgamer la désapprobation affichée par certains, à du racisme.

Les sondages disent la réticence d’une large majorité de Français au choix de la chanteuse franco-malienne du fameux Djadja.
S’il s’avère que l’idée vient du Président de la République, on peut donc s'interroger sur ses motivations. Est-ce le souci de paraître branché voire provocateur, ou bien n'est-ce qu'un cynique calcul politique ?
Dans ce cas, il faut reconnaître qu'il a bien fonctionné notamment pour déstabiliser la droite conservatrice et souverainiste. Ces gens se sont jetés à pieds joints dans le piège en répudiant la jeune femme noire au nom de principes vieux jeu voire franchement douteux.

Après réflexion, qu'en est-il de l'art d'Aya Nakamura ?
Sur la forme, il s'inscrit certes dans l'univers superficiel, répétitif et versatile d’une variété très bling-bling, mais on peut lui reconnaître le mérite d'illustrer avec un certain panache les canons du chic occidental.
Devenue icône pour Lancôme et diva pour le magazine Vogue, il est évident qu’elle a du chien, de l'abattage et de la prestance. Loin des greluches qui minaudent de manière lascive derrière les keums à capuche et à bagouses qui peuplent les bas-fonds du rap ou du hip hop.
Sa patte musicale est aisément reconnaissable, ce qui est plutôt une qualité. Sa voix, bien qu’artificialisée par l’autotune, accroche agréablement l’oreille et elle chante juste. Quant aux paroles, elles peuvent sembler insignifiantes voire quasi inintelligibles, mais n’est-ce pas la loi du genre ? Peu importe après tout, pourvu qu’on les retienne et qu'elles donnent du rythme. Et le rythme, Aya l'a manifestement dans la peau. Difficile de résister à la pulsation sensuelle qui émane de ses prestations, dès les premières notes. Assurément, ça regorge de bonnes vibes…
Sa personne à la fois élégante et sculpturale ne laisse pas de marbre.  Manifestement, elle ne s‘en laisse conter, ni par les hommes, ni par les idéologues, ni par les religieux de tout poil. Indifférente à tout cela, elle chante, elle a son style et c'est tout.

Cela dit, vouloir qu'elle fasse du Piaf, n'est-ce pas corrompre sa nature sauvage et la ravaler à un stéréotype d'une époque révolue ? Et s'il s'agit de revisiter la Vie en Rose à la sauce Pookie, ce serait prendre le double risque de susciter l'incompréhension des jeunes autant que des plus âgés.
En définitive, le problème est de trouver la chanson parmi celles de son propre répertoire, qui soit dans le mood des Jeux.
Au fait, lui a-t-on demandé son avis sur sa participation au show et sur le choix du titre à interpréter ?

21 mars 2024

C'est le pompon !

Tout récemment, à l’occasion de la
Rencontre des Cadres Dirigeants de l’Etat, M. Macron s’est lancé dans une assez violente diatribe à l’intention des hauts fonctionnaires auxquels il s’adressait. Il a vertement critiqué la lourdeur et la complexité de la fonction publique en leur en faisant porter la responsabilité, sans vergogne aucune, affirmant notamment que lorsqu’il impulsait par ses initiatives une force de 100, il n’en arrivait, en matière d’application sur le terrain, qu’à peine 5 à 10 !
C’est vraiment le pompon comme on disait autrefois !

En matière d’ameublement comme de marine, le pompon, c’est ce qui ne sert à rien mais qu’on voit le plus. Ainsi les paroles, aussi belles soient-elles, n’ont guère d’intérêt lorsqu’elles n’ont que la fonction décorative d’un pouvoir en berne.
M. Macron se comporte en discoureur infatigable, adepte des jolies formules, mais malheur à celui qui accorde quelque crédit à ses paroles. Elles sont aussi superfétatoires quant au cours des choses que le pompon qui orne le béret du matelot.

Au pouvoir depuis 7 ans, et instigateur de lois depuis un peu plus longtemps encore, il n’a pas cessé de désorienter les volontés les mieux intentionnées à son égard, tant les textes dont il fut l’inspirateur se sont révélés alambiqués, versatiles, contradictoires, ou confus.
Dès 2015, on pouvait s’interroger sur une de ses premières initiatives, supposée favoriser« la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques », bien intentionnée au demeurant, mais tellement amphigourique qu’il fut impossible ou presque d’en trouver une application concrète. Par la suite, il continua sur la lancée et on a vu les flops auxquels menaient successivement les succédanés de réformes concernant la santé, l’éducation, la justice, les retraites et tout récemment l’immigration, dont il demanda lui-même la censure par le Conseil Constitutionnel. Au final, que reste-t-il de ce texte tellement abscons et caviardé ? Quasi rien.

Non content de ces simulacres qui ont contribué à augmenter la pléthore législative sans procurer beaucoup d’efficacité, voici le Chef de l’Etat qui se met dans la tête de réglementer la fin de vie. Comme souvent, il affirme quelque chose tout en soutenant le contraire, ce qui laisse présager d’interminables dilemmes.
Ainsi le président récuse le terme d’euthanasie car il s’agit selon lui “d’un acte réalisé sans le consentement de la victime”. Mais dans le même temps, il entend autoriser l’intervention d’un tiers pour “aider à mourir” une personne qui ne serait plus en état de “prendre le breuvage létal”. Comment affirmer dès lors qu’il y a consentement ?
En matière de consentement le Président de la République manifeste d’ailleurs son intention d’aller plus loin, en déclarant dernièrement vouloir inscrire cette notion en matière de viol, dans le droit français. Ce qui paraissait relever du bon sens, voire de l’évidence, risque donc de se perdre en insolubles conjectures et réfutations...

Si M. Macron veut vraiment simplifier la fonction publique et rendre plus aisée et directe l’application des lois, pourquoi donc se retient-il de les élaguer plutôt que de les multiplier, et pourquoi ne songe-t-il pas à supprimer quelques-uns des innombrables rouages qui peuplent l’administration, plutôt que d’en créer toujours plus ?
Lorsqu’il déplore que “c’est Bibi qui paye”, feint-il de méconnaître sa responsabilité écrasante, en tant que chef de l’Etat, dans le coût faramineux que ce dernier fait supporter à ses concitoyens ?
Il dispose pourtant avec la Cour des Comptes d’une administration épatante, qui passe son temps à “épingler” les dérives financières et les complications inutiles de la technostructure étatique.
Malheureusement, la Cour des Comptes n’est jamais écoutée et force est de conclure qu’elle aussi, fait partie de cette tuyauterie inutile qui constitue l’impressionnante autant qu’effrayante usine à gaz étatique.

13 mars 2024

Gaza, Ukraine, même impéritie

La guerre, dans toute son horreur, est à l'œuvre sur ces deux champs de bataille exposés depuis quelques mois au feu roulant des canons, mais aussi des médias. Nul ne peut contester l’atrocité des tueries qui s’y déroulent, nul ne peut s’exonérer d’un sentiment de révolte et de désolation face à ces conflits dont les victimes semblent s’accumuler sans fin. 
Mais une fois passée l’émotion, comment contribuer à l’émergence d’une solution susceptible de ramener la paix ? 

A chaque fois qu’il s’exprime sur le sujet, le Président de la République Emmanuel Macron manifeste décidément une courte vue navrante. Il est prompt à organiser des hommages a posteriori et très ronflant dans ses discours. Dans les actes, il révèle son impuissance et pire, une désespérante inconséquence. 

S’agissant de Gaza, tout en dénonçant “le plus grand massacre anti-sémite de notre siècle” et en affirmant soutenir sans équivoque Israël et son droit à l’autodéfense, il juge “intolérable” le bilan de la riposte aux atrocités du 7 octobre, et après plusieurs exhortations vaines, il exige de Benyamin Netanyahou qu’il mette fin aux opérations militaires
Mais quand a-t-il exigé la même chose du Hamas ? Quand a-t-il condamné la férocité sauvage de cette organisation qui depuis tant d’années se vante de vouloir éradiquer Israël et fait le malheur de son propre peuple, en le prenant en otage de ses desseins monstrueux ? Quelle solution propose-t-il pour briser l'acharnement démentiel des terroristes, qui retiennent encore plus d’une centaine d’otages ? Comment espère-t-il faire réellement pression, au moins verbalement, sur ces ignobles assassins pour qu’enfin ils libèrent sans condition ces malheureux et qu’ils rendent les armes, afin d’ouvrir enfin une perspective concrète à l’arrêt des combats ? 
 
S’agissant du conflit russo-ukrainien, la position du Chef de l’Etat est encore plus irrationnelle. Après s’être fait fort de régler le conflit par un vain bavardage avec Vladimir Poutine, le voici qui prend l’attitude d’un chef de guerre provoquant avec arrogance le président russe. Il n’est plus question de négocier, c’est la guerre totale dont il agite désormais le spectre. 
S’abandonne-t-il au jeu dangereux consistant à instrumentaliser la peur, ou est-ce une simple mais périlleuse provocation lorsqu’il évoque “la volonté d’agression russe contre l’Europe et la France”. Et qu’y a-t-il de concret derrière son vibrant appel à un “sursaut collectif", face au prétendu “changement de posture de la Russie”. 
Après le mini sommet de Paris, réunissant 21 chefs d’Etats, il a révélé que l’envoi de troupes occidentales était envisagé, avant d’être contredit urbi et orbi, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par l’Allemagne. 
Quelle mouche l’a donc piqué pour faire ainsi cavalier seul, sans avoir le début des moyens de ses ambitions ? 
 
La réflexion et la cohérence, semblant décidément de plus en plus étrangères au Chef de l’Etat, quelques jours après ces vains coups d’épée dans le marigot, M. Macron réitère. 
Non seulement il n’amende pas sa position mais il affirme l’assumer pleinement en clamant “qu’on ne peut pas permettre à la Russie de gagner” et qu' il n'y a "aucune limite" ni "ligne rouge" au soutien de la Franl!ce à l’Ukraine. Il s’agit d’une folle fuite en avant puisque la France est seule, et qu’aucun but de guerre n’est même suggéré. S’agit-il de consolider les lignes de défenses actuelles, de récupérer le terrain perdu au Donbass voire en Crimée, ou bien de contraindre la Russie à une défaite totale ? 

Au Proche-Orient comme à l’est de l’Europe, certains subodorent que les foucades déconcertantes du Président de la République n’ont in fine qu’un objectif bassement politicien. Il chercherait à se concilier l’électorat musulman, bien plus nombreux que le juif, tout en rediabolisant le Rassemblement National avec de lourdes allusions sur ses supposées connivences avec Vladimir Poutine. 
Le Premier Ministre Gabriel Attal semble accréditer cette hypothèse lorsqu’il se livre à l’outrance langagière en affirmant que les troupes russes sont déjà en France, sous la bannière du RN. Pense-t-il vraiment inverser le cours des événements avec d’aussi piteux arguments ou bien cherche-t-il à cliver encore plus la nation française déjà déchirée entre factions rivales ? 
Il y a de quoi être inquiet car ce serait ajouter le cynisme à l’inconséquence, et laisserait penser que M. Macron et son premier ministre sont en train de perdre complètement les pédales…

11 mars 2024

Scellement

Après la panthéonisation, la constitutionnalisation.
On a les victoires qu’on peut…

Quand on n'a plus ni la volonté ni le courage d'agir pour tenter de sortir le pays de la très mauvaise passe dans laquelle il se trouve, il ne reste plus à offrir au bon peuple que des leurres et des ersatz. Le bétonnage constitutionnel sans risque, de lois que personne ne remet en cause, procure à peu de frais la pompe et la solennité dont les dignitaires de notre pays sont friands, à défaut d'honneur et de victoire.  Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…

Après moults hommages variés, on eut ainsi droit à la cérémonie grotesque du scellement du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). On se serait cru chez Ubu lors des consécrations officielles de l’inutile et de la vanité. Tous les satrapes gouvernementaux étaient réunis pour ce grandiose numéro de presse purée constitutionnelle, qualifié par les médias ébahis, tantôt d’émouvant, tantôt d’historique.

Personne au demeurant ne trouva anti démocratique la volonté fièrement affichée de ne plus jamais permettre au peuple de pouvoir changer d’avis.
Personne ne pointa le paradoxe consistant à consacrer le droit de tuer les fœtus après avoir scellé l'abrogation de la peine de mort pour les assassins (trouvera-t-on bientôt normal de pouvoir en finir avec les malades jugés incurables ?).
Personne ne trouva absurde cette glorification du droit à l'IVG au moment où la dénatalité est devenue un problème sociétal majeur. Avec un taux de fécondité tombé à 1,72 enfants par femme, il y a pourtant du souci à se faire pour l’avenir du système de retraite par répartition, entre autres... Du temps de Simone Veil, on comptait déjà 1 IVG pour 4 accouchements. Aujourd'hui c'est 1 pour 3…
Mais le pire de tout est que personne ne trouva insane de continuer à rembourser l’IVG à 100% par l’Assurance Maladie, au moment où du plus haut de l'État on nous dit qu’il devient urgent de faire des économies !
Quand donc inscrira-t-on dans la Constitution l'interdiction pour l'Etat de dépasser des plafonds raisonnables en termes de fiscalité, de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques ?

La cérémonie s’acheva aussi piteusement qu’elle avait commencé, par le camouflet infligé au Président par la chanteuse Catherine Ringer. Accouru pour la féliciter d’avoir massacré la Marseillaise, elle le repoussa, avec tout le dédain et la vulgarité qui la caractérisent, nullement gênée d’avoir accepté de participer à cette mascarade organisée par un Pouvoir qu’elle exècre manifestement…

04 mars 2024

Cérémoniaux républicains

A l’instar de Georges Brassens, on peut être rétif aux cérémonies et aux hommages, surtout quand ils tournent à l’habitude rituelle, et qu’ils sonnent comme une excuse pour n’avoir pu agir concrètement. Pire encore, lorsqu’ils s'inscrivent dans l'esprit de parti.

Comment ne pas éprouver de l’émotion en pensant aux victimes du pogrom du 7 octobre 2023 en Israël et aux otages retenus par les terroristes depuis cette date ? Il faudrait n’avoir pas de cœur et pas davantage d’esprit.
Le problème avec les manifestations mémorielles décrétées à cette occasion par le Président de la République est qu’elles ont consacré en quelque sorte l’impuissance des pouvoirs publics et plus généralement de la communauté internationale. Si l’attaque initiale du Hamas date déjà de quelques mois, les horreurs qui y sont liées se poursuivent en temps réel. Derrière les vibrants discours déplorant “le pire massacre antisémite de notre siècle”, que dire de l’incapacité à agir ? Il n’est plus possible de claironner comme pour les victimes du nazisme “plus jamais ça…”
L’impuissance des discoureurs est criante, et d’un tragique consternant lorsque ces derniers se révèlent incapables de donner à un moment de recueillement une portée universelle.
On peut comprendre les familles endeuillées jugeant indésirable la présence de certains, dont l’hypocrisie et les provocations ignobles furent manifestes lors de ce drame, mais il y va de la conscience de chacun. S’il y a un Dieu, lui seul peut distinguer les gens sincères des pharisiens.

Ce mois de février étant décidément propice aux célébrations, il y aurait beaucoup à redire sur celle décrétée par le Chef de l’Etat pour honorer l’ancien garde des sceaux Robert Badinter, disparu le 9.
Il est permis de s’interroger sur son principal fait d’armes qui est d’avoir aboli la peine de mort. Est-ce un vrai titre de gloire ? Qui se souviendrait vraiment de lui sans cette réforme sociétale ?
Quelle valeur revêt cette action sachant qu’elle fut réalisée sans prendre l’avis du peuple (dont on ne pouvait ignorer qu’il était majoritairement contre) ? A quel danger, à quel risque s’exposait le promoteur de cette décision, qualifiée de progrès humain fondamental par le chœur assourdissant des bien-pensants ? Toute réserve fut considérée comme réactionnaire. A plus forte raison, toute opposition fut décrétée nulle et non avenue.
Quelle responsabilité encourait le ministre de la justice de l'époque, qui ne proposa pas la moindre solution alternative à cette abrogation de principe ? Aucune évidemment. Une fois le politicien tranquillement rangé des voitures, et satisfait d’avoir gravé dans le marbre une loi à son nom, c’est toujours à d'autres de gérer les conséquences…
A force d’encenser à grand renfort de tambour médiatique les succédanés d'héroïsme, et de qualifier d’historique n’importe quoi, on dévalue le vrai courage et on insinue la confusion dans les esprits.
Mais le plus grave fut toutefois l’esprit partisan de la famille qui accepta lors de la disparition du cher homme le principe d’un hommage national tout en spécifiant qu’en soit exclue toute personne proche de ce qu’ils nomment l’extrême droite…

La panthéonisation est une vraie manie dans laquelle semble se complaire Emmanuel Macron. Faute d’avoir la volonté d’agir, faute d’avoir la capacité d’améliorer le quotidien de ses concitoyens, il se répand en discours théâtralisés et en pompeux cérémoniaux païens.
Aujourd’hui il intronise des militants communistes, en trompetant qu’ils sont “morts pour la France”. Mais qui sait pourquoi ils sont morts ?
L’idéal au nom duquel ils combattaient ne relevait-il pas d'une doctrine encore plus dévastatrice que le nazisme (bien qu’appartenant à la même nébuleuse socialiste) ?
Là encore, le Président de la République, s'épanchant dans le quotidien l’Humanité, largement subventionné par l’Etat, et qui ose encore se réclamer de nos jours du communisme, croit bon de préciser que "les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat des Manouchian". Pire encore, il enfonce le clou en soulignant que selon son opinion, ni le Rassemblement National ni Reconquête n'ont leur place dans l’arc républicain.
Plus partisan tu meurs…

28 février 2024

In Memoriam Alain Cribier

Derrière son sourire plein de bienveillance et d’humilité, le professeur
Alain Cribier (1945-2024) incarnait l’excellence française en matière médicale et scientifique.
Cardiologue émérite au Centre Hospitalier Universitaire de Rouen, il fut à l’origine d’innovations thérapeutiques majeures. Parmi celles-ci figure la technique de remplacement percutané de la valve aortique dite TAVI. Destiné aux patients, souvent âgés, souffrant de rétrécissement aortique calcifié, le TAVI a totalement bouleversé la prise en charge de cette affection fréquente.
Pour mesurer l’apport d’un tel acte, il faut savoir qu’il était nécessaire auparavant de pratiquer une opération chirurgicale à cœur ouvert, c’est-à-dire de fendre le thorax, de refroidir et d’arrêter le cœur puis d’installer une circulation extra-corporelle durant le temps de l’intervention.

L’idée du professeur Cribier fut de procéder par simple ponction de l’artère fémorale, permettant de faire progresser à contre courant un cathéter jusqu’à l’origine de l’aorte, de dilater la valve sténosée par expansion d’un ballonnet, puis de déplier in situ une bioprothèse, en écrasant en quelque sorte la valve originelle.
Il fallut beaucoup de patience, d’inventivité et d’opiniâtreté pour mettre au point cette technique extrêmement audacieuse.
Il fallut convaincre également beaucoup de partenaires potentiels pour tenter une telle aventure.
Le professeur eut à affronter beaucoup de scepticisme, de défiance, voire de sarcasmes. On qualifia même son invention “d’idée la plus stupide jamais soumise”.
Il persévéra toutefois mais il dut aller chercher en Israël et aux Etats-Unis les soutiens financiers, techniques et industriels indispensables, ce pourquoi les brevets ont échappé à notre pays. Il raconte ce parcours éprouvant dans un entretien passionnant.

Après plus de 10 années d’efforts, la première tentative mondiale de TAVI eut lieu à Rouen en 2002 et fut couronnée de succès. Réservé dans un premier temps aux patients très fragiles ou trop âgés pour être opérés, le TAVI fit rapidement la preuve de son efficacité extraordinaire. Il est désormais réalisé dans le monde entier et à ce jour près de 2 millions de personnes ont pu en bénéficier.
Malheureusement, le professeur Cribier qui tant fait pour tant de patients n’a pas eu le privilège d’avoir une longue vie. Il a toutefois montré qu’à force de volonté, on pouvait déplacer des montagnes comme dit l’adage. En plus d’être un grand médecin, il était un très bon pianiste. Il laisse donc le souvenir d’un scientifique accompli doublé d’un vrai humaniste. Il a montré enfin le potentiel fabuleux du génie français qui ne demande qu’à s’exprimer, pour peu qu’on lui facilite la tâche plutôt que de l’accabler de contraintes, de règles, de contrôles et de cadres asphyxiants…

22 février 2024

More Trump

Donald Trump
est toujours là. Sa silhouette massive de commandeur est plus que jamais omniprésente, malgré les innombrables tentatives entreprises par ses adversaires pour la faire choir dans la poussière.

En bien, mais surtout en mal, on parle de lui. C’est sans doute l’essentiel pour lui, mais ce doit être tout de même éprouvant à la longue. Cet homme n’est-il donc que maléfique ?
La liste des griefs qu’on lui reproche est si longue, si baroque, si fantaisiste qu’elle pourrait prêter à sourire si elle ne révélait une lame de fond anti-démocratique inquiétante.

Son plus grand péché, peut-être l’arme fatale pour le faire chuter, fut assurément la complaisance qu’il manifesta vis-à-vis de la mascarade du Capitole provoquée par sa défaite lors de l’élection bâclée de 2020. Son attitude fut certes fautive, doublement même, puisqu’elle ne pouvait espérer inverser le résultat et qu’elle ouvrait un boulevard à ses ennemis. Mais ses ennemis sont-ils plus vertueux ? Rien n’est moins sûr.
Les chochottes gauchies ont fait mine d’être effarouchées par “la tentative de putsch”, mais elles n’ont jamais été gênées par les tombereaux de qualificatifs orduriers dont on couvre en toute circonstance depuis des années le cher Donald. Ces gens n’ont rien vu de mal dans les manifestations vindicatives faisant suite à son élection fin 2016, lorsque des foules revanchardes firent le siège, des jours durant, de la Maison Blanche en arborant le slogan “Not My President”. Ils ne furent pas davantage troublés de voir des juridictions partisanes bloquer systématiquement tous les décrets émis par le nouveau président et entraver toutes ses actions, lesquelles figuraient pourtant dans le programme pour lequel il avait été élu…

Aujourd’hui on s’offusque dans les chaumières douillettes de la vieille Europe de son discours provocateur, affirmant que son pays ne pourrait plus garantir la sécurité de notre continent si nous n’y mettions pas du nôtre. Certains ont même fait semblant de croire qu’il nous livrait corps et biens à l’ogre russe. Quelle sottise !
Il y a déjà quelques années, Donald Trump président, avait sermonné les Européens et plus précisément les Français, qui évoquaient avec cynisme la “mort clinique” de l’OTAN, financée quasi exclusivement par les seuls Etats-Unis, tout en se complaisant dans une languide torpeur, à l’abri du parapluie de l'Oncle Sam.
Aujourd’hui, il enfonce le clou et la meilleure preuve qu’il a raison est que son discours a porté. On annonce que 17 pays membres de l’OTAN ont enfin porté leur budget à hauteur des 2% minimum qu’il réclamait (bientôt, même la France pourrait y parvenir…).

Vladimir Poutine lors d'une interview vient de révéler qu’il préférait la victoire de Joe Biden à celle Donald Trump. Précisons qu’il fit cette réponse avant d’être traité de “crazy son of a bitch” par l’actuel président américain. Peu importe, car aussitôt les commentateurs avisés se sont empressés de déclarer qu’il s’agissait à l’évidence d’une manœuvre, une sorte de “baiser qui tue”, destiné à discréditer aux yeux des électeurs Joe Biden.
Ces mêmes auraient ils eu la même réaction si Poutine avait déclaré sa préférence pour Trump. La réponse est trop évidente…

17 février 2024

Vive CNEWS !

La petite chaîne de télévision CNEWS, née dans la douleur et malgré l’intolérance partisane en 2017, sur les décombres de ITélé, s’est en quelques années, hissée au premier plan du paysage audiovisuel français (le PAF…).
Elle a su créer un ton nouveau, et attirer quelques journalistes de talent, particulièrement charismatiques. On retient évidemment les prestations de Pascal Praud qui n’a pas son pareil pour animer en semaine, matin et soir, des débats et des controverses pétillantes, avec sa désormais fameuse “Heure des Pros”. On retient également le duo Christine Kelly - Eric Zemmour qui a largement contribué à doper les audiences. A leur suite, sont entrées en scène les professionnelles chevronnées que sont Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, et d’autres plus jeunes mais prometteurs tels Julien Pasquet, Eliot Deval ou Gauthier Le Bret. Sans oublier Anne Fulda qui a le mérite de proposer une émission littéraire quotidienne !
Le succès croissant de la chaîne témoigne de ce dynamisme éditorial et de l’originalité de ses contenus.

C’est sans doute un peu, si ce n’est beaucoup, pour ça qu’on cherche régulièrement à restreindre cette aura médiatique grandissante, détonant dans le pseudo consensus des idées reçues chères à Flaubert.
Comment expliquer sinon le zèle opiniâtre du CSA, devenu ARCOM, ou celui de ministres de la culture vindicatifs, et bien sûr de nombre d’organisations auto-proclamées progressistes, à flétrir l’intrus qualifié de partisan, de droite, voire d’extrême droite ou de complotiste ?
L’argument est tellement éculé qu’il pourrait prêter à sourire. Il pourrait même être qualifié de grotesque lorsqu’on voit l’orientation politique quasi monolithique de tous les canaux télévisés étatiques. Ceux dont on attendrait justement l’objectivité si ce n’est la neutralité…
Si l'on suit la logique insane de ces gens qui dénoncent la pensée de droite, c'est bien la preuve qu'ils sont du bord opposé ! D'ailleurs les a-t-on vu critiquer un organe de presse pour son orientation à gauche ? Nullement...

L’initiative récente de Reporters Sans Frontière (RSF) s’inscrit de manière édifiante dans ce concert des bien pensants à sens unique. Un média d’information et d’opinions mouchardé par ceux-là même qui ont fait vocation de défendre la liberté de la presse, quel paradoxe ! La machine à inverser les valeurs tourne décidément à plein régime…
Un malheur n’arrivant pas seul, le Conseil d’Etat, saisi par ces dérisoires censeurs de la pensée, leur donne raison et ordonne à l’ARCOM de mieux encadrer les faits et gestes de CNEWS, de mieux faire respecter “le pluralisme et l’indépendance de l’information” en tenant compte “des interventions de l’ensemble des participants des chaînes de la TNT”.../… “suivant des modalités qu’il lui appartient de définir”.
En d’autres termes, on comprend qu'on en viendra à ficher de manière arbitraire les orientations politiques des journalistes, des chroniqueurs, et de tous les intervenants, météo comprise, en leur collant une étiquette définitive, comme dans les plus odieux totalitarismes.
On en était déjà arrivé, dans notre pauvre pays, à minuter à la seconde près le temps de parole des politiciens. Faudra-t-il désormais, pour tenter de faire taire CNEWS, chronométrer tous les propos de toutes les personnes s’exprimant sur les plateaux des quelques centaines de chaînes télévisées, selon leur tonalité politique supposée de droite ou de gauche ?
Ubu et Kafka réunis sont dépassés par ce projet démentiel qui constitue une nouvelle attaque contre la liberté d’expression, qui témoigne de la manie de tout contrôler, et qui démontre l’emprise plus que jamais asphyxiante de la bureaucratie.
On peut bien nous parler de simplification ! Chaque jour hélas, on voit s'accroître le poids des réglementations édictées par l’Etat, ses nombreuses succursales, et les innombrables petits potentats et groupes de pression subventionnés, sans aucune légitimité populaire.

Moralité : avec ce nouvel ukase, c’est la télé, déjà mal en point, qu’on veut tuer.
Corollaire : on attend devant un tel affront une réaction ferme et unanime, témoignant de la solidarité journalistique…

08 février 2024

John Galt à Davos ?

Dans le flot chaotique de l’actualité, le
forum économique mondial de Davos (15-19/01/2024) est passé quasi inaperçu. Son objectif principal était pourtant de “Rebâtir la confiance et d’améliorer l’état du Monde ”. Quoi de plus nécessaire par les temps qui courent ?
On eut droit à un magnifique feu d’artifices de belles propositions et à une flopée d’ambitieux plans sur la comète (ou plutôt sur la planète). De dépenses nouvelles il fut largement question. D’économies et de bon sens beaucoup moins…
Plusieurs sujets étaient à l'ordre du jour. Bien sûr le réchauffement climatique avait une place de choix. L’émissaire américain John Kerry, rappela que l’administration dont il dépend avait, par le biais de l’IRA (Inflation Reduction Act), dépensé 369 milliards de dollars visant notamment à subventionner la fabrication de véhicules électriques et d'autres technologies vertes. Non content de ces sommes astronomiques, il souligna que pour rester dans l’impératif de hausse des températures de l’accord de Paris, il faudrait “de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent.”
Emmanuel Macron, qui n’est plus à un déficit près, s’est fait un plaisir de renchérir. Décidément à mille lieues des préoccupations des agriculteurs, il s’est fait le champion du climat et de la biodiversité, quoi qu’il en coûte. Il a notamment encouragé l’Europe à émettre à nouveau de la dette commune pour investir dans « de grandes priorités d’avenir », notamment l’intelligence artificielle et le verdissement de l’industrie.

Mais le clou de la cérémonie fut incontestablement le discours du président Javier Milei, très peu rapporté par les médias, alors qu’il valait assurément son pesant de cacahuètes. Fraîchement porté par son peuple à la présidence de la république argentine, il entend mener sa mission au pas de charge. Indifférent aux mirages climatiques, aux sirènes des taux d’intérêt et autres licornes de l’intelligence artificielle, il préféra porter le fer contre le "socialisme" dont l’idéologie règne encore selon lui un peu partout et qui "mène à la pauvreté".
Beaucoup verront évidemment les excès dérangeants d’un discours rompant avec les canons soporifiques du consensus. Beaucoup réduiront même le propos à ces outrances et le rangeront au mieux au rang des élucubrations ultra-libérales et au pire des délires populistes ou d’extrême droite.
Des exagérations il y en a assurément car le pavé est jeté avec force dans la mare, mais des vérités factuelles, il y en a également, qu’on le veuille ou non :

"Je suis ici aujourd’hui pour vous dire que l’Occident est en danger. Il est en danger parce que ceux qui sont censés défendre les valeurs de l’Occident sont cooptés par une vision du monde qui — inexorablement — conduit au socialisme, et par conséquent à la pauvreté.../...
Ayant adopté le modèle de la liberté — en 1860 — l’Argentine est devenue en 35 ans la première puissance mondiale, et qu’après avoir embrassé le collectivisme, elle a commencé à s’appauvrir systématiquement, jusqu’à tomber de nos jours au 140e rang mondial.../...

Grâce au capitalisme de libre entreprise, le monde est aujourd’hui au mieux de sa forme. Dans toute l’histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu de période de plus grande prospérité que celle que nous vivons aujourd’hui.
Par contraste, le socialisme s’est, toujours et partout, révélé un phénomène appauvrissant, qui a échoué dans tous les pays où il a été tenté. Ce fut un échec économique, un échec social, un échec culturel. Il a tué plus de 100 millions d’êtres humains.../...

Même dans ses versions les plus modérées, la solution proposée par les socio-démocrates n’est pas plus de liberté, mais plus de réglementation, générant une spirale descendante de réglementation jusqu’à ce que nous finissions tous plus pauvres et que la vie de chacun d’entre nous dépende d’un bureaucrate assis dans un bureau luxueux.
Les socialistes ont peu ou prou abandonné la lutte des classes, mais ils l’ont remplacée par d’autres prétendus conflits sociaux tout aussi nuisibles à la vie collective et à la croissance économique. La première de ces nouvelles batailles fut la lutte ridicule et contre nature entre les hommes et les femmes.
Un autre conflit déclenché récemment est celui de l’homme contre la nature. Ils affirment que les êtres humains endommagent la planète et qu’elle doit être protégée à tout prix, allant même jusqu’à préconiser des mécanismes de contrôle de la population ou l’agenda sanglant de l’avortement."

Après avoir martelé que "Le monde occidental est en danger" face à ces lubies idéologiques, le nouveau président argentin s’est livré à une ardente apologie des chefs d’entreprises et des hommes d’affaires :
“Ne vous laissez pas intimider par les parasites qui vivent de l’État”
"Vous êtes des bienfaiteurs sociaux. Vous êtes des héros. Vous êtes les créateurs de la période de prospérité la plus extraordinaire que nous ayons jamais connue. Que personne ne vous dise que votre ambition est immorale. Si vous gagnez de l’argent, c’est parce que vous offrez un meilleur produit à un meilleur prix, contribuant ainsi au bien-être général."

Vous imaginez l'ambiance à Davos pendant cet exposé rageur. Il paraît qu’il y eut tout de même quelques applaudissements…
Pour un amoureux de la liberté pragmatique, un discours ne fait pas tout, et il y a souvent loin des intentions aux actes. Mais il est plutôt rafraîchissant d’entendre à nouveau des intonations rappelant Reagan, Thatcher, et les grands penseurs du libéralisme tels Schumpeter, Hayek, Friedman, Sowell ou bien notre cher Tocqueville, qui inventa la notion d’Etat-Providence. On pense également à Ayn Rand et à son fabuleux roman Atlas Shrugged. Javier Milei serait-il l’incarnation du fameux John Galt ?
Quand on connaît l’état de l’Argentine, on ne peut que souhaiter ardemment qu’il réussisse, tout en pensant que son parcours sera semé d’embûches par les ennemis de la cause…

01 février 2024

Dans la nasse

La révolte paysanne ne peut surprendre que les gens qui ne voulaient pas en voir les prémices, au premier rang desquels figure le gouvernement, plus incapable de prévoir que jamais…
Il est bien temps de s’apitoyer sur le sort des agriculteurs comme M. Fesneau, leur ministre de tutelle. Il est bien temps de dire qu’il faut les écouter et les comprendre ! Il est bien temps enfin, de prétendre comme l’a fait le Premier Ministre, que l’agriculture est “au-dessus de tout”. Too late…
Le feu couvait depuis longtemps et l’épisode des Gilets Jaunes n’a de toute évidence pas servi de leçon. Pire, tout se passe comme si l’on avait tout fait pour provoquer ce ras le bol.

Premier constat, les aides et subventions n’ont été que des leurres, comme tant de dispositions prises au nom de la justice sociale. Force est de reconnaître que la fameuse Politique Agricole Commune (PAC), pourtant très généreuse avec la France, a déversé des milliards d’euros, en pure perte. Dans les campagnes, on ne veut plus de cette assistance déprimante parce qu’elle récompense la décroissance et l’improductivité.
Car le problème est là : on a voulu convertir de force les agriculteurs à l’écologie théorique et les protéger artificiellement de la concurrence internationale. Résultat, on les a découragés de travailler, en compliquant par mille contraintes administratives leur tâche, et en pénalisant lourdement la vente du fruit de leur travail. En raison de cette politique insane les récoltes sont peut-être devenues plus respectueuses de l’environnement, mais elles sont étiques, chères pour les consommateurs et loin de garantir un revenu décent aux producteurs.

Comment sortir de cette impasse ?
Augmenter encore les aides reviendrait à prodiguer des soins palliatifs à une agriculture à l’agonie et ne ferait que majorer la dette faramineuse du pays.
Recourir à plus de protectionnisme ne serait guère plus efficace, en exposant au péril inflationniste et en impactant défavorablement les secteurs parvenant encore à exporter.
Revenir sur les réglementations supposerait l’abandon en rase campagne du diktat écologique auquel sont attachés beaucoup d’électeurs, même s’ils n’en mesurent pas toujours toutes les conséquences pour le monde rural.
Il faut bien évoquer ici l’inconséquence des Français. Ils veulent toujours plus de “bio”, sans pesticide ni OGM, ils se disent prêts à payer plus cher pour des produits de qualité, et réclament des circuits courts, mais ils privilégient pour leurs achats les grandes surfaces et se ruent sur les promotions et les prix bas.

Dans un tel contexte, que peut faire le gouvernement ? Quoi qu’il propose, ce sera toujours insuffisant, contestable ou quasi infaisable, à l’instar des premières mesures annoncées par Gabriel Attal.
Certes il est bon de renoncer à la hausse des taxes sur le Gazole Non Routier (GNR), comme on gela la taxe carbone lors de l’épisode des Gilets Jaunes, mais le plus sage eut été d’y penser avant… Qui donc a eu cette idée inepte de prélever une taxe pour la redistribuer intégralement ?
Certes il est souhaitable de réduire le nombre de réglementations et de contrôles, concernant notamment l'entretien des haies (pas moins de 12 à ce jour). Mais la jungle administrative est telle qu’il faudrait y aller à la tronçonneuse à la manière du Président Milei en Argentine et non pas avec des ciseaux de dentellière comme le suggère le Premier Ministre !
Certes il est bienvenu de promettre de mieux gérer l’eau et l’irrigation des sols en organisant des retenues utiles en période de sécheresse mais comment mettre en œuvre ce programme face aux hordes altermondialistes qui s’y opposent avec violence ?
Certes, il est bénéfique de mieux indemniser les éleveurs affrontant la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) et bien intentionné de promettre une nouvelle subvention de 50 millions d’euros pour la filière bio, mais celle-ci ne sera pas sauvée si les consommateurs continuent à se détourner d’elle…
Au-delà de ces timides avancées, on peut craindre hélas qu’il n’y ait pas de remise en cause réelle de la pléthore administrative déversée au nom de la lubie climatique, et qu’on pointe une fois encore les méfaits supposés du libre-échange, associé dans beaucoup d'esprits au capitalisme honni.

Plutôt que de s’opposer au monde tel qu’il est, il serait pourtant urgent qu’on donne aux agriculteurs la liberté de s'organiser pour être compétitifs. Qu’on les laisse gérer leurs exploitations comme bon leur semble et qu’on revienne très rapidement sur nombre d’interdictions ineptes, en passe d’asphyxier des filières commerciales entières : moutarde, betterave, cerise, pomme, endive, colza…
Avant de s’attaquer à l’Europe, il paraît impératif d’arrêter la surtransposition française délirante des réglementations émanant de Bruxelles, et d'abroger en extrême urgence celles déja en vigueur.
Plutôt que d’interdire les produits étrangers ne respectant pas les normes françaises, il vaudrait mieux autoriser les agriculteurs français à s’aligner sur les normes des pays dont on accepte les importations
Les échanges commerciaux ne peuvent s'exercer à sens unique. Si le libre échange reste souhaitable, il ne se conçoit toutefois qu’avec des règles partagées et sûrement pas en plombant de handicaps son propre camp ou en surtaxant méchamment ses concurrents. Quant au protectionnisme, il n’a de légitimité qu’en représailles à des excès de taxes unilatérales.
Tout ceci semble relever du bon sens, et serait facile et peu coûteux à réaliser sans délai, mais se heurte au lobby climatique et environnementaliste omniprésent dans toutes les institutions, toutes les assemblées, les commissions, les médias et les partis politiques. Il est donc fort peu probable qu’on avance sur ce terrain miné.
Face au désastre, organisé si ce n’est planifié, il n’y a pas grand-chose à attendre du gouvernement et pas davantage de l’opposition.
Ne parlons pas de la gauche (écologistes inclus), qui a perdu toute crédibilité tant elle est indécrottablement attachée à ses vieux démons idéologiques.
Lorsqu’on entend les responsables du Rassemblement National attachés avant tout à la fermeture des frontières, on ne se fait pas trop d’illusions. Quant aux Républicains, représentés par M. Ciotti, c’est du pareil au même. Il accuse non sans raison M. Macron d’être “un pompier pyromane qui a lui-même déclenché l’incendie”, mais il oublie que son parti a voté la plupart des textes réglementaires en cause. Pire que tout, il affirme que sa priorité serait de “mettre fin aux accords de libre-échange qui menacent l'agriculture.”

Pendant que dans les campagnes la révolte gronde, que les tracteurs sont aux portes des grandes villes, que le conflit s’étend à l’Europe entière, à l’instar des byzantins penchés sur la question du sexe des anges pendant le siège de Constantinople, nos députés entreprennent de débattre de l’inscription de l’IVG dans la constitution et sur la réglementation technocratique de la fin de vie…

24 janvier 2024

Basic Economics 5

Conclusion

L'intérêt de l’ouvrage de Thomas Sowell ne réside pas tant dans l’originalité des démonstrations présentées, somme toute déjà connues, que dans l’illustration pratique qui en est donnée à partir de la réalité factuelle.
L’approche est donc avant tout pragmatique, contrairement à celle des théoriciens, cramponnés à des principes. Au surplus, la clarté du discours le rend plus percutant que les méandres idéologiques dans lesquels s’enlisent nombre de penseurs autoproclamés progressistes.
En bon économiste libéral, Sowell ne cherche pas à changer radicalement le monde sur la base de concepts théoriques mais à mieux le comprendre et à s’adapter à ses réalités incontournables, pour en tirer le meilleur parti.

Si l’intervention de l’Etat sur les prix s’avère en général néfaste, elle serait en toute logique évitable. Ce n’est pas le cas de beaucoup de facteurs, pas toujours prévisibles, susceptibles de faire évoluer les prix et de peser sur l’offre et la demande. A l’instar de Schumpeter, il est imperatif d'être réactif face à ces évènements afin d’évoluer voire d’organiser sans délai les mutations que les renversements de situation imposent.
Pour rester prospères, les entreprises doivent notamment prendre en considération les progrès techniques, les changements du contexte social ou géopolitique qui peuvent faire évoluer les comportements. On ne pratique pas par exemple, la même politique commerciale lorsque les consommateurs se concentrent dans des cités en forme de mégalopoles ou s’ils sont dispersés à la campagne ou dans des villes moyennes. Il est illusoire d'ignorer le bouleversement des habitudes induit par le réseau internet...
Sowell cite entre autres, l'exemple édifiant de la chaîne autrefois célèbre A & P, qui fut la plus grande entreprise de distribution alimentaire aux USA, comptant pas moins de 15.000 magasins en 1929, répartis sur tout le territoire américain. Le modèle, s'était imposé à la faveur de prix bas et d'un modèle bien adapté aux habitudes de consommation jusqu'au début des années 50. Le drame arriva lorsque l'exode rural concentra la clientèle dans des grandes villes et que l'essor de l'automobile permit aux gens de se déplacer facilement. Les grandes surfaces se mirent alors en place au nez et à la barbe d'A & P, trop assurée de sa position dominante. En quelques années, la firme périclita, faute d'avoir pu s'adapter à temps.
Si l'on ne peut continuer à proposer des produits, même de bonne qualité, lorsqu'ils sont remis en cause par une évolution du contexte social, il est tout aussi périlleux de ne pas être attentif aux avancées technologiques majeures.
On a ainsi vu disparaître en quelques années les écrans cathodiques les plus performants au profit des dalles plates utilisant des diodes électroluminescentes (LED), acculant les constructeurs à une alternative simple : s’adapter ou périr.
En matière de photographie, on a assisté à la révolution numérique qui a rapidement enterré envers et contre tout la technologie argentique. Les entreprises qui n’ont pas pris en marche le train de l’innovation ont été poussées à la faillite, aussi imposantes soient-elles, comme ce fut le cas de Kodak.
Lorsqu’un progrès technique se fait jour, il s’impose donc fatalement, et ne nécessite aucune aide en provenance de l'État. Pareillement, ce dernier ne peut espérer faire survivre longtemps à coup de subventions un secteur en voie d’obsolescence ni sauver des emplois devenus inutiles. On l’a vu avec le déclin de la sidérurgie, des filatures, du charbon…

L’intervention massive des gouvernements sur le marché automobile, guidée uniquement par un douteux souci écologique, risque d’aboutir à pareilles déconfitures. Si la voiture électrique représente un vrai progrès, elle doit s’imposer d’elle-même sans qu’il soit nécessaire d’en fausser le prix par de fallacieux bonus et de pénaliser tout ce qui peut lui faire concurrence.

On voit également les dérives frauduleuses des mesures incitatives à la rénovation énergétique des logements, telle la fameuse “ma prime renov”. Distribuée sans beaucoup de discernement et parfois en dépit du bon sens, elle conduit à faire monter les prix en attirant quantité d’aigrefins appâtés par des gains faciles, au dépens de gogos naïfs, victime d’une propagande délétère.
On a vu enfin l’absurdité des lois dites EGALIM. Dans la période d’inflation que nous connaissons, le gouvernement a réussi le tour de force d’interdire aux commerçants de la filière alimentaire d’appliquer des marges inférieures à 10%, tandis qu’il demandait à ceux qui vendaient du carburant de le céder à prix coûtant !

La morale de l’histoire selon Sowell, est qu’il vaut mieux, s’il on veut aider les entreprises, interférer le moins possible sur la loi de l'offre et la demande, et si l'on veut aider les gens modestes, intervenir le moins possible sur les prix, sur le libre échange et sur le marché du travail. En fin de compte, il vaudrait encore mieux donner de l'argent aux plus nécessiteux plutôt que de nuire à la société tout entière en faussant les prix par des artifices alambiqués ou des taxes dissuasives…

22 janvier 2024

Basic Economics 4

Des effets pervers du salaire minimum et du contrôle des rémunérations.

Thomas Sowell montre que le marché du travail répond, comme tout échange marchand, à loi de l’offre et la demande.

L’obligation légale d’un salaire minimum fausse donc le libre cours du marché de l’emploi. Pour beaucoup de gens, cela paraît une bonne chose, garantissant davantage de justice sociale. C’est donc une mesure politique très populaire. Économiquement, c’est autre chose.

Les mêmes causes ayant les mêmes effets, le salaire minimum s’apparente à la surestimation des prix. La surproduction qui s’ensuit peut être mesurée à l’aune du taux de chômage, qui quantifie le nombre de personnes ne trouvant pas d’emploi. Si l’on se départit de tout a priori, la corrélation est évidente car le salaire minimum peut agir comme un seuil excédant, pour un emploi donné, généralement peu qualifié, le rapport coût/productivité. Cette problématique est aggravée par des montants élevés de charges sociales et une législation rendant les licenciements difficiles. Face à un risque jugé trop important, l’employeur se voit contraint de se priver d’un recrutement. Dans ces conditions, mécaniquement le taux de chômage reste élevé, voire augmente.
Si pour celui qui a la chance d’être embauché, le salaire minimum peut donc paraître bénéfique, pour ceux qui n’ont pas d’emploi, en dépit de toutes les lois bienfaitrices, le salaire minimum reste de zéro. En outre, la mesure est coûteuse pour les finances publiques, car pareillement à la surproduction des produits agricoles, l’Etat se fait un devoir de racheter cet excédent en versant aux chômeurs une allocation.

D’autres effets pervers se font jour, notamment lorsqu’il s’agit d’augmenter, souvent sous la pression des syndicats ou bien d’échéances électorales, voire sous l’effet de la simple inflation, le montant du salaire minimum (SMIC). Comme il n’est pas possible de faire croître simultanément tous les autres salaires, on assiste de facto à leur dévaluation relative, et un certain nombre de personnes se trouvent tôt ou tard rattrapés par le SMIC.
Pire, lorsque le marché de l'emploi est tendu, certains employeurs peu scrupuleux profitent de la loi pour proposer des emplois sous payés à des gens qui en tout état de cause mériteraient mieux. Enfin, Sowell suggère que les syndicats ont intérêt à exiger un SMIC le plus haut possible pour favoriser les emplois de leurs adhérents expérimentés et qualifiés, au détriment de jeunes novices...

Pour preuve de l’inefficacité d’un salaire minimum garanti par l’Etat, les pays qui ont résisté à la tentation de l’instaurer s’en portent plutôt bien : la Suisse avec ses 3,1% de chômage, Singapour avec 2%, les USA dont le taux de chômage ne dépassait pas 1,8% jusqu’à l’ère Coolidge.
En France, très généreuse en matière d’indemnisation du chômage, le nombre de demandeurs d’emploi reste constamment plus élevé qu’ailleurs. Même en période de plein emploi, il ne baisse pas en dessous de 7%.

Pour tenter de lutter contre les effets néfastes du SMIC, on a appris récemment de la bouche de madame Borne, ex Premier Ministre, la création d'une nouvelle commission, le "Haut Conseil des rémunérations". Il s’agit d’un rouage de plus dans la bureaucratie, qui comme le fait remarquer Marc Fiorentino "va booster avant tout les rémunérations de ceux qui vont y être nommés". A défaut d’assainir le marché de l'emploi, on va donner du travail aux fonctionnaires contrôleurs. Dans le même temps, le gouvernement promet des sanctions aux employeurs qui auraient des "minima salariaux de branche, inférieurs au SMIC". En dépit du nombre incroyable de réglementations, on apprend donc qu’il est toujours possible de les contourner !
Quelques jours plus tôt, dans un éclair de lucidité et de sincérité, et comme pour donner raison à Thomas Sowell, le ministre de l’Economie, M. Lemaire, avait révélé que le gouvernement ne pouvait procéder à une augmentation du SMIC qui risquerait de "menacer l'emploi des plus fragiles et des moins qualifiés" et créer un enchaînement néfaste sur les autres salaires… CQFD.